Le gouffre entre les attentes des autres et nos besoins...

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
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rainbow
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Le gouffre entre les attentes des autres et nos besoins...

Message par rainbow »

Bonjour/bonsoir,

semaine éprouvante pour moi...
Comme cet après-midi où j'avais demandé à ma copine de me ramener le pantalon que j'avais oublié chez elle : elle y a pensé, donc je l'ai remerciée... elle a ajouté "ben oui j'y ai pensé, sinon tu vas faire une crise", alors que c'est faux, je ne fais pas de crise, je me retiens de réagir trop fortement quand quelque chose ne va pas, quand quelque chose "me stresse" (comme elle dit), et même si j'intériorise ce que je ressens, ça n'empêche pas qu'elle voit que quelque chose ne va pas, et elle ne comprend pas que je me sente mal à cause d'une chose qui semble si peu importante à ses yeux...

Ce que je ne comprends pas, c'est que dans mon idée, dans un couple, on est là pour se soutenir mutuellement... non ?
Alors qu'elle, il y a plein de fois où elle aime se moquer de moi, de mes réactions... ce n'est pas méchant je le sais... mais du coup, dans ces situations, je suis perdue entre...
> mon cerveau émotionnel qui vit mal la situation
> et mon cerveau rationnel qui dit que ce n'est pas grave, que je devrais pas réagir comme ça...

J'ai l'impression que ça va me rendre folle, et je me dis que je ferai mieux d'être seule, que les relations avec les autres c'est bien trop compliqué et fatigant...

J'ai l'impression d'être tellement souvent obligée de me "couper de ce que je ressens" pour pouvoir "fonctionner normalement" (c'est-à-dire pour réagir de la manière attendue par les autres).
Modifié en dernier par rainbow le dimanche 4 septembre 2016 à 13:17, modifié 1 fois.
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Rudy
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Re: Divorce cérébral !

Message par Rudy »

J'ai souvent remarqué qu'il y avait une dissonance entre les autres (sensibilité typique?) et moi (hypersensible) qui peut peut-être s'expliquer de cette façon :

En tant qu'hypersensible, on ne perçoit pas la sensibilité "typique" des autres, et donc, quelles sont les limites à leur sensibilité, et inversement. Donc, tu auras beau faire l'effort de te maîtriser/contrôler, ce ne sera jamais complètement en phase avec ceux qui ne font "pas d'effort". Ils ne percevront pas cet effort que tu fais, n'imaginerons pas plus ta lutte intérieure. Pour eux, tu seras souvent en excès, même si tu considères avoir des réactions en dessous de ta sensibilité habituelle.
Ce que je ne comprends pas, c'est que dans mon idée, dans un couple, on est là pour se soutenir mutuellement... non ?
Je partage ta vision des choses. A te lire, on dirait qu'elle ne comprend ni ton hypersensibilité, ni tes efforts, ou du moins, ne fait pas l'effort de le comprendre. Cela dit, pour avoir été avec plusieurs personnes qui ont atteint un point de saturation, c'est aussi très difficile pour une personne, même faisant l'effort de comprendre et le prendre en compte, de supporter quelque chose qui s'éloigne de leur habitude et de leur fonctionnement. C'est très fatigant pour eux. Et même s'ils sont au courant, il y a des moments où ils oublient que ça fait parti intégrante d'un fonctionnement qui reste constant.

Pareil, je connais un couple autiste-neurotypique (dont l'une est une proche) qui n'a pas tenu du fait de ce décalage de sensibilité. De ce qu'elle m'a expliqué, malgré ses efforts, de prendre en compte son TSA etc... c'était trop épuisant et elle arrivait à saturation, et l'autre personne lui reprochait plutôt de ne pas chercher à comprendre.

As-tu déjà essayé de lui parler de ton fonctionnement émotif? Des efforts que tu fais? Ou de lui demander ce qu'elle attendait de toi ou des réactions qui lui semblaient plus appropriées?
J'ai l'impression d'être tellement souvent obligée de me "couper de ce que je ressens" pour pouvoir "fonctionner normalement" (c'est-à-dire pour réagir de la manière attendue par les autres).
C'est un peu l'effet que ça me fait. :|

Je ne pense pas que ça soit sain de se couper de ses émotions, parce que si les autres sont satisfaits, tu te sens mal à l'intérieur. Plutôt peut-être essayer de trouver des comportements alternatifs aux réactions qui semblent "disproportionnées" selon les autres. C'est d'ailleurs quelque chose que tu peux travailler avec un psychothérapeute. Ça pourrait peut-être t'aider.
J'ai l'impression que ça va me rendre folle, et je me dis que je ferai mieux d'être seule, que les relations avec les autres c'est bien trop compliqué et fatigant...
C'est l'option que j'ai prise pour l'instant. :innocent: Il n'y a pas de mal à être seule. D'ailleurs on dit "Mieux vaut être seul que mal accompagné". Mais lui parler dans un premier temps de ce qui ne va pas ne semble pas stupide.
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Re: Divorce cérébral !

Message par budakesi »

rainbow a écrit :même si j'intériorise ce que je ressens, ça n'empêche pas qu'elle voit que quelque chose ne va pas, et elle ne comprend pas que je me sente mal à cause d'une chose qui semble si peu importante à ses yeux...
Personnellement, je vois plutôt dans cette attitude des "autres" à la fois un manque d'empathie (ne pas tenter de voir les choses de ton point de vue, de ce qui est important pour toi) et une autocentration (voir les choses seulement de leur propre point de vue, ce qui est important pour eux)....
rainbow a écrit :J'ai l'impression d'être tellement souvent obligée de me "couper de ce que je ressens" pour pouvoir "fonctionner normalement" (c'est-à-dire pour réagir de la manière attendue par les autres).
C'est selon moi la question essentielle... pour tout être humain.
Au nom de quoi devrait-on réagir de la manière attendue par les autres ? Pour ne pas perdre une relation ? Pour plaire ? Pour ne pas déplaire ? Pour donner/conserver une bonne image de soi ?...
Les attentes des autres sont des pièges qui éloignent de ses propres besoins.
Au lieu de réagir aux attentes des autres, je tente d'agir conformément à mes propres besoins.

J'ai lu récemment un magnifique roman: "La route étroite vers le nord lointain " de Richard Flanagan:
Extrait:

"Dorrigo Evans se considérait comme un faible qui n'avait aucun droit, un faible que son millier d'affamés façonnaient à l'image de l'homme fort qu'il leur fallait. Cela défiait l'entendement. Ils étaient aux main,s de Japonais et lui-même était prisonnier de leurs attentes."

Et aussi:
"Durant le reste de son existence, il se plierait aux exigences et aux attentes d'autrui, finissant par appeler "devoirs" ces poids étranges. Plus il se sentait coupable de s'être marié, puis comme père, plus il tentait désespérément de faire le bien dans sa vie publique. Et le bien, le devoir, l'échappatoire la plus pratique à laquelle il ne pouvait échapper, c'était ce que les autres attendaient de lui"
"I am, plus my circumstances." José Ortega y Gasset
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rainbow
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Re: Divorce cérébral !

Message par rainbow »

Merci de vos réponses les filles !
budakesi a écrit :Au lieu de réagir aux attentes des autres, je tente d'agir conformément à mes propres besoins.
Du coup ça voudrait dire qu'il vaudrait mieux que chacun réagisse en fonction de ses besoins sans se préoccuper des autres... faire comme ma copine fait en fait !

Et comme le souligne Rudy... ne pas faire d'efforts pour l'autre !
Rudy a écrit :A te lire, on dirait qu'elle ne comprend ni ton hypersensibilité, ni tes efforts, ou du moins, ne fait pas l'effort de le comprendre.
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Rudy
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Re: Divorce cérébral !

Message par Rudy »

rainbow a écrit :Du coup ça voudrait dire qu'il vaudrait mieux que chacun réagisse en fonction de ses besoins sans se préoccuper des autres... faire comme ma copine fait en fait !

Et comme le souligne Rudy... ne pas faire d'efforts pour l'autre !
Attention, je n'ai jamais dit qu'on ne devait pas faire d'effort. Après c'est une affaire de choix. Je suis pour l'idée que chacun fasse avec la différence de l'autre. L'adage "ne fais pas aux autres ce que tu n'aimerais pas qu'on te fasse" serait de circonstance. On peut, je crois, tout à fait co-habiter entre gens différents, c'est ce que l'on fait depuis longtemps maintenant, avec plus ou moins de succès. Il s'agit de savoir se complémenter. Il me semble important de communiquer (ou d'apprendre à), de comprendre l'autre plus que le juger, et de s'y adapter dans la mesure de ses capacités. En revanche, aller au delà de ses capacités en étant en incongruence, simplement pour "être aimé" ou ne pas être seul, effectivement, je rejoins budakesi, ça n'en vaut pas vraiment le coup. Il faut en tirer un minimum de bien être, un minimum d'intérêt.
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Re: Divorce cérébral !

Message par budakesi »

rainbow a écrit :budakesi a écrit:
Au lieu de réagir aux attentes des autres, je tente d'agir conformément à mes propres besoins.

Du coup ça voudrait dire qu'il vaudrait mieux que chacun réagisse en fonction de ses besoins sans se préoccuper des autres... faire comme ma copine fait en fait !

Et comme le souligne Rudy... ne pas faire d'efforts pour l'autre !
Je n'ai pas voulu dire quelque chose d'aussi radical: il s'agit avant tout de ne pas tomber dans les extrêmes qui sont: ignorer ses propres besoins et ignorer ceux des autres.

Je fais une différence importante à mes yeux entre attentes et besoins. Une attente est rarement un besoin.

Croire que sa force se trouve dans sa capacité à répondre aux attentes des autres, réelles ou supposées, est une illusion.
Agir pour répondre à ses propres besoins plutôt que réagir pour répondre aux attentes des autres.
Chacun a ce droit-là , ce devoir-là envers soi-même.
Encore faut-il clarifier, connaître ce dont on a besoin.
C'est seulement si l'on est attentif à ses propres besoins que l'on saura être attentif à ceux des autres .
D'autant plus facilement que les besoins humains sont assez universels.
Contrairement aux attentes qui sont le plus souvent autant de tentatives de prise de pouvoir sur l'autre.
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rainbow
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Re: Divorce cérébral !

Message par rainbow »

@ Rudy,
j'ai cité ton propos car je le trouve juste...
J'ai été saisie par le contraste entre les 2 idées (et j'aurais pu aussi citer le début du message de budakesi à la place de ton propos :
"Personnellement, je vois plutôt dans cette attitude des "autres" à la fois un manque d'empathie (ne pas tenter de voir les choses de ton point de vue, de ce qui est important pour toi) et une autocentration (voir les choses seulement de leur propre point de vue, ce qui est important pour eux)....")
Rudy a écrit :Il me semble important de communiquer (ou d'apprendre à), de comprendre l'autre plus que le juger, et de s'y adapter dans la mesure de ses capacités.
Bien d'accord avec toi !

@budakesi,
merci d'avoir précisé ta pensée !
(je me doutais que tu ne voulais pas être extrême, mais j'avais besoin que tu mettes des mots plus précis sur ce que tu voulais dire)
budakesi a écrit :il s'agit avant tout de ne pas tomber dans les extrêmes qui sont: ignorer ses propres besoins et ignorer ceux des autres.
Bah mon équilibre je l'ai trouvé dans l'alternance entre des périodes de solitude (où je peux me centrer sur mes besoins et mes ressentis), et des moments où je suis en relation avec quelqu'un d'autre... je ne sais pas faire autrement, et ce n'est pas faute d'essayer depuis longtemps !

Un article qui m'a parlé :

1) Cas de sur-adaptation (pour être accepté, apprécié)...
2) Cas de retrait ou d’isolement (pour éviter le conflit ou d’être rejeté)

"Le besoin d’appartenance est un besoin commun à tous les êtres humains, il fait partie des besoins de base après les besoins physiologiques et le besoin de sécurité.

Pour la plupart d’entre nous et dans l’inconscient collectif, appartenir et être inclus dans un groupe passe par l’adhésion à des caractéristiques communes, des modes de fonctionnement similaires.

C’est déjà ce qui se passe dès le plus jeune âge, l’enfant HP va chercher l’approbation de ses parents. (...) Dans le cas où les signaux transmis sont incongruents, l’enfant HP va vite s’apercevoir qu’il y a un problème. Le risque est grand qu’il s’adapte pour correspondre à ce qu’il croit que ses parents attendent de lui.

Dès lors, en tant qu’adulte, la personne HP qui se retrouve dans un environnement « normal » (c’est à dire qui regroupe des personnes avec un fonctionnement « normo-pensant » qui représentent une bonne partie de la population) va continuer à reproduire ce qu’il a intégré dès son plus jeune âge.

Pour être intégré et rester en lien avec les personnes côtoyés, le HP va s’adapter et se conformer aux codes du groupe. Avec le risque de s’oublier complètement et d’exploser à terme.

Dans d’autres cas, le HP va vivre en retrait et éviter les groupes et les personnes avec qui il ne se sent pas bien."
http://emotifs-talentueux.com/se-sentir ... potentiel/
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rainbow
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Re: Divorce cérébral !

Message par rainbow »

Je partage ici un article qui me parle beaucoup : https://dajesbox.wordpress.com/2016/08/ ... e-la-bise/
En tant que femme, je trouve essentiel d’inculquer à ma fille ses droits AVANT ses obligations. Mais c’est également essentiels de les inculquer à son frère car les changements majeurs à effectuer dans ce monde ne se feront pas l’un sans l’autre genre.

Je suis donc cette mère qui pense que de pousser un enfant à faire un bisou contre son gré revient à lui signifier qu’un adulte peut lui imposer d’autres gestes contre son gré.
ça me parle tellement !

Quand j'étais enfant, mes parents voulaient absolument que je leur fasse la bise tous les soirs avant de monter me coucher... je ne voulais pas mais je n'avais pas le choix...

Encore maintenant il y a plein de personnes (dont eux) à qui je n'ai pas envie de faire la bise, mais je me sens quand même obligée de le faire... (cette attente des autres)

Du coup ma manière de satisfaire mon besoin d'espace, c'est de voir ces gens le moins souvent possible !
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Re: Le gouffre entre les attentes des autres et nos besoins.

Message par budakesi »

rainbow a écrit :C’est déjà ce qui se passe dès le plus jeune âge, l’enfant HP va chercher l’approbation de ses parents. (...) Dans le cas où les signaux transmis sont incongruents, l’enfant HP va vite s’apercevoir qu’il y a un problème. Le risque est grand qu’il s’adapte pour correspondre à ce qu’il croit que ses parents attendent de lui.

Dès lors, en tant qu’adulte, la personne HP qui se retrouve dans un environnement « normal » (c’est à dire qui regroupe des personnes avec un fonctionnement « normo-pensant » qui représentent une bonne partie de la population) va continuer à reproduire ce qu’il a intégré dès son plus jeune âge.

Pour être intégré et rester en lien avec les personnes côtoyés, le HP va s’adapter et se conformer aux codes du groupe. Avec le risque de s’oublier complètement et d’exploser à terme.

Dans d’autres cas, le HP va vivre en retrait et éviter les groupes et les personnes avec qui il ne se sent pas bien."
http://emotifs-talentueux.com/se-sentir ... potentiel/
Je ne vois pas en quoi ce mode de fonctionnement serait propre aux HP. Je suis de plus en plus réticente à accepter comme vraies des hypothèses qui tentent d'établir un lien de causalité entre une "catégorie" de personnes et un mode de fonctionnement.

Tous les enfants naissent dans un premier groupe, leur famille d'origine, et du fait de la vulnérabilité d'origine de l'être humain, incapable de se débrouiller seul, de survivre seul sans un autrui qui prend soin de lui, tous les enfants sont confrontés à la question de l'acceptation ou non des contraintes de ce groupe d'origine au nom de leur survie.

Tout enfant, HP ou pas, court le risque, comme seul moyen de sa survie, de devoir répondre à des attentes, plus ou moins justifiées (justifiables), de ses parents, dont la satisfaction est accueillie par une déclaration d'amour (conditionnel) de la part des parents: "je t'aime si tu te comportes comme je l'attends".

Et l'intégration de ce message est tout autant destructrice pour un HP que pour tout autre enfant.

Pourquoi parlerait-on sinon si souvent de "faux self", un soi qu'on se construit sur cette base de quête d'approbation de l'autre (parce que c'est la seule façon que l'on connaît de croire qu'on est aimé), jusqu'à ce que certaines circonstances de la vie nous amènent (éventuellement) à nous interroger.

Et cette interrogation est celle de la liberté, de l'individuation, et de l'équilibre toujours difficile entre la nécessité de cette liberté, de cette individuation, et celle de l'appartenance (adaptation) à un groupe.

La différence entre l'enfant et l'adulte est que l'adulte dispose en principe (et c'est selon moi le critère essentiel de la maturité) des ressources internes lui permettant de choisir le(s) groupe(s) d'appartenance qui lui permette(nt) de respecter ses propres besoins et de choisir les attentes auxquelles il accepte, en conscience, de répondre.

"Pourquoi les hommes n'ont-ils pas la force de désirer la liberté ? Parce que le qui-vive de la mort hante le sujet depuis sa naissance : depuis l'instant où, seul, livré à lui -même , il serait mort". Pascal Quignard
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Re: Divorce cérébral !

Message par Hope »

rainbow a écrit :Du coup ma manière de satisfaire mon besoin d'espace, c'est de voir ces gens le moins souvent possible !
Je suis un peu comme ça aussi. Je n'ai pas encore réussi à trouver un équilibre entre mes besoins et les attentes des autres. L'idée de voir ma famille me terrifie, car je ne sais pas comment gérer ça. Je me dis que quand j'aurai mon diagnostic, je pourrais expliquer de quoi j'ai besoin et pourquoi, je pourrais leur expliquer mon fonctionnement et les aider à se documenter. Mais aujourd'hui si je leur dis que j'ai besoin d'être seule parce que je suis autiste, j'imagine que les autres vont réagir exactement de la même façon que mes parents: "c'est quoi cette lubie ?"
Diagnostiquée asperger en 2018, mais ne sait toujours pas si elle l'est vraiment, et maintenant s'en fout un peu ...
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Re: Le gouffre entre les attentes des autres et nos besoins.

Message par Autiste ou surdoué ? »

"Quand j'aurai mon diagnostic". Excuse moi mais cette phrase m'a toujours gênée... Et si tu n'as pas un diagnostic d'autisme, que feras-tu ?
Personnellement, je dis plutôt "SI j'ai un diagnostique " (d'autisme) ou "Quand j'aurai UN diagnostique" (qui peut être autre).
Je sais, je pinaille, ne m'en veut pas... :mrgreen:
Diagnostiqué par le CRA en 2020 non autiste mais de gros problèmes dans le ressenti des émotions (alexithymie) et dans la communication sociale.

HQI aussi, ce qui peut aller de pair.
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Re: Le gouffre entre les attentes des autres et nos besoins.

Message par rainbow »

Merci budakesi de tes commentaires :D
budakesi a écrit :Je ne vois pas en quoi ce mode de fonctionnement serait propre aux HP. Je suis de plus en plus réticente à accepter comme vraies des hypothèses qui tentent d'établir un lien de causalité entre une "catégorie" de personnes et un mode de fonctionnement.
Peut-être qu'on en parle plus concernant les HP car ils ont une capacité plus importante à s'adapter (de part le côté "remise en question permanente") ?
budakesi a écrit :Pourquoi parlerait-on sinon si souvent de "faux self", un soi qu'on se construit sur cette base de quête d'approbation de l'autre (parce que c'est la seule façon que l'on connaît de croire qu'on est aimé), jusqu'à ce que certaines circonstances de la vie nous amènent (éventuellement) à nous interroger.
J'ai souvent croisé cette question du "faux self" dans mes lectures sur les HP, puis dans mes lectures concernant le SA... est-ce parce que plus on est différent de la majorité, plus on serait sujet à adopter un "faux self" ?


Et merci Hope de témoigner de cette difficulté. :D

C'est clair que sans diagnostic on n'a aucune légitimité pour faire entendre aux autres à quel point nos besoins peuvent être si différents de l'immense majorité des gens... (il y a bien des personnes compréhensives qui nous écoutent même sans diagnostic, mais ce n'est pas la majorité...)

C'est tellement important de bien comprendre nos différences pour pouvoir expliquer aux autres (ceux qu'on choisit de fréquenter) nos choix et augmenter les chances qu'ils respectent (voire acceptent) nos décisions.

Par exemple, je dois bientôt me rendre à Paris pour une association dont je fais partie du bureau, car il est prévu une journée de travail, avec repas au resto ensemble le midi...
Maintenant que je comprends mieux à quel point le bruit me fatigue, et le fait d'essayer de suivre une conversation alors que plusieurs personnes parlent en même temps m'épuise, je viens de les prévenir que je profiterai de la pause du midi pour recharger mes batteries :!:
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Re: Le gouffre entre les attentes des autres et nos besoins.

Message par Lilette »

Autiste ou surdoué ? a écrit :"Quand j'aurai mon diagnostic". Excuse moi mais cette phrase m'a toujours gênée... Et si tu n'as pas un diagnostic d'autisme, que feras-tu ?
Personnellement, je dis plutôt "SI j'ai un diagnostique " (d'autisme) ou "Quand j'aurai UN diagnostique" (qui peut être autre).
Je sais, je pinaille, ne m'en veut pas... :mrgreen:
Bien dit.
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Re: Le gouffre entre les attentes des autres et nos besoins.

Message par gog »

rainbow a écrit :

C'est clair que sans diagnostic on n'a aucune légitimité pour faire entendre aux autres à quel point nos besoins peuvent être si différents de l'immense majorité des gens... (il y a bien des personnes compréhensives qui nous écoutent même sans diagnostic, mais ce n'est pas la majorité...)
Je ne comprends pas pourquoi on ne pourrait pas faire entendre aux autres ce dont on a besoin, tu peux détailler tes besoins un par un (encore faut-il les connaitre), sans même avoir à prononcer le mot "autisme", c'est même plus compréhensible pour Monsieur et Madame Toutlemonde qui lorsqu'ils entendent: "non, je ne peux pas faire ceci ou cela car je suis (peut-être) autiste" n'y comprennent rien en réalité.
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Re: Le gouffre entre les attentes des autres et nos besoins.

Message par rainbow »

gog a écrit :Je ne comprends pas pourquoi on ne pourrait pas faire entendre aux autres ce dont on a besoin, tu peux détailler tes besoins un par un (encore faut-il les connaitre), sans même avoir à prononcer le mot "autisme"
Certes, c'est ce que j'essaie de faire...

Mais pour le besoin d'être accepté tel que l'on est (avec nos différences et nos difficultés), les autres ça peut les aider aussi de savoir que ce n'est pas des caprices de notre part, des "tu pourrais faire un effort pour faire comme tout le monde"...
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