Se parler tout seul (soliloquer)

[Djinpa]

Moi aussi je parle tout seul et très souvent.
Super je vois que je suis vraiment pas le seul à soliloquer (en plus j’améliore mon vocabulaire grâce à vous).

Ça m’arrive dans différentes situations, normalement je le fais uniquement quand je suis seul et quasiment toujours en marchant.

• Quand j’accomplis une tâche, si elle est simple je commente ce que je fais, pour une tâche compliquée ça m’aide à ordonner les actions à accomplir, à rien oublier…
• Pour une interaction sociale prévue, dans les jours qui précédent, je prépare le scénario, ce qu’on pourrait me répondre, les arguments. Tout ça sous forme d’un véritable dialogue avec phrases complètes. Dans la réalité ça m’aide souvent à être plus fluide dans mes explications, mon argumentation qui sont déjà toutes prêts comme si je récitais un texte.
• Après une interaction sociale, je vais la rejouer en disant ce que j’aurais dû dire, faire ou encore ce que je comprends avec retard.
• L’imaginaire. À partir d’un film, d’un échange, d’une idée ou autre j’imagine une histoire et c’est parti je détaille l’histoire, les dialogues, ça peut durer des heures, toujours en marchant dans toutes les pièces de la maison où je peux être seul. Tiens, je dois pas être autiste, il parait qu’ils n’ont pas d’imagination !
• Quand je réfléchis sur un sujet sérieux (enfin un travail compliqué), ma tête part dans tous les sens en même temps et quand il me semble tenir une solution cohérente je me mets à parler pour mieux la décrire sans erreur, sans omission comme pour la cristalliser et je crois aussi que ça me permet de ralentir le flot de mes pensées. A ce moment-là je ne peux m’empêcher de me lever et marcher.
• Quand j’essaie de comprendre quelque chose de compliquer et tout à coup j’ai enfin compris, je ne peux m’empêcher de marcher et de me réexpliquer (à voix haute bien sûr) pour m’approprier le truc et m’assurer que j’ai tout compris.

Si quelqu’un arrive de façon impromptue, je me mets à chanter doucement avec des paroles de chanson à partir des derniers mots prononcés.

Il y a eu des périodes dans ma vie où je pouvais pas m’isoler suffisamment pour pouvoir me parler, ça me rendait plus anxieux encore.

c'est pas vrai?! je suis boulversée de lire ceci aussi bien décrit, je me reconnais totalement, sauf pour la nécessité de marcher (faut dire que je suis du genre flemmarde,me décoller de la chaise, il en faut beaucoup), y compris dans l'astuce pour fournie à celui qui arrive une explication au comportement de parler seule avant qu'il se mette à poser un regard suspicieux, en chantonnant.... C'est vraiment trop bien que grâce à ce forum, on puisse échanger , et partager nos réflexions, nos observations, ca me fait un "effet miroir", du coup, je commence à apprendre "où diriger le regard " dans mon auto-observation, et je repère beaucoup plus des traits aspie que il yy a qq mois (ils existaient avant, mais je ne les identifiais pas comme tels, donc je ne les remarquais pas, donc je ne pouvais pas les utiliser comme je le fais maintenant comme confirmation que oui, sans doute je suis ainsi, oui, c'est bien moi..)Maintenant que j'ai décidé de comprendre comment je fonctionne effectivement, plutôt que essayer de comprendre "pourquoi je foire", je repère de plus en plus souvent des manières de faire, des bugs mineurs, des ajustements que j'ai mis en place tout au long de ma vie, sans alors savoir pourquoi j'en avais besoin, et pourquoi je faisais pas comme tout le monde...maintenant, j'accueille plus souvent mes pt'ites manies avec un peu plus de tendresse, et au fur et à mesure que je comprend mieux mon propre fonctionnement, je deviens plus efficace, je mets en place plein de stratégies d'adaptation, et ...J'ASSUME!- ..... sauf quand je suis débordée.......Tin, la fréquentation d'Asperansa devrait être sponsorisée par la Sécu, pour le bien que ca fait!( tu en penses quoi, Jean?)

[Djinpa]

euh, si tu passes par là, Jean... j'ai brusquement l'impression que j'ai fait quelque chose de "pas juste " ,mais je ne trouve pas quoi, Jean si c'est importun, je te prie de m'excuser.

[arthus]

chaque jour , souvent pour faire comme des conférences imaginaires à la radio ( exemple raconter le sac de Nankin comme un journaliste envoyé sur place ) etc ... Hypothèse : serait-ce lié à ce que l'on appelle " une utilisation non fonctionnelle du langage " ?

[Maisie]

Moi aussi je parle tout seul et très souvent.
Super je vois que je suis vraiment pas le seul à soliloquer (en plus j’améliore mon vocabulaire grâce à vous).

Ça m’arrive dans différentes situations, normalement je le fais uniquement quand je suis seul et quasiment toujours en marchant.

• Quand j’accomplis une tâche, si elle est simple je commente ce que je fais, pour une tâche compliquée ça m’aide à ordonner les actions à accomplir, à rien oublier…
• Pour une interaction sociale prévue, dans les jours qui précédent, je prépare le scénario, ce qu’on pourrait me répondre, les arguments. Tout ça sous forme d’un véritable dialogue avec phrases complètes. Dans la réalité ça m’aide souvent à être plus fluide dans mes explications, mon argumentation qui sont déjà toutes prêts comme si je récitais un texte.
• Après une interaction sociale, je vais la rejouer en disant ce que j’aurais dû dire, faire ou encore ce que je comprends avec retard.
• L’imaginaire. À partir d’un film, d’un échange, d’une idée ou autre j’imagine une histoire et c’est parti je détaille l’histoire, les dialogues, ça peut durer des heures, toujours en marchant dans toutes les pièces de la maison où je peux être seul. Tiens, je dois pas être autiste, il parait qu’ils n’ont pas d’imagination !
• Quand je réfléchis sur un sujet sérieux (enfin un travail compliqué), ma tête part dans tous les sens en même temps et quand il me semble tenir une solution cohérente je me mets à parler pour mieux la décrire sans erreur, sans omission comme pour la cristalliser et je crois aussi que ça me permet de ralentir le flot de mes pensées. A ce moment-là je ne peux m’empêcher de me lever et marcher.
• Quand j’essaie de comprendre quelque chose de compliquer et tout à coup j’ai enfin compris, je ne peux m’empêcher de marcher et de me réexpliquer (à voix haute bien sûr) pour m’approprier le truc et m’assurer que j’ai tout compris.

Si quelqu’un arrive de façon impromptue, je me mets à chanter doucement avec des paroles de chanson à partir des derniers mots prononcés.

Ouf! Tout pareil! Sauf pour le coup de chantonner à la fin si quelqu'un arrive mais je vais m'approprier cette astuce!
Quel soulagement et quel bonheur de vous lire et de savoir que je ne suis pas la seule à me parler toute seule à voix haute ou dans ma tête en permanence!! Je suis super contente, le mot est faible, ça me change la vie de m'être inscrite sur ce forum!

Effectivement j'ai remarqué que c'est différent quand je marche longtemps, et j'ai besoin de marcher tous les jours justement parce que c'est comme s'il y avait un engrenage qui partait des jambes et allait jusqu'au cerveau et du coup mes pensées sont plus justes, plus pertinentes, je trouve tout d'un coup la solution à une situation inextricable... de communication généralement, du genre "comment lui expliquer que...." ou aussi des solutions techniques pour mes bijoux.

Le hic c'est que j'ai remarqué récemment que quand je marche, parfois tout à coup je me rends compte que je parle à voix haute alors que je croyais parler dans ma tête... bon généralement je marche le matin tôt sur la plage et je ne croise pas grand monde à part les goëlands et les mouettes

Dans la voiture aussi, c'est le défouloir et je commente évidemment toutes les manoeuvres des autres automobilistes.

Ce n'est que depuis que j'ai un atelier insonorisé que je me lâche à crier de colère et de frustration. Bien sûr, quand j'ai expliqué à mon mari qu'il fallait une isolation sonore, j'ai dit que c'était pour les outils et les coups de marteaux, mais j'ai vite compris que là je pouvais enfin crier.

Les films, ah oui, aussi, tout pareil, je commente et j'engueule le protagoniste ou le réalisateur s'il y a une incohérence ou un faux raccord, idem pour les documentaires si je ne suis pas d'accord, et la radio, je mets aussi en colère ou bien je râle parce que ça ne m'intéresse pas ou bien que le montage sonore est insupportable pour moi...

J'ai aussi remarqué que je chante pour m'apaiser, et des fois je me rends compte a posteriori qu' il y a un lien entre les paroles de la chanson que je chante et le contexte de ma journée.

Et pour lire, j'ai souvent besoin de lire à voix haute pour faire taire tout le reste qui continue dans ma tête

[cbb44]

Oui et ça aboutit à des situations rocambolesques :
"Avec qui tu parlais ?" "tu te disputais avec qui ?"

Ça m'est arrivé hier dans un ascenseur du bureau
Je croyais qu'on entendait pas du palier.

et du coup tu réponds quoi ?

moi quand je veux finir une discussion commencée dans la voiture et que je suis arrivée sur place, je sors mon téléphone et je parle dedans, comme ça les gens qui passent devant la voiture pensent que je suis en ligne avec quelqu'un

parce qu'il n'est évidemment pas possible d'interrompre une conversation en cours, ça serait trop simple, , il faut que j'aille jusqu'au bout, un peu comme dans les tocs de vérification, il faut qu'un déclic se produise pour refermer la parenthèse, pour que ça ne reste pas à trainer dans mon esprit, à me perturber

[Maisie]

cbb44, sortir son téléphone, c'est une bonne idée ça!

J'avais pensé à mettre des oreillettes pour faire comme si j'étais au téléphone et mettre l'extrémité du fil dans ma poche mais 1) je me suis dis que me connaissant, le fil allait sortir de ma poche malencontreusement
2) je déteste avoir quelque chose dans les oreilles

et sans me rendre compte, je me parle aussi à voix haute quand mon mari est là mais dans une autre pièce, ce qui a donné des scènes du type :
lui : tu m'a dit quoi?
moi : rien du tout
lui : mais si, tu as dit quelque chose, je t'ai entendue
moi : ah bon?

et maintenant il me demande juste si ce que je viens de dire lui était destiné ou pas

[Daredevil]

@cbb
Je ne répond rien, je touche ma poche de pantalon (celle du mobike) , comme si je venais de ranger mon mobile et je dis bonjour jovialement. Quand c'est des inconnus ça passe. Quand c'est des collègues qui me connaissent , ils pouffent un peu en vérifiant s'il y a quelqu'un. (rire)

"l'ascenseur doit déconner !? ", j'ai dit une fois en sortant parce que j'avais entendu un bruit bizarre pendant que je me parlais

Dès fois en sortant je sifflote ce que je chantais avant que les portes ne s'ouvrent et les personnes sur le palier sourit d'un air entendu : oui c'est bien lui qui chantait.


Ps je l'ai fait une fois à la clop le coup du mobile à l'oreille

[Aspie_inside]

.........

[Aspie_inside]

........

[Maisie]

"C'est vraiment trop bien que grâce à ce forum, on puisse échanger , et partager nos réflexions, nos observations, ca me fait un "effet miroir", du coup, je commence à apprendre "où diriger le regard " dans mon auto-observation, et je repère beaucoup plus des traits aspie que il yy a qq mois (ils existaient avant, mais je ne les identifiais pas comme tels, donc je ne les remarquais pas, donc je ne pouvais pas les utiliser comme je le fais maintenant comme confirmation que oui, sans doute je suis ainsi, oui, c'est bien moi..)Maintenant que j'ai décidé de comprendre comment je fonctionne effectivement, plutôt que essayer de comprendre "pourquoi je foire", je repère de plus en plus souvent des manières de faire, des bugs mineurs, des ajustements que j'ai mis en place tout au long de ma vie, sans alors savoir pourquoi j'en avais besoin, et pourquoi je faisais pas comme tout le monde...maintenant, j'accueille plus souvent mes pt'ites manies avec un peu plus de tendresse, et au fur et à mesure que je comprend mieux mon propre fonctionnement, je deviens plus efficace, je mets en place plein de stratégies d'adaptation, et ...J'ASSUME!-"

Je suis d'accord avec vous Aspie_inside et Djinpa, grâce à ce forum et mes recherches sur le net, je commence aussi à me "décoder" mieux et surtout à beaucoup moins culpabiliser, mais la "tendresse" et "les stratégies d'adaptations et surtout assumer", j'y suis pas encore mais c'est mon but

[Jul]

Ca m'arrive tout le temps aussi, mais je crois que c'est plus pour meubler la solitude et extérioriser l'activité intellectuelle. En tout cas je ne le fais jamais en public !

[Selmou]

Idem. Je me parle tout seul tous les jours, régulièrement tout au long de la journée, parfois sur de longues séquences de plusieurs heures en faisant les 100 pas dans l'appartement, avec gestuelle et expressions faciales. Le plus souvent, il s'agit de faire des exposés où j'explique quelque chose à des interlocuteurs pas toujours identifiés. Un peu moins souvent, il s'agit de "répondre" à un individu déplaisant de ma connaissance, de refaire une conversation désagréable en remettant le malotru "à sa place", ou de refaire une conversation inconfortable ou "ratée", en corrigeant mes propos "incorrects". Il m'est également fréquent de répéter des conversations plus agréables, bien que les conversations agréables ne soient pas les plus fréquentes . En fait, une bonne partie des interactions que j'ai avec autrui sont susceptibles d'être "revécues" en auto-conversation, mais aussi un grand nombre de situations imaginaires. En revanche, pas de situations "futures". Je me suis forcé il y a quelques années à arrêter cette "pré-visualisation" (de toute façon, ça n'a jamais fonctionné) et maintenant je fais tout "à l'arrache" (ça ne fonctionne pas forcément mieux, mais au moins je ne suis plus destabilisé quand la réalité s'éloigne trop du scénario... vu qu'il n'y a plus de scenario )

Le soir, je continue à me parler tout seul "dans ma tête", par exemple devant un film ou un documentaire, je me mets à répondre aux intervenants ou a partir dans un "exposé intérieur" visant à corriger ou étoffer les faits énoncés dans l'émission. Pour peu que ce "dialogue interne" soit suffisamment intéressant, les expressions faciales refont surface, et il m'arrive parfois de me faire griller en pleine mimique par ma compagne, qui me demande alors "qu'est-ce qu'il y a ?? " . Lorsque seul, il n'est pas rare que je mette une émission en pause pour me livrer à ces auto-conversations sans perdre le fil.

En voiture, c'est encore pire, je n'ai rien d'autre à faire que de partir dans des débats à voix haute, et de nombreux autres automobilistes ont dû me prendre pour un fou.

J'ai pris conscience assez récemment du caractère anormal de ces auto-conversations (en fait, en lisant un article sur l'autisme, qui disait que l'autisme était parfois confondu avec des troubles psychotiques en raison, entre autres... de "conversations tout seul à voix haute" )

Pourtant, j'ai toujours bloqué ces "conversations" en présence d'autrui, comme tout ce qui attirait un regard soupçonneux (je me souviens par exemple, lorsque j'étais à la fac, d'une propension à faire de la "musique" en utilisant mes stylos comme des percussions, ou en me tapant les jambes avec les mains... en m'arrêtant systématiquement dès que quelqu'un tournait la tête vers moi. Pourtant, ça me calmait beaucoup, dans le contexte stressant d'un amphi)

Il est difficile de savoir ce qui est anormal ou pas, et ce forum est effectivement une aide en ce sens. Avoir conscience du fait qu'il "ne faut pas" faire quelque chose, et avoir conscience du caractère foncièrement anormal de ladite chose, sont deux choses totalement différentes (beaucoup de choses dans cette phrase ).

[cbb44]

j'ai pas vraiment l'impression que ça soit anormal

même si j'évite de le faire ...

[Marmotte]

Oh oui cela m'arrive depuis bien longtemps. Cela me permet de me calmer notamment après une discussion marquante. Une fille dans une asso que je fréquente (et qui est neurophobe au possible), avait fait remarquer que les gens qui parlent seuls sont tous bizarres. Or j'étais avec une autre ado diagnostiquée hpi (qui parle aussi toute seule) et j'ai donc répliqué que comme sur trois personnes on était deux à le faire, c'est plutôt elle qui devrait se considérer anormale :p C'est une des seules fois où je lui ai fait fermer sa gueule.

[cbb44]

Oh oui cela m'arrive depuis bien longtemps. Cela me permet de me calmer notamment après une discussion marquante. Une fille dans une asso que je fréquente (et qui est neurophobe au possible), avait fait remarquer que les gens qui parlent seuls sont tous bizarres. Or j'étais avec une autre ado diagnostiquée hpi (qui parle aussi toute seule) et j'ai donc répliqué que comme sur trois personnes on était deux à le faire, c'est plutôt elle qui devrait se considérer anormale :p C'est une des seules fois où je lui ai fait fermer sa gueule.