MrsJack a écrit :Je suis partagée sur cette question.
Comme on dit "ce qui se conçoit bien s'énonce clairement" et trouver un mot pour chaque chose ou chaque idée est une preuve de richesse culturelle et linguistique. Pourtant j'ai tendance à penser que discuter sur la définition et le bon usage d'un mot peut parfois être inutile.
Mais les langues étant vivantes et par là en constante évolution, il arrive qu'on se heurte aux limites mêmes du langage que l'on emploie. Ce mot de
racisme dont il fut question ici est un bel exemple de cette difficulté. Un coup d'œil aux articles proposés dans mon précédent message laissera de vous convaincre de ce fait.
Et tu es suffisamment prudente en nuançant ton dernier propos d'un
parfois, car la discussion qui précéda nos messages est, ce me semble, l'illustration de ce que le
bon usage des mots, pour reprendre ta formule, est nécessaire à la tenue d'une conversation intelligente et intelligible.
C'est d'ailleurs sur cette notion d'intelligence qu'a porté une première incompréhension que le seul recul me permet d'observer. En effet, il me semble que la notion est entendue par les deux interlocuteurs au sens banal, ce qui les rapproche, et à des sens plus précis qui les fait s'opposer, l'un usant du terme « intelligence » au sens de
capacité d'entendement (donc comme potentiel), tandis que l'autre l'emploie plus au sens de
performance (donc potentiel exprimé) ; en découle un débat sur la mesurabilité de l'intelligence où s'opposent deux visions.
Pour mettre mon grain de sel, je dirais que les tests de QI, outre les biais dont ils souffrent, ne mesurent pas l'intelligence, mais des critères d'intelligence définis en un temps et une culture donnée. De même qu'un mètre mesure le mètre, un test de QI mesure le QI, ces deux outils sont autoréférenciels, ou presque et sans que cela empêche qu'on puisse s'en servir efficacement tous les jours.
L'important étant toujours de ne pas prendre la carte pour le territoire.
Pour revenir à ton message, @MrsJack, il me semble que tu décris plus une difficulté de mémoire qu'une lacune en terme d'entendement. Relever sans difficulté les concepts sans savoir y faire correspondre le mot juste peut-être sans conséquence, dans l'échange, d'autant que l'interlocuteur aura souvent tendance à aider son partenaire de discussion et lui-même en plaçant le terme ad hoc sur l'idée exprimée pour fluidifier l'échange.
Mais bien souvent les lacunes évoquées plus haut, si elles sont partagées et par ailleurs non complémentaires, compliquent l'échange et appauvrissent le discours.
Combien de conversations avons-nous eu avec combien d'individus où dont nous sommes sortis en ayant l'impression de nous être affrontés pour rien, car au fond nous étions peut-être d'accord ? Combien de fois, au contraire, avons-nous connu le lâche consensus pour n'avoir pas su trouver les bons mots ?
Et je ne parle pas de toutes les techniques de manipulation qui usent de la subtilité du langage pour nous inciter à penser de telle ou telle façon.
Tu le dis toi-même plus bas, tu te réfères à des personnes indiquées pour pallier tes difficultés. Sans ces ressources en soi ou accessibles aisément, nous sommes réduits au silence, soit qu'on ne saurait plus rien dire avec certitude, soit qu'on serait réduit à de bruyantes gesticulations dénuées de sens.
J'ai longtemps été un inquisiteur de la sémantique avant de me rendre compte de l'absurdité de mon attitude. Empêchant qu'on avance dans la discussion et l'interrompant afin de convaincre mes interlocuteurs d'employer les mots justes, j'avais tout simplement tort, car cette manière de faire et de penser n'a aucun intérêt quand les êtres en présence discutent d'un sujet sur le quel ils sont essentiellement d'accord ou sont de bonne volonté.
J'ai appris à modérer mon obsession pour la précision dans ce type d'échange pour apporter des précisions quant au vocabulaire par allusion, reprise de l'idée avec substitution du terme inadéquat par le
bon ou par un petit ajout en fin de discours.
D'après moi, ce n'est pas tant l'adjectif qui compte mais vraiment la cause ou le concept, sans avoir besoin de creuser profond dans la philosiphie ou l'idéologie en effet.
Oui, dans une certaine limite, à mon sens.
Plus tôt, dans la conversation, il me semble qu'une confusion entre l'idée de
norme et la notion de
majorité a eu lieu qui a entraîné d'inutiles désaccords.
Comme il me manque le temps de développer, j'emprunte un raccourcis dans la forme et sur le fond dont je souhaite qu'il soit compris malgré l'usage abrupt que je m'apprête à en faire :
La norme veut que l'on conduise à gauche. Quiconque conduirait à droite n'aurait ni raison ni tort (évacuons les notions de droit et de loi), la convention étant arbitraire. Cependant, n'ayant ni tort ni raison, le quidam optant pour la conduite à droite quand la norme est à la conduite à gauche s'expose à de grands dangers, et autrui par voie de conséquence.
Si
des conventions qui font la norme sont des constructions culturelles issues d'un processus historique évolutif par ajouts et rejets, elles puisent leurs racines dans des structures cognitives actives et efficaces chez le plus grand nombre.
De même que tout langage est convention, il faut pour l'interroger et le faire évoluer
activement savoir en faire usage.
Et je m'en vais.
Au revoir.
P.S.: @Laura Ingalls suite à ton dernier message, je t'invite à jeter un coup d'œil à la définition du
rasoir d'Hanlon.