Alceste a écrit :
Depuis que j'ai pris conscience que je suis sans doute aspie (ou à minima avec des tendances lourdes) j'ai ouvert une nouvelle brèche dans ma relation avec mon épouse.
Elle me dit "ça y est, tu es reparti dans un de tes trucs, tu ne fais plus que ça, qu'est ce que tu auras de plus quand tu sauras"
... Incompréhension classique.
Mon questionnement amène des réflexions plus profondes aussi, sur ce qu'on cherche, sur ce qui compte vraiment, sur comment faire pour être heureux.
Alors là les discussions sont difficiles : il semble que les mots n'aient pas le même sens pour nous deux.
Cela n'était pas apparu de manière si évidente avant, les sujets étaient peut-être plus légers (?).
Avez-vous des expériences à partager sur la manière de communiquer pour éviter les engueulades stériles dont on ne se souvient même plus la raison, si ce n'est la frustration de sembler parler deux langues différentes, mais qui laissent des traces ?
J'ai des difficultés d'une nature approchante avec mon compagnon.
Même si je ne suis pas aspie, j'ai plusieurs comportements atypiques et des troubles sociaux qui se retrouvent chez certains aspies et qui échappent complètement à la compréhension de mon compagnon. Par exemple quand tu dis
"des réflexions plus profondes aussi, sur ce qu'on cherche, sur ce qui compte vraiment, sur comment faire pour être heureux." ça me parle, j'ai des périodes où je suis envahie de questions sur le sens de la (ma) vie, le bonheur, l'utilité de mon existence, de celle des autres, la mort (comme dit sur un autre topic), l'ordre du monde, etc. Et je rumine en boucle.
J'ai aussi des obsessions qui apparaissent soudainement et disparaissent au bout de plusieurs semaines ou mois (plus rarement plusieurs années).
Tout cela mon compagnon ne le comprend pas. Il est beaucoup plus "neutotypique" que moi. Par le passé j'ai essayé de lui en faire part, et j'ai vite compris qu'il me prenait pour une folle. Il m'aime malgré tout, mais il n'a pas envie de se casser la tête avec moi (il aime les choses simples, faciles à comprendre, zéro prise de tête). Alors j'ai appris à tout garder pour moi et lui est habitué à me voir enfermée dans des lubies.
Parfois il râle, en me demandant de m'occuper de LUI au lieu d'autre chose. Cette phrase (ou ses variantes) :
"ça y est, tu es reparti dans un de tes trucs, tu ne fais plus que ça,"
Combien de fois je l'ai entendu...
Alors oui, ça créé une brèche entre mon compagnon et moi, je n'aime pas ça. J'ai l'impression de revivre la même chose qu'avec mes parents : ils sont là, je tiens à eux, mais je mets une certaine distance mentale, il ne connaissent pas le fond de mes pensées et de mes sentiments. Ça provoque un sentiment de solitude même quand je suis en leur compagnie, c'est désagréable, mais bon, j'y suis habituée.
Parfois ça me rend triste, et parfois je me dis que c'est mieux ainsi (notamment quand je compare avec ma relation avec mon ami aspie. Quand il est en colère ou en "crise", il me sort qu'on se connait peu, mais je crois au contraire que le fait qu'on voit un peu trop bien nos complexités réciproques rend notre relation intéressante mais très lourde et assez instable alors que notre degré d'intimité n'est pas très élevé).