Quelqu'un m'a interpellé.e en MP en me disant que j'avais l'air "fier.e" d'être travailleur.se handicapé.e

Alors pour clarifier les choses, je ne suis pas fier.e d'être travailleur.se handicapé.e tout comme je ne suis pas fier.e d'être autiste asperger

La question n'est pas là

Je vais essayer de rester juste dans le domaine de l'autisme et de laisser de côté les autres grandes difficultés de ma vie.
Je me bats seul.e depuis plus 36 ans pour construire ma vie avec un handicap qui, jusqu'en mai dernier, n'avait pas de nom.
Entre 13 et 18 ans, j'ai été psychiatrisé.e de force et on m'a collé un kyrielle de diagnostics, associés à des kilos de médicaments et à des années d'enfermement.
Conséquence : à 18 ans, j'ai tourné le dos à toute forme d'aide.
J'ai fait des études (j'ai même fait une grande école), j'ai eu une 1ère carrière où je me suis effondré.e violemment, j'ai repris des études, j'ai passé un concours et depuis 4 ans, j'enseigne.
(J'ai dit que je restais centré.e sur l'autisme mais quand même, au milieu de tout ça, j'ai eu un cancer des ovaires et j'ai encore de lourds problèmes de santé physique)
Tout ça, sans aide (ou avec une aide très insuffisante et inadaptée) et sans diagnostic.
Et j'ai quasiment toujours vécu seul.e
L'enseignement est une de mes passions, je suis reconnu.e et apprécié.e par mes élèves et par ma hiérarchie, je suis bien en classe. Surtout dans les quartiers très défavorisés où j'enseigne et où je me sens utile.
Sauf qu'avec 4 ans d'ancienneté, aujourd'hui, je suis remplaçant.e. J'ai un secteur immense qui m'oblige parfois à faire 90 km, certaines semaines, je change 4 fois d'école, je peux passer de la maternelle au CM2.
Le soir je rentre chez moi en surcharge sensorielle totale. Je ne peux plus rien faire le soir et le samedi (et parfois le dimanche) à part récupérer.
Je commence à multiplier les arrêts d'1 ou 2 jours pour souffler.
Cette RQTH, c'est l'assurance que l'année prochaine, je pourrai avoir un poste dans une école. Me poser dans un lieu, dans une classe que je pourrai aménager. Me projeter un peu dans les années à venir. Etc. etc.
Cela n'a rien à voir avec la fierté. C'est une question de droit et de reconnaissance.