Autisme et empathie au crible des universitaires
* Clicanoo.com * publié le 29 mai 2010
D’éminents chercheurs et praticiens ont planché, durant deux jours, sur l’autisme et l’empathie, à l’initiative de l’université de La Réunion. La journée de jeudi était consacrée à l’empathie à la faculté des sciences humaines et des lettres. Hier, au Centre hospitalier Sud, était évoquée la question de l’autisme.
“L’empathie c’est la capacité à avoir des sentiments transitifs, à ressentir ce que ressent l’autre, c’est la faculté de s’ouvrir au monde de l’autre,” résume Lionel Obadia, professeur en anthropologie à l’université Lyon-2 Lumière. “L’empathie est un composant nécessaire à une coexistence harmonieuse,” assure Jean Decety (professeur de psychologie et de psychiatrie à l’université de Chicago). “Les femmes sont plus disposées que les hommes à l’égard de cette capacité à saisir, à se représenter les sentiments, les désirs ou les croyances d’une personne,” observe Claude Mesmin (Université Paris VIII). Après tout, peut-être, est-ce là ce qu’on appelle, plus prosaïquement, l’intuition féminine. Empathie rime avec harmonie à la différence de l’autisme qui évoque un monde déboussolant, étonnant, voire déprimant. L’autisme est une rupture de ce que les spécialistes appellent “l’être-ensemble”. Une pathologie résultant d’un défaut… d’empathie justement.
Selon Jacqueline Nadel (professeur à la Salpêtrière et directrice de recherche au CNRS) l’autisme concerne une personne sur 100 en métropole. “Cette maladie se caractérise par une très grande difficulté à communiquer et, de plus, certains autistes affichent également des troubles épileptiques ou des déficiences mentales.”
Depuis 25 ans la science fait d’énormes progrès dans le traitement de cette pathologie. Le diagnostic précoce (dès l’âge de 2-3 ans) permet de mettre en place des programmes d’accompagnement dont les résultats sont concluants. Pour soigner le mal-être dont souffrent ces personnes, les thérapeutes, souvent, s’identifient à leurs patients de façon… empathique. “Il s’agit d’éprouver des états qui peu à peu aident à comprendre l’enfant, à le penser différent de soi, l’aident à se sentir et se représenter différent, à entrer en relation avec l’autre et, peu à peu, à construire, partager une représentation du monde, un lien social,” soutient Valérie Manson (psychologue clinicienne au GHSR de La Réunion).
Les travaux sur l’autisme et l’empathie rendent perméables les frontières entre différents champs disciplinaires et les deux journées initiées par l’Université de La Réunion ont permis d’en faire une enrichissante synthèse pour les chercheurs, les praticiens, les familles d’autistes, mais aussi pour tous ceux qui désirent toujours s’ouvrir aux mondes
A. J.