Hans Asperger : Le Docteur et les Nazis
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Re: Hans Asperger : Le Docteur et les Nazis
" T4 ", prologue de la " solution finale "
A travers le parcours d'un neurologue allemand, la réalisatrice Catherine Bernstein détaille l'opération conduite par les nazis pour exterminer les handicapés mentaux
En 1953, Julius Hallervorden, neurologue allemand de renom, se rend à Lisbonne pour participer à un congrès international. A cette occasion, ressurgit le rapport Alexander (du nom du médecin ayant enquêté lors du procès des médecins de Nuremberg) qui révèle comment fut constituée l'exceptionnelle collection de cerveaux (697) sur laquelle s'est fondée une partie de sa réputation. La polémique est telle qu'Hallervorden est contraint d'annuler sa participation. Douze ans plus tard, celui qui fut honoré de la Croix d'honneur de la RFA meurt sans avoir été inquiété sur la manière dont il a mené ses recherches pendant la seconde guerre mondiale.
Cinéaste et auteure de nombreux documentaires portant sur cette période (Oma, 1996 ; Les Raisins verts, 1998 ; Les Absentes, 1999…), Catherine Bernstein s'est penchée sur le parcours de ce psychiatre et neurologue qu'elle interpelle dès l'abord d'une enquête inédite en France, éminemment fouillée et étayée par une abondante richesse d'archives et de témoignages d'historiens. Si cette interpellation peut dérouter le spectateur, rien d'artificiel néanmoins dans ce procédé qui répond à une double démarche : tenter de comprendre ce qui a conduit Hallervorden, au nom de la science, à bafouer le serment d'Hippocrate et mesurer son degré de compromission dans l'effroyable opération " T4 " qui entraîna, en Allemagne, l'extermination sous différentes formes de près de 250 000 handicapés mentaux.
Bienfaiteur de la SS
Une opération dont la première phase débute en 1933 avec la promulgation d'une loi obligeant la stérilisation de personne atteinte de débilité mentale, de schizophrénie, de cécité, de surdité, de déformation corporelle grave, d'alcoolisme sévère. Près de 20 % de la population allemande est examinée. C'est à cette époque que Julius Hallervorden, membre de l'Institut de recherche Kaizer-Wilhelm, devient bienfaiteur de la SS ; avant d'adhérer, en 1937, au Parti nazi. Par idéologie ou souci de promotion ? Toujours est-il que peu après, il obtient la chaire de neuropathologie de Berlin-Buch, tout en menant ses recherches à l'hôpital psychiatrique de Görden à Brandenburg, lieu où il commence à constituer sa macabre collection.
Cette dernière va prendre de l'ampleur au printemps 1939, lorsque sur ordre d'Hitler, et dans le plus grand secret, l'opération " T4 " entre dans sa seconde phase : celle de l'élimination en masse, conduite en parallèle d'un vaste détournement de l'argent versé par les familles et les organismes sociaux. Son élaboration – notamment le gazage sous couvert d'acte thérapeutique – que détaille Catherine Bernstein, préfigure une autre opération avec laquelle elle se confond, par l'emploi du même personnel : celle de la " solution finale ". Contribuant à sa manière à justifier " T4 ", Julius Hallervorden non seulement va poursuivre ses recherches, mais aussi, comme le révèle un document d'octobre 1940, participer au gazage d'un groupe d'enfants.
Il faudra attendre 1990 pour que les 697 cerveaux reçoivent une sépulture à Munich, puis 2000 pour qu'une plaque – sans nom et sans nombre – soit apposée à Berlin-Buch afin de commémorer la mémoire de victimes auxquelles Catherine Bernstein redonne enfin un visage.
Christine Rousseau - Le Monde - 28/02/2016
A travers le parcours d'un neurologue allemand, la réalisatrice Catherine Bernstein détaille l'opération conduite par les nazis pour exterminer les handicapés mentaux
En 1953, Julius Hallervorden, neurologue allemand de renom, se rend à Lisbonne pour participer à un congrès international. A cette occasion, ressurgit le rapport Alexander (du nom du médecin ayant enquêté lors du procès des médecins de Nuremberg) qui révèle comment fut constituée l'exceptionnelle collection de cerveaux (697) sur laquelle s'est fondée une partie de sa réputation. La polémique est telle qu'Hallervorden est contraint d'annuler sa participation. Douze ans plus tard, celui qui fut honoré de la Croix d'honneur de la RFA meurt sans avoir été inquiété sur la manière dont il a mené ses recherches pendant la seconde guerre mondiale.
Cinéaste et auteure de nombreux documentaires portant sur cette période (Oma, 1996 ; Les Raisins verts, 1998 ; Les Absentes, 1999…), Catherine Bernstein s'est penchée sur le parcours de ce psychiatre et neurologue qu'elle interpelle dès l'abord d'une enquête inédite en France, éminemment fouillée et étayée par une abondante richesse d'archives et de témoignages d'historiens. Si cette interpellation peut dérouter le spectateur, rien d'artificiel néanmoins dans ce procédé qui répond à une double démarche : tenter de comprendre ce qui a conduit Hallervorden, au nom de la science, à bafouer le serment d'Hippocrate et mesurer son degré de compromission dans l'effroyable opération " T4 " qui entraîna, en Allemagne, l'extermination sous différentes formes de près de 250 000 handicapés mentaux.
Bienfaiteur de la SS
Une opération dont la première phase débute en 1933 avec la promulgation d'une loi obligeant la stérilisation de personne atteinte de débilité mentale, de schizophrénie, de cécité, de surdité, de déformation corporelle grave, d'alcoolisme sévère. Près de 20 % de la population allemande est examinée. C'est à cette époque que Julius Hallervorden, membre de l'Institut de recherche Kaizer-Wilhelm, devient bienfaiteur de la SS ; avant d'adhérer, en 1937, au Parti nazi. Par idéologie ou souci de promotion ? Toujours est-il que peu après, il obtient la chaire de neuropathologie de Berlin-Buch, tout en menant ses recherches à l'hôpital psychiatrique de Görden à Brandenburg, lieu où il commence à constituer sa macabre collection.
Cette dernière va prendre de l'ampleur au printemps 1939, lorsque sur ordre d'Hitler, et dans le plus grand secret, l'opération " T4 " entre dans sa seconde phase : celle de l'élimination en masse, conduite en parallèle d'un vaste détournement de l'argent versé par les familles et les organismes sociaux. Son élaboration – notamment le gazage sous couvert d'acte thérapeutique – que détaille Catherine Bernstein, préfigure une autre opération avec laquelle elle se confond, par l'emploi du même personnel : celle de la " solution finale ". Contribuant à sa manière à justifier " T4 ", Julius Hallervorden non seulement va poursuivre ses recherches, mais aussi, comme le révèle un document d'octobre 1940, participer au gazage d'un groupe d'enfants.
Il faudra attendre 1990 pour que les 697 cerveaux reçoivent une sépulture à Munich, puis 2000 pour qu'une plaque – sans nom et sans nombre – soit apposée à Berlin-Buch afin de commémorer la mémoire de victimes auxquelles Catherine Bernstein redonne enfin un visage.
Christine Rousseau - Le Monde - 28/02/2016
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
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Re: Hans Asperger : Le Docteur et les Nazis
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Re: Hans Asperger : Le Docteur et les Nazis
Trouvé sur le blog d'Antoine Ouellette http://antoine-ouellette.blogspot.fr/ (auteur de "musique autiste"), son avis sur le sujet:
Un procès malicieux contre Hans Asperger
«Tiens toé, mon calvinsse!»
Une amie m’a donné un lien vers un article publié sur le blogue d’une personnalité en autisme. L’article en question consistait en un procès à l’égard de Hans Asperger, un des grands pionniers de l’étude de l’autisme. Les arguments étaient dégoûtants. Le premier : «Asperger était Autrichien. Il a travaillé à Vienne, sous le régime nazi. Certains de ses collègues étaient nazis. Donc Asperger était «sans doute» nazi lui-même. Donc il est responsable des meurtres d’enfants handicapés». Sur le plan intellectuel, il se trouve là plusieurs glissements, mais voilà bien cet «esprit de procès» dans toute son horreur morale. Non, le Docteur Asperger n’a pas été membre du parti nazi. Non, il n’a pas été mis en cause lors des procès de dénazification d’après-guerre. D’aucune manière. Mais l’auteur le décrétait coupable par simple association. L’assistante du Docteur Asperger, Sœur Victorine, est morte sous les bombardements en tentant de secourir un enfant autiste. Alors, qui es-tu donc, toi qui juges ainsi? Comment aurais-tu agi si tu avais vécu à cette époque? Es-tu certain que tu n’aurais pas été soldat, membre des SS et tués quelques personnes? Saint Augustin avouait, lui, être capable de commettre toutes les abominations dont l’histoire est remplie pour cette simple raison qu’il était un homme lui aussi… Personnellement, je n’aurais pas voulu vivre dans un tel contexte. La marge de manœuvre était très, très étroite. Comment protéger des enfants alors que des collègues ont sombré dans la folie de l’eugénisme actif? Lorsque le parti étendait son ombre totalitaire sur tous les aspects de la vie? Par ailleurs et toujours dans cet «esprit de procès», on a reproché tout au contraire au même Docteur Asperger d’avoir dépeint la condition autistique en rose afin de protéger les enfants dont il avait la charge!
Mais ce juge avait d’autres arguments. Comme celui-ci qui est une vraie honte à l’intelligence : «J’ai lu les textes de Asperger. Son ton est très froid. Je ne voudrais pas de quelqu’un comme lui pour ami». Ouf! Parce que le ton de ses écrits parait froid au juge, c’est un signe indéniable de ses affinités nazies! De quels textes parle-t-il d’ailleurs? Le Docteur Asperger a publié une thèse doctorale, le reste consiste en notes cliniques. Ni une thèse ni un dossier médical ne sont des exemples pour qui recherche des propos chaleureux. Les effusions poétiques sont plutôt rares dans les prescriptions que signent les médecins…
Et notre juge y va d’un autre argument, un argument massue celui-là : «Asperger était catholique». Pincez-moi, je dois cauchemarder. En quoi être catholique disposait-il à devenir nazi??? Régime totalement athée, le nazisme était antichrétien : ses modèles étaient ceux du paganisme gréco-latin; sa justification de l’eugénisme reposait sur la perversion de l’antique idée d’«un esprit sain dans un corps sain». Le nazisme a déporté en camps de nombreux prêtres, comme Maximilian Kolbe, mort à Auschwitz après avoir sauvé la vie d’un père de famille :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Maximilien_Kolbe
Le saint Pape Jean-Paul II avait lui-même combattu le nazisme. Ce bon Jean-Paul II n’agaçait-il pas assez de gens avec ses rappels fermes de la doctrine profondément anti-eugéniste de l’Église catholique? Quand au nom du respect sacré de la vie, il implorait même les femmes enceintes suite à un viol à ne pas se faire avorter? Au bout du compte, notre juge est heureux de la disparition du syndrome d’Asperger dans le DSM 5 parce qu’il ne veut pas être associé à «cet homme»! Ce type de procès tient du lynchage, non de la justice, et je ne suis pas très Far-West…
*Diag TSA*
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Re: Hans Asperger : Le Docteur et les Nazis
Malheureusement, c'est complètement à côté de la plaque, parce que cela ignore les faits historiques qui ont été révélés.
Il ne s'agit pas d'arguments, ni de suppositions.
L'argument de la dénazification en Autriche est nul : il n'y en a quasiment pas eu.
Il ne s'agit pas d'arguments, ni de suppositions.
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Re: Hans Asperger : Le Docteur et les Nazis
L'Autriche a été scindée en zones d'occupation, après la 2de GM...
(Tout comme l'Allemagne... !)
Le problème de l'Allemagne actuelle, c'est que, contrairement à la France où on nous GAVE avec la Shoah, là-bas, c'est tabou... !
Le problème avec toutes ces idéologies, c'est qu'elles produisent du fanatisme...
(Tout comme l'Allemagne... !)
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Re: Hans Asperger : Le Docteur et les Nazis
L'espion du coin: Je ne sais pas d'où tu tires l'information que la Shoah en Allemagne, c'est tabou... Le contraire est vrai, c'est repris en long en large et en travers dans tous les cours d'histoire, de religion (on a ça en Allemagne), il y a des tonnes de livres situés dans cette période et qui dénoncent le nazisme/la Shoah, des projets artistiques/de commémoration, etc. etc. En fait parfois on en parle même trop, parce qu'il y a un côté "culpabilisation" qui énerve les gens.
Détectée HQI dans l'enfance, diagnostiquée TSA de type syndrome d'Asperger en juillet 2015.
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Re: Hans Asperger : Le Docteur et les Nazis
En tout cas, j'ai plus souvent entendu le nom de Hitler au cours des discussions familiales, entre camarades de classe ou d'école... en France, que dans la rue en Allemagne ou lors des discussions familiales pourtant très mouvementées...
C'est vrai que de se faire traiter de "Führer" entre Allemands ça ne doit pas être terrible... : c'est ce qui est arrivé à un membre de ma famille... !
C'est vrai que la culpabilisation, qu'il s'agisse du terrorisme Islamique, de l'Inquisition notamment missionnaire, du totalitarisme fasciste, Nazi, ou même Communiste... ne va pas dans le sens d'une évolution...
Le devoir de mémoire doit s'appuyer sur les faits et sur les croyances des uns et des autres, en distinguant bien les uns des autres, mais ce n'est pas évident... !
C'est vrai que de se faire traiter de "Führer" entre Allemands ça ne doit pas être terrible... : c'est ce qui est arrivé à un membre de ma famille... !
C'est vrai que la culpabilisation, qu'il s'agisse du terrorisme Islamique, de l'Inquisition notamment missionnaire, du totalitarisme fasciste, Nazi, ou même Communiste... ne va pas dans le sens d'une évolution...
Le devoir de mémoire doit s'appuyer sur les faits et sur les croyances des uns et des autres, en distinguant bien les uns des autres, mais ce n'est pas évident... !
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Re: Hans Asperger : Le Docteur et les Nazis
Ce n'est pas un sujet dont on "discute" en privé, en effet. Il y a une réalité, on l'apprend aux enfants, et c'est généralement un faux-pas que d'amener une discussion informelle là-dessus, parce que c'est un sujet qui est très chargé émotionnellement. Mais c'est un sujet très présent aussi bien dans l'enseignement que dans les médias, donc on ne peut pas dire que ce soit "tabou".
D'ailleurs les Allemands sont actuellement inquiets par l'arrivée massive de réfugiés, mais tout autant par l'augmentation des actes xénophobes en Allemagne...
D'ailleurs les Allemands sont actuellement inquiets par l'arrivée massive de réfugiés, mais tout autant par l'augmentation des actes xénophobes en Allemagne...
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Re: Hans Asperger : Le Docteur et les Nazis
Je ne suis pas forcément d'accord non plus avec ce qui est exprimé, simplement je pensais que ce serait peut-être bien de partager des avis de personnes concernées par l'autisme sur le sujet...Jean a écrit :Malheureusement, c'est complètement à côté de la plaque, parce que cela ignore les faits historiques qui ont été révélés.
Il ne s'agit pas d'arguments, ni de suppositions.
L'argument de la dénazification en Autriche est nul : il n'y en a quasiment pas eu.
Le seul truc qui fait écho chez moi c'est:
Je trouve ça très pertinent comme questionnement, ça rejoint la chanson "né en 17 à Leidenstadt" qui me bouleverse depuis de nombreuses années...Comment aurais-tu agi si tu avais vécu à cette époque? Es-tu certain que tu n’aurais pas été soldat, membre des SS et tués quelques personnes? (...) Personnellement, je n’aurais pas voulu vivre dans un tel contexte. La marge de manœuvre était très, très étroite. Comment protéger des enfants alors que des collègues ont sombré dans la folie de l’eugénisme actif? Lorsque le parti étendait son ombre totalitaire sur tous les aspects de la vie?
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Re: Hans Asperger : Le Docteur et les Nazis
Oui, se remettre dans le contexte, c'est important... : et difficile de ne pas "remuer le couteau dans la plaie" si on doit en parler...misty a écrit :Je ne suis pas forcément d'accord non plus avec ce qui est exprimé, simplement je pensais que ce serait peut-être bien de partager des avis de personnes concernées par l'autisme sur le sujet...Jean a écrit :Malheureusement, c'est complètement à côté de la plaque, parce que cela ignore les faits historiques qui ont été révélés.
Il ne s'agit pas d'arguments, ni de suppositions.
L'argument de la dénazification en Autriche est nul : il n'y en a quasiment pas eu.
Le seul truc qui fait écho chez moi c'est:Je trouve ça très pertinent comme questionnement, ça rejoint la chanson "né en 17 à Leidenstadt" qui me bouleverse depuis de nombreuses années...Comment aurais-tu agi si tu avais vécu à cette époque? Es-tu certain que tu n’aurais pas été soldat, membre des SS et tués quelques personnes? (...) Personnellement, je n’aurais pas voulu vivre dans un tel contexte. La marge de manœuvre était très, très étroite. Comment protéger des enfants alors que des collègues ont sombré dans la folie de l’eugénisme actif? Lorsque le parti étendait son ombre totalitaire sur tous les aspects de la vie?
Je ne me fais pas beaucoup d'illusions non-plus, à ce sujet... : tout ce que je sais, venant de mon côté, plus précisémment du côté de ma mère, en Allemagne, dans le Pfalz, c'est que j'ai eu un ancêtre à la jambe de bois qui ne sortait dans le village qu'avec son arme, par crainte d'être pris par je-ne-sais-qui... : c'était la guerre... !
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Re: Hans Asperger : Le Docteur et les Nazis
C'est une bonne raison pour garder le nom, qui est rentré dans le langage courant.L'espion du coin a écrit :Je trouve ça dégueulasse de vouloir changer le nom du syndrome, sous prétexte qu'il serait Nazi, puisque, jusqu'à preuve du contraire, c'est LUI et personne d'autre qui a analysé et reconnu le PREMIER ce phénomène... !
Qu'il ait été Juif Hassidim, Sioniste, Djihadiste, Hindou, Chrétien Catholique, Protestant Baptiste ou même Luthérien, Orthodoxe ou Krishna...
ou Nazi... : pour moi le principal, c'est qu'il ait vu juste, concernant le syndrome...
Je ne suis pas d'accord pour mettre sur le même plan toutes les idéologies. Je mets de côté le djihadisme (dans sa version lutte armée contre les mécréants) et le nazisme.
Pour Asperger, il est presque certain qu'il n'a pas été nazi. Ce que les dernières informations publiées montrent, c'et qu'il était plus proche idéologiquement d'eux, qu'il a fait le nécessaire pour favoriser sa carrière sous le régime, et qu'il n'a pas lutté contre le programme d'euthanasie des personnes handicapées - contrairement à ce qui se disait pour expliquer son article -, mais qu'il y a participé effectivement à au moins 2 reprises, malgré ses convictions catholiques.
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Re: Hans Asperger : Le Docteur et les Nazis
Il a fait comme la grande majorité des gens de l'époque, quoi: fermer les yeux, se taire et continuer à vivre sa vie. Protéger sa famille et sa carrière. Rien de glorieux, ni de bien spécial...
Détectée HQI dans l'enfance, diagnostiquée TSA de type syndrome d'Asperger en juillet 2015.
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Re: Hans Asperger : Le Docteur et les Nazis
Une critique du livre par Ari Ne'eman :
http://forum.asperansa.org/viewtopic.ph ... 70#p280270
Sur ce sujet particulièrement :
http://forum.asperansa.org/viewtopic.ph ... 70#p280270
Sur ce sujet particulièrement :
NeuroTribes et Dans une Tonalité Différente s'affrontent plus directement dans leurs caractérisations de Kanner et d'Asperger, les deux figures associées avec le début de l'histoire de l'autisme. In a Different Key présente Kanner comme une figure beaucoup plus sympathique et ne contient aucune information sur Georg Frankl. Il présente également Asperger comme un collaborateur Nazi. À ce jour, les éléments de preuve sur cette question n'ont pas encore été mis à la disposition du public (et la source de Zucker et Donvan, un érudit de Vienne, a refusé de fournir son matériel d'archives à Silberman et d'autres chercheurs), mais cela soulève des questions inquiétantes qui devraient certainement être exploré plus en détail.
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Re: Hans Asperger : Le Docteur et les Nazis
Le retour de la vengeance de la polémique :
https://www.nytimes.com/2018/03/31/opin ... erger.html
Livre et article à paraître très bientôt.
Difficile de me faire une religion précise sur la question, c'était légèrement dangereux d'être anti-nazi en Autriche à la fin des années 30.
https://www.nytimes.com/2018/03/31/opin ... erger.html
Livre et article à paraître très bientôt.
Difficile de me faire une religion précise sur la question, c'était légèrement dangereux d'être anti-nazi en Autriche à la fin des années 30.
Identifié Aspie (広島, 08/10/31) Diagnostiqué (CRA MP 2009/12/18)
話したい誰かがいるってしあわせだ
Être Aspie, c'est soit une mauvaise herbe à éradiquer, soit une plante médicinale à qui il faut permettre de fleurir et essaimer.
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Être Aspie, c'est soit une mauvaise herbe à éradiquer, soit une plante médicinale à qui il faut permettre de fleurir et essaimer.
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Hans Asperger et le nazisme
Hello,
Vous avez entendu parler de l'article qui traite de la collaboration de Hans Asperger avec le nazisme ?
C'est en anglais et ça a été publié aujourd'hui (donc pour l'instant pas de traduction en français).
Voici le lien : https://molecularautism.biomedcentral.c ... 018-0208-6
L'auteur de l'article, l'historien Herwig Czech, a exploré un vaste éventail de publications et de documents d'archives qui n'avaient pas encore été explorés, et propose un examen critique de la vie d'Asperger, ses convictions politiques et sa carrière avant et pendant la période nazie en Autriche.
Voici ma traduction rapide des résultats et conclusions de l'étude :
Résultats
Asperger a réussi à s'adapter au régime nazi et fut récompensé de son allégeance avec des opportunités de carrière. Il a rejoint de nombreuses organisations affiliées au NSDAP (mais pas le parti nazi), a publiquement légitimé les politiques d'hygiène raciale, y compris les stérilisations forcées, et à de nombreuses occasions, a collaboré activement aux programmes d'"euthanasie" d'enfants. Le langage qu'il employait pour diagnostiquer ses patients était souvent remarquablement dur (même en comparaison avec les évaluations écrites par le personnel de la fameuse institution d'"euthanasie" Spiegelgrund de Vienne), contredisant la notion selon laquelle il a essayé de protéger les enfants dont il avait la responsabilité en embellissant leurs diagnostics.
Conclusion
Le discours présentant Asperger comme un opposant au National Socialism et un défenseur courageux de ses patients face à "l'euthanasie" nazie et autres mesures d'hygiène raciale ne tient pas face aux preuves historiques. Ce qui émerge de la part de ce pionier de la recherche sur l'autisme est un rôle bien plus problématique. L'usage de l'éponyme dans le futur devrait refléter le contexte troublant de ses origines dans la Vienne de l'ère nazie.
Steve Silberman a co-écrit un article avec une personne autiste pour réagir sur ça, sous forme de dialogue, c'est super intéressant.Modération (Jean) : Traduction https://blogs.mediapart.fr/jean-vincot/ ... eurologies
Ari Ne'eman, personne autiste et membre fondateur d'Autistic Self Advocacy Network (ASAN), a aussi réagi sur twitter, ici : https://twitter.com/aneeman/status/986983643653558272
Je suis en train de traduire la réponse de Ne'eman parce que je la trouve particulièrement pertinente. Je pense que j'éditerai ce post pour l'inclure dès que possible.
Modération (Winston) : Messages fusionnés dans un sujet existant.
Vous avez entendu parler de l'article qui traite de la collaboration de Hans Asperger avec le nazisme ?
C'est en anglais et ça a été publié aujourd'hui (donc pour l'instant pas de traduction en français).
Voici le lien : https://molecularautism.biomedcentral.c ... 018-0208-6
L'auteur de l'article, l'historien Herwig Czech, a exploré un vaste éventail de publications et de documents d'archives qui n'avaient pas encore été explorés, et propose un examen critique de la vie d'Asperger, ses convictions politiques et sa carrière avant et pendant la période nazie en Autriche.
Voici ma traduction rapide des résultats et conclusions de l'étude :
Résultats
Asperger a réussi à s'adapter au régime nazi et fut récompensé de son allégeance avec des opportunités de carrière. Il a rejoint de nombreuses organisations affiliées au NSDAP (mais pas le parti nazi), a publiquement légitimé les politiques d'hygiène raciale, y compris les stérilisations forcées, et à de nombreuses occasions, a collaboré activement aux programmes d'"euthanasie" d'enfants. Le langage qu'il employait pour diagnostiquer ses patients était souvent remarquablement dur (même en comparaison avec les évaluations écrites par le personnel de la fameuse institution d'"euthanasie" Spiegelgrund de Vienne), contredisant la notion selon laquelle il a essayé de protéger les enfants dont il avait la responsabilité en embellissant leurs diagnostics.
Conclusion
Le discours présentant Asperger comme un opposant au National Socialism et un défenseur courageux de ses patients face à "l'euthanasie" nazie et autres mesures d'hygiène raciale ne tient pas face aux preuves historiques. Ce qui émerge de la part de ce pionier de la recherche sur l'autisme est un rôle bien plus problématique. L'usage de l'éponyme dans le futur devrait refléter le contexte troublant de ses origines dans la Vienne de l'ère nazie.
Steve Silberman a co-écrit un article avec une personne autiste pour réagir sur ça, sous forme de dialogue, c'est super intéressant.Modération (Jean) : Traduction https://blogs.mediapart.fr/jean-vincot/ ... eurologies
Ari Ne'eman, personne autiste et membre fondateur d'Autistic Self Advocacy Network (ASAN), a aussi réagi sur twitter, ici : https://twitter.com/aneeman/status/986983643653558272
Je suis en train de traduire la réponse de Ne'eman parce que je la trouve particulièrement pertinente. Je pense que j'éditerai ce post pour l'inclure dès que possible.
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