Mi-2011 et début 2012, j'ai eu une assez longue hospitalisation avec traitements antidep et anxio réguliers qui ont sans doute eu leur part de responsabilité dans les suites de rêve que je vais raconter. Il y aura de l'émotion, de l'action, du suspens et même du sexe !
<- ça c'est pour mes fautes d'orthographes et ma conjugaison, tellement que c'est violent.
Ça a commencé progressivement, à l'hôpital. Je sentais quelque chose d'étrange dans mes rêves et eux-mêmes étaient de plus en plus inhabituels.
Comme ce rêve où l'espace d'une grande salle où je me déplaçais ne correspondait pas avec la réalité que je pouvais toucher. Mes deux sens ne me renvoyaient pas la même réalité et il me fallait intellectualiser leur manque de concordance pour me déplacer sans trop de mal. Il y avait donc des meubles et des murs invisibles et d'autre à travers lesquels je pouvais passer. Et je finissais par m'endormir sur un bout de meuble qui était en fait un lit invisible, donc. Je considérais être fatigué, atteint d'une forme de fatigue oculaire qui me donnait l'impression de voir mes mains sous une forme proche d'un kaléidoscope. Je sais pas ce qu'ils mettent dans les médocs mais ça a l'air bon.
Puis est effectivement arrivé le moment où il me semblait que j'étais de plus en plus conscient d'être dans un rêve, de pouvoir me concentrer et agir dessus et d'en garder des souvenirs concrets à mon réveil.
Allez savoir pourquoi, mon premier réflexe a été de vouloir changer les couleurs de mon environnements. Non pas changer l'environnement directement, mais mon regard sur lui. Le voir différemment. Il était donc tout à fait logique et naturel de me faire une vision thermique façon Predator. Pas vous ? Ha bon. Sauf que ça a fini par partir en vrille quand un Predator apparait face à moi et m'a enfoncé sa lame dans le coeur. Non, je vous assure, je suis pas à fond dans les films d'action, littérature et jeux vidéo du genre
Il n'empêche que je sentais cette lame pénétrer en moi, en poussant mes organes internes pour se faire sa place. Ça me faisais prendre conscience de l'intérieur de mon corps au moment où j'allais mourir.
Cette sensation de rêve dirigé et de conscience, je l'ai plus vécu comme une impression de conscience. Ma capacité à modifier mes rêves comme une impression de capacité à modifier.
Je pense ça de ce que j'ai vécu car au final, quand j'ai commencé à bien maitriser la chose, je ne faisais qu'une seule chose tous les soirs : Avoir des relations sexuelles.
En même temps, vu le vide que j'ai sur ce plan depuis quelques années et la frustration à l'adolescence qui l'accompagne, je me dis que ça n'aurait rien d'étonnant d'en arriver à ça. Y compris si je me dis qu'au final ça n'est qu'une impression de capacité à contrôler mes rêves.
Je me rappelle de ce moment où je me mis à somnoler et à commencer à m'endormir. Je sentais des mains sur un côté du lit qui me poussaient, au risque de tomber de l'autre côté. Alors instinctivement, je me réveille. Puis je me rendors et les mains me poussent de nouveau. Je tombe lentement en glissant le long des draps jusqu'au sol, comme une feuille morte. Au sol, je réalise quand me relevant, je verrais sans doute qui m'a poussé. Et j'ai peur que ça soit un monstre. Je me relève quand même et je vois un chien assis sur le lit, un dobermann qui me fixe du regard. Là, je comprends que je suis dans un rêve, alors je mime une fermeture éclair sur sa tête que j'attrape pour ouvrir le chien et en faire sortir une femme. La suite c'est private.
Il y eu tout de même quelque chose d'étonnant qui se produisait dans ce genre de moment. Le sujet est un peu intime mais pas dérangeant pour moi, je pars du principe que c'est quelque chose qui arrive à tout le monde (ou qui vous arrivera bientôt un jour !). Mais si jamais vous avez moins de 18 ans ou ne voulez pas être gêné(e)s, je vous propose de vous boucher les oreilles, fermer les yeux, et de sauter par dessus le spoiler en chantonnant une mélodie. Je vous dirais après quand vous pourrez arrêter.
C'est bon, arrêtez de chanter on reprend !Spoiler : Oulalala :
Puis je suis sorti de l'hôpital, à faire acte de présence au Centre d'Accueil Psychiatrique de Bastille en journée et dormir chez moi, le temps d'avoir une place dans un hôpital de jour fourre-tout qui n'a au final servi à rien sauf me faire perdre mon temps.
Mais durant la période CAP de Bastille, je dormais chez moi et les rêves ont pris une tournure vraiment terrible et c'est vraiment cette partie là que je veux vous raconter.
Il y a toujours eu trois peurs proéminentes dans mes rêves : l'obscurité, les fonds marins et l'Espace.
Toujours l'idée d'avoir peur de me perdre. Même les rêves dans lesquels je vole sont angoissants car j'y passe mon temps à me concentrer pour ne pas voler trop haut et risquer de me perdre dans l'espace sans possibilité de retour sur la terre ferme.
Avec l'eau, c'est la peur de voir surgir un monstre marin, comme un brouillard très dense et obscur d'où tout pourrait surgir. Et l'obscurité en tant que telle : l'impression d'être observé par quelqu'un ou quelque chose avec aussi l'impression qu'on va me sauter dessus. Mais l'observation est déjà très angoissante.
1) Apprivoisement
Tous les soirs durant deux semaines : le même rêve qui s'interrompt, puis reprend. Je passe mes nuits à me réveiller constamment et n'avoir souvenir que d'un seul rêve insistant.
Dans ce rêve, l'impression d'avoir du contrôle est toujours présente, mais je perds la sensation de conscience d'un rêve. Et pour cause : je ne me crois pas dans un rêve car je suis allongé dans mon lit dans mon studio. La seule différence, c'est l'obscurité qui me parait plus dense, plus menaçante. Alors dans mon lit, l'angoisse monte et la panique lui succède : je ne me sens pas seul, on m'observe. J'essaie de crier mais ma gorge ne laisse rien sortir. Je me sens tétanisé. Je finis par crier, ce qui me réveille vraiment et je réalise que je rêvais d'être allongé dans mon studio à l'endroit même où je me réveille. L'obscurité est de nouveau normal, je me calme, mon chat est descendu du lit quand j'ai crié et sursauté. Je pense aux voisins...
Puis je me rendors. Rebelote. Plusieurs fois par nuit pendant plusieurs jours.
Sauf que parfois je ne crie plus, je finis par comprendre que ça n'est plus mon studio mais un rêve. Alors je tente de tenir tête à l'angoisse mais c'est très difficile. Parfois je me force à me basculer de gauche à droite dans le lit pour espérer me réveiller. Ça marche. Mais tout ça pour quoi ? Me rendormir et me retrouver encore et toujours au même endroit.
L'angoisse se fait moins paralysante, je sens toujours la présence de quelque chose. Je me mets à parler dans le vide à ce quelque chose. Ou quelqu'un.
Parfois je peux vraiment bouger et me mets en tailleur sur le lit, attendant qu'on vienne à moi. Je ne me lève jamais, je reste sur le lit. L'obscurité est encore trop dense.
Une fois, le poste de télé sensé être sur le meuble au pied du lit (glandage suprême) n'est pas là, remplacé par un poste de radio allumé et beaucoup de parasite. On dirait une communication radio en tant de guerre. Et on me donne une mission : "Tu dois trouver quelqu'un".
Qui ? Pourquoi ?
Un homme ? Une femme ?
Lui parler ? L'aider ? Le tuer ?
Tout ça à la fois ?
Entre temps, je cogite la journée au CAP de Bastille. Et j'attends la nuit suivante.
2) Contact
Quand je n'ai pas grandi en Afrique, j'étais en Vendée. La maison qu'on y avait représente donc une part de mon enfance. Mes parents sont toujours dans la même commune mais on déménagé et d'autres gens habitent notre ancienne maison, ce qui me fait une sensation bizarre. Et cette première maison m'apparait souvent en rêve, forcément.
Je suis donc dans la salle de bain, debout sur la baignoire à regarder par la petite fenêtre. J'ai entendu quelqu'un crier au loin dans la nuit. Comme un combat.
Je laisse tomber et me dirige dans ma chambre, en me balançant comme un singe à des branches qui n'existent pas. Ma chambre est dans le noir et je constate que la lumière ne fonctionne pas. Je comprends donc que je n'y suis pas seul et commence à m'adresser à qui peut m'entendre. En sentant un courant d'air, je vois la fenêtre de ma chambre ouverte. Depuis le premier étage, j'ai une vue sur le rond point devant chez moi. Il fait nuit et il n'y a personne. Mais une branche de Pin rentrent par ma fenêtre. Normalement il n'y a pas d'arbre devant ma fenêtre. Je la repousse dehors et je dois me retrouver avec un peu de sève sur les mains parce que ça colle.
Je parle encore tout seul pour amener "l'autre" à entrer en contact. L'obscurité devient de plus en plus dense. Je n'ai pas la sensation que quelque chose approche, disons plutôt que quelque chose s'apprête à prendre la parole. Je me retrouve dans le noir complet, je décide donc de fermer les yeux.
Un tremblement se fait sentir, s'amplifie et devient un grondement puis un tremblement de terre. Je le crois accompagné d'un son angoissant dont je ne me rappelle plus bien et demande ouvertement d'arrêter ce son, sans me sentir encore trop paniqué.
Je rouvre alors les yeux et vois une silhouette floue en face de moi dans le noir et le tremblement. Ce dernier semble se faire progressivement oublier à mesure que la silhouette se précise. Enfin ce quelqu'un que je devais trouver ? Je fais mine de tendre mes bras pour l'accueillir. Je m'en doutais un peu mais ce quelqu'un, c'est juste un reflet dans un grand miroir. Car je ne suis plus dans ma chambre mais plutôt dans une assez vaste salle de gym comme j'en avais eu au collège. Un miroir recouvre la totalité du mur qui me fait face. Je crois distinguer quelqu'un dans l'ombre dans un coin à droite mais en attendant, ce reflet m'intrigue plus.
Je contrôle mon corps, mais pas ma position. Je me mets à glisser sur le sol sur une trajectoire en cercle sans aucun contrôle. Une boucle. Une voix résonne pour me dire quelque chose comme "Il n'y a aucun chemin".
Plutôt confiant malgré l'ambiance pesante depuis le début du rêve et les semaines précédentes, je me mets à faire quelque chose de très TRÈS récurrent dans la plupart de mes rêves depuis l'enfance : je cours en félin. D'ordinaire, les gens dans mes rêves se moquent de moi quand je fais ça. Mais là, ça me permet de me détacher de cette boucle et de foncer vers le miroir. Dans un premier temps j'ai l'impression que mon but est de le briser mais je me retrouve contre lui, sans effet. Comme je suis collé contre le miroir, j'ai l'idée de mettre mes yeux à son contact. Ils commencent à passer au travers. Puis la tête, le buste, les bras et les jambes et enfin les pieds et les mains. Le miroir reste figé mais c'est comme passer à travers de l'eau un peu froide, mais plus solide qu'un liquide. Donc il faut forcer un peu pour passer.
Une fois de l'autre côté, je suis dans un terrain vague, toujours en pleine nuit. Je constate en me retournant que les murs du gymnase sont entièrement transparents de ce côté-ci. La personne que j'avais vu dans l'ombre est toujours là, à l'extérieur du gymnase sur un autre côté que le mien. Il est habillé dans des vêtements qui cachent son visage dans l'ombre. Comme la capuche d'un manteau.
En me dirigeant vers lui, il se met à courir pour me fuir. Je lui cours après et il prend la posture du félin pour me distancer. Je le fais aussi. On dépasse le gymnase, de l'autre côté du terrain vague pour arriver dans ce qui ressemble à un de ces hôtels du bord de plage qui me rappellent Mombasa au Kenya. Il y fait toujours nuit et est désert, sans éclairage.
Pour tenter de me semer, l'étranger saute dans la piscine de l'hôtel. Et dans mes rêves, je crains l'eau. Voler me fait peur mais ça aurait été la seule solution. Je ne peux pas y aller et faire le tour serait trop long. Il sort de l'eau et s'apprête à courir de nouveau. Alors je l'interpelle.
"Tu n'es pas tout seul !"
Finalement il hésite à partir, il m'a entendu. Alors je cris encore.
"Je suis avec toi !"
Dos à moi, je sais qu'il m'a écouté. Je me dis que je vais pouvoir le rejoindre alors je longe la piscine mais il se remet à courir et s'enfuit.Spoiler : :
3) Retour
Je me réveille dans le lit de mon studio. Je sors tout juste de ce rêve que je commence déjà à essayer de me remémorer ce qu'il s'y est produit.
Mon PC allumé la nuit fait une petite lumière qui projette des ombres portées sur le mur à ma gauche. Tout en faisant une synthèse de ce rêve, je reste allongé et joue avec mes mains et les ombres sur ce mur. J'ai l'impression d'y voir des visages. Ou plusieurs face d'un même visage, peut être. Tout est trop imbriqué pour s'en faire une idée claire.
Je commence à pleurer en repensant à ce que je lui ai dis. À ce seul contact direct que j'ai eu avec lui.
Puis sous la couverture dans mon lit, je sens deux cartes dans la poche gauche de mon pantalon. Je fouille et y trouve ma Navigo et la carte d'accès à mon travail. Je ne comprends pas. Pourquoi dans ma poche ? Et pourquoi en pantalon dans mon lit ?
Je me réveille vraiment. Là, je suis bien en boxer et tee-shirt. Il est 6 heures du matin et je suis bien de retour.
Ce rêve m'aura travaillé toute la journée. Difficile de faire autrement.
En rentrant le soir, j'en écris sur mon ordi un peu tout les souvenirs qui me passent par la tête. Histoire ne pas oublier. Et pendant que j'écris, je pense au fait que rien ne me dit qu'il n'y aura pas de suite ce soir là. Et je me dis aussi que le fait d'écrire pourrait contrarier quelque chose en moi qui mettrait un terme à ces rêves. Ce fut bien le cas. Silence radio.
Ma psy m'a apporté une autre possibilité, finalement plus viable : Ça n'est pas parce que je les ai écris que mes rêves se seraient arrêtés mais peut être justement parce que mes rêves n'avaient rien de plus à me dire que j'ai spontanément commencé à en écrire une synthèse ce soir là.
J'ai toujours fais des rêves bizarres depuis l'enfance. Mais pas à ce point là. Et ils n'ont plus une telle redondance et une telle sensation de communication directe comme à cette époque de mon hospitalisation. Mais je leur accorde toujours une grande importance quand j'en garde un souvenir au réveil. Mais il est difficile de savoir bien les interpréter.
Il est bien difficile de se comprendre soit-même.