[Index] Séduction (et habilités sociales)

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Ciders
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Re: Séduction, prise la main dans les cheveux ?

Message par Ciders »

Ixy a écrit :Ciders je pense que tu te trompes complètement sur freeshost :lol:
Et moi je dis que tu personnalises inutilement le débat. Je réponds à une question, ça pourrait être Zorglub de la constellation de Zeta Reticuli qui la poserait que ça me ferait le même effet.

Je m'en fous de savoir qui il est [ça ne m'intéresse vraiment, mais alors vraiment pas de le connaître], et je pense qu'il s'en fout de savoir qui je suis. :lol:
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gog
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Re: Séduction, prise la main dans les cheveux ?

Message par gog »

bidouille a écrit :
Daredevil a écrit :
bidouille a écrit :Sincèrement si un mec me plais je pense que je le regarderai avec une certaine insistance, et ferai des sourires.
Voilà ce que je voulais décrire, avec en prime des clignements d'yeux facon Betty Book ;)
C'est aussi une attitude, voir l'image
Spoiler :  : 
Image
(enfin je dis ça mais je reconnais ça à l'écran, dans la vraie vie ce n'est pas encore ça ;) )
Je dois faire comme dans la vidéo ou quelque chose d'approchant oui, après j'ai tendance a maintenir le regard plutôt qu'a tourner les yeux... Mais vu que c'est pas inné chez moi c'est pas dit que je le fasse bien, car le regard appuyer peux aussi passer pour allumeuse, j'ai jamais su vraiment faire la différence.
Pareil que toi pour le fait de ne pas détourner le regard mais je pense que c'est une question d'âge. Après, ce que le gars en pense, je ne suis pas sure que ce soit mon problème, de toute façon on n'est pas dans la tête des gens.
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freeshost
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Re: Séduction, prise la main dans les cheveux ?

Message par freeshost »

Un des trucs qui me fait marrer, c'est le suivant : quand je croise une personne dans la rue, il y a régulièrement une qui tourne la tête en arrière, comme si ce que je regardais était important. Ou comme si le fait que je ne la regarde pas dans les yeux était quelque chose d'inhabituel. :lol:
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

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Jean
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Re: Séduction, prise la main dans les cheveux ?

Message par Jean »

Ciders a écrit :
freeshost a écrit :
Mais tu pourras m'expliquer le besoin de foulard pour se sentir bien dans sa peau. :)
[mode Lovecraft=on]
Il est certains secrets que l'homme ne devrait pas connaître.
[mode Lovecraft=off]
Je ne comprends pas.
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Daredevil
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Re: Séduction, prise la main dans les cheveux ?

Message par Daredevil »

freeshost a écrit :Je pose des questions, c'est tout.

Mais tu pourras m'expliquer le besoin de foulard pour se sentir bien dans sa peau. :)
J'ai u exemple mais c'est une exception, je pense. J'ai une copine qui porte toujours de nombreux foulards fins très seyants. Mais elle cache une cicatrice d'opération sur la gorge. Donc je suppose que cacher sa gorge lui permet de se sentir mieux (?
:mryellow:
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freeshost
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Re: Séduction, prise la main dans les cheveux ?

Message par freeshost »

Cacher les fissures pour enjoliver la façade, ça me dit quelque chose. :lol:
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

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Jean
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Re: Séduction, prise la main dans les cheveux ?

Message par Jean »

Une vie de jeune fille voilée
M LE MAGAZINE DU MONDE | 20.05.2016
C’est un débat qui divise la France. Maryam, Nuzhat, Nesrine ou Djenaba ont choisi de porter le hijab, elles racontent leur quotidien de jeunes femmes françaises et musulmanes. Des histoires à la fois singulières et banales.
Par Zineb Dryef

Perchées sur les hauts tabourets du MacDo, Maryam et Nuzhat ne s’arrêtent plus de rire. D’un rire d’enfant, bruyant et contagieux, qui fait plonger l’une sur l’épaule de l’autre. Le débat sur la mode islamique ? « Un malentendu. » Maryam ne voit pas d’autre explication. Un épais voile noir encadre son visage soigneusement maquillé – les yeux soulignés d’un trait de khôl et la bouche vermillon. « Tout le monde peut choisir ses vêtements. Pourquoi pas nous ? » Nuzhat, non voilée, suggère : « Parce que les filles voilées sont soumises ? » Les voilà reparties dans un fou rire.

« On nous croit enfermées chez nous alors qu’on vit comme tout le monde », reprend Maryam avant d’énumérer ses activités. Cinéma. Shopping. Balades. Et foot. « L’année dernière, on était au RC Gonesse, un club de foot féminin. Je mettais un short, un collant opaque et de grandes chaussettes. » Un jour de match, des garçons venus en spectateurs ont halluciné : des filles de Gonesse qui jouent au foot, c’était inattendu, mais des filles voilées ! « Les filles comme nous, on ne les voit nulle part », regrette l’étudiante de 19 ans.

Slim, baskets blanches, blouson en cuir

Peut-être un peu plus ici qu’ailleurs. Accessible par trois lignes de RER, le Forum des Halles, à Paris, est le grand point de ralliement de la jeunesse francilienne. Avec son cinéma, sa piscine, ses grandes enseignes à petits prix (Sephora, Zara, H&M, Bershka, Mango, Footlockers…) et ses fast-foods, le lieu draine une foule jeune, diverse et hyperconsommatrice. Ici, les filles voilées ressemblent à n’importe quelle femme de leur âge.

Elles arpentent les mêmes boutiques, dans le même uniforme branché – slim sombre, baskets blanches, blouson en cuir noir, casque aux oreilles – et déambulent par petits groupes, exclusivement féminins. Trois grandes ados, l’une en turban, les autres tête nue, « instagramment » leurs baskets ; deux étudiantes, dont l’une s’est couvert la tête avec un grand châle écossais, partagent des nuggets sur l’un des rares bancs du forum ; certaines sont derrière les caisses, comme chez H&M qui emploie de nombreuses femmes voilées, dont l’une, slim bleu pâle, chemise près du corps et nez percé, suscite l’admiration des clientes.

C’est donc ici, dans ce Forum des Halles récemment réhabilité, que nous avons choisi de nous poster pour écouter des jeunes femmes devenues, malgré elles, un sujet de débat. Elles se sont confiées volontiers, pour nous raconter la mode, les garçons, Dieu, le travail – des parcours qui n’ont pas valeur d’exemple, mais racontent autant d’histoires singulières de femmes françaises et musulmanes. Elles ont une vingtaine d’années. Certaines sont parisiennes, d’autres viennent de Villeneuve-Saint-Georges, Villeneuve-la-Garenne, Bobigny, Saint-Denis, Montereau-Fault-Yonne. Narjess, Nour, Myriam, Sarah, Djenaba, Hana… forment notre échantillon, constitué au hasard de nos déambulations aux Halles.

« Ici, on est à l’aise, on s’amuse, on fait comme tout le monde », explique Nuzhat, tête nue et grosse tresse sur l’épaule. Venir à Paris consiste généralement pour la lycéenne à emprunter le RER D pendant trente minutes, jusqu’à la station Châtelet-Les Halles pour retrouver Maryam, inscrite en BTS dans le 15e arrondissement. « Je ne me sens pas particulièrement regardée ici, confirme cette dernière, originaire du Thillay dans le Val-d’Oise. Une fois, une dame m’a traitée de vampire. » L’étudiante a trouvé l’insulte injuste : même si elle préfère le noir (« Ça me va bien »), elle affirme porter des voiles de toutes les couleurs et ne se juge pas particulièrement austère.

« C’EST JUSTEMENT EN NOUS BANALISANT QU’ON ARRÊTERA DE NOUS STIGMATISER. ÇA NOUS MONTRE TELLES QUE L’ON EST VRAIMENT : VOILÉES MAIS LIBRES. » MARYAM


En jean noir et blouse blanche, Maryam dit avoir adopté un look discret bien avant de le compléter par un hijab, il y a trois ans. Paradoxalement, c’est dans les discours des détracteurs de la mode islamique qu’elle a trouvé son principal argument pour la défendre : la banalisation du voile. « C’est justement en nous banalisant qu’on arrêtera de nous stigmatiser, explique-t-elle. Ça nous montre telles que l’on est vraiment : voilées mais libres. »

Pour souligner son attachement à la liberté, Nesrine, étudiante en sciences politiques, renchérit : « Il y a des pays où les femmes se battent pour ne pas porter le voile, et vous savez quoi ? Je suis avec elles. Mais on est en France ici, on débat du voile en France et les propos tenus par la ministre le furent pour la France. » En laissant entendre le 30 mars que la situation des femmes choisissant de porter le hijab était comparable à celle des « nègres qui étaient pour l’esclavage », la ministre des droits des femmes Laurence Rossignol a suscité un débat très vif entre les partisans du libre port du voile et ceux qui y voient un signe de soumission.

Le voile, un choix personnel

C’est librement que la plupart des jeunes filles croisées aux Halles affirment avoir fait leur choix. Djenaba, 24 ans, s’est couvert la tête à la mort de son père. Un vêtement de deuil traditionnel qu’elle pensait retirer. Elle ne l’a jamais fait. « Je ne saurais pas expliquer pourquoi, mais je me suis sentie apaisée. » Depuis qu’elle porte le voile, Djenaba dit avoir « radicalement » changé de vie. Fini les boîtes de nuit et les bars à chicha. « J’ai arrêté petit à petit pour ne pas prendre le risque de replonger. »

Contre l’avis de ses parents musulmans pratiquants, Narjess, 22 ans, a enfilé le sien du jour au lendemain : « J’ai rêvé que je portais le voile, ça a été un déclic. » C’était il y a deux ans. Son père, immigré « qui ne veut pas choquer », a tout fait pour l’en dissuader. Il lui a vanté les vertus de la discrétion française en matière de religion, lui a parlé des lois, s’est lamenté – cette jeunesse gâchée par un bout de tissu – mais elle n’a rien voulu savoir. « La religion, c’est la religion », a-t-elle tranché.

Comme Nour, Nesrine ou Maryam, Narjess parle d’une étape importante dans son parcours spirituel, d’un rapprochement avec Dieu, de faire corps avec sa religion. Pour elles, le caractère obligatoire du voile dans le Coran ne fait pas matière à débat et le porter malgré la pression qu’elles subissent renforce leur dévotion. « On sait que c’est le moment le jour où on se sent assez forte psychologiquement pour résister aux regards », explique ­Nesrine, qui a revêtu le sien un jour de Ramadan – une période d’« intense spiritualité » pour les musulmans.

« ON N’EST PLUS DE LA GÉNÉRATION QUI A ÉTÉ CONTRAINTE À LA DISCRÉTION. » MYRIAM


Des regards qu’elle décrit comme dédaigneux ou apitoyés, mais qu’elle affronte sans mal depuis trois ans. Contrairement à leurs mères qui ne portaient le voile que tardivement comme pour accueillir la vieillesse, les jeunes femmes que nous avons rencontrées l’ont toutes adopté dès le lycée. « On n’est plus de la génération qui a été contrainte à la discrétion », souligne Myriam dont la mère portait un simple bonnet sur ses cheveux relevés en chignon, « façon hôtesse de l’air », pour ne pas susciter l’hostilité des clients du commerce de son mari.

Une fois leurs cheveux dissimulés, certaines ont vu leurs amies s’éloigner. Les réactions les plus virulentes sont souvent venues de leurs copines musulmanes. Celles de Shérazade l’ont traitée de folle (« T’étais mieux avant »). Celles de Maryam lui ont tourné le dos, considérant que faire sien le caractère obligatoire du voile, c’était un peu trahir. « Mais moi, ça m’a fait plaisir qu’elle le porte, la rassure Nuzhat qui n’exclut pas de l’imiter dans quelques mois. Ça fait quelque chose de voir sa copine voilée. » Elle a même déjà dressé une liste des avantages. Dans les pour, elle a inscrit « la pudeur » et les activités auxquelles Maryam n’a pas renoncé : ses études, le foot, les voyages, les sorties. A bien y réfléchir, elle n’a rien trouvé comme inconvénient. Bien sûr, elle pourrait vivre sa religion sans le voile, mais le porter serait un « petit plus ». Et ses parents seraient si heureux.

Le refus d’être un « objet de désir »

Hana, 25 ans, reconnaît faire partie de celles dont les parents ont lourdement insisté pour qu’elle se voile. Elle a cédé l’année de ses 19 ans et le porte depuis « avec conviction », mais sa grande sœur a préféré quitter la maison. « Elle vit avec son compagnon en Allemagne. Ils ont des enfants. Je les vois de temps en temps. Ma mère aussi, elle a pardonné. Pas mon père. » Agée de 14 ans, la petite cousine de Shérazade porte elle aussi le voile depuis peu, contrainte par ses parents parce qu’« elle abusait un peu, elle ne pensait qu’aux garçons ». « Ça ne se fait pas chez nous, explique Shérazade, qui ne fait la bise qu’aux filles. Ça ne me dérange pas les garçons, mais je ne les touche pas. »

La mixité, lorsqu’elle n’est pas contrainte (école, travail…), reste très rare. Selon elles, seuls les petits garçons et les membres de la famille directe qu’elles ne sont pas susceptibles d’épouser (père, frère, oncle) peuvent les voir sans leur voile. Leurs relations avec les hommes n’entrant pas dans cette catégorie n’excèdent donc pas la plus stricte camaraderie. « Les garçons me draguent moins », observe Nour. « C’est vrai qu’ils ne nous abordent plus. Peut-être parce qu’on est pures à leurs yeux », ajoute Narjess, récemment voilée.

Elle n’est pas la seule à évoquer son refus d’être un « objet de désir » pour un autre homme que son mari. Sarah, que son ancien chef surnommait « la petite sainte », juge elle aussi inconcevable d’avoir un petit copain : « Quand j’étais volontaire chez les pompiers de Paris, j’étais la seule fille de la caserne. J’ai expliqué d’emblée aux garçons qu’ils étaient mes collègues et rien d’autre. On m’a dit “t’es spéciale toi”, mais ça s’est très bien passé. »

Sa sœur jumelle Myriam ne croit pas non plus à l’amitié garçon-fille. Elle concède que cela peut surprendre, mais dit qu’au fond ça ne l’empêche pas de vivre comme les autres. Elle rencontrera un jour un musulman, « comme tout le monde, au travail ou sur les réseaux sociaux », mais ils feront les choses dans l’ordre, « proprement » : ils se présenteront leurs familles avant de se « fréquenter » et de se marier. « Mes copines me charrient souvent. Elles me disent : “Mais si tu meurs sans jamais avoir connu ça ?” Ben, c’est la vie… »

« ON SE SENT SOUS PRESSION PARCE QUE, QUOI QU’ON FASSE, ON EST JUGÉES. MÊME NOTRE FAÇON DE NOUS HABILLER FAIT L’OBJET D’UN DÉBAT NATIONAL ! C’EST DÉGRADANT. » MYRIAM ET SARAH


Très coquettes avec leurs turbans à l’attache sophistiquée, les jumelles de 24 ans, en jeans, blouses noires et Perfecto jugent que la mode islamique n’a rien d’un oxymore. « On n’est pas
schizophrènes. L’islam, ce n’est pas une tenue vestimentaire unique. » Filles d’un commerçant et d’une styliste installés à Vaires-sur-Marne, elles ont grandi dans une famille musulmane « tolérante » et ne supportent plus d’être « prises en otage » par les débats sur l’islam. « On se sent sous pression parce que, quoi qu’on fasse, on est jugées. On se doit d’être irréprochables. Même notre façon de nous habiller fait l’objet d’un débat national ! C’est dégradant. »

La mode, un moyen de se fondre dans la foule

Djenaba applaudit la publicité d’H & M mettant en avant une Londonienne voilée. « Enfin, on a quelqu’un à qui s’identifier. » Elle dit de son propre turban noir orné d’un filet doré que « ce n’est pas vraiment le voile, mais un pas vers le voile ». Dans quelques mois, elle le nouera de façon plus classique, parce que, croit-elle, « l’islam impose de cacher le cou ». En attendant, elle l’attache différemment d’un jour à l’autre et poste ses créations sur Snapchat. Etre à la mode lui permet de se fondre dans la masse.

« C’est faux de dire que la mode islamique est communautariste, dit Célia, une brune qui ne cache pas ses cheveux frisés. Certaines blogueuses voilées inspirent beaucoup de filles, même des non-musulmanes. Le voile n’invalide pas toute leur tenue. » Elle a retrouvé ses amies Fatma et Nesrine (la seule de la bande à porter le voile) du côté de la porte Berger pour faire un peu de shopping avant d’aller réviser dans la nouvelle médiathèque du quartier. Seule Nesrine a déniché ce qu’elle voulait : un foulard plissé vert d’eau. « Je n’ai pas de mal à m’habiller. Ce que je porte vient de chez H&M et du site Boohoo.com », explique l’étudiante qui, sous son trench fluide rose incarnat, a superposé une robe longue sur un legging noir. Il y a des périodes plus ou moins faciles selon les tendances des saisons.

« Quand la mode est aux kimonos et aux robes longues ou quand les collections automne-hiver arrivent en magasin, on dépense beaucoup plus », rigolent Nour et Narjess, toutes deux voilées. Sous la lumière blanche des spots de la boutique Bershka, elles réfléchissent à la meilleure manière de twister une jolie robe longue à fines bretelles. Verdict : « Avec une veste, ça passe. » Pour rien au monde, les deux copines fans de mode n’iraient faire du shopping dans les boutiques spécialisées de l’Est parisien, dont elles jugent les créations vieillottes et tristes : « Ce n’est pas parce que l’on doit cacher nos formes, c’est-à-dire la poitrine et les fesses, qu’on doit s’habiller en noir ou en kaki. »

« JE SUIS REVENUE DE MALAISIE AVEC PLEIN DE VÊTEMENTS. LÀ-BAS, MÊME CHEZ UNIQLO, IL Y A DES RAYONS SPÉCIAUX POUR LES MUSULMANES. » MARYAM


Depuis qu’elles portent le hijab, elles ont appris à adapter n’importe quelle pièce à la mode islamique. Une robe à froufrous devient une tunique sur un jean ; un chemisier à pois un peu trop cintré est planqué sous un gilet ; une robe fluide sans manches sera portée sous un blouson. L’essentiel étant d’être « mastoura », un adjectif arabe qui signifie « voilée » ou « cachée », que l’usage courant a rendu synonyme de « convenable ». Elles ne regrettent rien de leur ancienne garde-robe même quand Narjess « flashe » sur une jolie jupe courte. « Je la repose. »

Elles compensent pendant leurs fêtes entre copines. Et là « c’est pompelup » (de Pump it up fredonné en yaourt), comprenez « robes, maquillage et brushings ». Elles dansent et papotent toute la nuit. Toujours entre filles. L’été, au Maroc, en Turquie ou en Espagne, elles choisissent uniquement des locations avec piscines privées « entre copines » ou « en famille », pour pouvoir nager en maillot de bain. Elles n’osent plus vraiment les plages françaises. Nour se souvient de la tête des gens la première fois qu’elle est sortie de l’eau en leggings, tunique et voile. Un ensemble commercialisé dans les boutiques spécialisées sous le nom paradoxal de burkini. Maryam a acheté le sien en Malaisie. « Je suis revenue avec plein de vêtements. Là-bas, même chez Uniqlo, il y a des rayons spéciaux pour les musulmanes. »

Pas de code vestimentaire islamique précis

Bouchra et Ibtissam ressortent de la boutique Sephora les mains vides. Elles ne sont pas venues acheter mais regarder. Vêtues d’abayas turquoise, ces robes amples qui enveloppent le corps des femmes des épaules aux chevilles, les deux sœurs assurent s’habiller de plus en plus rarement « à l’occidentale ». Et jouent volontiers les censeurs. « Ah non, là ce qu’on voit, ce n’est pas un voile », contestent-elles en voyant passer une fille dont le foulard, noué sur la nuque, dévoile le cou. Aussi indulgentes que la police religieuse iranienne au mois d’août, elles reprochent à leurs amies voilées – et même à des inconnues lorsqu’elles sévissent en troll sur Internet – un voile fleuri, des lèvres trop rouges, des sourcils trop bien tracés ou une cheville dénudée. L’absence d’un code vestimentaire islamique précis laisse la place à toutes les interprétations. Pour les deux sœurs, le voile, c’est « ample et couvrant », de la tête aux orteils. Un rigorisme que toutes ne partagent pas.

« Personne n’a le droit de nous juger », balaient les jumelles, Sarah et Myriam. Hana souligne elle aussi l’hypocrisie de celles qui veulent régenter sa garde-robe : « Certaines sont en jilbeb [à la différence de l’abaya, le jilbeb est une grande pièce unique qui recouvre les cheveux et le corps] et sont malhonnêtes. D’autres ne portent même pas le voile et sont beaucoup plus respectables. Personnellement, je le porte pour afficher mes valeurs. »

Shérazade, propriétaire d’une centaine de voiles, sombres, colorés ou à paillettes ne supporte pas non plus ces ayatollahs autoproclamés de la mode : « Quand tu portes le voile, tout le monde se mêle de ta vie. Quand on me dit que je ne dois pas parler aux garçons ou porter des voiles colorés, je réponds : “Mais toi, t’es musulmane et tu portes pas le hijab” ou “toi, t’es en abaya et t’as plein de fond de teint”. Moi, je dis chacun ses péchés, hein. Je m’épile encore les sourcils [certaines filles pensent que l’islam interdit l’épilation des sourcils] et ça me regarde. »

A 18 ans, cette jeune Tché­tchène arrivée en France en 2007 n’a jamais porté un pantalon de sa vie – « c’est dans notre culture ». Elle s’ennuie ferme dans le garage parisien de son père où elle est censée travailler en attendant le renouvellement de son titre de séjour qui lui permettra de réintégrer le lycée. « Je ne fais rien là-bas, à part dormir et acheter des vêtements en ligne. » Sur son smartphone, elle fait défiler les photos de l’e-shop Modanisa, une marque de prêt-à-porter turc destiné aux femmes voilées. Ses derniers achats : des sandales roses à semelle plateforme, une robe longue couleur mandarine et un hijab en mousseline gris souris.

« Le voile énerve beaucoup mon père, dit-elle. La première fois, j’ai retiré mon foulard parce qu’il n’était pas du tout d’accord. Mais je l’ai remis en novembre et je ne vais pas l’enlever. Même si tous les jours, il me répète que même ma grand-mère ne le portait pas… »

Pour parfaire son éducation et « résister à la pression familiale », elle suit des cours de religion informels dans une arrière-boutique du 18e arrondissement, à quelques mètres de chez elle. Difficile de savoir de quoi il retourne exactement. Elle n’en dit rien de plus que « ça m’occupe en attendant de retourner à l’école ».

L’aboutissement d’un parcours spirituel

Blessées par la peur qu’elles suscitent, comme si le port du voile impliquait nécessairement celui d’une ceinture d’explosifs, les jumelles Sarah et Myriam insistent sur leur rejet de tous les extrémismes : « On ne parle d’islam dans les médias que pour parler des femmes en burqa ou des fous qui se font exploser. On ne peut pas s’identifier à ça. Ce n’est pas ça, l’islam. » Mais après les attentats de janvier 2015, quand leur mère, en vacances au Maroc, les appelle paniquée – « Enlevez votre voile et mettez un bonnet » – les jumelles s’exécutent. « C’était lourd. Des personnes âgées soupiraient très fort sur notre passage. Avant, quand je n’étais pas voilée et que des filles voilées me racontaient ça, je leur disais d’arrêter de se victimiser. Je me suis rendu compte que c’était la réalité. »

La suspicion d’être manipulées par des fondamentalistes ou d’être soumises à un homme agace profondément celles pour qui le voile est l’« aboutissement d’un parcours spirituel » souvent long et réfléchi et non pas une lubie identitaire d’adolescente en colère. Nour a lu le Coran. Nesrine a suivi des cours de religion à Vitry. Les jumelles de Vaires-sur-Marne ont beaucoup fréquenté les librairies musulmanes du quartier Couronnes, dans le 11e arrondissement.

Elles en gardent un mauvais souvenir : « Des femmes voilées de la tête aux pieds nous ont dit : “Mes sœurs, vous n’êtes pas vraiment voilées, on voit vos chevilles.” On nous a vendu un livre dans lequel il était écrit que les femmes ne devaient pas conduire. On l’a très mal pris, évidemment. Maintenant, quand on entre dans ces boutiques, on leur dit d’emblée qu’on ne veut pas de livres destinés à des gens qui vivent en Arabie saoudite mais des livres adaptés à l’Occident. Du coup, on lit Tariq Ramadan. » Dans ses textes et ses discours controversés, l’intellectuel suisse proche des Frères musulmans s’adresse d’abord à ces jeunes Européens qu’il exhorte à assumer leur identité musulmane, sans s’excuser ni s’effacer.

« QUAND JE PORTE MA TENUE D’INFIRMIÈRE, JE FAIS CE QU’IL FAUT FAIRE. JE FAIS DES TOILETTES À DES HOMMES, JE POSE DES SONDES URINAIRES…» MYRIAM, ÉTUDIANTE INFIRMIÈRE


Alors qu’elles se rêvent boulangère, médecin, fiscaliste ou pharmacienne, toutes partagent la même angoisse : ne pas trouver d’emploi à cause de leur hijab. « Je l’ai enlevé quatre ans au lycée, ça suffit maintenant. Il fait partie de moi », se défend Maryam qui a décidé de se lancer à son propre compte après son BTS technico-commercial. La jeune femme qui assure ne pas faire de « provoc’» rêve d’Angleterre où les « policières peuvent porter le voile » et déplore la frilosité des employeurs français : « Comme si on était toutes pareilles, comme si on ressentait toutes la même chose, comme si on n’existait pas sous notre voile. Comme si c’était ce qui nous définissait avant tout. »

Etudiante infirmière, Myriam ne refuse aucune des tâches qu’on lui assigne : « Quand je porte ma tenue d’infirmière, je fais ce qu’il faut faire. Je fais des toilettes à des hommes, je pose des sondes urinaires… On part toujours de l’a priori que ce qui motive ce qu’on fait est lié à un interdit religieux. Alors qu’on vit ! »

Une identité apaisée


Prises en tenailles entre les rigoristes qui leur reprochent une approche occidentale de l’islam et les « laïcards » qui les décrivent comme des femmes soumises, les jeunes femmes croisées ce jour-là aux Halles semblent s’être construit une identité apaisée, française et musulmane – aucune de celles interrogées n’a mentionné l’origine de ses parents ou de ses grands-parents –, libre et voilée.

Après leur bac, Sarah et Myriam ont suivi une année de préparation militaire à la Marine, à la grande fierté de leurs parents et à la surprise de ceux qui les ont vues comme une exception. « On est pleinement françaises et musulmanes et nous ne sommes pas les seules. Il faut cesser de croire que c’est incompatible », explique Sarah qui refuse d’avoir à s’excuser pour sa foi, mais accepte de retirer son voile à l’hôpital au nom du respect du principe de neutralité. « Et puis, en tant qu’infirmières, on a des charlottes pour des raisons d’hygiène, mais ça nous arrange bien », rigole-t-elle.

Il n’y a que pendant leurs activités bénévoles qu’elles insistent pour garder leur turban. Après le refus ferme d’une grande association – « Pas de voile chez nous ! » – elles ont tenté d’intégrer la Protection civile de Seine-Saint-Denis. « Durant l’entretien, on a dit qu’on voulait garder nos turbans sur les lieux d’intervention. Le président a interrogé ses collègues du regard. Le premier a dit que ça ne le dérangeait pas. Le second a répondu la même chose. Quand on nous a appelées pour nous dire oui, on a fondu en larmes. » Sarah s’interrompt, émue. Jamais elle n’avait si longuement parlé de son voile

Femmes voilées partagent secrets de mode et de beauté sur le Web
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Re: Séduction, prise la main dans les cheveux ?

Message par Jean »

freeshost a écrit :Cacher les fissures pour enjoliver la façade, ça me dit quelque chose. :lol:
Franchement, FS, ce n'est pas très délicat. J'espère que tu ne le dirais pas en face à quelqu'un qui a une cicatrice résultant d'un accident (ou d'une opération) !
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Re: Séduction, prise la main dans les cheveux ?

Message par gog »

freeshost a écrit :Un des trucs qui me fait marrer, c'est le suivant : quand je croise une personne dans la rue, il y a régulièrement une qui tourne la tête en arrière, comme si ce que je regardais était important. Ou comme si le fait que je ne la regarde pas dans les yeux était quelque chose d'inhabituel. :lol:
Tu dois avoir le regard gravement fixé à côté de la personne que tu croises (comme si tu ne la voyais pas du tout) et elle se demande ce que c'est.
J'ai vu une video dans le même style, un gars regarde fixement le ciel pendant quelques secondes (alors qu'il ne se passe rien) et toutes les personnes à côtés font de même pour savoir ce qui se passe de si intéressant là-haut. Je pense que c'est la même chose.
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Re: Séduction, prise la main dans les cheveux ?

Message par freeshost »

C'est fou ce qu'un regard peut être intéressant.

Jean, il me semble qu'il n'y a pas de honte à avoir eu un accident.

Si je vois une cicatrice, je ne vais pas me faire des idées, puisque je ne sais pas d'où vient cette cicatrice. Idem si je vois une personne marcher avec des béquilles ou se déplacer en chaise roulante. Je ne vais rien dire. Je vais faire l'"indifférent", ou l'homme pressé, ou l'homme préoccupé. J'essaie d'avoir la même attitude quelles que soient les personnes que je croise, peu importent le sexe, le genre, l'orientation sexuelle, l'habillement, la posture, la démarche, la couleur de peau, la manière de se déplacer, etc. Mais je vais me poser plein de questions dans ma tête. :mrgreen:

Bon, le truc particulier, c'est quand une personne a un comportement particulier qui suscite des réactions (verbales ou non verbales) chez les personnes avoisinantes. Je vais parfois imiter les réactions de ces personnes (faire le regard étonné, par exemple). Par exemple, quand une personne est pas mal lancée (ivre) dans le train, n'arrête pas de parler, une cannette de bière à la main (ce qui n'est pas rare). Je trouve cocasses tant cette personne que les réactions des autres personnes. :lol:

En fait, quand je marche, en général, mon regard n'est pas fixe, il regarde un peu partout, n'arrête pas de zigzaguer. Mais croise rarement le regard des personnes, comme pour pas mal de personnes autistes. Bon, j'aime bien regarder des yeux, quand ils ne me regardent pas. :lol:

Par contre, il peut fixer quelque chose quand j'ai mon appareil de photo, et que je cherche le bon truc à photographier.

[J'ai d'ailleurs plein de photos à trier...]

Bref, plein de comportements et d'attitudes me posent des questions.
Modifié en dernier par freeshost le mardi 5 juillet 2016 à 0:08, modifié 1 fois.
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Jean
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Re: Séduction, prise la main dans les cheveux ?

Message par Jean »

freeshost a écrit :Jean, il me semble qu'il n'y a pas de honte à avoir eu un accident.
Ni une opération. Mais, que tu le veuilles ou non, çà va gêner la plupart des gens que çà se voit.

La cicatrice peut provenir d'une opération des seins : et en général, c'est un problème sensible pour les femmes.

Elle peut être disgracieuse.
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Re: Séduction, prise la main dans les cheveux ?

Message par freeshost »

Bien sûr, je ne vais fixer le regard ni sur la cicatrice ni sur les yeux de la personne. :)
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Re: Séduction, prise la main dans les cheveux ?

Message par Jean »

Je n'ai pas de doute sur ton comportement. Mais est-ce que tu comprends qu'une personne cherche à camoufler les cicatrices ? Parce que tout le monde ne fonctionne pas comme toi.
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Re: Séduction, prise la main dans les cheveux ?

Message par freeshost »

Oui, oui, je comprends.

Mais, à la base, je ne suis pas censé savoir que c'est pour cacher une cicatrice, qu'il y a "fissure sous roche" Ça peut être pour cacher une cicatrice comme ça peut être pour tout autre chose.

C'est le questionnement qui est récurrent dans mon esprit, mais je comprends que les réponses sont parfois des vérités pas forcément bonnes à dire.
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Re: Séduction, prise la main dans les cheveux ?

Message par gog »

Tu te demandes pourquoi les gens cachent leurs cicatrices ou pourquoi certains aiment porter certains types de vêtements?
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