Bonjour,
J'ai été diagnostiquée il y a quelques mois. Après un long calvaire psychiatrique et des diagnostics erronés, le diagnostic me permet enfin de comprendre et d'expliquer mes difficultés passées et mon parcours.
Cependant, le diagnostic ne supprime pas les obstacles et je rencontre actuellement des problèmes dans beaucoup de domaines :
- sur le plan professionnel, j'ai beaucoup de mal à expliquer mes difficultés (sensorielles, d'anxiété, de communication etc.) car mes supérieurs hiérarchiques ne connaissent pas l'autisme et ces difficultés ne se voient pas (d'autant plus que je tente toujours de faire "bonne figure" et de garder le sourire...).
- sur le plan personnel, je suis absolument seule, je ne vois plus personne.
Tout ceci engendre depuis quelques semaines un fort sentiment d'être inadaptée au monde, aux gens, et un sentiment général d'inadéquation. Ceci conduit à des pensées très négatives, et aussi à des idées suicidaires qui se résument à :
"je suis inadaptée, je ne comprends rien aux gens, aux comportements humains, je n'ai rien à faire sur cette Terre, je serais mieux morte".
Aussi, je suis tentée ces jours-ci de "décrocher", de tout laisser tomber faute de pouvoir m'adapter à la société et à son fonctionnement. Je pense à quitter mon travail et à quitter mon logement. Je pense à l'errance, au vagabondage et je me dis que lutter chaque jour pour répondre à ses besoins les plus élémentaires (manger et dormir) serait bien moins angoissant que de tenter sans cesse de comprendre les gens sans jamais y parvenir.
Vous le comprenez peut-être, je suis en souffrance. Je ne pense pas qu'il y ait de solutions pour des gens comme moi. Les psy et les médecins n'ont jamais rien compris, ils m'ont simplement gavée de Risperdal et d'antidépresseurs et m'ont fait vivre un enfer. Je ne peux plus leur faire confiance.
Que devrais-je faire ?
Merci
Matisa
décrochage
-
- Habitué
- Messages : 94
- Enregistré le : mardi 1 août 2017 à 7:29
- Localisation : Nordiste émigré
décrochage
Born again in Summer 2017, when God told me I was an aspie.
TSA - type Asperger
TSA - type Asperger
-
- Prolifique
- Messages : 3342
- Enregistré le : mercredi 23 novembre 2016 à 21:00
- Localisation : Toulouse
Re: décrochage
Matisa a écrit :car mes supérieurs hiérarchiques ne connaissent pas l'autisme et ces difficultés ne se voient pas (d'autant plus que je tente toujours de faire "bonne figure" et de garder le sourire...).
L'un m'a l'air lié à l'autre: déjà, que tu aies du mal à comprendre les gens ça ne t'enlève pas le droit d'être sur Terre où il y a environ 1% des gens comme toi, mais en plus, que tu ne supportes plus cette situation c'est peut-être parce que le camouflage est une stratégie perdante.Matisa a écrit : "je suis inadaptée, je ne comprends rien aux gens, aux comportements humains, je n'ai rien à faire sur cette Terre, je serais mieux morte".
TSA de type syndrome d'Asperger (03/2017) + HQI (11/2016).
4 enfants adultes avec quelques traits me ressemblant, dont 1 avec diagnostic TSA et 1 au début du parcours de diagnostic.
4 enfants adultes avec quelques traits me ressemblant, dont 1 avec diagnostic TSA et 1 au début du parcours de diagnostic.
-
- Habitué
- Messages : 94
- Enregistré le : mardi 1 août 2017 à 7:29
- Localisation : Nordiste émigré
Re: décrochage
Merci olivierfh pour ta réponse.
En effet, je cache souvent mes angoisses au travail et une fois seule, tout explose. Seulement, je suis bien forcée de faire semblant d'aller bien si je veux que mon poste soit reconduit...
Je passe mes week-ends et mes vacances (et mes nuits blanches...) à me questionner sur les propos de tel ou tel collègue pendant la journée, à me demander pourquoi il/elle a fait cette moue, pourquoi il me rembarre parfois et pourquoi à d'autres moments il est cordial, j'essaie de comprendre les motivations de chacun et de chacune pour ensuite adapter mon propre comportement. Chaque personne est une nouvelle énigme. Je dois observer, écouter, scruter pour essayer de comprendre les comportements d'autrui, car les modes de pensée des autres sont très éloignés de mon propre mode de pensée. Ma façon de voir les choses est tellement décalée et anormale... En observant ainsi chacun de mes collègues, je tente d'apprendre la normalité, je tente de comprendre ces gens normaux pour ensuite m'intégrer, être acceptée, au moins en surface.
Alors, même si je tais mes souffrances, je n'ai pas l'impression de me camoufler car les collègues les + proches savent que je suis autiste, mais je souhaite juste être incluse en adoptant un comportement le + normal possible. Mais l'anxiété dévore toute mon énergie, tout mon temps libre, et je me demande aujourd'hui si le jeu en vaut vraiment la peine. Sur le papier, je suis une autiste asperger intégrée dans le monde du travail, mais en réalité, le prix à payer pour (me) donner l'illusion d'être comme les autres est trop élevé. Et je me dis que, quitte à être exclue du monde du travail, autant l'être de la société tout entière.
Et puisque sur le plan personnel, les choses sont à peu près similaires, autant tout quitter, autant prendre la route, avec pour seul compagnon, mon petit chien qui, lui, me supporte en toute circonstance depuis 6 ans.
Vois-tu, olivierfh, ce qui m'a fait réaliser que mes efforts pour être incluse sont vains, ce sont les vacances, et les fêtes de fin d'année par exemple, où tout le monde se retrouve en famille et entre amis, où mes collègues partent en vacances, sortent avec leurs enfants, se retrouvent pour faire la fête, et où je suis absolument seule. Je n'ai personne avec qui fêter mon anniversaire. Donc oui, de fait, je suis exclue, anormale, quelqu'un qui peut être productive au travail dans certains contextes, mais quelqu'un que l'on n'apprécie pas trop sans doute.
Je m'excuse car mon message n'est pas très joyeux mais au moins, sur internet, je n'ai pas besoin de cacher mon ressenti.
Merci de m'avoir lue.
En effet, je cache souvent mes angoisses au travail et une fois seule, tout explose. Seulement, je suis bien forcée de faire semblant d'aller bien si je veux que mon poste soit reconduit...
Je passe mes week-ends et mes vacances (et mes nuits blanches...) à me questionner sur les propos de tel ou tel collègue pendant la journée, à me demander pourquoi il/elle a fait cette moue, pourquoi il me rembarre parfois et pourquoi à d'autres moments il est cordial, j'essaie de comprendre les motivations de chacun et de chacune pour ensuite adapter mon propre comportement. Chaque personne est une nouvelle énigme. Je dois observer, écouter, scruter pour essayer de comprendre les comportements d'autrui, car les modes de pensée des autres sont très éloignés de mon propre mode de pensée. Ma façon de voir les choses est tellement décalée et anormale... En observant ainsi chacun de mes collègues, je tente d'apprendre la normalité, je tente de comprendre ces gens normaux pour ensuite m'intégrer, être acceptée, au moins en surface.
Alors, même si je tais mes souffrances, je n'ai pas l'impression de me camoufler car les collègues les + proches savent que je suis autiste, mais je souhaite juste être incluse en adoptant un comportement le + normal possible. Mais l'anxiété dévore toute mon énergie, tout mon temps libre, et je me demande aujourd'hui si le jeu en vaut vraiment la peine. Sur le papier, je suis une autiste asperger intégrée dans le monde du travail, mais en réalité, le prix à payer pour (me) donner l'illusion d'être comme les autres est trop élevé. Et je me dis que, quitte à être exclue du monde du travail, autant l'être de la société tout entière.
Et puisque sur le plan personnel, les choses sont à peu près similaires, autant tout quitter, autant prendre la route, avec pour seul compagnon, mon petit chien qui, lui, me supporte en toute circonstance depuis 6 ans.
Vois-tu, olivierfh, ce qui m'a fait réaliser que mes efforts pour être incluse sont vains, ce sont les vacances, et les fêtes de fin d'année par exemple, où tout le monde se retrouve en famille et entre amis, où mes collègues partent en vacances, sortent avec leurs enfants, se retrouvent pour faire la fête, et où je suis absolument seule. Je n'ai personne avec qui fêter mon anniversaire. Donc oui, de fait, je suis exclue, anormale, quelqu'un qui peut être productive au travail dans certains contextes, mais quelqu'un que l'on n'apprécie pas trop sans doute.
Je m'excuse car mon message n'est pas très joyeux mais au moins, sur internet, je n'ai pas besoin de cacher mon ressenti.
Merci de m'avoir lue.
Modifié en dernier par Kalevipoeg le samedi 10 août 2019 à 11:21, modifié 2 fois.
Born again in Summer 2017, when God told me I was an aspie.
TSA - type Asperger
TSA - type Asperger
-
- Intarissable
- Messages : 5858
- Enregistré le : mercredi 8 avril 2015 à 13:13
- Localisation : Au pied des Pyrénées
Re: décrochage
Bienvenue Matisa!
Je comprends bien ton ressenti, il m'arrive de penser la même chose. Pas parce que je ne suis pas du tout intégrée - j'ai un travail, des collègues sympathiques, une famille et même un petit copain - mais parce que ma vie me demande des efforts d'adaptation et de compensation qui en réalité dépassent mes capacités. Du coup il y a des jours où je me sens tellement inadaptée à mon environnement et tellement incapable que j'ai envie de tout plaquer et d'aller jusqu'à des solutions radicales pour sortir de cette situation.
Sauf qu'en fait, ce que je veux surtout, c'est sortir d'une situation qui dépasse mes capacités pour pouvoir de nouveau vivre un peu. Là je me traîne et je néglige tout ce qui est important pour moi en-dehors du travail. Personnellement, je ne peux pas quitter mon poste actuel avant l'année prochaine, donc il va falloir que je tienne d'une manière ou d'une autre.
Mais pour toi, peut-être ce serait effectivement une solution de chercher un autre travail, avec soit une hiérarchie plus compréhensive, soit des conditions de travail plus adaptées?
Pour ce qui est de la solitude, as-tu déjà regardé s'il y a des cafés Asperger par chez toi? En fonction de ta région, il y a aussi des rencontres de gens de ce forum. Peut-être cela t'aiderait de rencontrer d'autres gens "comme toi"?
Je comprends bien ton ressenti, il m'arrive de penser la même chose. Pas parce que je ne suis pas du tout intégrée - j'ai un travail, des collègues sympathiques, une famille et même un petit copain - mais parce que ma vie me demande des efforts d'adaptation et de compensation qui en réalité dépassent mes capacités. Du coup il y a des jours où je me sens tellement inadaptée à mon environnement et tellement incapable que j'ai envie de tout plaquer et d'aller jusqu'à des solutions radicales pour sortir de cette situation.
Sauf qu'en fait, ce que je veux surtout, c'est sortir d'une situation qui dépasse mes capacités pour pouvoir de nouveau vivre un peu. Là je me traîne et je néglige tout ce qui est important pour moi en-dehors du travail. Personnellement, je ne peux pas quitter mon poste actuel avant l'année prochaine, donc il va falloir que je tienne d'une manière ou d'une autre.
Mais pour toi, peut-être ce serait effectivement une solution de chercher un autre travail, avec soit une hiérarchie plus compréhensive, soit des conditions de travail plus adaptées?
Pour ce qui est de la solitude, as-tu déjà regardé s'il y a des cafés Asperger par chez toi? En fonction de ta région, il y a aussi des rencontres de gens de ce forum. Peut-être cela t'aiderait de rencontrer d'autres gens "comme toi"?
Détectée HQI dans l'enfance, diagnostiquée TSA de type syndrome d'Asperger en juillet 2015.