Pupuce a écrit :Juste pour précision(mon propos n'est finalement pas très clair) : ce que je voulais dire, c'est qu'un regard extérieur est nécessaire, au-delà du vécu ressenti en interne, pour éviter tout effet Barnum. C'est de ça que je voulais parler, pas de reconnaissance(même si c'est une conséquence appréciable pour ma part de pouvoir expliquer aux autres que ce n'est pas de la faignasserie, de la stupidité ou que sais-je encore)
J'avais compris que tu ne parlais pas que de la reconnaissance des autres mais aussi du fait de savoir soi-même ce qu'on est...
Moi depuis toute petite je me suis classée de moi-même dans la catégorie "bizarre" et je crois que quelque part ce terme générique me suffit... et même si je me reconnais beaucoup dans le SA, je reste persuadée qu'il n'y a pas "que ça" (car j'ai quand même un mode de vie très particulier, je suis la première à le reconnaître) mais en même temps je n'ai pas envie / pas besoin de creuser. Peut-être que j'aurai un brusque besoin de savoir dans dix, quinze, vingt ans... Peut-être aussi que je m'en voudrai de ne pas l'avoir fait plus tôt, comme il est possible qu'un jour je m'en veuille de n'avoir jamais voulu sortir de mon mode de vie solitaire. Mais encore une fois, c'est un risque que je prends consciemment... "c'est dommage", comme m'a dit la psy lors de notre dernière séance. Mais c'est un choix assumé...
MrsJack a écrit :Le simple fait d'utiliser le mot "diagnostic" signifie qu'il y a un problème. On cherche l'origine du problème pour ensuite pourvoir réparer/soigner ou au moins s'adapter.
Bien que je ne sois pas autiste, je crois comprendre la différence de démarche entre Timelady et d'autres comme Lilette ou Pupuce qui ressentent un besoin de savoir.
Ça ne me semble pas surréaliste que Timelady se sente suffisamment en équilibre avec sa vie pour ne pas avoir besoin d'un diag. Fonctionner différemment et être obligé de s'adapter n'implique pas forcément de souffrir de cette différence. Quelle besoin d'un diag alors s'il n'y a pas de souffrance ou si on s'y est habitué ?
Voilà, c'est l'idée...
Mais je sais, parce que ce n'est pas la première fois que ça suscite des réactions similaires, que c'est très mal perçu par la majorité des gens diagnostiqués qui connaissent ou ont connu une souffrance engendrée par leurs différences... et je peux comprendre ces réactions aussi... C'est pour ça que je ne fréquente plus les groupes FB dédiés au SA...
MrsJack a écrit :Au delà du TSA les tempéraments de chacun jouent beaucoup je crois.
Lilette a écrit :Je ne saisi pas comment c'est possible, moi il me fallait une réponse à tous prix, c'était obligatoire.
[...]Peut-être qu'un jour ça t'obsèdera tellement que tu lanceras la démarche.
C'est ça la différence : l'obsession. Je ne pense pas que le "besoin de comprendre" s'exprime de la même manière chez tout le monde, qu'il s'agisse d'autistes ou pas.
Et est-ce que le questionnement est source d'anxiété ou pas ?
Il y a une différence entre comprendre comme on fonctionne (se connaître soi même) et avoir un spécialiste extérieur qui vient vous dire : ce que vous êtes / ce que vous avez, ça s'appelle BIDULE (dans ce le cas présent : autisme).
Si Timelady se connait elle même, si elle a adapté sa vie, si elle ne ressent pas de souffrance, en quoi un diag officiel lui serait il utile ?
Je me trompe peut être mais pour moi ça n'a rien à voir avec le TSA, c'est un trait de caractère : tout le monde n'a pas besoin d'aide pour se connaître soi même et comprendre comment on fonctionne, voire même identifier l'origine du phénomène (d'ailleurs tout le monde n'a pas ce besoin de connaître l'origine, parfois juste comprendre le fonctionnement suffit).
Pour faire une autre métaphore grossière, c'est comme si vous demandiez "de quelle couleur est mon tee-shirt ?" parmi les réponses il y a ceux qui se contenteront d'un "il est sombre", d'autres auront besoin d'un "il est noir", d'autres encore un "il est noir ébene avec quelques nuances de vert obscur et des reflets argentés" et enfin ceux qui auront besoin d'une réponse du type : "c'est la nuance #004000".
Toutes ces phrases disent la même chose, mais tout le monde ne pourra pas se contenter d'un simple "c'est noir".
Bref, bizarrement, je crois que j'arrive à comprendre le point de vue de Timelady et celui de Lilette (et celui de Pupuce aussi d'ailleurs).
En fait, moi j'ai tendance à dire aux gens qui ont du mal à comprendre que, moi, j'ai du mal aussi à comprendre la cause de leur souffrance.
Pour moi, ne pas être capable d'avoir des liens sociaux classiques, ne jamais avoir eu d'amis, ne jamais être sortie de chez moi le soir, ne jamais avoir invité quelqu'un chez moi, ne jamais avoir eu de vie intime, etc... ce n'est pas une souffrance. C'est...naturel. Je n'ai pas besoin d'avoir une vie sociale, je n'ai pas envie d'avoir des amis, je n'ai aucune envie de sortir le soir, je refuse que quelqu'un mette le bout du nez chez moi, et ça ne m'intéresse pas d'avoir une vie intime !
Evidemment, pour 90% des gens, si pas plus, ce n'est pas NORMAL et je dois forcément en souffrir. Sauf que non, désolée, même en creusant bien, je suis sûre de moi, je ne souffre pas... et inversement j'ai beaucoup de mal à comprendre les gens qui sont mal parce qu'ils n'ont pas ou peu d'amis, ou qui vivent mal leur célibat, ou qui ne supportent pas de rester deux jours tout seuls chez eux, etc...
Ma vie ne fait rêver personne, mais c'est ma vie à moi et je l'aime, aussi bizarre et inhabituelle soit-elle.
Effectivement j'agis par facilité. Qui sait, si j'avais accepté de me forcer, si j'avais tenté de construire quelque chose ne serait-ce que sur le plan amical, je serais peut-être aussi heureuse que maintenant. Ou "plus heureuse" (mais comme je ne me suis jamais sentie malheureuse, j'ai du mal à imaginer ce "plus heureuse")... peut-être ! je ne le saurai jamais...
Mais le fait que j'ai choisi de rester hors de la norme explique sûrement aussi pourquoi, au final, je n'ai pas besoin de savoir de façon certaine pourquoi je suis comme ça...
Le seul truc, c'est que lorsque je développe tout ça, on finit par m'accuser de "narguer" les autres ou de "me mentir à moi-même". Mais en mon âme et conscience je sais que je ne fais ni l'un ni l'autre...mais je ne peux obliger personne à me croire sur parole.
