Benoit a écrit :Je pense que ta psy croit un peu trop a l'efficacite de ces techniques (a la base c'est de la psychologie), ou alors c'est encore autre chose.
Je crois que c'est autre chose: je pense m'être mal exprimée sans compter mes exemples qui sont vraiment tout pourris
(à la relecture je suis perplexe
)
Je pense que c'est une question concernant ce qu'ils nomment "réciprocité sociale (ou socio-émotionnelle)": le besoin de se voir renvoyer une image positive dans le regard de l'autre, et à plus vaste échelle de la société.
Pour revenir sur l'exemple (toujours tout pourri mais bon...) des dvd, je crois qu'il y a un sentiment d'appartenance quand tu partages des goûts avec d'autres personnes, une façon de se sentir relié aux autres. Je suppose que pour les non-autistes, cette sensation peut devenir rassurante au point d'outrepasser la valeur réelle qu'on donne à une oeuvre.
Un autre exemple que je pourrais tenter (je vais avoir du mal à faire pire), ce sont les compliments. C'est un truc qui me pose problème au niveau social et me met dans des situations impossibles que je ne sais jamais gérer.
Ce n'est pas que cela ne me touche pas, c'est juste que quand je fais un dessin qui plaît, mon moteur est de m'exprimer et pas de plaire/toucher les gens. Comme lancer une balle sans te préoccuper de savoir où elle va atterrir. Il me semble que pour les autistes l'important est de lancer la balle alors que les non-autistes sont plus dans le "souci de contexte de réception".
Du coup, je crois que je rate une partie de l'interaction: quand on me dit "ouaouh c'est magnifique comment tu as fait???!!!", je suis coincée et à part "bah j'ai pris un morceau de fusain, une feuille...", c'est le vide intersidéral dans ma tête.
Non seulement je ne partage pas l'enthousiasme de la personne, mais en plus je ne suis pas dans l'interaction réciproque puisque je ne sais pas quoi dire.
Je suppose que dans ce cas précis, certains peuvent se vexer en pensant que je suis indifférente à leur opinion (ce que je pense faux, au fond). Or, je crois que c'est un peu un code social d'accorder de l'intérêt à ce que nous renvoie une personne.
En observant ça me paraît important pour les non autistes: dans le cas de nouvelles chaussures, si quelqu'un te dit "j'adore tes chaussures" tu n'es pas censé dire "moi aussi: c'est pour ça que j'ai choisi celles-là et pas la paire d'à côté" (ce qui est pourtant vrai, factuellement). Ce qui est attendu c'est que tu te montres flatté par l'approbation que t'exprime cette personne.
Dans un cadre plus large, ce "code" de la recherche de validation dans le regard de l'autre est important je pense pour les personnes qui cherchent à dominer ou à avoir de l'emprise sur les autres. Et elles doivent trouver les autistes "glissants" pour cette raison, car difficiles à attraper avec cet outil.
Tu vois un peu plus l'idée ou c'est toujours aussi confus?
hazufel a écrit :
Misty, ta thérapeute t’inviterait du coup à coller à ces codes majoritaires pour être « approuvée » ?
Pas du tout, c'est juste que j'ai tellement de mal à déchiffrer les situations et comportements sociaux qu'analyser ce genre de choses me donne l'impression que quelqu'un "allume la lumière". Je crois que c'est lié à la théorie de l'esprit aussi, puisque comprendre les autres est difficile quand leurs besoins et motivations nous sont complètement étrangers voire extra-terrestres.
Il n'est pas question de changer mais d'avoir une meilleure lecture permettant des interactions "meilleures" dans le sens où ce sera toujours moi mais une moi plus éclairée.
(J'espère que c'est compréhensible j'ai un peu de mal
)
Parce qu’ils n’ont pas de leviers, même s’ils ne nous approuvent pas selon leurs codes, ils ne peuvent pas nous nuire non plus, non ?
C'est ça oui. Sans parler forcément de volonté de nuire, je pense que pour certaines personnes le simple fait d'être affranchi de la valeur qu'ils vont nous donner est perçu comme de la provocation voire de l'hostilité. Ils vivent comme un affront les situations où ils sont face à quelqu'un qui ne cherche pas à leur plaire.
Dans le monde pro, j'y ai souvent été confrontée à cause de mon manque d'ambition: les postes qu'ils faisaient miroiter aux autres (= la carotte) ne m'intéressaient pas le moins du monde et je le disais (car c'était vrai
). Je me pensais honnête, ils me trouvaient frondeuse.
Je crois que ça se retrouve un peu dans tous les contextes sociaux.