Gérer la synesthésie des souvenirs et des émotions

[user3571]

Issue de la combinaison du grecque Aisthesis (aptitude à avoir des sensations) et de syn ( ensemble). On a donc affaire à une combinaison de perceptions sensorielles.

J'ai bien conscience que mon témoignage n'est que le reflet de mon vécu personnel, tout comme j'ai parfaitement conscience que les personnes qui vont lire mon post risquent aussi de ne faire aucune différence entre mes retours de synesthesie mémorielles et émotionelles et le fait de recasser des souvenirs. Saleté psychologisation des conséquences du traitement sensoriel fait par les autistes et le manque de traduction en français de travaux sur ces questions ( vous en voyez à la fnac, chez cultura des ouvrages la dessus? Bah pas moi et j'imagine que les parents et les personnes concernés par l'autisme manquant de recul peuvent complètement passer à côté de ça.)

Saleté difficulté aussi de se sortir de sa zone de confort intellectuelle ou on minimise voir on nie cet aspect de l'autisme.

Je vais pouvoir rentrer dans le vif du sujet.

La synesthésie des souvenirs ,des émotions est présente chez moi depuis tout petit.

Dès trois ans, en touchant des jouets que j'avais manipulé jadis, en regardant des photos et bien mon cerveau était revenu quand j'étais bébé.

Quand maman me chantait certaines chansons comme celle de balavoine, alain souchon (allo maman bobo), bah je pleurais tout de suite.

En grandissant, en petite section de maternelle, être dans ma salle de classe me transportait en salle d'observation du camps quand j'avais deux ans.

Ect, ect dans plein d'endroits et au fil du temps.

Je parlais de ces perceptions au cmpp et le psy disait à moi, mon entourage que c'était des psychoses, c'était dans ma tête. Bien sûr, personne moi y compris n'avait percuté à l'époque sur le fait que ca pouvait m'aider à mieux contextualiser, si et seulement si justement un travail cognitif était fait pour utiliser la synesthésie comme un outil facilitateur d'apprentissages et non pas un empêcheur en plus des exigences des programmes scolaires.

J'ai commencé à m'en servir irrégulièrement en CE1 ,CE2,CM1,CM2. J'ai plus voulu m'en servir une partie du collège jusqu'au 2ème trimestre en 4ème. En 3ème, je m'en suis servi à plein régime en français, mathématiques et histoire géographie pour mon brevet des collèges. Plus tard je l'ai systématisée en seconde ça marchait dans les matières générales. Par contre en sciences de l'ingénieur, il y'a eut des résultats probants mais pas suffisants au regard des exigences du programme. Fiasco complet en première STI ou la classe n'a pas accepté cette façon de faire,ni mon professeur de productique ,je devais utiliser une méthode d'apprentissage qui ne me correspondait pas. Sauf en matières générales ou ca marchait très bien.

Quand j'ai changé de fillière, en sciences et techniques de gestion, j'ai pas voulu en entendre parler le premier trimestre. Et en février 2007, en ayant regardé le film l'effet papillon, et bien j'ai accepté de m'en servir dans mon cursus.Et cela m'a très bien servit pour le reste de ma scolarité, même encore aujourd'hui dans ma formation initiale de contrôleur des finances publiques à l'école nationale des finances publiques de Lyon.

Je précise que le fait d'avoir une synésthesie des souvenirs et des émotions nécessite un travail régulier pour compenser le manque d'éffiscience de la mémoire de travail à court terme et renforcer, la mémoire de travail à long terme. cela passe par un apprentissage régulier de mes leçons, de faire les exercices d'application au fur et à mesure, de m'approprier le corrigé et ensuite de revenir plus tard sur ses notions en faisant jouer la mémoire.

Sur un plan purement professionnel, dans le cadre d'une prise de poste, je fais la même chose avec un journal de bord. Et le soir avant de dormir, je peux réfléchir à ce qui s'est passé la journée pour rectifier le tir le lendemain ( et les collègues ,le chef sont content, voilà Contrôleur il a percuté sur ce qu'on attendait de lui, le boulot se fait, tout le monde est content).

J'espère que mon présent retour va permettre aux adultes autistes diagnostiqués si ils sont concernés par ce que je viens de décrire de faire le nécessaire. Même chose aux parents: un journal de bord des apprentissages scolaires et des habiletés sociales c'est un outil précieux qui peux servir aussi pour les intervenants travaillant à vos côtés.

Bonne lecture, n'hésitez pas à me questionner, je me ferai un plaisir de vous répondre.

[olivierfh]

De quoi s'agit-il concrètement, est-ce que je comprends bien que c'est une façon d'apprendre ou de traiter les problèmes du jour en remplaçant de la mémoire à court terme par les souvenirs qu'on a tendance à lui associer dans la mémoire à long terme?

(ça ne s'appelle probablement pas synesthésie qui est plutôt par exemple associer une couleur à un son)
(ah et puis aussi en signature, en latin para, pas parra, d'où préparer, pas préparrer)

[Djinpa]

le sujet m'intéresse!
je reformule comme je l'ai compris:
il peut être utile d'apprendre à me servir consciemment des réminiscences sensorielles qui constituent mes souvenirs.
J'ai également de nombreux souvenirs de ma toute premiere enfance, avant deux ans, mais encodés sous forme de souvenirs des différents canaux sensoriels, pas encodés en mots; quand je me remémore un de ces souvenirs, j'ai accès à une représentation sensorielle, c'est dans un deuxième temps que je l'analyse et lui donne sens avec des mots...
par exemple, je peux me rappeler un jeu avec mon père, ou il me demandait d'empiler des blocs en bois pour construire une pyramide:
j'ai accès à mes sensations corporelles: comment j'étais assise par terre, le froid du sol sur mes cuisses, la concentration mentale pour essayer de comprendre ce qu'il attendait de moi, la texture lisse légèrement irrégulière du bois des cubes, plus tièdes que le sol, le rayonnement de la chaleur corporelle de mon père derrière moi à gauche, ... curieusement, les sensations visuelles sont comme si je ne percevais pas sur les côtés, mais seulement ce qu'il y a devant moi, non pas un champs visuel de ...150°, comme aujourd'hui, mais max 60°, occupé par des taches de couleur, comme un tableau abstrait: il n'y avait pas encore des mots ou des concepts accrochés à ces taches de couleurs; et, pour saisir un cube de bois, je me rappelle de l'impulsion"envie d'avoir la texture du bloc bois qui touche ma main",et bouger ma main en tâtant au hasard jusqu'à ce que je sente la sensation recherchée; les couleurs c'est ....comme des nuances de gris, qui n'ont pas encore de nom: rouge, bleu...( lien avec ma dyspraxie visuo-spatiale?)
je me suis servie de cette capacité de mémoire des gestes, conjointe avec ma mémoire auditive, pour étudier:
je lisais le cours à voix haute, en traduisant en geste les concepts à étudier, et quand je voulais me les rappeler, la succession des gestes me revenait, je zoome sur le geste qui accompagne la notion dont je veux me rappeler, et j'écoute ce que ma mémoire auditive a enregistré avec ce geste, et le tour est joué.
euh... en me relisant, ca a l'air très "tiré par les cheveux", pourtant , c'est ca que je sens .

[user3571]

De quoi s'agit-il concrètement, est-ce que je comprends bien que c'est une façon d'apprendre ou de traiter les problèmes du jour en remplaçant de la mémoire à court terme par les souvenirs qu'on a tendance à lui associer dans la mémoire à long terme?

(ça ne s'appelle probablement pas synesthésie qui est plutôt par exemple associer une couleur à un son)
(ah et puis aussi en signature, en latin para, pas parra, d'où préparer, pas préparrer)

Concrètement c'est de se servir déjà de ses souvenirs dans le cadre d'apprentissages.

Les réminescences sensorielles et autres peuvent servir par exemple pour dessiner un trait ou une forme géométrique ( associer le logo de Gaumont à une rosace). Autre exemple: une affichette avec des gros chiffres pour mieux différencier les nombres lors des opérations de calcul mental. Ca ne dispense pas de rester au contact du présent mais c'est une manière particulière d'appliquer des choses.