Envie de mettre fin à mes jours

[Gantoris]

Bonjour,

Je suis navré de vous solliciter sur un sujet aussi peu amusant à lire.

Je ne crois pas vraiment trouver de solution en communiquant avec vous. Les réponses à nos problèmes sont souvent à trouver soit même, en parler est simplement un moyen d'évacuer un peu, ou peu aider à penser autrement.

Je suis effectivement asperger moi même, diagnostiqué il y a 3 ans de ça. Le syndrome explique un petit peu mon état actuel, mais de manière mineure selon moi. L'asperger n'est pas une excuse. Un grand nombre d'autistes assument leurs syndromes et sont pleinement heureux, peut être est-ce votre cas. L'explication à mon état actuel est à rechercher ailleurs. J'en suis le seul responsable en mon sens.

Aujourd'hui je n'ai aucune source de plaisir. A aucun moment de la journée je n'ai la moindre activité qui me fasse du bien.
La vérité est que absolument rien ne m'intéresse. Je passe le plus clair de mon temps libre seul chez moi, à regarder des films, jouer à des jeux, sans vraiment en tirer le moindre plaisir, tel un zombie.
Je ne trouve pas la force de faire quoique ce soit, le week end le simple fait de me lever de mon lit pour ranger, nettoyer ou me faire a manger est un énorme effort. Entre le moment où je décide par exemple de cuisiner un peu et le moment où je m'y met, comptez au moins 1 heure. Vers 14h, je vais me dire qu'il serait bien que je fasse le ménage, a 18h toujours rien de fait. Au moment où je vous parle, mon appartement où je suis seul est une jolie porcherie.

Voir mes amis n'est également plus un plaisir depuis longtemps, et ce pour un certain nombre de raisons que je ne vais pas forcément détailler afin que ce message ne se transforme pas en mémoire.

La vérité c'est que j'ai peur de sortir, peur de croiser des gens. J'ai honte de ce que je suis. Je me force des fois, car j'essaye d'avancer dans la vie, mais je n'arrive pas a profiter de la moindre balade, je suis toujours pétri dans la peur.

Je ne suis pas a l'aise devant ma famille non plus. Dans les repas de famille je ne prononce pratiquement pas un mot. Après tout, je ne m'intéresse a rien donc je n'ai jamais grand chose à dire, et je ne suis pas marrant. Je ne suis pas a l'aise avec les enfants non plus.
J'ai honte d'être avec ma famille quand je vois mon frère, qui est une personne accomplie, intéressante, drole, marié et deux enfants.

Je suis un raté qui ne sait rien faire de ses 10 doigts.
Je souffre aussi d'une diaprexie qui fait que je suis très maladroit manuellement, je ne sais par exemple toujours pas faire de noeud. Cette maladresse se voit dans ma gestuelle, ce qui pousse à la moquerie.

J'ai 31 ans, et je n'ai jamais été heureux dans ma vie, enfin pas depuis mes 7 ans.
Passé cet age, j'ai constamment été victime de moqueries pour mon côté différent, bizarre.
Ma mère, dont j'étais extremement proche, nous a abandonné quand j'avais 16 ans en nous laissant un montant de 300 000 euros de dettes (belle époque où il était facile d'obtenir des prêts, et de les mettre au nom du mari, pourtant elle gagnait quelque chose comme 1800 euros). Elle est partie du jour au lendemain en disant qu'elle revenait dans quelques heures, je ne l'ai jamais revu.
Mon père a ensuite perdu son emploi de serveur, et est tombé dans l'alcool. Il a bien évidemment mélangé cela avec une prise immodéré d'antidépresseur. J'ai passé les 10 années suivantes à nettoyer son vomi, a payer la nourriture avec des jobs d'été et ma bourse d'étude.

L'ensemble de mes relations sociales ont souvent été traduites par de la moquerie, de la pitié, voir de la peur. J'ai acquis un groupe d'amis cependant, j'ai passé sans doute mes meilleurs moments avec eux, bien que je n'arrive plus a apprécier leurs compagnie.

J'ai survécu dans ma jeunesse grâce aux études. Je suis un garçon intelligent, avec une bonne mémoire et une excellente capacité d'analyse. J'ai terminé major dans une trés grosse école, en écrasant la jeunesse dorée parisienne qui me pensait retardé intellectuellement en me voyant les premiers jours, ceci est mon unique fierté.
Avec ce niveau d'étude, les jobs les plus intéressant et rémunérateurs s'ouvraient à moi....si je ne me ridiculisais pas systématiquement en entretien.

J'ai réussi à rentrer dans le métier du conseil, un poste trés axé client, je vous laisse imaginer les difficultés.
Après quelques expériences ratés, marqués par des humiliations qui m'ont profondément détruites, j'ai reussi à m'installer dans une boite où la qualité de mon travail permet de faire oublier un peu le reste. Je me renferme cependant de + en +, devient irritable, désagréable...
Je sens que j'inspire une profonde pitié à mes collègues.
Ils sont si cultivés, et moi je n'ai tellement rien à dire.
Ils ont l'air si heureux, et moi je transpire le malheur.
Les gens sont choqués par ma capacité a m'autoflageler à la moindre bétise réalisée.
Ont me parle comme à un monsieur qui risque de péter les plombs a tout moment, ce qui est justifié mais me fait me hair encore plus.

Avec les femmes ce n'est pas mieux evidemment. J'ai eu quelques relations, toujours courtes. Souvent je ne plais pas, plus souvent spirituellement que physiquement. Qui désirerait de quelqu'un qui se hait ?

J'arrive au bout de ce reçit, je pensais que cela irait mieux déjà à ce stade, ce n'est pas le cas, les larmes coulent en ce moment même.

J'ai tellement envie que tout ça s'arrête. Je ne peux pas partir, je finance mon père avec mon salaire confortable, et aussi un peu mon frère. Je ne peux pas les briser en mourant.
Quand je marche dans la rue, je rêve secretement de me faire tuer, un attentat, une agression.

J'ai terminé.

Navré pour ceux que j'ai troublé, je n'ai rien d'autres à apporter après tout, je me hais tellement.

Je n'en parle à personne en vrai, que voulez vous que l'on me dise ? la gêne est la seule conséquence possible d'un tel réçit raconté en face.

[Rem 82]

Et bien voila un mot que je ne cesse de prononcer je ne sais combien de fois par jour depuis je ne sais combien de temps ...

Je vais avoir 30 ans dans une quinzaine de jours et saches que je te comprend énormément ...

Je lutte chaque jour voire chaque seconde pour espérer un peu de répit qui seulement ne dure pas .... alors les gens peuvent me souhaiter bon courage ça ne servira pas à grand chose ... enfin presque ! ^^

La seule chose que je peux faire c'est de plus penser à rien et de méditer au fond de mon lit avec ce que je me dis au fond de moi (en vert dans ma signature) qui fait que je suis encore de ce monde aujourd'hui tel un miraculé après avoir passé la moitié de mon existence à vivre la torture au quotidien (bruits , phobies , TOCs , mutisme , interactions sociales , déceptions en tous genre , problèmes anodins qui se succèdent qui mettent une branle à se régler , refus administratifs et j'ai encore rien dit ....) et avec chaque jour son lot de désarrois qui me remet à chaque fois en question mon intérêt de continuer ma lutte pour ma survie ...

Je me dis qu'un jour ça va cesser et parfois il n'y a que cette solution drastique pour que le problème soit résolu ...

J'espère que pour moi et que pour toi aussi il y aura d'autres solutions pour que la souffrance cesse enfin et que les choses bougent sans qu'on nous marche dessus !!!

Message coup de gueule contre les maux de la société mais rempli d'espoir moi qui a parfois envie d'en finir mais qui me dit que demain sera peut-être meilleur ... ou non ... ou presque ... bref : Carpe diem !

[olivierfh]

Aujourd'hui je n'ai aucune source de plaisir. A aucun moment de la journée je n'ai la moindre activité qui me fasse du bien.
La vérité est que absolument rien ne m'intéresse. Je passe le plus clair de mon temps libre seul chez moi, à regarder des films, jouer à des jeux, sans vraiment en tirer le moindre plaisir, tel un zombie.

Qu'en disent les psys qui t'ont diagnostiqué il y a 3 ans?
N'y a-t-il pas des choses qui t'intéressaient avant et qui pourraient encore t'intéresser si tu planifiais de les faire dans ton temps libre, juste pour avoir un peu de satisfaction de temps en temps?

J'ai terminé major dans une trés grosse école, en écrasant la jeunesse dorée parisienne qui me pensait retardé intellectuellement en me voyant les premiers jours, ceci est mon unique fierté.

C'est déjà la preuve que tu es capable de grandes choses, souviens-t'en toujours.

[Gantoris]

Merci pour ton message, j'espère le meilleur pour toi également.

J'ai tendance à me dire que nos parcours sont déterminés essentiellement à la naissance, encadrement familial inclu.

Nos capacités sociales, notre sensibilité déterminent notre aptitude à encaisser les coups et à être heureux dans ce monde si brutal.

En quoi sommes nous coupables en fin de compte ? c'est une question que je me pose souvent. Ne faisons nous pas tous de notre mieux au quotidien pour être heureux ?

[Gantoris]

Il y a 3 ans, c'était un diagnostic tout a fait standard, sans réelle recommandation psychologique.

On m'a recommandé un suivi par une spécialiste de l'association, chose que j'ai essayé pendant 1 mois avant d'arrêter car je n'en trouvais aucune satisfaction, peut être aurais-je du insister d'avantage.

Je pense que mon principal problème est l'appréciation que j'ai de moi même, d'avantage que travailler sur les troubles autistiques qui sont certes plutôt visibles mais pas non plus tant que ça.

Pour ta question, tu sais a part les jeux vidéos je n'ai jamais vraiment eu d'intérêt pour quoi que ce soit, et les jeux ne m'intéressent plus trop.

Je ne vois pas vraiment pas ce qui pourrait me plaire. La logique voudrait que j'essaye tout de même des activités, limite au hasard, mais franchement je sais que si ça se passe mal j'en dormirais pas pendant 2 mois, et je n'arrive pas à me motiver, mais genre vraiment pas.

[Gantoris]

Scolairement oui j'étais capable de grand chose, mais je ne vois pas comment utiliser ça aujourd'hui.
Logiquement je devrais me cultiver, mais dès que je me met devant un bouquin je lache au bout de 10 minutes.

[Rem 82]

Merci pour ton message, j'espère le meilleur pour toi également.

J'ai tendance à me dire que nos parcours sont déterminés essentiellement à la naissance, encadrement familial inclu.

Nos capacités sociales, notre sensibilité déterminent notre aptitude à encaisser les coups et à être heureux dans ce monde si brutal.

En quoi sommes nous coupables en fin de compte ? c'est une question que je me pose souvent. Ne faisons nous pas tous de notre mieux au quotidien pour être heureux ?

De rien ! Un peu de soutien entre personnes désespérés fait pas de mal !

Je ne me sens plus seul , tu ne te sens plus seul !

Oui on donne tout pour avoir une vie qui ressemble à ceux des gens dits normaux , mais quand on a assez donné (comme dans mon cas pendant la dernière moitié de mon existence ... et à fond) je préfère choisir l'option de cesser le combat et de rester (comme je l'ai déjà été) pour le restent de ma vie ... je me dis que ce sera pas plus mal comme ça ...

En tous cas il faut du repos et beaucoup de repos pour pouvoir retrouver une sérénité comme être seul au fin fond d'une forêt sans aucun être humain à plusieurs dizaines de kilomètres pendant 6 bons mois ... mais bon on déchante vite lorsque la réalité rattrape les rêves pourtant pas si innacesibles car ce n'est pas la Lune non plus !!!

Je me dis combien de temps je vais encore survivre ?!

Le plus longtemps possible je l'espère ... et sans que rien de toxique (que ce soit des personnes , des objets ou autre ...) vienne nous enquiquiner nos rêves !!!

[Rem 82]

Scolairement oui j'étais capable de grand chose, mais je ne vois pas comment utiliser ça aujourd'hui.
Logiquement je devrais me cultiver, mais dès que je me met devant un bouquin je lache au bout de 10 minutes.

+1

Et pourtant je voudrais bien trouver à nouveau le goût de lire ... mais pareil au bout de quelques pages je fatigue et j'arrête ... et à peine j'arrive à finir de lire un article de revue ...

Je me focalise + sur des images , graphiques , digrammes , tableaux ... je me sens pour l'instant plus à l'aise devant ça plutôt que des textes ...

[Tugdual]

Bonsoir Gantoris,

Je pense que te faire aider par des pros est indispensable,
pour ensuite retrouver du plaisir dans la vie quotidienne ...

Courage ...

[Louis 26]

Faut pas se laisser glisser... jamais

[freeshost]

Bienvenue ! Gantoris !

Ne te compare pas à ton frère, ou à qui que ce soit.

Il doit y avoir de quoi faire avec tes capacités mnésiques et d'analyse. Faudrait juste passer par un autre passage que l'entretien d'embauche "classique", lequel est surtout basé sur le langage non verbal...

Si tu cherches des activités, tu n'es pas obligé de chercher des activités sociales ou de groupe, mais chercher des activités qui te motivent, quitte à ce qu'elles soient en solitaire. Après tout, il n'y a aucune culpabilité à faire des activités seul (marcher, visiter, photographier, lire, apprendre (des sciences, des arts, des langues, etc.), jouer, etc.).

Autre truc : on n'est pas obligé de faire des activités qui ont un but concret ou lucratif, me semble. On peut jouer aux échecs, lire des bandes dessinées, dessiner, regarder des vidéos drôles ("juste pour rire" sur YouTube ) s'entraider bénévolement sur le forum, etc.

Il y a aussi la possibilité de rencontrer des personnes Asperger, lesquelles ne te jugeront pas (ou beaucoup moins que bon nombre de personnes neurotypiques).

Osons la dissonance entre le passé et l'avenir. Que l'avenir ne soit pas esclave du passé. Osons l'incohérence.

[Autrey]

onjour,
Etant diagnostiqué Asperger, tu as mis un nom sur certaines choses tu as vécu. C'est le principal et le début d'autre chose : Une fois le diagnostic posé, je me suis sentie mieux car j'ai compris pourquoi j'avais vécu certaines choses et maintenant je me dis que je suis comme cela.
N'hésite pas à venir fréquemment sur ce forum pour te renseigner, poser des questions, lire d'autres témoignages.
Ton chemin montre que tu es intelligent et que donc cela s'améliorera.
Les moqueries, la peur des gens, etc. j'ai connu cela, en fait beaucoup de gens connaissent cela (autistes ou non) mais à mon age (47 ans) j'ai appris que je devais m'en fiche et me concentrer d'abord sur l'essentiel : mes passions.
Comme l'a dit Tugdual il faudrait que tu ailles voir un professionnel qui t'aide. Si il n'y'a pas trop d'attente, tu peux éventuellement même retourner voir la personne qui t'a diagnostiqué, autrement peut-être voir un psychiatre ou un psychologue de ta ville.
Tu peux aussi te rencentrer sur ce qui te plait, voire élargir tes passions : Astronomie? Arbres ? Informatique? etc. Même si c'est parfois dur de trouver de l'intéret à un hobby parcequ'on a peu envie à un moment donné, une fois qu'on s'y met on se concentre dessus et cela permet de ne plus penser au reste.
En fait les aspergers ont des interets dit "restreint" comme la passion des insectes, des mangas, des mathematiques, jeux videos, etc.....recentre-toi sur ce qui te plait et n'ai pas honte de ce que tu es et de ce que tu aimes.

[Jean]

Je suis effectivement asperger moi même, diagnostiqué il y a 3 ans de ça. Le syndrome explique un petit peu mon état actuel, mais de manière mineure selon moi. L'asperger n'est pas une excuse. Un grand nombre d'autistes assument leurs syndromes et sont pleinement heureux, peut être est-ce votre cas. L'explication à mon état actuel est à rechercher ailleurs. J'en suis le seul responsable en mon sens.

A peu près 40% des aspergers font une dépression avant 40 ans.

Tu n'as pas à rechercher plus loin le principal motif de ta situation actuelle.

Tu as besoin d'un soutien psychothérapeutique. Est-ce que tu ne pourrais pas reprendre contact avec celui que "l'association" t'avait proposé ?

[freeshost]

N'hésite pas à venir fréquemment sur ce forum pour te renseigner, poser des questions, lire d'autres témoignages.

Autrey a raison sur divers points dont celui-ci. Moi, je viens presque tous les jours sur le forum.

[Lilas]

Bonjour Gantoris,

Comme Jean l'a dit, la dépression est une comorbidite très fréquente du SA. Son impact ne doit donc pas être négligé.

Difficile, dans cet état, d'avoir une vision objective se soi-même, mais est-ce qu'un raté :
- aurait réussi à mener des études dans une situation aussi difficile ?
- aiderait financièrement son père et son frère (d'ailleurs,peut-être n'est-il pas si parfait et accompli, s' il a besoin de ton aide, non ?) ?
- aurait gagné son indépendance (tu dis vivre seul, je suppose donc que c'est le cas)

Je suis sûre qu'il y a énormément de choses dont tu peux être fier, et dont ceux que tu juges mieux que toi ne sont pas capables (je sais de quoi je parle, car je fonctionne exactement ainsi).

Quant à la honte que tu ressens, as-tu l'occasion de rencontrer d'autres aspies ? Je trouve que cela apporte un vrai répit dans le jugement souvent trop dur que l'on porte sur soi-même.

En tout cas, je voulais dire aussi que tu as eu raison de venir t'exprimer ici. Nous sommes tous là pour nous entraider.