Comment se déroule un entretien de restitution ?

[Faraday]

Bonjour à tous,
Après avoir été repoussé deux fois, le jour de ma restitution approche et je suis de plus en plus stressée. Je vous fais une rétrospective rapide de ma situation. Dans le but de chercher ce qui n'allait pas chez moi et après quelques lectures, j'ai pensé au syndrome d'Asperger. J'ai été consulter un psychiatre de ma région qui a surement pensé que c'était une piste envisageable puisqu'il a adressé un courrier au CRA en reprenant quelques éléments de nos échanges et ses observations personnelles durant les deux séances où je l'ai vu. Plusieurs mois après j'ai fait les tests au CRA : Wais 4, Ados, Faux-pas et AQ. Plusieurs mois après j'ai eu un RDV pour un entretien de restitution qui a été repoussé deux fois. Et voilà, la date approche et je suis stressée car je ne sais vraiment pas à quoi m'attendre sur le déroulé de l'entrevue.
J'ai toujours besoin de bien visualiser les choses dans ma tête et je n'ai pas trouvé de témoignages sur internet qui précisent le déroulé de la restitution : est-ce qu'ils évoquent un après l'autre les tests ? Est-ce qu'ils proposent un suivi ou de l'aide si on en a besoin ? Est-ce qu'ils font un bilan des forces et des faiblesses ?
Bref, si vous vous voulez bien partager cela avec moi, pour les personnes qui ont passé un diag en CRA, la restitution ca s'est passé comment pour vous ?
Par avance merci.

[Ketiapie]

Bonjour à tous,
Après avoir été repoussé deux fois, le jour de ma restitution approche et je suis de plus en plus stressée. Je vous fais une rétrospective rapide de ma situation. Dans le but de chercher ce qui n'allait pas chez moi et après quelques lectures, j'ai pensé au syndrome d'Asperger. J'ai été consulter un psychiatre de ma région qui a surement pensé que c'était une piste envisageable puisqu'il a adressé un courrier au CRA en reprenant quelques éléments de nos échanges et ses observations personnelles durant les deux séances où je l'ai vu. Plusieurs mois après j'ai fait les tests au CRA : Wais 4, Ados, Faux-pas et AQ. Plusieurs mois après j'ai eu un RDV pour un entretien de restitution qui a été repoussé deux fois. Et voilà, la date approche et je suis stressée car je ne sais vraiment pas à quoi m'attendre sur le déroulé de l'entrevue.
J'ai toujours besoin de bien visualiser les choses dans ma tête et je n'ai pas trouvé de témoignages sur internet qui précisent le déroulé de la restitution : est-ce qu'ils évoquent un après l'autre les tests ? Est-ce qu'ils proposent un suivi ou de l'aide si on en a besoin ? Est-ce qu'ils font un bilan des forces et des faiblesses ?
Bref, si vous vous voulez bien partager cela avec moi, pour les personnes qui ont passé un diag en CRA, la restitution ca s'est passé comment pour vous ?
Par avance merci.

Bonjour, je me pose la même question. Tu as donc finalement été diagnostiquée, comment s'est passé ton entretien de restitution ?

[freeshost]

Pour ma part, comme je n'avais aucune peur ou aucune hâte avant, pendant et après le diagnostic, je suis resté, comme à mon habitude, calme et à l'écoute.

La restitution s'est faite avec ma mère et son nouveau mari (donc mon beau-père).

Ben, la spécialiste a expliqué les points, les résultats, et voilà. Je n'ai pas posé de questions. Ce n'est pas souvenir impérissable mais neurodégradable (ou mnémodégradable).

[Autrey]

En fait je ne savais même pas que cela s'appelait une "restitution", la spécialiste m'a juste dit de revenir pour le bilan écrit. C'est peut-être ce terme utilisé qui a fait que je ne me suis posée aucune question et j'y suis allée tranquille.
De toute façon il m'avait déclaré autiste avant la fin.

[Faraday]

C'est amusant, vous me proposez de répondre à mon propre poste, auquel je n'ai pas eu de réponse
Mais je remercie une autre personne du forum "Nevermind" qui m'a contacté en MP pour échanger sur sa restitution.
Alors, je suis déjà d'un naturel anxieux (c'est un euphémisme, parce que en ce moment je me réveille la nuit avec des grosses angoisses, et ca m'arrive souvent). Donc déjà la démarche d'aller consulter un psychiatre en pré-diag + les tests au CRA = méga angoisses pendant des jours avant/pendant et après les différents entretiens avec les différents professionnels.
Donc tout cela pour expliquer mon état d'esprit avant l'entretien de restitution : l'apocalypse dans ma tête.
Et sinon plus concrètement, je suis arrivée au CRA avec 45 minutes d'avance (on ne sait jamais, avec les embouteillages et tout et tout). Quand je suis allée me présenter à l'accueil, j'arrivais à peine à desserrer les lèvres pour laisser passer un son. J'ai patienter en salle d'attente, et puis le psychiatre est venu me chercher. On a été dans son bureau, il m'a expliqué que j'étais là pour l'entretien de restitution (oui merci, j'ai lu le courrier de convocation) et qu'on allait balayer ensemble les différents tests : "parce que le résultat est là Mme Faraday, vous êtes asperger sans équivoque". Je pense que je n'aurai pas été plus étourdie s'il m'avait frappé de toutes ses forces avec une batte de base-ball. Un an et demi à me poser la question en sachant que bien entendu je suis peut être autiste, et pourtant si surprise de l'entendre dire comme cela de but en blanc. Et après il a évoqué les tests, la Wais en disant que j'avais un QI dans la moyenne (aux alentours de 110 dans les trois indices avec un pic à 130 en verbal), donc ni surdouée ni sousdouée
Il a dit plusieurs fois que j'avais démontrée à plusieurs reprises une grande attention aux détails. Il a évoqué mes difficultés à engager et maintenir la conversation au bon moment dans l'Ados, un manque d'imagination, une incapacité à soutenir le regard. A la fin j'étais un peu
Pour le test des faux pas, il a dit que j'avais bien reconnu toutes les situations, mais que cela avait pris beaucoup de temps et que je ne savais pas dire le ressenti des personnes (vous savez les questions "et à votre avis qu'est-ce qu'il/elle pense?") et que je n'apportait pas toujours une solution correcte pour se sortir du faux-pas.
Pendant tout le temps je l'ai écouté parler et j'ai répondu en mode monosyllabe, comme si dire un mot allait me couter de l'argent "hum hum", "oui", "ha bon?". Il m'a demandé si je me doutais du diagnostic, je lui ai répondu que je pensais qu'il y avait 50 % de chance que j'y sois 50 % que je n'y sois pas. Je crois qu'il a eu l'air surpris (mais je suis pas bien sure) et il m'a répondu, non il y avait quand même beaucoup plus de chance que ca et il m'a redit qu'ils étaient sûr "l'équipe pluridisciplinaire blablabla", je n'ai pas tout entendu, j'ai décroché à un moment.
A la fin il m'a demandé si je voulais lui dire quelque de particulier, comment ca allait la vie en ce moment. J'aurais voulu hurler : "ca va pas du tout, je suis au bout du rouleau, j'y arrive plus, je ne dors plus parce que j'ai des grosses angoisses tout le temps pour tout et n'importe quoi, j'ai perdu énormément de poids, je pleure plusieurs fois par jours depuis quelques mois, je suis complètement dépassée à mon travail et mes relations professionnelles avec mes collègues sont devenues ingérables". Je n'ai pas osé, je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas comment demander de l'aide et j'ai juste dit "Non ca va merci". Quelle imbécile!
Il m'a dit que le CRA allait envoyer un rapport écrit, il m'a demandé si je voulais un courrier pour la MDPH, et voilà, c'était terminé.

[olivierfh]

J'aurais voulu hurler : "ca va pas du tout, je suis au bout du rouleau, j'y arrive plus, je ne dors plus parce que j'ai des grosses angoisses tout le temps pour tout et n'importe quoi, j'ai perdu énormément de poids, je pleure plusieurs fois par jours depuis quelques mois, je suis complètement dépassée à mon travail et mes relations professionnelles avec mes collègues sont devenues ingérables". Je n'ai pas osé, je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas comment demander de l'aide et j'ai juste dit "Non ca va merci". Quelle imbécile!

Maintenant que tu as écrit ça tu peux le lui dire par email ou en lui laissant un message au CRA, en tant que psychiatre du CRA c'est son rôle de t'indiquer comment améliorer ce qui est en lien avec ton Asperger me semble-t-il.

[Faraday]

C'est gentil Olivierfh. En fait j'ai téléphoné il y a quinze jours environ et j'ai été orienté vers un psychiatre près de mon domicile en libéral car le CRA est vraiment loin. Et il y a deux jours, quand j'ai eu le courage de téléphoner pour prendre RDV et bien il était complet et a proposé de me mettre sur liste d'attente...
Je me retrouve donc sans solution, je vais devoir trouver un moyen de m'en sortir seule, mais ca fait 30 ans que je fonctionne comme ca.
Je change complètement de sujet, mais c'est difficile pour vous aussi de dire quand ca ne va pas ? Pour moi c'est assez compliqué de voir que je ne m'en sors pas bien sur des petites choses faciles/évidentes pour les autres et c'est insurmontable de le dire.

[Carapa]

Dans mon cas aussi l'entretien de restitution s'est plutôt mal passé, et pourtant je n'appréhendais pas vraiment (je pense que j'aurais du...). Le psy a vraiment manqué de tact, j'ai eu l'impression qu'il me passait un savon. Bilan, j'ai pris trois jours pour faire ce diagnostic, et je ne vais pas mieux qu'avant...

L'histoire du test des faux-pas m'étonne un peu, car je n'ai rien passé de tel. Par contre, on m'a donné comme exercice: inventer une histoire à partir d'une image, floue dans la moitié des cas. C'est typiquement le genre d'épreuve qui ne m'a jamais inspiré... Conclusion: absence de créativité (la créativité sur demande, c'est un peu bizarre quand même...)

Sinon, j'ai aussi beaucoup de mal à dire quand ça ne va pas. Cela vient de l'expérience maintes fois faite que: 1) la plupart des gens ne peuvent pas comprendre mes problèmes, même quand par miracle ils essaient; 2) quand on vous demande comment ça va, généralement une seule réponse est permise; 3) la mentalité occidentale classique est à peu près du type "débrouillez-vous: pour qu'on veuille bien vous aider, il faudrait que vous alliez mieux".

[Faraday]

Dans mon cas aussi l'entretien de restitution s'est plutôt mal passé, et pourtant je n'appréhendais pas vraiment (je pense que j'aurais du...). Le psy a vraiment manqué de tact, j'ai eu l'impression qu'il me passait un savon. Bilan, j'ai pris trois jours pour faire ce diagnostic, et je ne vais pas mieux qu'avant...

Juste pour préciser, parce que je crois que je me suis mal exprimée (c'est un peu l'histoire de ma vie ) : tout le monde a été fort sympathique au CRA, c'est juste moi qui était bloquée.

L'histoire du test des faux-pas m'étonne un peu, car je n'ai rien passé de tel. Par contre, on m'a donné comme exercice: inventer une histoire à partir d'une image, floue dans la moitié des cas. C'est typiquement le genre d'épreuve qui ne m'a jamais inspiré... Conclusion: absence de créativité (la créativité sur demande, c'est un peu bizarre quand même...)

Moi j'ai du inventer une histoire avec de petits objets éclectiques... J'étais un peu perdu, ca m'a pris un certain temps et c'était pas terrible

Sinon, j'ai aussi beaucoup de mal à dire quand ça ne va pas. Cela vient de l'expérience maintes fois faite que: 1) la plupart des gens ne peuvent pas comprendre mes problèmes, même quand par miracle ils essaient; 2) quand on vous demande comment ça va, généralement une seule réponse est permise; 3) la mentalité occidentale classique est à peu près du type "débrouillez-vous: pour qu'on veuille bien vous aider, il faudrait que vous alliez mieux".

C'est exactement ce que je pense.

[Nanar02]

J'ai l'impression que pour le diagnostique adulte il n'y a pas de protocole unique et de même pour la restitution.

[Carapa]

"Inventer une histoire avec de petits objets éclectiques", je l'ai eu aussi, et ça ne m'a pas plus inspiré que pour les images. Bon, je trouve quand même ce test un peu bizarre, car un résultat négatif me semble pouvoir s'expliquer par pas mal de raisons différentes. Le test des faux pas n'est-il pas plus fiable, a priori?
Je précise que j'ai passé ce diagnostic en Belgique, les procédures sont peut-être un peu différentes en France.

[Faraday]

En fait il y a fois une disparité dans les tests qui peuvent être mobilisés par les CRA, mais aussi une forme d'homogénéité car chaque test comporte la même trame. Par exemple l'Ados est très figé, il y a une liste d'item que l'examinateur doit respecter. De l'extérieur on pourrait croire que l'examinateur pose les questions qui lui semblent opportunes au moment où il le souhaite, mais en réalité l'ordre des épreuves et l'ensemble des questions sont figées par le protocole. L'Ados comporte toujours les mêmes exercices au même titre que si vous passez la Wais 4 il y aura exactement les mêmes subtests principaux. C'est la capacité de l'examinateur à suivre la partition qui permet une objectivation des résultats.
Pour le test des faux-pas il n'est pas plus ou moins fiable que l'Ados, il explore à mon sens une dimension complémentaire. Si l'Ados permet de mettre en lumière les difficultés de communication ou le degré d'interaction sociale réciproque, le test des faux pas essaye de cerner le degré de compréhension d'une situation sociale bien définie, la Wais mesure le QI... chacun à sa petite spécialité
Et moi aussi, je me suis posée la question de savoir comment les personnes "normales" répondaient à l'Ados. Est-ce qu'ils inventent des histoires dignes d'un scénario pour un film ? Est-ce qu'à la fin ils décrochent un rencard avec l'examinatrice/teur (ce qui pourrait représenter le sommet en matière d'aisance sociale dans les relations aux autres) ?
Ok, j'ai craqué, c'est à cause du manque de sommeil des dernières semaines. Je vais me coucher.

[Carapa]

"je me suis posée la question de savoir comment les personnes "normales" répondaient à l'Ados."

Moi aussi, j'aimerais bien le savoir (je songe à offrir une prime pour tout information sur le sujet ), car la lecture de certaines observations dans mon bilan me rend perplexe. Par exemple "peu de partage émotionnel", "peu de réciprocité"... A priori il ne me semble pas qu'un passage de l'Ados, avec un examinateur qu'on connaît à peine et qui nous pose une série de questions précises, soit un moment très approprié pour le partage émotionnel. S'attend-on à ce que je m'adresse à lui comme à un chouette copain, et que je lui raconte ma vie??

[Bloat]

Pour répondre avec mon expérience à la question initiale :
Dans mon cas tous les médecins qui m'ont fait passer les tests étaient là (psychiatre, interne, psychologue, neuropsychologue). Tous ? Non ! Car un village peuplé d'irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l'envahisseur. Car la neuropsychologue ne pouvant être là, un de ses collègues l'a remplacée.

Le psychiatre a commencé à lire son compte-rendu auquel j'ai apporté quelques corrections mineures (ah si, quand même, correction majeure au tout début : il avait pris le compte-rendu d'un autre patient, non je ne suis M. A, moi c'est M. B ) ; puis il a passé la parole au neuropsychologue pour le compte-rendu du QI ; puis il a repris la parole pour donner le diagnostic final. Et m'a posé deux questions avant de continuer :
"- Êtes-vous surpris ?
- Non.
- Vous attendiez-vous à ce diagnostic ?
- Oui."
(réponses précises, succinctes, efficaces ; s'il s'attendait à ce que j'élabore, raté )

Ensuite il a déroulé la liste des recommandations de traitement, m'indiquant où les faire et ajoutant pour chacun d'eux une plaquette publicitaire. Enfin j'ai patienté pendant qu'il corrigeait le compte-rendu, il a tout mis dans une enveloppe, merci et au revoir.
Pendant la restitution, j'ai noté deux points qui manquaient (dont mon hypersensibilité olfactive---au cours des entretiens ils n'avaient posé des questions que sur les bruits, le toucher et la lumière mais à la lecture du compte-rendu, j'ai réalisé qu'il s'agissait des sens dans leur ensemble et que l'odorat devait sans doute être inclu lui aussi). J'ai réfléchi à l'éventuelle importance de ces deux points pendant le reste de la restitution et sur le chemin du retour pour finalement trancher (après 5h de réflexion---oui je suis lent) en envoyant un e-mail au psychiatre une fois rentré chez moi ; ces deux points ont effectivement été rajoutés après coup (ce qui fait que ma version du compte-rendu n'est pas la finale ).