Bonjour,
Je fais remonter ce post car il traite d’une des questions que je me pose et qui me font régulièrement douter d’un possible TSA (je rappelle donc que je ne suis pas diagnostiquée).
J’identifie ce qui pourrait être des intérêts restreints dans mon enfance et adolescence, ainsi que jeune adulte. Mais, pour certains intérêts, je me suis forcée à les délaisser, de manière parfois très abrupte, et donc je ne sais pas si c’est possible dans le cadre d’un TSA. Je les liste ci-dessous pour montrer ce à quoi je fais référence.
- petite, vers 8 ans, la collection de miniatures (pas beaucoup c’était trop cher mais j’adorais ça)
- pendant toute l’adolescence le dessin, les chats, les hamsters
- la gymnastique rythmique (passion obsessionnelle et absolument dévorante)
- la lecture de mes 12 à 20 ans. Tout le temps, je lisais jour et nuit, j'en oubliait de manger, par thèmes, notamment une longue période sur la légende arthurienne qui a démarré à la lecture de Marion Zimmer Bradley
, j’ai retrouvé dans ma bibliothèque chez mes parents au moins 5 collections différentes traitant du même sujet, mais aussi de la SF, fantasy, romans historiques, les classiques (les Zola, Maupassant, etc… beaucoup engloutis vers mes 14-15 ans), et aussi une passion à un moment pour Herman Hesse, Zweig, et tellement d’autres dont je ne me souviens plus…. Et à 20 ans, j’ai décidé d’arrêter de lire. Pour arrêter de fuir dans mon imaginaire, de m’isoler, pour me tourner vers les autres, et surtout pour étudier. Je me souviens d’avoir consciemment pris cette décision. Il fallait que je vive dans la réalité
- et surement d'autres passions que j'oublie...
Je n’ai quasiment plus jamais lu pour le plaisir depuis, aujourd’hui je lis 2 romans par an à tout casser, mais je les fini dans la nuit. Impossible de m’endormir avec un livre ou un film, je tombe intensément dedans. Mais il est vrai que je lis énormément de documents pour mon travail – collée à mon ordi toute la journée - et qu’en gros, ma vie se résume à mon travail et mes enfants, je n’ai le temps de rien d’autre et n’ai pas de situation stable (à mon compte) donc c’est mon devoir qui passe avant tout.
Aujourd’hui, j’ai toujours une passion pour la SF et autres thèmes liés par exemple, mais je m’interdis tout. Les séries télé, je ne les commence pas, sinon je ne pourrai pas m’arrêter. Je n’ai jamais regardé un épisode de Games of Thrones, seulement parce que je savais que enchaînerais toutes les saisons d’un coup (oui, je sais, maintenant il y en a beaucoup, mais au moins le jour où je les regarderai je n'aurai pas besoin d'attendre la fin!). Les soirées télé, interdites, sauf en gros une fois toutes les deux semaines. Je n'ai plus touché à un crayon depuis l'adolescence, je ne fais pas de sport non plus, le yoga ça me gonfle.
Pourtant, j’ai envie de danse et de mouvements (que je sens dans mon corps et visualise souvent dans ma tête), j’ai envie de belles et intenses histoires par la lecture ou le cinéma, j’ai envie de reprendre un crayon et voir ce qui pourrait en sortir, et un jour essayer la peinture, j’ai envie de me replonger dans un monde imaginaire. Je me suis toujours dit que je le ferai quand je serai vieille. Certains jours j’aurai presque envie de vieillir plus vite
Je reste devant mon ordi 10-12h par jour. Je procrastine énormément, je culpabilise, en ce moment à cause de ce forum d’ailleurs, mais avant c’était le Haut Potentiel, et avant la psychologie et la santé mentale, et avant encore d’autres choses…. Les sujets sur lesquels je travaille sont aussi passionnants, j’ai d’ailleurs eu différentes phases où je passais d’un sujet d’intérêt à un autre, j’adore apprendre de nouvelles choses mais toujours dans le même domaine, mais travailler et produire non - pardon pour la digression – je disais rester devant l’ordi et rester concentrée, c’est parfois intenable... donc pour tenir ma vie d’ascète, j’écoute de la musique, uniquement de films. Mais je vois plutôt ça comme une routine, enfin je ne sais pas, vu que ce sont les mêmes BO que j’écoute en boucle tous les soirs depuis plusieurs années, je pense que cela se rapproche d’une routine. Cela permet d’occuper la moitié de mon cerveau pour concentrer mon attention sur autre chose, comme si mes émotions devaient s’évacuer par ce biais. Si je ne le fais pas, je suis dispersée et flottante, et je finis par angoisser à cause d’une sensation de vide autour de moi, et solitude. Et puis je n’avance pas.
Tout cela pour vous demander, est-ce que vous pensez que l’on peut avoir des intérêts spécifiques et s’empêcher à tout prix de s’y adonner ?
Pour ajouter un point, je ressens peu la joie ou le plaisir. Je souris peu sauf quand je dois faire semblant dans mes relations sociales (mais je le fais très bien, donc les gens qui me connaissent diraient plutôt que je suis une personne souriante et sympa). Sauf avec mes enfants, c’est naturel, en fait, ils sont même ma seule source de joie – je n’ai pas dit de bonheur car du bonheur je peux le ressentir, même si cela ne se voit pas non plus. Je ne me sens pas dépressive. Je m’interdis juste les sources de plaisir qui me pourraient me détourner de mon chemin. Je me vois plutôt comme un petit soldat.
Voilà, est-ce que ceci parle à quelqu’un sur le forum?
Merci de m'avoir lue ! et désolée pour le pavé!
PS; quand je pense que personne, absolument personne de mon entourage - à part ma soeur - ne sait que j'aime ce que j'ai cité plus haut. Je n'en parle jamais non plus.