Manon a 10 ans, et est en CM2. Elle est dans son école actuelle depuis le CP.
Dès le début, elle s'est trouvée une amie, T. qui est un peu atypique à sa manière (dans la lune...etc).
Toutes les deux sont très proches.
Avec les autres, pas de copinage, mais pas de rejet non plus. Elle a été invitée régulièrement à 2 ou 3 anniversaires par an.
A partir du CE2, ça s'est compliqué, les filles ont formé des clans. Manon et T sont restées très proches.
Mais une petite de la classe,K. (avec de grosses difficultés familiales) a vu sa meilleure amie redoubler son CE1... La séparation les as éloignées (même si elle pouvaient se voir à la récré). A partir de là, K. n'a eu de cesse de s'accaparer d'autres filles, leur interdisant d'être amies avec d'autres, isolant certaines autres petites filles du reste de la classe. Cela a commencé avec une autre camarade, la maman s'est immédiatement plainte. Les maîtresses sont vigilantes.
Depuis le milieu du CE2, elle a jeté son dévolu sur T. qu'elle cherche à éloigner de Manon. S'en suivent des "histoires" pas possible entre les clans amis de K. et les "ennemis" (ce sont leurs termes!

Et surtout, Manon ne va pas au centre de loisirs, et comme T. le fréquente avec K. elle a envie (et ça se comprend d'être son amie aussi...).
Bref, je sais pas si vous avez compris, mas globalement, pour ma puce (qui a grand besoin de sécurité affective, de stabilité) ces drames affectifs (allant de "tu es ma meilleure amie", dixit K. à "tu es ma pire ennemie, je fais tout mon possible pour que ta vie soit un enfer") sont sources d'angoisses, de pleurs, d'incompréhension.
Pour Manon : si on a envie de jouer ensemble, on joue, sinon, non, pas la peine d'être l'ennemie de l'autre. Et par ailleurs, elle considère que l'amitié n'a pas à être totalement exclusive!
J'ai donc une petite fille qui, tous les lundi, et pas mal d'autres jours en semaines, me fait des crises d'angoisse à l'idée d'affronter les drames de la semaine...

Lorsque je lis l'histoire de Marion Fraisse, je me dis qu'on n'est pas loin de ça - en moins violent parce qu'elles sont plus petites, mais qu'est-ce que ça va être au collège!?!?
J'ai déjà eu plusieurs rendez-vous avec les maîtresses/directrices. Elles sont vigilantes, mais ne sont pas dans la cour en permanence, et notamment pas le midi...
Il m'est arrivé d'intervenir auprès des gamines directement (l'an passé, leur première boom, organisée dans la salle des fêtes par la mairie, Manon et T avaient refusé d'y aller parce que K et sa bande avaient dit qu'elles se moqueraient d'elles - devenues les pires ennemies parce que T. avait refusé d'entrer dans le jeu de K....).
Cette fois là, j'étais allée avec les deux filles à la fête : on arrive, K et sa copines les attendent et les insultent


Manon est la seule a être régulièrement prise pour cible, et à se retrouver isolée, sans copine. Depuis le début de l'année, une petite nouvelle est arrivée, et a rejoint Manon et T. K. a déjà essayé de s'accaparer la petite nouvelle pour elle seule, et une fois d'isoler Manon sans aucune copines...

Pour le moment, Manon m'en parle, en parle à sa psychologue. J'ai du mal à évaluer la gravité et l'ampleur de ce phénomène. C'est déstabilisant : un jour elle rentre en larmes, m'expliquant qu'elle était toute seule, toute la journée, le lendemain, elle m'explique qu'elle s'est réconciliée avec K, et qu'elles sont devenues meilleures amies. Je crois que Manon essaye désespérément à être son amie, pour la sécurité affective. Elle offre souvent des choses (petits jouets, petites lettres décorées maison). C'est le moyen qu'elle a trouvé de s'attirer les faveurs de ses camarades...
Selon vous, faut-il que j'intervienne une nouvelle fois avec la maîtresse ? J'avoue que j'angoisse aussi un peu pour la suite... ça va être terrible au collège si c'est déjà comme ça!

PS : oh mon dieu, désolée pour le pavé...
