Je ne comprends pas vraiment le lien entre
"je préfère ne pas être amoureuse (puisque c'est un état temporaire voué à disparaître au bout de quelques mois voire années).
Mes relations passionnées (que ce soit en amitié ou dans des relations plus intimes) ont une intensité qui me satisfait pleinement, donc je ne vois pas pourquoi j'en voudrais davantage (à part pour répondre à une norme sociale...)."
et se définir aromantique.
En quoi la passion est-elle forcément antagoniste avec l'attirance romantique ? On peut tout à fait être attiré romantiquement par quelqu'un-e avec beaucoup de passion, (sans aucune connotation sexuelle derrière le terme de "passion" du coup là). Qui dit attirance romantique ne signifie pas "sur le long terme" oO. On peut être romantique mais que ça dure chaque fois très peu de temps.
Comme le fait d'être attiré sexuellement par quelqu'un brièvement ne correspond absolument pas au fait d'être asexuel-le... on est bel et bien sexuel-le si on a des attirances sexuelles... En gardant en tête l'aspect nuancé/spectral du truc, avec tous les degrés existant entre être sexuel-le et asexuel-le évidemment (greysexualité, demisexualité.. etc) mais bon grossomodo si on a des attirances romantiques, qu'elles soient de courte ou de longue durée n'impacte pas sur le fait d'être "romantique".
Il me semble que c'est plutôt une histoire de fréquence qui permet de jauger son appartenance plutôt au spectre romantique ou au spectre aromantique. (par exemple quelqu'un qui ressent très rarement de l'attirance romantique peut se définir comme étant plus proche de l'aromantisme que du romantisme, ça appartient à chacun-e quoi)
Mais le choix n'a rien à voir là dedans. On peut être romantique et faire le choix de ne pas s'engager dans des relations romantiques, comme on peut être aromantique et faire de choix de s'engager dans des relations dites romantiques, pour diverses raisons.
En tout cas c'est ma compréhension de ces notions, du coup ton post me laisse perplexe vu que je capte pas trop le lien que tu fais entre les deux. Ce qui ne veut pas dire que je remets en cause ta façon de te définir hein, mais juste j'essaye de comprendre
(Je précise que j'en parle en étant relativement concerné - je dis relativement parce que je ne me définis pas particulièrement sur le spectre aro/ace mais étant demi je ne me définis pas non plus vraiment dans le spectre sexuel/romantique - c'est important pour moi les questions de légitimité, donc je préfère donner le contexte me concernant^^)
edit : concernant le fait d'être ou non le "fruit d'une société patriarcale raciste etc", hum j'ai l'impression que ce qui te dérange, Capara, c'est d'être défini comme étant victime d'un truc sur lequel tu n'as aucun contrôle et dont tu ne te sens pas du tout victime ? Peut-être que ça t'a été dit de façon maladroite, je sais pas.
Le truc c'est pas de dire "tu es une victime d'un truc que tu captes pas" ou quoi. C'est de prendre conscience qu'on vit dans une société profondément patriarcale, raciste, validiste, hétérocentré, normative etc etc, et ça c'est pas quelque chose de vraiment "niable" lol, c'est le principe des oppressions systémiques, c'est qu'elles sont systémiques. Et on vit dans ce système, on ne peut donc pas passer entre les gouttes, c'est juste impossible, étant donné qu'on est immergé dedans depuis la naissance, à divers degrés (vu qu'on a pas toustes le même environnement familial, social et culturel par ex. Mais on vit tout de même dans la base commune à toustes). Penser qu'on passe entre les gouttes, c'est potentiellement dangereux, parce que c'est penser qu'on est exempts d'avoir des pensées, réflexes, propos discriminants, juste parce qu'iels ne correspondraient pas à nos valeurs profondes. Quand on te dit que t'es acteurice du racisme, du sexisme, du validisme, de l'homophobie, du cissexisme etc, ça ne veut pas dire que tu es "raciste/sexiste/homophobe/handiphobe/transphobe etc. ça veut juste dire que comme tout le monde (
y compris les personnes appartenant aux diverses groupes discriminés/marginalisés), tu as intériorisé plein de trucs sans t'en rendre compte... Avoir conscience qu'on est toustes acteurices des systèmes oppressifs, c'est pas un moyen fataliste de dire "on est toustes victimes bouhou", c'est au contraire une condition fondamentale pour prendre conscience 1) des fonctionnements et mécanismes des oppressions systémiques 2) de nos privilèges. Et ainsi être en mesure de les déconstruire et de lutter contrer (à notre échelle évidemment).
Je sais pas si c'est plus clair. Je sais que parfois c'est balancé de façon assez culpabilisante, et personne n'aime s'entendre dire qu'iel "a dit/fait des trucs racistes" par exemple, parce que c'est entendu "tu ES raciste", alors que non seulement ça n'a rien à voir, mais le simple fait de n'avoir pas de volonté de nuire ne suffit pas à rendre un geste ou des propos anodins et inoffensifs. Alors prendre conscience qu'on fait toustes partie du système est je trouve très déculpabilisant justement. Parce que bah, oui, on a toustes des préjugés, on a toustes des idées reçues, on a toustes intériorisé et intégré des trucs oppressifs (parfois y compris contre nous même), et une fois qu'on accepte ça, en dissociant cela de "qui on est", de nos valeurs et de notre être, bah je trouve qu'on est plus à même de pouvoir agir dessus...
