Il y a un fossé entre les "idéalistes" que nous sommes et les "fatalistes" (un peu cyniques, voire nihilistes). Les idéalistes continuent de croire en des "utopies" alors que les fatalistes ont cessé d'y croire, de croire à un monde où toutes les personnes peuvent vivre en paix, en partage et en sérénité. Le risque de ne plus croire en le "vivre ensemble" est de ne se battre plus que pour sa poire (soi-même) et son poirier (ses cercles proches) ou - pire ! - d'avoir des pensées comme "Je n'ai plus rien à perdre." et de devenir "sans foi ni loi" (autre que celle de la jungle).Castiel a écrit :C'est probablement cynique ; mais un monde moral n'existe pas tant la multiplicité des morales les rendent incompatibles entre elles
Cela dit, quant aux différentes morales, il est vrai qu'on peut relever certaines incompatibilités, ben... il s'agit de pratiquer la tolérance et une certaine "homéostasie sociale" (voire systémique). Pour ce qui est de la tolérance, celle-ci doit toutefois être à double sens. Autrement, la partie intolérante pille la partie tolérante. Une tolérance aveugle est suicidaire, mène à sa propre fin (pilée par l'intolérance). [Voir aussi Karl Popper : Faut-il tolérer l'intolérance ?] Quant à l'homéostasie sociale (voire systémique), elle consiste pour une personne à appliquer ses principes pour soi, et non à les imposer à autrui, mais à les proposer, voire juste à les énoncer (sans la moindre forme de prosélytisme). On peut remettre en question l'idée selon laquelle "croître ou mourir", selon laquelle un système est obligé de s'étendre pour survivre. Si un système ne peut survivre sans croissance, c'est comme une drogue dont le seuil de tolérance n'arrête pas d'augmenter (consommer plus, plus fréquemment pour obtenir un même effet), c'est un système à remettre en question (qu'il s'agisse d'un système économique, politique ou religieux).
[Le prosélytisme religieux (offrir des bibles ou des corans, toquer aux portes pour apporter la bonne parole, imposer ses croyances et ses pratiques religieuses à ses enfants, aux conjoinxs, etc.), politique n'est pas signe d'homéostasie, les guerres contre les mécréants, les hérétiques, les LGBTIQA, les formes diverses de racisme ne sont pas signes d'homéostasie cognitive et sociale (donc pas signes de paix intérieure).]
Un système d'espionnage est-il voué à la croissance ? Un conflit militaire est-il voué à l'escalade d'engagement ? Un système d'endettement est-il voué à accroître exponentiellement les dettes ? ["Tout ça pour rien !" ; autres exemples : le joueur maladif de machine à sous, le spéculateur qui n'attend que la remontée du cours après avoir perdu tant, etc.]
Avec la collecte de données, il y autre problème que, je crois, Tugdual a pointé : celles-ci ne sont pas partagées publiquement, ce qui crée de l'asymétrie de l'information, avec le problème principal-agent - un défaut des mandats représentatifs (surtout quand l'opacité se fait reine) ? - nous [le principal] "confions" (étant espionnés, filmés, enregistrés) nos données à des gouvernements [l'agent], mais on ne sait pas quels usages ils en font. L'agent [les gouvernements collecteurs de données et leurs ordinateurs] est plus proche de la focalisation zéro (vers laquelle tendrait le big data) que le principal [le citoyen lambda] car celui-ci a beaucoup moins d'informations que celui-là.
[D'ailleurs, c'est peut-être de l'asymétrie d'information qui a induit en erreur les experts et les sondages qui donnaient le Brexit perdant.]
Ou cette guerre de l'espionnage mène-t-elle à un équilibre d'informations entre les meneurs de celle-ci ? Mais avec un déséquilibre entre ces meneurs de guerres et les personnes pacifiques ?
Au fait, tu as sûrement lu :
- Les origines du totalitarisme, de Hannah Arendt,
- The true believer : Thoughts On The Nature Of Mass Movements, d'Eric Hoffer,
- Totalitarianism, de Carl Joachim Friedrich.