Paternité Asperger

[Mikko]

Hello !

Ma conjointe souhaite avoir un enfant et j'avoue être de plus en plus tenté mais ça m'inquiète un peu alors je viens vers vous.
Je galère un peu à trouver des infos sur le fait d'être parent (en général ce sont des parents d'Aspergers) en tant qu'Asperger et les éventuels risques que cela implique (notamment la transmission de notre particularité).

Est-ce qu'il y a déjà un fil là-dessus ?
Sinon est-ce qu'il y a des personnes qui ont eu des enfants tout en étant Asperger ici ?
Si oui, c'est quoi votre vie ? Votre conjoint est-il Asperger aussi ? Est-ce que vous rencontrez des difficultés vis à vis de l'éducation de votre enfant ? etc.

Bon, c'est vrai que je ne suis toujours pas diagnostiqué et sans doute encore la première moitié de l'attente (à peine 6 mois ) mais il y a tellement de similitudes que je me permets de m'auto-diagnostiquer.

Mikko

[Asriel]

Bonsoir,

Je ne suis pas parent, mais je t'invite à la prudence dans le fait de te revendiquer Asperger avant d'avoir été diagnostiqué, surtout pour un sujet dans l'espace TED.
Ce n'est pas la politique du forum que d'encourager l'autodiagnostic, peu importe sa forme.

As-tu pensé à utiliser le champ recherche, sinon, pour ta question ? Je pense que le sujet a pu être abordé ailleurs. .

Bien chaleureusement,
Castiel.

[Manichéenne]

Ca a été abordé il y a longtemps : y a t'il des papas/mamans aspi ?

Je n'étais alors pas encore diagnostiquée, mes enfants non plus.
Les TSA étant en partie génétique, il y a un risque réel de transmission. Parfois même, des parents Asperger ont des enfants autistes sévères...

Mon conjoint n'est pas Asperger.
Je rencontre des difficultés vis à vis de l'éducation de mes enfants... Oui, comme tous les parents. Et plus parce qu'ils sont atypiques. Mes difficultés persos sont plus impactantes vis à vis de l'extérieur : assistantes maternelles, médecins, enseignants. A part ça, l'hypersensibilté auditive ne fait pas bon ménage avec les enfants, et encore moins avec le TDAH de l'un d'eux. Le besoin de s'isoler n'est pas toujours possible à satisfaire non plus.

[olivierfh]

Aussi sur cet autre fil du forum: "Vous en connaissez vous des parents autistes ?"
Où les aspies intervenus semblent assez prolifiques: 3, 4 enfants, et plutôt contents que ça crée autre chose dans leur vie. Moi pré-diagnostiqué j'en ai 4. (Reste à faire la moyenne avec ceux qui n'en veulent pas. )

Pour les chances de transmission je vois déjà sur Wikipédia: "5 % des mères et 20 % des pères [d'enfants Asperger] ont des symptômes clairs et visibles du syndrome" (étude de 1988, critères plus stricts qu'aujourd'hui donc c'est un minimum).

[3enfants]

Avis perso, dans l'hypothèse d'un SA diagnostiqué :
avant d'envisager d'avoir un enfant, il faut déjà être dans un couple stable, où chacun a trouvé un équilibre harmonieux, qui lui convient, où les inévitables concessions ne pèsent pas, sont légères.
puis la question d'un enfant ou plus : pour un aspie, il me semble que tout est possible dans la mesure où ça fait partie de ses centres d'intérêt...
et le couple doit être d'accord pour que accueillir un enfant à besoins éducatifs particuliers, pouvant avoir un trouble du spectre autistique (quel qu'en soit la gravité...) et/ou un enfant HPI et/ou un enfant TDAH... Car même s'il ne s'agit pas d'une hérédité simple à estimer, on sait qu'il y a un risque de transmission d'un fonctionnement particulier.

[guillaume]

Tiens ben je vais répondre, parce que je suis dans une situation proche de la tienne : non diag, concerné par la paternité.

Bon alors d'abord, l'autodiag est à bannir de ton vocabulaire.
Tu as des difficultés qui sont assez proche d'un SA pour mériter les démarches de diag, ça suffit déjà à plein de chose, inutile de te coller une étiquette que même de nombreux psy sont incapables de donner. Et donc, ça suffit à te poser des questions sur la possibilité d'être père.

J'avais fait un texte assez long et plein de bonne choses (enfin j'espère), mais c'était complètement décousu.
Mais je crois que l'idée principale à retenir, c'est qu'avant tout, il faut savoir se préserver. Et s'adapter à l'enfant tel qu'il est.

[Mikko]

Salut à tous et bonne année !

Merci à ceux qui m'ont répondu. Je ne m'attendais pas à susciter de telles réactions avec le terme auto diagnostique, je retiens pour la prochaine fois.
Loin de moi l'idée de vouloir m'attribuer les compétences du médecin, c'est simplement un raccourci d'écriture pour ne pas avoir à refaire toute l'histoire à chaque fois (mais j'ai noté je trouverai un autre moyen la prochaine fois )

D'après ce que vous me dîtes, j'ai l'impression que la paternité ne se présente pas comme "plus difficile" que d'autres aspects de la vie par rapport aux.. (neurotypiques ?). Je me posais la question car j'ai entendu depuis toujours qu'élever un enfant est la chose la plus difficile, forcément ça fait paniquer. D'un autre coté, il est hors de question que je laisse ma conjointe tout gérer (ça aurait été plus simple d'être un gros macho sans doute ).

Pour Guillaume, quelle cruauté d'avoir coupé le message en plein milieu . La version décousue de ton message m'intéresse quand même, si jamais tu l'as encore quelque part.

[Autiste ou surdoué ?]

Bonjour Mikko,
(C'est grâce à ton nouveau message d'aujourd'hui, qui me concerne, que je découvre tes autres interventions, dont celle-ci).
Je ne suis pas diagnostiqué non plus, juste en attente du CRA Bretagne... (je te dirai où j'en suis sur l'autre sujet)
Par rapport à d'autres, j'ai le recul d'être père de deux enfants qui sont maintenant adultes.
Ils ont hérités de certaines "bizarreries", mais ils sont heureux, chacun de leur façon. Je ne regrette rien pour l'instant.
Ce qui est à craindre ce sont des troubles qui gênent le quotidien par leur fréquence ou leur intensité. Sinon je crois que l'éducation, l'exemple, la tolérance et la "guidance" sont essentiels.
Des rituels, des intérêts spécifiques, un isolement des pairs, au fond, ça gêne qui ?... Si l'enfant n'en souffre pas, on peut l'accepter, surtout si cela ressemble à son propre caractère (mais j'ai eu la chance qu'ils n'aient pas de plus problèmes vraiment handicapants)
Honnêtement, le seul problème que m'ait posé le fait d'être père, c'est que je ne comprends plus rien à mon coupe et a une vie de couple après, quand les enfants ne sont plus à la maison...
Voilà ce dont je peux témoigner.

[Mikko]

Je reconnais que la vie de couple doit en prendre un peu mais bizarrement ça ne m'effraie pas autant. J'imagine qu'une manière de relancer le couple après le départ des enfants serait de ritualiser des activités communes. Par exemple, tous les vendredi c'est piscine...

Quant à transmettre des particularités, c'est assez bizarre mais ça me rendrait fier et triste à la fois.
Fier parce que c'est une certaine richesse. Je l'ai vraiment compris au café asperger à Nantes où (même si je ne suis pas encore diagnostiqué) j'ai pu retrouver chez certaines personnes ces particularités si rares dans le quotidien : la passion (pour telle ou telle chose), l'absence de prétention, etc.
Et triste car je sais ce qui l'attendra et même avec tout le soutien possible, il s'en prendra dans la figure je pense. De toutes façons, ce n'est pas sain non plus de protéger trop un enfant.
Enfin bref, plein de contradictions quoi.

Tes enfants t'ont-ils déjà parlé de leur ressenti sur le sujet ?
Je pense que mes parents n'ont pas conscience de ce par quoi je passe et suis passé. Je ne dis pas ça pour te faire peur, peut-être que tout va bien pour tes enfants, c'est juste qu'on peut parfois vouloir préserver les êtres importants.

[Autiste ou surdoué ?]

Pour moi les enfants ont permis de nous donner une vie de couple autour d'eux, une passion essentielle à partager : élever nos petits...
C'est après que l'on s'aperçoit de nos différences !
Il est difficile d'avoir des activités communes avec une personne qui est... comment dire ?
En tous cas on est tellement différents. Elle est très sociable et en a besoin. Je suis très solitaire et en ai besoin. Je suis relativement sportif, elle ne l'est pas. Imaginatif, curieux, créatif et pas elle... Et puis je suis tellement neutre au niveau des sentiments...
Revenons aux enfants, ce sera mieux.
Moi aussi je suis assez fier de leurs différences, dans la mesure où je suis heureux de ce que je suis (même si ce n'est pas dans la norme), je ne peux qu'être heureux de les voir vivre leurs vies atypiques (puisqu'ils sont heureux).
Mais attention, si nous avons déjà beaucoup parlé sur le fait qu'ils étaient différents de leurs copains d'école, nous n'avons jamais évoqué d'autre chose. Je ne leur ai jamais parlé de mes démarches (j'attends d'abord des réponses). Ils sont atypiques mais "normaux". Il ne leur viendrait pas à l'esprit de faire des démarches de diagnostics dans quelque sens que ce soit. Ils sont trop pris par leur vie et ne sont pas dans l'introspection (même s'ils ne vivent pas comme la plupart des gens, ils vivent avec passion).
Deuxième "attention" : j'ai peut-être eu de la chance, ou des gènes plus orientés HQI que autisme, mais il faut aussi envisager la possibilité d'avoir des enfants très différents, réellement handicapés.
Mon diagnostic aura pour but aussi, s'il est dans le sens de l'autisme, de pouvoir les avertir avant qu'il soient parents à leur tour (même si ce n'est pas pour demain semble-t-il...).
Pouvoir être fier des ses enfants, c'est génial. Qu'ils fassent chacun une partie de ce que l'on aurait voulu faire, (sans les y avoir poussés) ça l'est aussi.