olivierfh a écrit :pimpoline a écrit :qu'est-ce que j'ai qui fait que les autres ne me proposent rien, ne viennent pas vers moi, même sur le net où l'écrit m'est bien plus facile à manipuler.
L'Asperger? ce qui serait logique si eux ont la phobie des rencontres sociales dans le monde réel mais sont à l'aise dans les codes du monde virtuel.
pimpoline a écrit :olivierfh a écrit :pimpoline a écrit :qu'est-ce que j'ai qui fait que les autres ne me proposent rien, ne viennent pas vers moi, même sur le net où l'écrit m'est bien plus facile à manipuler.
L'Asperger? ce qui serait logique si eux ont la phobie des rencontres sociales dans le monde réel mais sont à l'aise dans les codes du monde virtuel.
Ben je ne sais pas... honnêtement ça m'échappe totalement, est-ce que ça fait ça à d'autres ici: avoir l'impression que les relations sociales ça se passe dans le domaine de l'irrationnel, de l'invisible?
Je comprends d'autant moins que j'interagis beaucoup à l'écrit, je leur pose des questions, je parle de moi etc, bref je fais tout ce que je n'ose pas faire dans le monde réel à l'oral. Je me sens à l'aise sur le net en général.
Je ne sais pas si c'est spécifique à l'autisme aspie, parce que je souffre du même phénomène à quelques nuances près.
Jusqu'à récemment, l'explication facile que j'avais trouvé c'était que j'étais enfant unique et que j'avais donc une forme d'égoïste spécifique qui fait que même si j'aime la compagnie, je me débrouille seule et je n'ai besoin de personne pour les jeux et le travail. Les autres m'encombrent plus qu'autre chose, si je ne peux pas contrôler les évènements je suis frustrée. Mais c'est complètement con de ma part de penser ça car je connais des enfants uniques très sociables, avec de nombreux amis, et des fratries d'êtres solitaires...
Ce n'est pas vraiment lié aux phobies sociales non plus parce que même si j'ai peur des foules (y compris des groupes de plus de 5/6) et de l'extérieur, en petit comité je sais faire la conversation et je me sens à l'aise. Dans de très rares cas j'arrive même à être "leader" d'un petit groupe. Ce n'est donc pas non plus de la timidité (ce qu'on me disait quand j'étais enfant).
J'en viens donc à penser qu'il y a autre chose qui cloche chez moi. A force d'en parler à droite et à gauche et de me documenter, j'en suis venue à me questionner sur un possible trouble de la personnalité (notamment borderline ou schizotypique). Je n'ai pas d'indices pour une réponse plus fiable pour l'instant vu que je suis encore au début de ma prise en charge avec une psychologue et je n'ai pas encore passé les tests psy et qi.
Des exemples concrets : quand j'étais petite, j'étais toute seule dans la cours de récré et j'attendais qu'on vienne vers moi, ce qui arrivait fatalement, je me suis fait une toute petite poignée d'amis. Malheureusement, certaines filles étaient nocives pour moi, elles trichaient, me mentaient, se moquaient de moi.
J'étais quelques fois invitée aux anniversaires mais bien moins souvent que les autres. Et je n'étais jamais à l'aise dans les jeux collectifs.
En grandissant, au collège, je me suis fait des amis qui me correspondaient plus, mais je me suis rendue compte qu'elles se voyaient en dehors des cours, alors que moi j'étais toujours laissé sur le carreau dans ma campagne. L'excuse c'était "
tu habites trop loin, on ne va pas embêter tes parents, en plus ils ne veulent pas que tu sortes." Je crois que c'était à moitié bidon comme excuse.
Au lycée, je me suis encore améliorée, j'avais plus d'amis mais là encore, je ne les voyais quasiment pas en dehors des cours... Ils faisaient des fêtes, des sorties, des parties de jeux vidéos (pour les garçons, j'étais la seule fille de mon groupe d'amies à être une gameuse) et j'étais rarement invité. En plus quand je l'étais je n'étais pas toujours à l'aise. Je me sentais seule et en décalage constamment.
Par contre, c'était l'époque d'AIM puis de MSN, et là je me suis mise à tisser des vrais liens avec certains de mes amis en discutant plus intimement avec eux sur internet.
Ensuite, à l'Université j'ai appris à papillonner : à ne plus attendre de relation exclusive et profonde, à trouver des camarades sympas sans jamais m'investir et à vivre en parallèle dans des mondes virtuels (que ce soit dans les loisirs ou le boulot). Si bien que désormais, à 30 ans, j'ai beaucoup de copains et de copines (des "potes" quoi, avec qui je m'entends bien et que je peux appeler pour aller au ciné ou manger un morceau) mais quasiment aucun ami fiable.
Si je le veux, je peux ne jamais être seule, mais je ne suis proche de personne. Si demain j'ai besoin d'aide pour un déménagement ou si je vais à l'hosto, je ne suis pas sûre de recevoir plus de deux aides en dehors de ma famille (et encore) et de mon compagnon.
En résumé, je sais me rendre agréable, je connais les codes (réels ET virtuels), mais je ne sais pas tisser de lien profond. Je ne comprends pas comment ça marche. Les quelques amitiés importantes que j'ai (ou que j'ai eu) dans ma vie sont arrivées par hasard et je ne comprend pas ce qui fait la différence, je ne saurais même pas dire si ça vient de moi ou des autres....
Je rejoins Pimpoline : c'est de l'ordre de l'invisible, pas forcément de l'irrationnel, ce n'est pas parce que je n'arrive pas à comprendre (et vous non plus) que c'est irrationnel, c'est peut être juste trop complexe et comme c'est invisible c'est difficile à analyser.
Et pour Itaya (je m'excuse pour cette réponse tardive) : personnellement je ne supporte pas le vouvoiement. J'aimerais qu'on arrête cette dualité "vous/tu" et qu'on adopte un truc unique (un truc simple, pas forcément un "camarade" comme à l'époque de l'URSS).
Je n'aime pas qu'on me vouvoie et je ne sais jamais quand j'ai le droit de tutoyer. C'est un casse-tête encombrant et inutile.
(Et je compatis pour ta difficulté à retenir les prénoms : je ne les retiens pas non plus. Ce qui est doublement pénible c'est que j'ai une excellente mémoire des visages... Donc je reconnais immédiatement une personne, y compris la caissière du supermarché ou l'agent d'accueil de la bibliothèque, donc des gens que je ne connais pas personnellement mais au moment où je les aperçois je ne sais pas si je connais leur prénom ou pas et si j'ai le droit de saluer la personne ou pas, sauf que comme je la reconnais je ne peux m'empêcher de la regarder fixement, ce qui interpelle son regard. Du coup souvent - enfin quand je ne suis pas dans de bonnes dispositions - je me cache ou je change de trottoir.).
Je compatis aussi pour les sens cachés... Il y en a partout. N'étant pas autiste, j'en utilise fréquemment dans la vie courante (voire très fréquemment, je m'amuse beaucoup avec ça parfois). Quand je poste ici, j'essaye de tous les dégager et dans ces moments là je me rend compte à quel point notre société et notre langage est imprégné de double-sens et d'insinuations. Je dois régulièrement en laisser sans le vouloir.