Mais complètement !Ewä a écrit : Quand je dois donner un numéro de portable (quand je commande sur un site par exemple), je donne celui de mon copain, ou le mien si c'est pour un truc perso, mais de toutes façons y'a de grandes chances pour que je ne décroche pas quand même. En général, j'attend un message vocal, j'écoute ce qu'on me veut, et j'attend que ça rappelle, ou je demande à mon copain de s'en occuper.
J'ai suivi ce fil de discussion avec grand intérêt parce que l'on m'a souvent reproché de ne pas téléphoner et de ne pas répondre au téléphone. Déjà, enfant, je me souviens que la sonnerie du téléphone était une torture auditive ; ça commençait mal la relation entre le téléphone et moi...
J'ai, depuis lors, réglé le problème d'une façon radicale : je ne téléphone jamais sauf urgence ou nécessité absolue assortie d'une impossibilité de procéder autrement ! Et dans ce cas-là, ça me prend deux minutes maxi : je note ou diffuse l'information qui fait l'objet de l'appel et bonne journée au revoir.
Je ne téléphone donc pas, et ne réponds pas non plus, mais comme mes proches le savent, aucun d'eux ne m'appelle jamais, donc je n'ai plus aucun scrupule à ne pas répondre puisque ça ne peut être que de la prospection ou des arnaques téléphoniques. Quand un numéro inconnu m'appelle, je le google et l'ajoute dans mes "rejets automatiques". La seule exception est mon petit ami. Bien qu'il sache que mon smartphone est toujours sur "muet", il tente parfois sa chance quand il a besoin d'une réponse urgente. Comme je me sers beaucoup de mon smartphone en raison des applications que j'ai installées dessus et qui me sont utiles à longueur de journée, il arrive que je voie le téléphone sonner. Dans ce cas, parce que je sais qu'il ne peut pas m'envoyer de texto quand il est en voiture, je réponds.
Dans les années 2000, à l'époque où tout le monde avait encore un téléphone fixe, j'ai commencé par débrancher le mien pour être tranquille. Et sur mon autre ligne, ma ligne professionnelle, peu de temps après, j'ai commencé à laisser le combiné décroché... Et puis, pour être cohérente, j'ai fini par débrancher le téléphone professionnel aussi. J'ai mis un répondeur qui disait de me laisser un message et que je rappellerais (peut-être). Comme c'était une attitude vachement professionnelle, j'ai compris qu'il était temps que je change de métier.
Pourquoi je ne téléphone pas ?
- Parce que les gens ne disent rien d'intéressant ou d'utile, la plupart du temps. Ou qu'ils mettent une heure pour vous faire passer une information qui tiendrait en une ligne. Donc, autant s'abstenir.
- De mon côté, je ne peux pas être sûre que je ne dérangerai pas mon interlocuteur, si je téléphone, donc là aussi, je préfère m'abstenir.
- Quand mon téléphone sonnait, moi, cela me dérangeait toujours. (Pareil avec l'interphone... sur lequel j'ai donc fait installer un interrupteur !) Je ne connais ni l'ennui, ni l'inactivité. Je suis toujours occupée, en général à mon intérêt restreint principal, ou à un intérêt restreint secondaire. Donc, je ne souhaite pas qu'on m'interrompe.
- Enfin, les paroles s'envolent, les écrits restent. Je ne suis jamais sûre de bien entendre/saisir les mots de mon interlocuteur et le sens de ses paroles. Je préfère donc recourir à l'écrit pour pouvoir relire, analyser, mieux interpréter. J'aime garder les traces de ce que l'on me dit (je peux ainsi m'y référer ensuite en cas de besoin) et de ce que j'ai dit moi-même (utile au cas où les gens vous prêtent des propos ou des intentions qui n'ont jamais été les vôtres). Donc, l'écrit est pour moi plus objectif, plus concret, plus efficace.
D'un point de vue neurologique, je pense que cela a à voir avec la façon dont mon cerveau traite les sons. Déjà, seule mon oreille gauche semble pouvoir produire du sens à partir de ce que j'entends, et encore, de façon très imparfaite. J'ai remarqué depuis longtemps que de mon oreille droite, j'entends mais ne comprends pas. C'est un effort important pour moi que d'arriver à produire du sens à partir de sons reçus sans aucun indice visuel. Les sons se mélangent tous, et dans ce maelstrom il est difficile d'arriver à dégager du sens (et ce d'autant plus que la même suite de sons peut souvent correspondre à diverses significations). Dans ces conditions, il me semble assez naturel de ne pas trouver que le téléphone soit un outil de communication performant.
En face à face, je lis énormément sur les lèvres des gens, et je m'aide aussi de leur gestuelle, sinon je n'arrive pas à bien distinguer ce qu'ils disent des autres bruits de l'environnement. La vidéo-conférence est un mode de communication qui me convient mieux que le téléphone. D'ailleurs, si je ne téléphone jamais à personne, en revanche, j'ai plusieurs fois proposé à mes enfants des appels vidéo sur Skype. Pas de chance, c'est eux qui n'aiment pas trop ça !