Présentation :
Atteint du syndrome d'Asperger, l'homme qui se livre ici aime la vérité, la transparence, le scrabble, la logique, les catastrophes aériennes et Sophie Sylvestre, une camarade de lycée jamais revue depuis trente ans. Farouche ennemi des compromis dont s'accommode la socialité ordinaire, il souffre, aux funérailles de sa grand-mère, d'entendre l'officiante exagérer les vertus de la défunte. Parallèlement, il rêve de vivre avec Sophie Sylvestre un amour sans nuages ni faux-semblants, et d'écrire un Traité de criminologie domestique.
Par chance, il aime aussi la solitude.
Je viens de découvrir cet auteur et son dernier roman intitulé "Marcher droit, tourner en rond", qui décrit avec beaucoup de subtilité et un humour aussi discret que malicieux la vision du monde de son héros atteint du:
"syndrome d'Asperger: un variant humain non pathologique voire avantageux, puisqu'il garantit, au prix d'une asociognosie parfois invalidante, une rectitude morale plutôt bienvenue dans notre époque de voyous".
https://charybde2.wordpress.com/2016/08 ... uel-venet/
http://www.lelitteraire.com/?p=23595
J'ai adoré son écriture et ses portraits sans concession d'une humanité dans laquelle il ne se reconnaît pas:
... je ne revendique aucune habileté relationnelle et ne cherche pas à me leurrer sur le caractère imaginaire de ma relation avec Sophis Sylvestre Lachanal qui me protège du désespoir absolu. Je peux d'ailleurs affirmer d'expérience que l'imaginaire seul produit cet effet : le réel ne produit qu'un douloureux sentiment d'absurdité. Mes proches ne se posent pas ce genre de question, ils habitent le monde avec un sans-gêne de propriétaires et sans mesurer à quel point le monde les ignore. En outre, ils se croient sociables parce qu'ils sont connectés à des légions d'autres esseulés et papillonnent, sans se douter de la vanité des liens qu'ils entretissent avec leurs semblables. Il ne leur vient même pas à l'idée de pousser devant eux, comme Sisyphe et son rocher, l'espoir toujours déçu d'une rencontre vraie et d'une parole pleine: ayant tôt compris que le temps avance pour eux ils se laissent mener en roue libre vers la maladie qui justifiera leur faillite, la vieillesse qui leur fournira des alibis, le testament par quoi ils confieront à la génération suivante le soin de prolonger le processus et in fine les funérailles qui les grimeront en humanistes et en croyants vertueux.