Adaptation

[ailphe]

Bonjour,

J'ai une question qui me turlupine depuis un moment, pourquoi est-ce que nous devons toujours nous adapter aux autres et personne ne s'adapte jamais à nous? (même sans connaitre l'autisme)

Franchement, je fais des efforts énormes tous les jours pour m'adapter au niveau de compréhension de mon entourage, qu'il soit personnel ou professionnel (bon, à la limite, j'ai l'habitude, donc ça va), mais pourquoi personne ne songe à un moment à s'adapter à notre différence??

Je vous remercie pour vos retours d'expérience pour une "novice" comme moi!

[Rem 82]

Ah ca je ne peux que te comprendre mais énormément ...

Pas beaucoup de personnes tentent de faire un minimum d'efforts pour s'adapter à nous alors qu'on donne tout...

Je parle de façon générale ! Mais dans mon cas c'est une évidence ...

[Daredevil]

Je pense qu'on ne se rend pas compte que les gens s'adaptent aussi mais ils n'aiment pas faire des efforts.
Et ils attendent la réciproque en terme d'efforts. Saufs qu'ils ne voient pas le déploiement de stratégies et de surattentions, de décodage, pour un piètre résultat, souvent. Ils ne se rendent pas compte que l'effort est maximum.
La remarque qui revient le plus souvent : " Fais un effort" "t'es avec nous ? " "Tu devrais sortir plus souvent, ça te ferait du bien, voir du monde ...." !
Ma soeur : "arrête de faire ton autiste ! " (elle n'est pas au courant de mes soupcons)
Dernièrement une tante "Ta collection de vidéo de super-héros s'est encore étoffée...Tu sais que ce n'est plus de ton âge comme les jeux vidéos.. ? "

Ps
Troubles invisibles ! Efforts invisibles !

[Aby]

mais pourquoi personne ne songe à un moment à s'adapter à notre différence??

En tant que maman d'un enfant autiste de haut niveau, je fais beaucoup d'efforts pour m'adapter à lui et je le fais avec plaisir.
Je sais qu'il en fait aussi beaucoup pour s'adapter aux autres.
Oui, c'est parfaitement injuste que les autres ne fassent pas un minimum d'efforts... il y aurait beaucoup à dire sur ce sujet mais je vais en rester là pour ce soir au moins.

['Οδυς]

Je pense déjà qu'il y a un problème de conscience (pour la plupart de ceux sur le forum, c'est d'ailleurs un "handicape invisible"). N'arrive t-il pas souvent que l'on nous dise que l'on fait "exprès". Je pense que la plupart des gens considèrent que l'autre pense comme eux et donc que l'interprétation de nos actions découlent de ce que eux serait dans cette action. On nomme cela "l'effet barnum" qui est un effet miroir, une projection de notre personnalité sur autrui. Il est d'ailleurs amusant que parfois les défauts que les gens jugent ressemblent beaucoup au leurs ^^

Il y a aussi un problème d'ordre coutumier. Ne pas faire ou dire quelque chose dans le contexte va détruire la paix social qui en découle tout comme le serait une loi. C'est ce qui fait qu'une réponse social agressive en découle. En sociologie, on appelle ça une déviance ce qui est le pendant social de la délinquance qui lui est criminel et admettra des sanctions pénal.

Enfin, quand une personne a conscience des différences d'autrui et est ouverte d'esprit, cela ne veut pas dire qu'elle sache ce mettre a la place de l'autre. C'est par des préjugés plus ou moins faux que celle ci va jongler. Par exemple le cas d'une amie: on explique a l'infirmière que celle-ci est autiste: celle-ci lui a parler comme une débile en singeant les expression de façon caricatural.

Par contre fait important a rappeler: comme nous avons l'habitude depuis x temps a faire des efforts pour comprendre, être compris et ne pas être en faute alors que cela est nettement moins nécessaire, nous avons comme qui dirait hypertrophié un muscle pour compensé l'absence de quelque chose. Aussi difficile a admettre, cela rend donc cette tâche soudaine beaucoup plus pénible voir simplement impossible faute d'en avoir l'habitude (la crampe quoi!).
En avoir marre, c'est parceque c'est trop et justement je m'intéresse au problème pour en faire moins trop. Mais voila, cela montre aussi de l'endurance, une tenacité et de la force intérieur. C'est à dire que cette force peut sans doute être dévié vers ce qui nous intéresse plutôt que de rester dans la survie. En tout cas, je vois cela comme ça

Mais comme dit ailphe, cette adaptation existe et est possible. Et pas seulement parceque la personne est concerné. C'est quelque chose de beau et à encourager que d'être capable d'aller au delà de la différence et que par la curiosité ce lie des contacts entre des gens très différents. L'humanité est riche et avoir conscience de sa richesse: son avenir.

['Οδυς]

* "comme dit Aby" sinon ça n'a pas de sens

[Rudy]

Je pense qu'une adaptation part du présupposé que la personne sache qu'il existe une différence à laquelle il faille s'adapter. Nous grandissons à travers un schéma plus ou moins classique, et les personnes qui s'écartent de cette norme ne sont pas considérées comme fondamentalement différents (en terme neutre), mais, plutôt déviants. Les gens ont leur propre référence, qui est souvent la leur, d'ailleurs, de ce fait, j'imagine qu'on ne peut pas envisager que quelqu'un puisse ressentir les choses différemment excepté lorsque c'est rendu conscient et que ça devient intelligible. L'hypersensibilité, par exemple, c'est un concept qui échappe aux personnes qui ne l'ont pas. Comme la sensibilité "normée" est une chose qui échappe à l'hypersensible.

Par contre, une fois que la différence est connue, que nous en connaissons les principes et les choses à faire ou ne pas faire, alors, on est en capacité de s'adapter. Il y aura ceux qui ont auront assez d'empathie pour entreprendre une adaptation, et d'autres qui, clairement, en auront rien à cirer et qui préfèreront ne pas s'en préoccuper. Les autistes sont peut-être plus enclin à s'adapter, parce qu'ils ont des "modèles" de ce qu'il faut faire, ou ne pas faire, auprès de la majorité (qui le leur répète chaque jour "faut pas faire ci faut pas faire ça"), tandis que la majorité (les NT), ont l'absence de cette référence.

Il y a aussi une pression que les autistes ont en terme d'intégration sociale que les NT n'ont pas vis à vis des autistes. La minorité est toujours plus encline à s'adapter que la majorité de façon générale. Les minorités sont considérées comme mineure, justement, ce qui implique qu'elle doit s'adapter à la majorité pour vivre en paix avec les autres, et qu'on ne va pas changer la majorité pour satisfaire une minorité. C'est le cas des femmes lorsqu'elles rentrent dans un boulot considéré "de mec", c'est le cas des homosexuels, c'est le cas des croyants etc etc. On fait profil bas, en somme.

Comme il est dit plus haut, je pense aussi que nous pensons s'adapter au possible par rapport aux autres et vice versa, mais finalement, je ne sais pas si on peut réellement le savoir, puisqu'on ne voit les choses qu'à travers notre porte. On ne se rend pas compte de tout ce qui est en jeu dans nos interactions et dans l'esprit de l'autre. Les gens vont peut-être penser que les autistes ne font pas d'effort parce qu'ils n'ont pas conscience de leur fonctionnement, et inversement.

D'ailleurs, je pense que les NT ont une capacité naturelle à s'adapter. Quand un NT rencontre quelqu'un de timide, de manipulateur etc, il arrive à "comprendre" ce que la personne ressent/vit/est, de façon implicite, et agit en conséquence (en adaptant son interaction selon les signaux sociaux). Il me semble que c'est d'ailleurs une des choses qui est déficitaire chez les personnes autistes, à savoir, le déficit relationnel et communicationnel, où les NT, logiquement, sont dans la norme. Après, il y a des gens qui sont plus ou moins fin et qui ont plus ou moins d'intelligence sociale... Mais vis à vis des autistes, difficile pour un NT de reconnaître naturellement qu'il l'est sans que la personne lui ai parlé de son diagnostic, je pense (dixit, plus haut).

Ceci étant mon avis, je raconte peut-être n'importe quoi.

[ailphe]

Je partage assez cette analyse, meme si, très sincèrement, je ne rencontre pas beaucoup de gens qui savent s'adapter à mon "caractère" (défini comme tel car non diagnostiquée). Je pense également que cela à beaucoup à voir avec l'intelligence émotionnelle de la personne que l'on a en face effectivement.