Arrivez-vous à poser vos limites ?

[rainbow]

Bonjour,

je ne sais pas si c'est en lien avec l'autisme, mais je suis quasi incapable de poser des limites aux autres.
Ex : si quelqu'un dit quelque chose pour me faire culpabiliser, je n'arrive pas à m'affirmer et à lui dire qu'il n'a pas le droit de faire ce qu'il fait.

Je réalise que ma façon de "poser mes limites" a toujours été de m'éloigner, de couper la relation avec la personne qui me fait souffrir (même quand elle ne le fait pas volontairement).

Et vous, comment vous gérez les relations avec vos proches au comportement pas toujours bienveillant ?

[bézèdach44]

Ah oui pareil pour moi, au niveau des proches c'est surtout dû au fait que je n'arrive pas à gérer mes émotions. Dès que je parle d'un suejt qui me touche, même un truc pas important (dernier exemple en date ma mère qui me demande ce que je fais avec ma psy TCC) , je peux pas m'empêcher de pleurer Alors que ça me rend pas triste, je suis même contente de parler de ça, mais je sais pas, dès que je parle d'un sujet important, j'ai les larmes qui montent. Du coup, j'évite toujours le contact, la confrontation parce que la c'est pas la peine (sauf avec des non-proches où je vais pas au contact verbal mais physique..).
Et pareil avec des total inconnus, dernier exemple en date, cet après midi, grosse galère pour trouver une place pour me garer (j'ai tourné 48 minutes...), j'en trouve une et un gars à pied me dit "ah nan elle est pour nous, j'attends quelqu'un" et au lieu de dire quoi que ce soit, car moi j'étais en voiture et j'étais là avant, je suis parties continuer ma recherche de place...

[Daredevil]

Non je n'y arrive pas (à poser mes limites), dans ce cas je gronde avec de l'humour grinçant (proche du sarcasme) ce qui me permet de mettre de la distance. C'est déjà pas mal. Mais ça m'isole en général.

[gog]

Je suis quasiment toujours dans ma bulle, ça m'évite de retenir l'attention de ce genre de personne trop longtemps, j'en ai pourtant rencontré quelques unes mais vu que je donne souvent l'impression d'en avoir rien à faire, en général ils s’intéressent vite à quelqu'un d'autre. Montrer peu d'émotions a des inconvénients mais dans ce cas là c'est plutôt un avantage.
je coupe les ponts dans le pire des cas aussi, sans donner d'explication.

[freeshost]

Pas facile, mais je dois relever le défi de définir un cadre à mes colocataires.

[evolution650HBn°2]

J'ai également du mal... suffit que la personne insiste un peu pour que je craque sous la pression anxiogène que je ressens, car je n'arrive pas à m'affirmer, et ayant du mal à bien ordonner mes pensées à l'oral, il m'est difficile d'argumenter pour défendre "mes limites".
Parfois j'ai l'impression qu'est écrit en majuscule "pigeon" sur mon front. Et le pire c'est que ça n'est pas forcément faux.

[piedsboueux]

c'est long et laborieux à expliquer, mais je résonne avec l'expérience pour moi concrète et réalisé que toute cette notion de limite qui envahi tout aspect relationnel, soit associé au fait d'être contenu, étreint dans les bras d'une personne à la fois fascinante et désirée pour partager quelque chose d'affectif, désirée aussi comme modèle à qui s'identifier...

je comprend par là l'idée des psychologue de faire du packing, et autre expérience de contenance "pour apprendre les limites" mais qui ne marche pas aussi bien car on n'engage pas réellement un contact enveloppant avec une personne (ça marche pas comme ça, cette personne doit être "compatible", donc imprévu à gérer), pour la thérapie, c'est protocolisé, donc déhumanisé, et surtout on peut rejeter et ressentir comme souffrance qu'il manque la composante primordiale: le contact avec un ami ou une amie, un être humain pour ce faire!

[sunshine]

je n'y arrive que très rarement. Mais j'ai progressé. Parfois je m'affirme plus mais comme la situation de conflit qui en découle parfois m'est intolérable à gérer, je laisse souvent aller.

[freeshost]

Déjà que ce n'est pas toujours facile de se poser des limites à soi-même, alors en poser aux autres.

[Maisie]

Déjà que ce n'est pas toujours facile de se poser des limites à soi-même, alors en poser aux autres.

Je suis convaincue que c'est aussi là l'origine du problème

et non, je n'y arrive pas du tout et j'ai le chic pour attirer les personnes qui en "profitent". En décembre dernier j'ai vécu une situation atroce qui m'a mise plus bas que terre, en gros je me suis fait emberlificotée par quelqu'un que je connaissais depuis plus de 15 ans mais que je ne voyais que de façon ponctuelle, nous l'avons hébergée pendant 6 mois et elle m'a "vampirisée" sous le prétexte de m'aider - c'était une ancienne psy. Mon mari était lui même en difficulté et donc a mis du temps à réagir mais j'ai pu en discuter avec lui et comprendre ce qui ce passait et là j'ai réussi à dire non, plusieurs fois, à lui fermer même la porte au nez (avec culpabilité). Bref, je ne vais pas raconter toute l'histoire ça prendrait 10 pages mais ça m'a replongée direct en dépression donc retour chez le psychiatre qui m'a conseillé d'aller déposer une main courante au commissariat. Chose que je n'ai pas réussi à faire évidemment, quand j'ai commencé à visualiser la scène dans ma tête, panique à bord

[rainbow]

Merci de vos réponses, très intéressantes.

En ce qui me concerne, j'ai remarqué que je suis capable de poser des limites au début de quelque chose (début de la 1ère séance avec ma psy où je lui ai dit précisément ce que je recherchais, ou encore récemment en stage, au début du 2ème jour - car le 1er jour avait été très dur pour moi : pas assez de pauses, et on a fini vraiment trop tard... j'étais tellement épuisée que le lendemain matin, je n'avais pas récupéré).

Dans les formations pour apprendre à poser nos limites, on nous dit toujours qu'il faut "sentir le moment où on commence à devenir inconfortable"... or ça m'est impossible, car déjà rien que d'être en présence de plusieurs personnes que je ne connais pas, ben je suis inconfortable... donc je me coupe de mon ressenti pour pouvoir quand même être avec les autres... c'est pourquoi j'ai l'impression de ne pas avoir de solutions pour parvenir à le faire.
Je revois la psy du CRA demain pour en discuter avec elle.

[Maisie]

Dans les formations pour apprendre à poser nos limites, on nous dit toujours qu'il faut "sentir le moment où on commence à devenir inconfortable"... or ça m'est impossible, car déjà rien que d'être en présence de plusieurs personnes que je ne connais pas, ben je suis inconfortable... donc je me coupe de mon ressenti pour pouvoir quand même être avec les autres...

Le stage donttu parles c'est un stage professionnel? pour les Aspies?

Je suis totalement d'accord avec toi, je suis incomfortable avant même d'être en présence des autres

[TiZ]

Pareil, j'ai aussi du mal à poser des limites...

Comme toi bézédach, je me mets souvent à pleurer, quand c'est quelque chose qui me touche mais que je n'arrive plus à réagir : Une fois, en cours de dessin, la prof' passe dans les rangs pour voir ce qu'on fait. Elle passe vers moi, et me dis "ça ne va pas, tu dois plutôt faire comme ça". Ok, donc je recommence en faisant les choses de la manière dont elle m'a parlé. La fois d'après, quand elle passe, elle me dit "mais ça ne va pas du tout là, il fallait faire comme çi !" (le "çi" étant la manière que MOI j'avais utilisé au début). J'ai répondu que c'est ce que j'avais fait au début, et que c'était elle qui m'avait dit de faire autrement, et elle s'est énervée en disant que ce n'était pas vrai, etc. alors que mes camarades lui ont dit que si, elle avait bien dit ça. Et je suis partie du cours en pleurant...
Apparemment, ça l'a vraiment "choquée", et elle a envoyé un mail à toute la classe pour dire qu'elle était désolée, blabla.

Ou encore, je ne sais pas vraiment comment "refuser" aux gens : La semaine dernière, une amie de mes parents vient me voir MOI, au travail (!!!), et me dit "tu peux me rendre un service ?" je dis OK, même si ce n'est pas une personne que j'apprécie vraiment car elle ne vient que si elle a besoin de nous. Et elle me demande si je peux, pendant son absence, aller "garder" sa maison, nourrir les chats et les poules, etc. Alors qu'elle sait très bien que je n'aime pas les animaux... Mais comme j'avais dit oui au départ, je l'ai fait quand même...

[rainbow]

Le stage donttu parles c'est un stage professionnel? pour les Aspies?

Non pas de stages "pour les Aspies" (je n'en connais pas encore en France).
Certaines de ces formations étaient professionnelles, mais d'autres étaient ouvertes à tous (formation où on est en relations avec les chevaux) : http://www.lamagiedeschevaux.com/#!la-s ... ions/c108y
(basée sur le livre de Linda Kohanov "Comme les chevaux, ensemble et puissants" qui est vraiment super !)