Présentation :
Sujette au syndrome d'Asperger et diagnostiquée à l'âge adulte, l'auteure témoigne de son parcours, des ses questionnements et de la relation aux autres qu'entraîne ce trouble du spectre autistique.
Bonjour à tous,
Alexandra Reynaud occupe une place spéciale dans mon coeur et dans ma vie puisque c'est par son blog Les tribulations d'un petit zèbre, qu'en 2013 j'en suis arrivée à me demander si je n'étais pas surdouée.
Hier soir en passant au rayon livres de mon hypermarché préféré (humour), je suis tombée sur Asperger et fière de l'être.
J'ai tout d'abord commencé par le feuilleter, m'arrêtant sur une phrase ou un paragraphe. Je ne pensais pas l'acheter : j'avais en effet déjà trouvé le Larousse illustré des symboles et des signes et j'hésitais à prendre en plus le Larousse des mythologies grecque et romaine. Finalement, j'ai délaissé la mythologie (non ?! si !) pour Alexandra Reynaud.
Et, chose qui ne m'était plus arrivée depuis des années : je l'ai lu d'une traite, dans la soirée.
Si je devais le résumer de manière simple (-iste), je pense que je dirais : très belle pudeur et sacré caractère !
(sachant que dans ma bouche, l'expression "sacré caractère" est un compliment car j'admire les gens qui parviennent à s'affirmer).
Le style est limpide, d'une simplicité merveilleusement reposante (ce dont je suis incapable ; quand j'écris c'est toujours d'emblée très touffu, confus, complexe et surchargé), cohérent et toujours extrêmement juste (dans la quantité comme dans la qualité).
Cela faisait un moment que je n'avais plus pris autant de plaisir à lire et j'ai retrouvé hier soir des émotions et même des habitudes (noter toutes mes pensées dans la marge) que j'avais perdues depuis de longues années.
Décidément, Alexandra Reynaud occupe une place spéciale dans ma vie !
La construction est agréable, alternant le temps présent et les flash-back avec fluidité.
Le tout est documenté (ni trop, ni trop peu) et j'ai retenu quelques références d'ouvrages qu'il va falloir que je me procure !
La pudeur est partout présente dans une totale absence d'auto-apitoiement (je suis réellement admirative, moi qui ai toujours tant pleurniché sur mon sort). Sans être froid, c'est objectif et très détaché (admirative...), ce qui contribue à l'impression de fluidité et de limpidité. J'ai retrouvé à la lecture d'Asperger et fière et de l'être mes émotions d'adolescente profondément éprise de Sherlock Holmes (et oui ! mes grandes amours d'adolescentes ne ce sont pas fixées sur Johnny Depp ou le chanteur d'INXS comme les autres filles, mais sur Sherlock Holmes et Lorenzaccio... Aaaaahhhh Lorenzacciooooooo.... Je m'en suis inventé, des scénarios où j'étais l'héroïne sauvée par le merveilleux Lorenzaccio qui savait si bien cacher son jeu).
J'ai énormément apprécié qu'elle donne des exemples concrets.
Ca manque cruellement, surtout dans les tests que j'ai pu faire sur internet dont les questions me paraissent toujours tellement abstraites et impossibles à raccrocher à une quelconque réalité tant qu'on ne m'a pas donné d'exemple - à part pour les trains mais les trains m'ont toujours laissée parfaitement indifférente.
Je déteste l'abstraction que les gens utilisent (à outrance ?!) comme si les choses étaient évidentes. Pour comprendre les choses, j'ai besoin de pouvoir les visualiser au préalable sinon je fais n'importe quoi ou je réponds à côté. Je me rappelle de grandes conversations philosophiques avec un copain de fac que j'interrompais constamment avec des "Exemple ?", "Exemple ?", "Exeeeeeemple !!!!!".
Alors que je ne maîtrise ni l'autisme ni la douance (je dirais même que je ne connais rien ni à l'un ni à l'autre ; je ne suis donc pas légitime à émettre des idées mais comme j'aime bien les débats, j'y vais quand même !), j'ai été très intéressée par sa frise du continuum autistique (page 31). Je trouve cette façon de voir les choses très cohérente et très éclairante.
Je me suis même demandé s'il ne pourrait pas y avoir corrélation entre certaines compétences (perceptive, vitesse de traitement etc...) exercées à de très hauts niveaux et l'expression (la visibilité) des traits autistiques.
Mais je ne suis décidément pas légitime à aller plus loin dans cette "idée" car je ne maîtrise pas encore suffisamment mon sujet.
Pour finir, le seul petit bémol que je vois dans Asperger et fière de l'être est parfaitement égocentrique (et me renvoie avec brutalité à l'effet Barnum) : si je me fie à ce qu'elle est, alors il est évident que je ne suis pas autiste.
Si je me fie à ce qu'elle décrit, alors je suis plus schizophrène qu'autiste (même si je ne me suis jamais vraiment reconnue dans la schizophrénie notamment parce que j'ai toujours conservé une sorte de lucidité quant à mes comportements et surtout à leurs motivations).
J'ai eu du mal à me reconnaître dans certains traits comme la recherche de solitude (ceci étant peut-être un peu caricatural ?). Au contraire, j'ai toujours été prête à accueillir les autres dans mon bac à sable et je n'ai jamais compris qu'ils me refusent parfois l'accès du leur (pire je n'ai jamais compris pourquoi certains faisaient parfois semblant de m'accepter par "politesse" - la politesse, suprême insulte ! - ce qui a engendré je pense une grande méfiance/défiance à l'égard du monde entier qui a été étiquetée "paranoïa" quand j'avais 16 ans).
Bref, j'ai toujours cherché à être "normale", à faire comme les autres sans jamais comprendre pourquoi dans certains cas je n'y parvenais pas ; et faisant de ce fait parfois preuve d'une grande compromission.
En conclusion, la lecture de cet ouvrage ne m'a certes pas permis d'avancer dans mes questionnements sur un éventuel TSA mais j'y ai pris grand plaisir.
Il constitue à la fois un objet littéraire agréable et facile à lire et un outil réflexif de première intention fort utile pour qui se pose des questions.
Et vous, qu'en avez-vous pensé ?