Hum j'ai du mal à me positionner face à ce que tu dis parce que d'un côté je suis tout à fait d'accord sur la "critique" du "problème" que pose les différences à bcp de gens alors que ça ne les impacte pas directement, mais j'ai du mal à sentir de la bienveillance dans ta remarque sur le fait de se poser certaines questions après la puberté....
Euh... encore heureux que les gens peuvent se poser des questions, se remettre en question, questionner leur identité, leur genre, leur orientation sexuelle, leur religion, leurs valeurs, leurs croyances, leurs façon de penser et d'être, et ce après la puberté.
Si certaines personnes réagissent violemment face à certaines différences, c'est surtout parce que ça remet en cause leurs propres croyances, valeurs, des choses qu'ils pensent être des fondamentaux, des bases qui sont acquises et stables, qui par définition ne sont pas censées être remises en cause (vu qu'ils basent tout sur ces socles, ces fondements de leur pensée etc). Or quand quelqu'un arrive et leur dit, hey, je n'ai pas la même religion que toi, mon Dieu à moi est différent (ou mes dieux), ou qu'ils disent hey, moi je suis un homme mais je suis attiré sexuellement par les hommes, ou encore hey, je suis né mâle mais je suis une femme, hey, mon cerveau fonctionne différemment et je ne suis pas plus bête que toi ni "cassé"... Bah tout ça ça les oblige à reconsidérer ce qu'ils pensaient être des fondamentaux, et à remettre en question ce qui fait qu'eux sont eux.
Pr l'anecdote, quand j'ai annoncé ma transidentité à une amie, elle a répondu "lol". (je lui ai dit par msn, j'avais trop peur du contact direct bref). Je l'ai pas super bien pris, disons que ça m'a blessé que sa réaction ce soit un rire quoi. Elle m'a dit "ha c'est que ça, j'ai cru que t'allais m'annoncer un truc grave ou quoi !". Une part de moi disait "ouah elle le prend bien en fait, elle s'y attendait, n'était pas du tout surprise" et une autre part de moi se demandait si elle me prenait au sérieux réellement ou pas.
Bref, après pendant plusieurs mois elle est devenue extrêmement froide et agressive avec moi, on s'est un peu éloigné parce que je supportais pas ses piques condescendantes. J'ai appris quelques temps après (par elle, qui est venue s'excuser) qu'elle avait agit comme ça parce que le fait que je lui dise ça, ça signifiait que j'étais fixé sur mon genre, sur tout ça, alors qu'elle, elle galérait et se sentait mal avec ça, sans rien y faire. Moi non seulement ça s'était éclairé pour moi, mais en plus j'agissais...
Elle est donc devenue agressive avec moi parce que je lui renvoyais indirectement SES propres problèmes et questionnements à la figure, qu'elle vivait mal cette remise en question.
Je pense que c'est ce qui provoque tant de radicalité, de haine et de violence chez bcp de gens. ça les dérange qu'on leur dise qu'ils ont pu se tromper ou que ce qu'ils pensaient immuables ne l'est finalement pas. ça les énerve parce que ça les pousse à reconsidérer ce qu'ils pensaient acquis, ce sur quoi ils ne s'étaient peut-être jamais posé de questions...
Et pour revenir au fait de se poser des questions sur son identité après la puberté etc... Je ne sais pas si tu as conscience à quel point les pressions sociales et culturelles peuvent pousser des gens à intérioriser ou étouffer leur être... Du pédé qui va se marier et avoir des enfants parce qu'il a passé sa vie avec des œillères, en tentant de se convaincre qu'il était "normal et comme tout le mond", au trans qui juste n'avait jamais entendu ni posé de mot sur ce qu'il ressentait et pensait juste n'avoir pas le choix et devoir subir sa vie... A ceux qui ne font rien par croyances religieuses, bref, ya des tas de gens qui ne peuvent juste pas se poser ce genre de questionnements fondamentaux à ou avant la puberté.... Ya des tas de gens qui luttent contre, en pensant que ça va passer (parce que c'est ce qu'on leur dit ! Regarde, ya encore en 2014 des "cliniques pour soigner l'homosexualité", en Chine, aux USA, surement en Russie etc, et où on te "soigne" à coup d'électrochocs et de tortures diverses). Combien y a t-ils d'autistes diagnostiqués ou qui se reconnaissent asperger à l'âge adulte ?! Bah c'est pareil. Désinformation, non information, ignorance, déni (de soi-même ou de l'entourage), ya des tas de raisons qui font que certaines personnes se posent ce genre de question sur le tard.... Et si au final c'est pour se sentir heureux et épanoui, bah crois-moi, il n'est jamais, jamais trop tard pour se poser ces questions...
Tu vois les enfants qui tombent, se relèvent et ne pleurent qu'une fois qu'ils voient qu'ils saignent ? Bah.. ya bcp de souffrances qui deviennent habituelles, et le jour où on comprend pourquoi, elles deviennent carrément insoutenables. Et soit tu fais le choix d'agir pour être heureux, soit tu te pends. Tu fais pas le choix "de changer de sexe" ou "d'être pédé". Tu fais le choix de l'assumer et de vivre en accord avec qui tu es, c'est tout. C'est pas (qu') une question d'appartenance, c'est une question d'identité, de ce que tu es au fond de toi. Et qu'on te voit toi, pour ce que tu es, et tel que tu es, non pas comme une image derrière laquelle tu te cacherais. Le "vivons heureux vivons cachés" est le pire des mythes que l'on ait pu inculquer aux gens. Je dis pas qu'il faut pour être heureux crier sur tous les toits et affirmer que t'es lesbienne, autiste, trans, musulman, etc. Mais juste avoir la possibilité d'être perçu tel que tu es, de vivre en étant considéré dans le genre que tu es.
A la limite je pense que c'est encore plus violent pour le genre. Parce que bon, l'orientation sexuelle ou la religion c'est pas écrit sur ton front.. Le genre, généralement, et vu la société dans laquelle on vit et qui ressent le besoin constant de savoir si t'es une fille ou un garçon (sans nuance de pouvoir t'inscrire ailleurs que dans ces deux "catégories") ça se voit... Et la violence d'être nié dans son identité, nié dans son être, bah c'est vraiment hard. Après ya des gens qui s'en foutent hein. Ya des gens (cis ou trans) qui s'en tapent qu'on se plante de genre en leur parlant, etc. Mais quand en continue pendant des années et à chaque interaction sociale on se trompe en te parlant, on t'appelle avec des mauvais pronoms, des mauvais prénoms, + éventuellement des trucs sexistes qui te renvoient bien comme il faut dans un genre qui n'est pas le tiens bah

ps : je vois pas tous les messages postés pendant que j'écrivais, désolé du coup, je répondais au premier message de freeshost