Je pense (vraiment !) qu'une de mes collègues est Aspie.

[yael]

Bonjour,

Je suis ennuyée par un problème social que certains d'entre vous ont peut-être déjà rencontré : j'ai une collègue qui a des comportements qui sont pour moi très évocateurs d'une femme Aspie qui compense partiellement. Elle se retrouve régulièrement en difficulté avec ses soucis d'implicite, de grande rigidité (qui effare mes collègues) elle "parle bizarre" au point que cela interpelle ses interlocuteurs. Il y a bien sûr plein d'autres choses mais peu importe, ce post n'est pas destiné à faire du diagnostic sauvage.

Cette collègue part dans quelques semaines et je suis partagée entre ne rien faire ou lui dire qu'elle me rappelle beaucoup Fiston qui est Asperger, pour lui ouvrir la possibilité de réfléchir et peut-être de trouver une clé pour sa vie.

Mon lieu de travail ne sait pas que je suis aussi autiste et je n'ai pas l'intention de le dire dans l'immédiat.

Qu'en pensez vous ?

Merci beaucoup d'avance pour vos retours.

[Nanar02]

As tu des contacts avec ?

Tu pourrais peut être lui parler avec l’intermédiaire de livre ou de la BD le julie Dauchez ?

[yael]

Oui, j'ai des contacts réguliers. Si je lui propose la BD, elle ne va pas faire le lien. L'implicite n'est vraiment pas son fort, c'est peu de le dire.

[Bastion]

As-tu peur qu'elle le prenne mal?

[yael]

Oui, il y a de ça, qu'elle se demande de quoi je me mêle.

J'ai aussi peur de mettre le bazar dans sa vie très organisée, que ça fasse comme un séisme et qu'elle ne soit au final pas mieux que maintenant.

[Lilas]

Dans un autre cadre que le travail, je me suis trouvée dans la même situation, persuadée qu'une personne de mon entourage était concernée.
J'ai donc décidé de l'informer de mon autisme pour voir comment elle réagirait.
Résultat : communication coupée, plus de mails de sa part, et elle a cessé de venir aux sorties que j'organisais.
Je ne pense donc pas qu'il faille imposer une prise de conscience à quelqu'un qui ne le souhaite pas, qui ne le recherche pas.

[yael]

Oui, c'est ça. C'est la 1ère partie de l'alternative.

A titre personnel, ça m'aurait aidée de le savoir bien plus tôt pour moi.... mais c'est ce que je pense maintenant.... J'aurais en réalité peut-être (je ne sais pas !) rejeté violemment l'idée il y a 10 ou 20 ans...

Merci de ce retour d'expérience.

[Flower]

J'ai eu un collègue il y a quelques années qui m'a demandé à plusieurs reprises si je n'étais pas un peu autiste, mais effectivement à l'époque j'ai complètement rejeté cette idée car je ne connaissais pas assez bien le sujet et ne m'y retrouvais donc pas. Je pense que s'il m'avait donné à lire la BD de Julie Dachez par exemple, j'aurais fait le lien plus facilement...

Est-ce que cette collègue sait que ton fils est autiste? Peut-être qu'en évoquant certains points que tu as remarqué chez ton fils et que tu retrouves chez elle, elle se rendra compte de la ressemblance? Pas forcément en disant qu'elle te rappelle ton fils, mais raconter quelque chose sur ton fils qui rappelle ce qu'elle vient de faire. Certes, c'est de l'implicite, mais même si elle a du mal à le comprendre, peut-être que ça va lui faire prendre conscience des ressemblances et qu'elle va s'interroger d'elle-même.

[Benoit]

Est-ce que c'est une personne qui est intéressée par les questions "existentielles" ou d'"identité" ?

Est-ce que c'est une personne qui au contraire est ancrée dans le concret ?

Est-ce que c'est une personne qui est individualiste ou pas ?

[bidouille]

tu peux peut être lui offrir le livre de Rudy Simone et la laisser faire son cheminement elle même?

[Autrey]

On ne connait pas ta collègue donc il est difficile de se faire une opinion mais tu peux éventuellement en parler avec elle (Elle peut souffrir mais ne pas le montrer).
Souvent les aspies ne vont pas à la machine à café, certains bruits les dérangent, etc. mais tu as raison elle peut compenser.
Tu peux par exemple aborder la question avec douceur mais il faudrait être dans un endroit isolé. Peut-être peux-tu lui proposer un café puis aller le boire dans une salle de réunion vide, ou aller en bas de l'immeuble, où aller sur une place près de ton lieu de travail.
Tu pourrais par exemple amener doucement le sujet en parlant de ta famille puis de ton fils puis enfin lui dire avec le sourire "tu sais en pensant à mon fils j'ai parfois pensé à toi."....où une phrase de ce genre.
Ceci dit il est difficile de se faire une opinion avec ton résumé succint.

[yael]

En fait je ne sais pas comment elle est au fond et je suppose qu'elle a un "construction sociale" (un faux-self) très forte, peut-être bien plus importante que ce que je pense percevoir. Même avec de nombreux éléments j'ai du mal à penser alors je comprends bien que vous positionner soit délicat.

Personnellement c'est un cheminement personnel qui m'a amenée au diagnostic et c'est passé par celui de Fiston. Récemment une collègue m'a "débusquée" et, très ennuyée, m'a envoyé plein de signaux pour me mettre sur la piste. J'ai trouvé ça très courageux et attentionné de sa part. J'ai fini par lui dire que j'avais un diagnostic... Je suis dans la même situation qu'elle au départ : pas vraiment de doutes mais partagée sur l'action. Est ce que certains d'entre vous sont arrivés au diagnostic grâce à quelqu'un d'extérieur (pas un soignant), par exemple ?

Je ne sais pas si elle est bien dans sa vie (dans ce cas, j'aurais tendance à ne surtout rien dire !) ou si elle mesure à quel point elle semble bizarre et rigide. Son boulot repose sur la voix et de nombreux adultes font la grimace, plus ou moins discrètement, quand elle prend la parole....

[Lilas]

J'ai été mise sur la piste par quelqu'un qui, comme dans ta situation, voyait une grande ressemblance entre sa fille et moi.
Mais c'était dans un cadre particulier où j'étais en souffrance au travail et cherchais conseil auprès de lui pour me réorienter.

Et même dans ce cas, comme il m'a parlé d'autisme d'une manière détournée, j'ai mis plusieurs mois avant de vraiment prendre conscience que cela pouvait me concerner.
Et cette prise de conscience n'a vraiment pas été agréable pour moi (d'autant plus que je me suis retrouvée seule pour la gérer, puisque à retardement).

[yael]

Ah, ce que tu racontes a dû être très difficile à vivre.

Effectivement, on n'entend que ce que l'on veut /est prêt à entendre et on ne décide pas forcément de ce moment

Je vais relire la différence invisible et voir si je me sens de lui passer.

[yael]

Pour te répondre Benoît, elle me donne l'impression d'être ancrée dans le concret, vraiment très. Ce que je pense percevoir de son lien à la vie est dans la "binarité" : une question appelle une bonne réponse unique. Il se trouve que je suis enseignantse (c'est ma stagiaire ce qui ne me simplifie pas les choses) et on travaille sur de l'humain : c'est est rarement en noir et blanc mais bien plus souvent en camaïeu de gris. La "bonne réponse" n'existe souvent pas, en tout cas pas a priori.