Travaux en cours : un regard sur le boom de l'emploi autiste
De spectaculaires initiatives d'entreprises destinées à embaucher des personnes autistes, mais obtenir et conserver un emploi reste un défi pour les personnes dans le spectre. Les avatars virtuels et les startups commerciales pourront-elles être une aide ?
par Elizabeth Preston - 20 juillet 2016 - Spectrum News
Introduction
George me toise depuis son bureau. Ses cheveux sont presque rasés et sa bouche est fixée sur un ricanement. Il me demande mon expérience professionnelle passée, puis me répond sarcastiquement, "Oui, Bien, ce que vous feriez ici serait bien autre chose que tout ça."
Ce serait l'entretien d'embauche le plus difficile que j'aie jamais passé, si c'était un vrai. Par chance, George est un avatar virtuel, qui me parle depuis un grand écran. Il fait partie de l'équipe d'examinateurs virtuels qui assistent de jeunes adultes autistes dans leur formation à la Dan Marino Foundation (
http://www.danmarinofoundation.org/portal/) de Fort Lauderdale, en Floride. Les étudiants apprennent ici les compétences en milieu de travail, se forment pour des certifications professionnelles et suivent des stages. Avec les avatars (qui peuvent être ou non de bonne humeur), ils pratiquent aussi les entretiens - un obstacle qui sans cela pourrait être insurmontable pour les demandeurs d'emploi autistes.
Apprendre à mener un entretien n'est que la première étape pour les personnes autistes recherchant un travail. Souvent, ils n'ont pas de diplôme, et si ils ont une expérience, elle peut provenir de plusieurs emplois qui n'ont pas duré très longtemps. Au travail, ils peuvent lutter contre l'anxiété, avoir du mal à communiquer avec leurs supérieurs ou éloigner leurs collègues par leurs comportements. Aux États-Unis, selon une étude de 2012, seulement 55% des adultes autistes ont travaillé (
http://pediatrics.aappublications.org/c ... 129/6/1042) d'une façon ou d'une autre pendant les six ans ayant suivi la fin de leurs études secondaires. Par contraste, 74% des jeunes adultes déficients mentaux ont eu une expérience professionnelle. (Bien que les personnes autistes puissent rencontrer des difficultés à trouver un travail à tous les âges, les études et les interventions tendent à se restreindre à ceux quittant le lycée ou l'université.)
"Ces gamins qui participent à ce programme, ils ont beaucoup de chance," dit Michelle Canazaro, qui est autiste et travaille à mi-temps comme assistante administrative à la Dan Marino Foundation. "Ils bénéficient d'une technologie à laquelle je n'avais pas accès." Canazaro a travaillé dans un entrepôt commercial après le lycée et le lycée professionnel. Mais elle a détesté cet emploi, et fut finalement congédiée. Elle passa des entretiens pour d'autres emplois mais n'en réussit aucun. D'autres candidates avaient plus d'expérience. Elle se souvient d'avoir porté "un joli top rose avec des pantalons noirs" pour un entretien dans le commerce, pendant lequel elle a fini par devoir s'asseoir par terre. "Ils me dirent que j'étais un peu trop bien habillée," dit-elle. "Eh bien, je ne savais pas."
Pourtant, comme Canazaro, de nombreux adultes autistes sont désireux de travailler. Et les dernières années ont vu se développer des entreprises désirant embaucher des personnes comme elle, des grandes compagnies comme Microsoft (
https://spectrumnews.org/opinion/compan ... th-autism/) aux petites entreprises qui emploient presque uniquement des personnes autistes. Ces entreprises disent que les adultes autistes sans emploi ou sous-employés représentent non seulement un problème sociétal, mais une force de travail inexploitée disposant d'un potentiel unique.
Des programmes comme celui de Floride tentent de combler l'écart entre les travailleurs et ces entreprises en aidant à la formation des candidats ou en adaptant les processus de recrutement. "Le nombre d'initiatives pour l'emploi des autistes aujourd'hui est bien plus élevé qu'il ne l'a jamais été," dit Michael Bernick (
http://www.sedgwicklaw.com/michael-s-bernick/), un juriste californien, ancien directeur de l'emploi de l'État. Les entreprises ayant mis en place des programmes d'embauche de personnes autistes disent constater des avantages pour l'ensemble de l'espace de travail, qui vont de meilleurs résultats pour les clients à une administration améliorée.
Jusqu'à maintenant pourtant, le taux de chômage des adultes autistes ne semble pas s'améliorer. Le U.S. Bureau of Labor Statistics ne suit pas spécifiquement les adultes autistes. Mais en se basant sur son expérience, Bernick doute que les nouvelles initiatives l'aient vraiment réduit. "Elles ne concernent que très peu de gens," dit-il. Il se pourrait que certains efforts fournissent plus de battage publicitaire que d'aide.
Un pied dans la porte
Pour une personne autiste, obtenir un premier emploi peut être un vrai défi. Bryan Siravo a passé quatre ans au lycée professionnel pour acquérir des compétences dans les technologies de l'information et la maintenance des matériels de casino. En dépit d'au moins quinze entretiens d'embauche, il n'a pas pu obtenir un travail. Il est arrivé à la Dan Marino Foundation en 2011 pour un stage d'été, et s'y inscrivit plus tard dans un programme de technologie de l'information. Il a appris les codes sociaux et les techniques d'entretien tout en suivant une formation pour une certification Microsoft. Les équipes de la fondation l'ont aidé à obtenir des entretiens d'embauche avec une compagnie d'assurances et un fabricant de trophées. Enfin, en 2014, il obtint un emploi à temps partiel dans un centre de stockage.
Siravo dit que le long trajet en bus ne le rebute pas, comme le fait que son activité soit plus proche de la maintenance que des technologies de l'information, mais il indique toutefois qu'il y a eu quelques adaptations difficiles. Avec sa superviseur "il y a eu quelques frictions," dit Siravo. "Elle pensait que j'utilisais mon handicap comme un excuse, ce que je n'ai jamais fait."
Siravo s'apprêtait à abandonner, quand Steffen Lue, un gestionnaire de carrières de la fondation, est intervenu. Le problème se résumait à la communication, dit Lue : Siravo avait besoin d'un agenda précis, et sa superviseur voulait qu'il lui rende compte. Non seulement ce problème fut résolu, mais Lue dit qu'ils devinrent tous deux "de bons amis." (La superviseur le confirme.) Quand la fondation a embauché Siravo en 2015 pour assurer la maintenance de son programme d'entretiens d'embauche virtuels, ses collègues du centre de stockage plaisantèrent en disant que la fondation avait "volé" leur employé.
Le programme suivi par Siravo a évolué en une école nommée le Marino Campus, pour lequel les étudiants paient des frais de scolarité pour dix mois de formation à l'accueil, au commerce ou aux technologies de l'information, sanctionnés par des certifications d'un niveau national. Dans le même temps, ils acquièrent des compétences sociales dans le milieu du travail, pratiquent les entretiens d'embauche avec des personnes et des avatars virtuels, et suivent deux stages.
Les membres de l'équipe s'assurent que les étudiants pratiquent durant leurs stages les compétences acquises en cours, une chose que les personnes autistes ont souvent des difficultés à obtenir. Des formateurs en milieu de travail les aident aussi à optimiser les trajets en bus, surmonter les difficultés familiales et les entretiens '˜jeux de rôle'. Avec des clients dans le spectre, dit Lue, il peut être difficile de prédire tous les points à couvrir. Il se souvient d'avoir conduit un de ses clients à un entretien, pour découvrir que le jeune homme s'était habillé en magicien.
Des seize premiers étudiants, qui obtinrent leur diplôme l'année dernière, neuf ont trouvé un travail. La promotion de cette année comprend trente-deux étudiants. L'ouverture d'un second campus est prévu en septembre à la Florida International University, à Miami.
Une fois que nos diplômés ont un pied dans la porte, dit Lue, "ils ont plus de motivation à travailler que les neurotypiques. C'est la vérité." Même en tant que stagiaires, les étudiants sont de grande valeur, dit Rebecca Bratter (
http://www.gmlaw.com/rebecca-faith-bratter/), partenaire du cabinet juridique Greenspoon Marder, à Fort Lauderdale, qui a accueilli près d'une douzaine d'élèves de Marino en stage ces deux dernières années. Les étudiants sont fiers de leur travail et assurent les tâches dont les autres employés ne veulent pas, comme traiter le courrier en retard, dit Bratter. "Nous ne savions pas combien nous avions besoin d'eux avant de les accueillir."
Même des personnes sévèrement autistes qui ne devraient pas sembler être de bons candidats pour le milieu du travail peuvent bien s'en débrouiller (
http://aut.sagepub.com/content/early/20 ... ract?rss=1) avec une assistance suffisante au départ, dit Paul Wehman (
http://www.soe.vcu.edu/faculty_and_staff/paul-wehman/), professeur de médecine et de réadaptation à la Virginia Commonwealth University de Richmond. Wehman a étudié depuis les années 80 les moyens pour les personnes avec un autisme sévère et d'autres handicaps à intégrer le marché du travail. Depuis 2009, il mène un essai comparatif aléatoire pour lequel son équipe a placé trente et un jeunes adultes autistes dans une série de trois stages de dix semaines à l'hôpital. "Certaines de ces personnes étaient particulièrement excentriques," dit Wehman - non verbaux, ou susceptibles de se déchaîner.
Les stages confiaient aux élèves des tâches comme la reliure de livres, la désinfection des matériels ou le contrôle des dates de validité des médicaments. Ils suivaient aussi une formation en salle de classe. Pendant ce temps, dix-huit élèves poursuivaient leurs programmes d'éducation spéciale dans leur collège. Trois mois après la fin de leur stage, 90% des participants étaient employés à temps partiel par l'hôpital ; ils étaient aussi devenus significativement plus indépendants dans l'espace de travail, en se basant sur leur besoin d'assistance physique, d'instructions verbales ou d'autres aides. Dans le groupe de contrôle, seule une personne a obtenu un emploi pendant la même période.
Wehman est dans la troisième année d'une étude plus grande, étendue sur quatre hôpitaux, qui suivra quatre-vingt à quatre-vingt-dix personnes dans le groupe de traitement et un nombre équivalent dans le groupe de contrôle. Il ne veut pas communiquer de données avant la fin de l'étude, mais dit que pour le moment, les résultats confirment ceux de l'étude précédente, les stages assistés peuvent aider les adultes autistes à trouver et conserver un emploi. "Leur courbe d'apprentissage est excellente quand on leur fournit les formations et les soutiens adaptés," dit Wehman. On demanda à un participant ce qu'il appréciait dans l'environnement de travail, et il répondit simplement, "la cantine !" Mais parce que son employeur l'avait vu travailler pendant son stage, il obtint la place.
À la Dan Marino Foundation, Siravo travaille finalement dans son domaine de formation - en tant que technicien pour le programme des examinateurs virtuels, que l'on nomme Virtual Interactive Training Agent.
Un opérateur humain caché contrôle l'expérience virtuelle, fournissant à l'avatar de nouvelles questions à mesure des réponses du candidat, dit le directeur du programme, Robert Ahlness. Les instructeurs notent les enregistrements des entretiens et en discutent en classe. Six avatars, hommes et femmes de différentes origines, se présentent dans des humeurs et des environnements différents et font vivre au candidat une expérience des nombreuses configurations d'entretiens qu'il est à même de rencontrer. George était réglé sur '˜hostile' quand je l'ai rencontré. Pour une expérience plus paisible, Ahlness utilise un avatar prénommé Kevin réglé sur '˜tendre', qui rétroagit en adressant des encouragements, comme "Très bien" et "Excellent !" L'utilisation d'avatars est plus efficient et régulier que les jeux de rôle avec des personnes, dit Ahlness, et c'est aussi moins stressant pour les étudiants autistes, qui peuvent se sentir très inconfortables dans des situations sociales.
Dans une étude pilote, la fondation a découvert que quatre entretiens avec un avatar améliorent les scores des élèves dans les entretiens de 80%. "La différence entre le début et la fin du programme est extraordinaire," dit la directrice générale de la fondation, Mary Partin. La fondation envisage de vendre des participations au programme à d'autres institutions assistant les personnes autistes ou handicapées.
A la Northwestern University de Chicago, Matthew Smith (
http://psychiatry.northwestern.edu/facu ... ?xid=18455) utilise un système équivalent avec des anciens combattants ou des malades mentaux, parmi d'autres. Le programme de Smith, qui utilise des vidéos d'acteurs, n'a pas été conçu pour les autistes. Mais l'année dernière, Smith et ses collègues ont publié l'étude d'un groupe de vingt-six jeunes adultes autistes. Ils ont découvert que huit des quinze personnes ayant bénéficié des entraînements virtuels ont obtenu un travail ou un poste de bénévole dans les six mois, en comparaison, deux personnes sur les huit du groupe de contrôle. (La différence n'était significative qu'après que les chercheurs aient estimé préalablement la confiance en soi des élèves avant l'embauche et après la formation.) Smith, un travailleur social et professeur assistant de psychiatrie et de sciences du comportement, a postulé pour obtenir un financement permettant d'adapter son programme de réalité virtuelle aux personnes autistes.
Des trous carrés
"Une bonne partie des membres de notre équipe préfèrent qu'il fasse sombre," murmure Gary Moore en entrant dans un laboratoire d'informatique assombri, à Plano, Texas. À peu près une douzaine d'adultes, majoritairement de jeunes hommes, sont devant des écrans ou écrivent sur un grand tableau blanc. Une réunion d'équipe commence, mais tout le monde n'y participe pas. Un homme baille ostensiblement ; un autre se lève et s'en va.
A la différence de la fondation Dan Marino, le nonPareil Institute, une entreprise de technologie à but non lucratif, a pour objectif de devenir un employeur du secteur commercial. Près de cent quarante personnes autistes - nommés '˜l'équipage' - étudient ici la programmation logicielle, payant des frais de scolarité mensuels pour suivre un programme de formation.
Les personnels et l'équipage ont publié plusieurs livres électroniques et développé huit applications mobiles. (Dans l'une d'entre elles, un jeu appelé "Space Ape", un chimpanzé russe chevauche une fusée tout en collectant des bananes.) Ces produits n'ont généré aucun revenu pour l'instant, dit Moore, le co-fondateur de l'institut. Les contributions de donateurs et les frais de scolarité des élèves soutiennent le budget de 2,3 millions de dollars US de l'organisation. Mais Moore dit qu'il espère que les applications mobiles et les autres produits généreront suffisamment de profits pour accorder un revenu à l'équipage. Depuis l'ouverture du campus de Plano en 2010, l'institut a embauché à plein temps sept ou huit membres de l'équipage, et près de trente à temps partiel. Une seule application à succès, dit Moore, pourrait permettre à l'institut de recruter l'ensemble des membres de l'équipage. "Le véritable but," dit Moore, "est de développer ici le prochain Candy Crush."
Dans une autre salle, deux écrans d'ordinateurs sont placés en vis-à-vis, de façon à ce que leurs utilisateurs se fassent face. Un jeune homme devant l'un des écrans construit un espace de jeu. L'autre écran présente toutes ses actions, de façon à ce que l'enseignant puisse observer sans devoir se pencher au dessus de son épaule.
Cette configuration anodine est une des façons dont l'institut essaie de rendre les personnes autistes plus à l'aise. Une autres d'entre elles est la plateforme numérique qui gère la formation, elle présente les devoirs comme des '˜quêtes' que les élèves doivent compléter à leur propre rythme. Il n'y a pas de notes. "C'est un milieu d'apprentissage neutre," dit le fondateur et directeur Dan Selec, qui a conçu la plateforme.
De retour dans le laboratoire informatique assombri, un '˜membre de l'équipage', Jacob Waters raffine sur son écran l'illustration d'un livre pour enfant, un cochon avec des taches vertes. Ce cochon est "une sorte d'asocial," dit Waters d'une voix à peine audible. Il a écrit et illustré deux autres livres électroniques publiés par l'institut. Quand il a vu son travail diffusé dans le public, dit-il, "J'ai dû convenir que ç'avait été un grand défi au début."
Bien qu'un grand nombre des élèves de l'établissement font de grands progrès en programmation et en compétences sociales, dit Moore, l'industrie technologique est trop rapide et compétitive pour la plupart d'entre eux. "Cette industrie ne convient pas pour la plupart des adultes autistes," dit-il. "Ne forçons pas une cheville carrée dans un trou rond ; créons plus de trous carrés."
Des croisades dans l'entreprise
Pour les adultes autistes qui recherchent un emploi par eux-mêmes, les options se développent. Quelques entreprises se spécialisent dans l'embauche de personnes autistes pour tester des logiciels. Pour l'habitant du New Jersey John Cha, qui a obtenu son diplôme universitaire de mathématiques en 2011, cela a été une opportunité. Cha, qui est autiste, avait auparavant des difficultés à trouver un emploi, mais a trouvé du travail chez ULTRA Testing (
http://www.ultratesting.us/), qui emploie principalement des personnes autistes. "Le travail est très agréable, et semble être parfaitement taillé pour profiter de mes différentes bizarreries mentales," dit Cha. Par exemple, dit-il, je m'ennuie assez vite, mais le travail me permet de travailler en indépendance et de changer souvent de tâche. D'autres entreprises de test logiciel, dont Specialisterne Denmark et Aspiritech, suivent le même modèle, reposant sur des employés autistes.
Trois quarts des trente-deux employés d'ULTRA sont autistes. L'entreprise recherche des personnes avec des compétences adéquates, comme un raisonnement analytique parfait et la reconnaissance de formes, plutôt qu'une expérience préalable. Son co-fondateur, Rajesh Anandan, dit que faire appel à ce réservoir de talents négligé est énormément fructueux ; il y a peu de rotation du personnel et il affirme que ses testeurs performent bien mieux que ceux d'autres entreprises. Un de leurs clients avait travaillé avec IBM pour tester son nouveau logiciel, mais les équipes d'ULTRA ont repris le travail et découvert 56% de bugs en plus que les personnels d'IBM.
Ces dernières années, Microsoft, SAP et Hewlett-Packard ont tous initié des programmes pour embaucher plus de personnes autistes, dans un nombre varié de fonctions. Une sensibilisation croissante du grand public à l'autisme aide à suivre cette tendance, dit Bernick, qui a co-écrit l'année dernière un livre sur le sujet, The Autism Job Club: The Neurodiverse Workforce in the New Normal of Employment (
https://www.amazon.com/Autism-Job-Club- ... 163220696X). Les entreprises veulent aussi profiter du talent réputé des employés autistes, comme la concentration, la loyauté et l'attention aux détails.
Joe Velasco, le directeur pour les États-Unis du programme Autism at Work de SAP, dit que les entreprises multinationales du développement logiciel ont lancé ces initiatives pour donner plus de perspectives à l'espace de travail, stimuler l'innovation et retenir les meilleurs talents. Son objectif est de parvenir à ce que 1% de la main d'oeuvre totale, soit à peu près 650 employés, soient des autistes. Microsoft recrute des candidats autistes et les évalue dans des '˜academies' de deux semaines, plutôt que par le processus habituel de recrutement qui peut freiner les personnes autistes. "Il y a beaucoup de talents dans cette communauté qui ne passaient pas par ce que j'appellerais la grande porte classique," dit Neil Barnett, le directeur des Inclusive Hiring Programs de Microsoft. Microsoft a intégré seize employés depuis le début du programme l'année dernière. SAP a embauché 39 nouveaux employés autistes depuis 2013, et une centaine dans le monde entier. Hewlett-Packard Australie, qui a lancé en 2014 un programme de formation pour douze nouveaux employés autistes, à refusé de commenter les avancées du programme.
Toutes ces entreprises travaillent avec la firme de conseil à but non lucratif Specialisterne USA (
http://usa.specialisterne.com/), qui assiste les employeurs dans la création de programmes de recrutement et la découverte de talents, et conçoit des aides pour les nouveaux embauchés. Son directeur exécutif, Mark Grein, estime que Specialisterne a facilité entre 200 et 250 embauches ces deux dernières années.
Pour aider leurs nouveaux employés à réussir, SAP et Microsoft ont organisé des '˜cercles de soutien', et les deux entreprises signalent un taux de rétention de plus de 90% pour l'instant. Bernick dit que des données fiables sur les taux de rétention sont difficiles à obtenir, mais en se basant sur sa propre expérience, ces entreprises sont minoritaires : sans l'assistance adaptée de l'employeur, beaucoup de personnes autistes ne conservent pas longtemps leur emploi. Wehman en convient. "Ne faisons pas de tout ça des '˜petits chiens et des arcs-en-ciel'," dit-il. "La réalité c'est qu'il y a de nombreux défis."
Marcia Schreiner (
http://asperger-employment.org/about/staff/), la fondatrice et présidente du Asperger Syndrome Training and Employment Partnership (
http://asperger-employment.org/), une firme de consultants qui aide les employeurs à devenir plus accueillants pour les autistes, a elle aussi constaté une hausse de l'intérêt depuis ces cinq dernières années, particulièrement de la part ces entreprises technologiques. Mais elle avertit qu'une carrière dans la science, la technologie ou les mathématiques (STEM) n'est pas toujours la solution. "Tous les autistes ne veulent pas devenir testeurs de logiciels, ou excellent dans les STEM," dit-elle. Grein dit que Specialisterne travaille aussi avec de grands clients, dont il refuse de donner le nom, dans la banque, la comptabilité, le conseil ou la santé.
Les employeurs sont parfois surpris par les changements qui se produisent après leurs nouvelles embauches. "Les encadrants nous ont dit qu'ils ont dû devenir plus précis et moins ambigus dans leur communication," dit Velasco. Comme les dirigeants d'équipes ajustent leur communication aux employés autistes, ils s'améliorent aussi dans la communication orale avec les autres employés. Barnett est d'accord. "Nous commençons à voir ce bénéfice général," dit-il."Vous pouvez appeler ça Management Efficace première année." Il dit qu'après avoir été formé à travailler avec des personnes autistes, les encadrants commencent à donner plus d'informations en retour, même aux employés n'ayant pas cette caractéristique, et demandent alors aux employés le style de communication qu'ils préfèrent.
Les employeurs ayant des programmes réussis d'intégration au milieu de travail peuvent découvrir que l'embauche de personnes autistes se révèle être une bonne affaire. Cela ne veut pas dire que cela sera facile. "Tout le monde pense que c'est une bonne idée," dit Barnett. "Mais découvrir le talent, la fonction et combiner le tout requiert des efforts."
Traduction par PY