Je suis globalement de ton avis, mais c'est humain...
Les personnes en attente de diagnostic ou dont la confirmation est récente cherchent à savoir comment ça les affecte et comment ça affecte les autres. Pour Julie Dachez, c'est particulièrement invisible, et il me semble qu'elle a choisi de parler de l'autisme comme d'une différence, d'insister sur les forces sans dévoiler ses difficultés quotidiennes.
C'est bien que de nombreuses personnes témoignent pour montrer la diversité des TSA (j'aimerai qu'il y en ait plus encore), mais il est aussi tout à fait normal de se reconnaître plus ou moins dans certains profils. Les personnes qui traversent actuellement certaines grandes difficultés seront probablement moins enclines à se retrouver dans les témoignages de Julie Dachez, parce que ce n'est pas de ça qu'elle parle. Qu'elle le vive ou non, on ne voit que ce qu'elle montre.
Si je comprends maintenant que des personnes qui n'ont pas mes difficultés peuvent en avoir d'autres que je n'ai pas (et que je remarque d'autant moins que je ne les recherche pas), j'ai eu cette tendance au début à me questionner sur des personnes qu'on nous présente comme ayant le même trouble alors que les manifestations sont très différentes.
Je me suis pas mal remise en cause surtout quand j'ai réalisé que je jugeais quelqu'un qui avait des amis (moi pas) alors que cette personne ne pouvait pas conduire (moi, oui).
C'est légitime au début de se dire que si on a tel problème et qu'untel ne l'a pas alors il est moins impacté que soi. La volonté de reconnaissance me semble faire partie du processus d'acceptation du diagnostic. Malheureusement ça passe souvent par la comparaison, alors qu'on n'a pas les informations pour ça.
Ca peut être difficile de comprendre que ce qui nous est impossible du fait d'un TSA est réalisé par d'autres, aussi autistes. Dans le cas présent, être une personnalité publique et médiatique...
Je pense que c'est ce qui fait que Josef Schovanec est très apprécié : il cumule à la fois assez de difficultés indéniables pour limiter les questions de légitimité, tout en ayant des forces et capacités qui permettent de valoriser les TSA. Quitte malheureusement à l'exposer parfois comme un singe savant ou un faire-valoir... (Horiot qui le brandit en étendard des forces autistiques sur la base du nombre de langues qu'il parlerait alors que Schovanec refuse de répondre à cette question depuis des années...
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L'invisibilité et le discours positif de Julie Dachez ont des conséquences bénéfiques (meilleur acceptation du diagnostic, pour soi ou des proches, dédramatisation, sortie des clichés masculins ou psychiatriques, etc) mais aussi quelques conséquences moins agréables (minimisations de la diversité et des difficultés, comparaisons avec un nouveau modèle tout aussi peu représentatif que les anciens, etc).
Diagnostiquée Autiste Asperger et TDA.
Mère de 3 enfants : fils Aîné TDAH et TSA atypique, cadet TSA de type Asperger, benjamin en cours d'évaluation neuropsy.