Causes environnementales de l'autisme
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Re: Causes environnementales de l'autisme
Sur la dépakine (valproate de sodium) :
http://sante.lefigaro.fr/actualite/2015 ... r-scandale
http://sante.lefigaro.fr/actualite/2015 ... r-scandale
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
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Re: Causes environnementales de l'autisme
Grand merci Jean pour toutes ces informations et le partage de votre savoir.
Modifié en dernier par Rocella Tintoria le mercredi 28 octobre 2015 à 12:01, modifié 1 fois.
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Re: Causes environnementales de l'autisme
ici un article un peu complexe mais peut être utile à certain usagers.
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Re: Causes environnementales de l'autisme
Je ne résiste pas à vous partager ce petit bijou. Pour les autistes qui voudraient raffiner par une étude logique la compréhension de leurs relations sociales...
un deuxième article lié au premier, si on veut.
"In autism, it is argued that the basic response to emotional expressions remains intact but that there is impaired
ability to represent the referent of the individual displaying the emotion."
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Modifié en dernier par Rocella Tintoria le dimanche 25 octobre 2015 à 6:23, modifié 3 fois.
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Re: Causes environnementales de l'autisme
La préhension du détail par le cerveau autiste.
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Re: Causes environnementales de l'autisme
s'ils s'en trouvent parmis nous qui s'ignorent...voici un beau mirroir pour mieux se voir: "mirroir mirroir, suis je la plus belle en ce mirroir?"
*En bonus une très jolie étude sur la profonde et étrange beauté de l'esprit autiste.
*En nappage: "Le syndrôme du savant"
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Modifié en dernier par Rocella Tintoria le mardi 20 octobre 2015 à 19:28, modifié 2 fois.
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Re: Causes environnementales de l'autisme
Pour les mamans qui ont besoin de rire, une étude très sérieuse sur l'absence de bâillement "contagieux" chez le ci-devant autiste.
C'est tout de même plein d'intérêts....pour ceux qui aiment le détail
"To the best of the authors’ knowledge, this is the first report to demonstrate that a neurodevelopmental disorder can lead to an impairment specific to
contagious yawning, and not spontaneous yawning."
C'est tout de même plein d'intérêts....pour ceux qui aiment le détail
"To the best of the authors’ knowledge, this is the first report to demonstrate that a neurodevelopmental disorder can lead to an impairment specific to
contagious yawning, and not spontaneous yawning."
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Re: Causes environnementales de l'autisme
Je passe mon temps à perdre du temps à chercher les informations sur le site; les articles je ne sais pas où les poster, ce n'est pas clair, je ne retrouve que rarement les divers fils créés pour la diffusion des informations.
il y a plusieurs fils "articles"etc...
Ne serait il pas plus simple de transmettre à un modérateur (jean) les articles(sur la recherche) et qu'il se charge de les publier ou non?
Point n'est besoin de truffer ce site d'informations diverses ou en doublon.
par ailleurs, les commentaires des usagers emplissent ces pages(ou sont publiés les liens) et s'étirent parfois sur des dizaines de pages, rendant la navigation très difficile.
Ne serait il pas judicieux de publier sur une page "bloquée" aux commentaires, uniquement les articles et liens d'informations, afin d'éviter cette affreuse et exténuante confusion des commentaires....au moins pour les cerveaux autistes(fatigue, confusion...)
personnellement je dépose mes informations où je peux parce que c'est trop compliqué de choisir(et le temps perdu a chercher le bon fil!);
En conséquence, comme moi, d'autres usagers doivent passer à côté d'informations qui leur seraient pourtant utile de connaitre.
il y a plusieurs fils "articles"etc...
Ne serait il pas plus simple de transmettre à un modérateur (jean) les articles(sur la recherche) et qu'il se charge de les publier ou non?
Point n'est besoin de truffer ce site d'informations diverses ou en doublon.
par ailleurs, les commentaires des usagers emplissent ces pages(ou sont publiés les liens) et s'étirent parfois sur des dizaines de pages, rendant la navigation très difficile.
Ne serait il pas judicieux de publier sur une page "bloquée" aux commentaires, uniquement les articles et liens d'informations, afin d'éviter cette affreuse et exténuante confusion des commentaires....au moins pour les cerveaux autistes(fatigue, confusion...)
personnellement je dépose mes informations où je peux parce que c'est trop compliqué de choisir(et le temps perdu a chercher le bon fil!);
En conséquence, comme moi, d'autres usagers doivent passer à côté d'informations qui leur seraient pourtant utile de connaitre.
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Re: Causes environnementales de l'autisme
Nous sommes conscients que le forum est un véritable
"marché aux puces" dans lequel il n'est pas toujours
facile de se repérer en matière d'informations.
Le site sera prochainement refondu, et les articles
informatifs y seront classés, catégorisés, pour plus
de facilité à retrouver les informations pertinentes.
Mais ça va demander un peu de temps ...
"marché aux puces" dans lequel il n'est pas toujours
facile de se repérer en matière d'informations.
Le site sera prochainement refondu, et les articles
informatifs y seront classés, catégorisés, pour plus
de facilité à retrouver les informations pertinentes.
Mais ça va demander un peu de temps ...
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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Re: Causes environnementales de l'autisme
Un antiépileptique nocif pour les fœtus
Publié le : Mercredi 09 Décembre 2015 - 11:56
Face aux dangers pour le fœtus, la Haute autorité de santé (HAS) a publié ce mercredi un document consacré aux médicaments alternatifs au Dépakine, chez les femmes en âge de procréer ou enceintes souffrant d'épilepsie ou de trouble bipolaire.
Un antiépileptique, la Dépakine, serait particulièrement nocif pour les fœtus.
Eviter au maximum que des femmes enceintes, souffrant d'épilepsie ou de trouble bipolaire, ne prennent de la Dépakine: les autorités de santé multiplient les mises en garde sur ce médicament responsable chez le foetus de malformations et troubles tels que l'autisme.
Mercredi, c'était au tour de la Haute autorité de santé française (HAS) de rappeler dans "une fiche mémo" les risques et les alternatives à ce médicament commercialisé en France depuis 1967 par Sanofi, puis sous forme générique par d'autres laboratoires.
L'acide valproïque ou valproate, vendu sous les noms Dépakine, Micropakine, Dépakote, Dépamide et génériques, ne doit "pas être prescrit chez les filles, adolescentes, femmes en âge de procréer et femmes enceintes, sauf en cas d'inefficacité ou d'intolérance aux alternatives médicamenteuses existantes", écrit-elle.
Ce médicament est toujours en vente car il a démontré son efficacité dans le traitement de l'épilepsie et des troubles bipolaires, et il est même jugé incontournable dans certains cas.
La semaine dernière, l'Agence de sécurité du médicament (ANSM) rappelait les règles de prescription plus strictes auxquelles était désormais soumis ce médicament présentant un "risque élevé" -environ 10% en moyenne- de malformations (cardiaques, becs de lièvre, etc.) ainsi qu'un "risque plus élevé" d'autisme et des retards psycho-moteurs (jusqu'à 30 à 40% des cas).
Des centaines? Des milliers? Nul ne sait pour l'heure combien d'enfants en sont victimes.
L'Inspection des affaires sociales a ouvert une enquête, dont les résultats sont attendus prochainement, notamment pour les recenser.
Créée en 2011, l'Association d'aide aux parents d'enfants souffrant du syndrome de l'anticonvulsivant (Apesac) regroupe déjà plus de 500 familles et quelque 1.000 enfants.
"J'ai fait une estimation de 30.000 victimes depuis 1967 (...) en prenant en compte le taux de natalité en France, la population épileptique, le pourcentage de prescription de ce médicament selon les périodes", explique Marine Martin, sa présidente.
Au total, 80.000 jeunes filles et femmes en âge de procréer utilisent ce médicament, selon l'ANSM.
"A aucun moment, mon médecin n'a évoqué tous ces risques", raconte Marine Martin, mère de deux enfants nés en 1999 et 2002, tous les deux atteints. Elle a déposé une plainte visant Sanofi qu'elle soupçonne "d'avoir tout fait" pour protéger un marché lucratif.
"Il est vrai que l'information directe aux patients est arrivée très tardivement, sur la notice en 2010", reconnaît Dominique Martin, directeur général de l'ANSM.
Pour autant, l'information était largement accessible aux médecins, argue-t-il. "Le résumé des caractéristiques du produit (RCP), fiche destinée au médecin, mentionne les risques de malformations depuis les années 80", poursuit-il. Or, "le principal informateur du patient est le médecin".
"Sanofi a toujours respecté ses obligations d'information vis-à-vis des professionnels et des patients avec un contrôle des autorités de santé. Dans le cas du valproate, comme pour tout médicament, nous n'agissons pas seuls. Il y a une chaîne d'acteurs: le laboratoire, l'agence du médicament et les médecins prescripteurs", se défend Pascal Michon, directeur médical de Sanofi France.
"Le RCP a été mis à jour au fur et à mesure des connaissances scientifiques", dit-il, ajoutant que le laboratoire a financé des études au début des années 2000 pour établir "avec certitude" l'existence d'un lien entre Dépakine et risques élevés de troubles neuro-développementaux.
"Nous étions parfaitement conscients qu'il y avait des risques mais ces risques étaient mal définis", explique de son côté le Dr Jean-Marty, un responsable du syndicat des gynécologues-obstétriciens. Selon lui, il était difficile de savoir ce qui relevait des conséquences de l'épilepsie et ce qui relevait du médicament.
"Nous étions pris entre deux feux", dit-il, soulignant que les neurologues jugeaient indispensable la poursuite du traitement pour cette maladie "intolérable".
Toutefois, pour Mihaela Vlaicu, neurologue à la Pitié-Salpêtrière, "tout ceci est incompréhensible". Elle-même prescrit "depuis la fin des années 90 un médicament alternatif aux femmes enceintes".
Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour déterminer les éventuelles négligences de Sanofi, des autorités et des médecins. Des procédures sont également en cours aux Etats-Unis.
Publié le : Mercredi 09 Décembre 2015 - 11:56
Face aux dangers pour le fœtus, la Haute autorité de santé (HAS) a publié ce mercredi un document consacré aux médicaments alternatifs au Dépakine, chez les femmes en âge de procréer ou enceintes souffrant d'épilepsie ou de trouble bipolaire.
Un antiépileptique, la Dépakine, serait particulièrement nocif pour les fœtus.
Eviter au maximum que des femmes enceintes, souffrant d'épilepsie ou de trouble bipolaire, ne prennent de la Dépakine: les autorités de santé multiplient les mises en garde sur ce médicament responsable chez le foetus de malformations et troubles tels que l'autisme.
Mercredi, c'était au tour de la Haute autorité de santé française (HAS) de rappeler dans "une fiche mémo" les risques et les alternatives à ce médicament commercialisé en France depuis 1967 par Sanofi, puis sous forme générique par d'autres laboratoires.
L'acide valproïque ou valproate, vendu sous les noms Dépakine, Micropakine, Dépakote, Dépamide et génériques, ne doit "pas être prescrit chez les filles, adolescentes, femmes en âge de procréer et femmes enceintes, sauf en cas d'inefficacité ou d'intolérance aux alternatives médicamenteuses existantes", écrit-elle.
Ce médicament est toujours en vente car il a démontré son efficacité dans le traitement de l'épilepsie et des troubles bipolaires, et il est même jugé incontournable dans certains cas.
La semaine dernière, l'Agence de sécurité du médicament (ANSM) rappelait les règles de prescription plus strictes auxquelles était désormais soumis ce médicament présentant un "risque élevé" -environ 10% en moyenne- de malformations (cardiaques, becs de lièvre, etc.) ainsi qu'un "risque plus élevé" d'autisme et des retards psycho-moteurs (jusqu'à 30 à 40% des cas).
Des centaines? Des milliers? Nul ne sait pour l'heure combien d'enfants en sont victimes.
L'Inspection des affaires sociales a ouvert une enquête, dont les résultats sont attendus prochainement, notamment pour les recenser.
Créée en 2011, l'Association d'aide aux parents d'enfants souffrant du syndrome de l'anticonvulsivant (Apesac) regroupe déjà plus de 500 familles et quelque 1.000 enfants.
"J'ai fait une estimation de 30.000 victimes depuis 1967 (...) en prenant en compte le taux de natalité en France, la population épileptique, le pourcentage de prescription de ce médicament selon les périodes", explique Marine Martin, sa présidente.
Au total, 80.000 jeunes filles et femmes en âge de procréer utilisent ce médicament, selon l'ANSM.
"A aucun moment, mon médecin n'a évoqué tous ces risques", raconte Marine Martin, mère de deux enfants nés en 1999 et 2002, tous les deux atteints. Elle a déposé une plainte visant Sanofi qu'elle soupçonne "d'avoir tout fait" pour protéger un marché lucratif.
"Il est vrai que l'information directe aux patients est arrivée très tardivement, sur la notice en 2010", reconnaît Dominique Martin, directeur général de l'ANSM.
Pour autant, l'information était largement accessible aux médecins, argue-t-il. "Le résumé des caractéristiques du produit (RCP), fiche destinée au médecin, mentionne les risques de malformations depuis les années 80", poursuit-il. Or, "le principal informateur du patient est le médecin".
"Sanofi a toujours respecté ses obligations d'information vis-à-vis des professionnels et des patients avec un contrôle des autorités de santé. Dans le cas du valproate, comme pour tout médicament, nous n'agissons pas seuls. Il y a une chaîne d'acteurs: le laboratoire, l'agence du médicament et les médecins prescripteurs", se défend Pascal Michon, directeur médical de Sanofi France.
"Le RCP a été mis à jour au fur et à mesure des connaissances scientifiques", dit-il, ajoutant que le laboratoire a financé des études au début des années 2000 pour établir "avec certitude" l'existence d'un lien entre Dépakine et risques élevés de troubles neuro-développementaux.
"Nous étions parfaitement conscients qu'il y avait des risques mais ces risques étaient mal définis", explique de son côté le Dr Jean-Marty, un responsable du syndicat des gynécologues-obstétriciens. Selon lui, il était difficile de savoir ce qui relevait des conséquences de l'épilepsie et ce qui relevait du médicament.
"Nous étions pris entre deux feux", dit-il, soulignant que les neurologues jugeaient indispensable la poursuite du traitement pour cette maladie "intolérable".
Toutefois, pour Mihaela Vlaicu, neurologue à la Pitié-Salpêtrière, "tout ceci est incompréhensible". Elle-même prescrit "depuis la fin des années 90 un médicament alternatif aux femmes enceintes".
Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour déterminer les éventuelles négligences de Sanofi, des autorités et des médecins. Des procédures sont également en cours aux Etats-Unis.
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Re: Causes environnementales de l'autisme
Autisme: les antidépresseurs pendant la grossesse augmentent les risques de 87%
publié le 14 décembre 2015 à 08h12
La prise d'antidépresseurs pendant la grossesse accroîtrait de 87% le risque d'autisme pour l'enfant, selon une vaste étude canadienne publiée lundi aux Etats-Unis.
Les conclusions de cette recherche sont importantes vu que de 6 à 10% des femmes enceintes se voient prescrire des antidépresseurs pour traiter une dépression, soulignent les chercheurs qui ont analysé les données médicales portant sur 145.456 grossesses dans la province de Québec.
Leurs travaux paraissent dans le Journal of the American Medical Association, Pediatrics. "Les diverses causes de l'autisme demeurent incertaines mais des travaux ont démontré que la génétique et l'environnement pouvaient être des facteurs de risque", explique la professeur Anick Bérard, de l'Université de Montréal et du Centre Hospitalier Universitaire Sainte-Justine, principal auteur de cette étude.
"Notre recherche a permis d'établir que le fait de prendre des antidépresseurs, surtout ceux agissant sur la sérotonine (un neurotransmetteur) pendant les deuxième et troisième trimestres de grossesse, double quasiment le risque d'autisme chez l'enfant", ajoute-t-elle.
La Dr Bérard et son équipe ont suivi 145.456 enfants de leur conception à l'âge de dix ans, ainsi que la prise d'antidépresseurs par leur mère enceinte, étudiant également un ensemble d'autres facteurs pouvant contribuer à l'autisme.
Certaines personnes sont ainsi génétiquement prédisposées à ce trouble si elles ont des antécédents familiaux.
L'âge de la mère et la dépression sont également potentiellement liées à l'apparition de l'autisme, tout comme certains facteurs socioéconomiques telle la pauvreté.
"Nous avons défini l'exposition aux antidépresseurs comme correspondant à au moins une ordonnance prescrite à une femme enceinte pendant le deuxième ou troisième trimestre de grossesse", précise la professeur Bérard.
Elle explique avoir choisi cette période car elle correspond au moment où le cerveau du bébé franchit une étape cruciale de son développement, indique-t-elle.
Parmi les enfants sur lesquels portait l'étude, les chercheurs ont ensuite retenu ceux chez qui une forme d'autisme avait été diagnostiquée en vérifiant les dossiers médicaux de leur mère.
Dans cette recherche, 1.054 enfants ont été diagnostiqués à l'âge de 4,5 ans en moyenne, soit 0,72% de l'échantillon étudié.
L'incidence de l'autisme chez les enfants a augmenté, passant de 4 pour 10.000 enfants en 1966 à 100 pour 10.000 aujourd'hui.
Bien que cet accroissement puisse être attribuable à une meilleure détection de l'autisme ainsi qu'à des critères plus étendus de diagnostic, les chercheurs estiment que des facteurs environnementaux jouent aussi un rôle.
"Sur le plan biologique, il est plausible que les antidépresseurs engendrent l'autisme s'ils sont utilisés pendant la période de développement du cerveau du fœtus, puisque la sérotonine entre en jeu dans de nombreux processus développementaux prénataux et postnataux, y compris la division cellulaire, précise Anick Bérard.
Elle explique que "certaines catégories d'antidépresseurs agissent en inhibant la production de sérotonine, qui entrave la capacité du cerveau de se développer entièrement dans l'utérus".
"Mieux cerner les répercussions de ces médicaments est une priorité en matière de santé publique, compte tenu de leur utilisation répandue", conclut Anick Bérard.
publié le 14 décembre 2015 à 08h12
La prise d'antidépresseurs pendant la grossesse accroîtrait de 87% le risque d'autisme pour l'enfant, selon une vaste étude canadienne publiée lundi aux Etats-Unis.
Les conclusions de cette recherche sont importantes vu que de 6 à 10% des femmes enceintes se voient prescrire des antidépresseurs pour traiter une dépression, soulignent les chercheurs qui ont analysé les données médicales portant sur 145.456 grossesses dans la province de Québec.
Leurs travaux paraissent dans le Journal of the American Medical Association, Pediatrics. "Les diverses causes de l'autisme demeurent incertaines mais des travaux ont démontré que la génétique et l'environnement pouvaient être des facteurs de risque", explique la professeur Anick Bérard, de l'Université de Montréal et du Centre Hospitalier Universitaire Sainte-Justine, principal auteur de cette étude.
"Notre recherche a permis d'établir que le fait de prendre des antidépresseurs, surtout ceux agissant sur la sérotonine (un neurotransmetteur) pendant les deuxième et troisième trimestres de grossesse, double quasiment le risque d'autisme chez l'enfant", ajoute-t-elle.
La Dr Bérard et son équipe ont suivi 145.456 enfants de leur conception à l'âge de dix ans, ainsi que la prise d'antidépresseurs par leur mère enceinte, étudiant également un ensemble d'autres facteurs pouvant contribuer à l'autisme.
Certaines personnes sont ainsi génétiquement prédisposées à ce trouble si elles ont des antécédents familiaux.
L'âge de la mère et la dépression sont également potentiellement liées à l'apparition de l'autisme, tout comme certains facteurs socioéconomiques telle la pauvreté.
"Nous avons défini l'exposition aux antidépresseurs comme correspondant à au moins une ordonnance prescrite à une femme enceinte pendant le deuxième ou troisième trimestre de grossesse", précise la professeur Bérard.
Elle explique avoir choisi cette période car elle correspond au moment où le cerveau du bébé franchit une étape cruciale de son développement, indique-t-elle.
Parmi les enfants sur lesquels portait l'étude, les chercheurs ont ensuite retenu ceux chez qui une forme d'autisme avait été diagnostiquée en vérifiant les dossiers médicaux de leur mère.
Dans cette recherche, 1.054 enfants ont été diagnostiqués à l'âge de 4,5 ans en moyenne, soit 0,72% de l'échantillon étudié.
L'incidence de l'autisme chez les enfants a augmenté, passant de 4 pour 10.000 enfants en 1966 à 100 pour 10.000 aujourd'hui.
Bien que cet accroissement puisse être attribuable à une meilleure détection de l'autisme ainsi qu'à des critères plus étendus de diagnostic, les chercheurs estiment que des facteurs environnementaux jouent aussi un rôle.
"Sur le plan biologique, il est plausible que les antidépresseurs engendrent l'autisme s'ils sont utilisés pendant la période de développement du cerveau du fœtus, puisque la sérotonine entre en jeu dans de nombreux processus développementaux prénataux et postnataux, y compris la division cellulaire, précise Anick Bérard.
Elle explique que "certaines catégories d'antidépresseurs agissent en inhibant la production de sérotonine, qui entrave la capacité du cerveau de se développer entièrement dans l'utérus".
"Mieux cerner les répercussions de ces médicaments est une priorité en matière de santé publique, compte tenu de leur utilisation répandue", conclut Anick Bérard.
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Re: Causes environnementales de l'autisme
Le valproate de sodium (Dépakine) refait parler de lui :
-> Un antiépileptique à l'origine de 450 malformations à la naissance ...
-> Un antiépileptique à l'origine de 450 malformations à la naissance ...
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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Re: Causes environnementales de l'autisme
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Re: Causes environnementales de l'autisme
450 cas de malformations sous Dépakine: l’Igas dénonce l’inertie des autorités sanitaires
Vincent Bargoin|24 février 2016 - Medscape
Paris, France – L’Inspection Générale des Affaires Sociales (Igas) vient de rendre un rapport commandé le 22 juin 2015 par le Ministère de la Santé, sur les conséquences de la prise de valproate de sodium (Dépakine®, Dépakote®, Dépamide®, Micropakine® et génériques) par des femmes enceintes. Même s’il souligne que l’antiépileptique est parfois sans alternative, le rapport est très sévère sur le manque de réactivité des autorités sanitaires face à des risques qui, au début des années 80, étaient déjà fortement suspectés, et qui au début des années 2000, étaient avérés.
« On peut considérer qu’en 2004, l’accumulation des signaux justifiait des mesures d’information à l’attention des prescripteurs et des patients » souligne le rapport, en ajoutant que dans la notice destinée aux patients, « l’explicitation des risques liés à une grossesse sous traitement au valproate de sodium n’intervient qu’en 2010 ». Auparavant, un simple renvoi du type « Consulter votre médecin en cas de grossesse, était notifié ».
450 enfants victimes de malformations
Le rapport de l’Igas est essentiellement consacré à l’avancée des connaissances scientifiques sur le valproate, et au retard dans la prise en compte de ces connaissances. Il comporte également une évaluation de l’impact de la prise de valproate par des femmes enceintes, en termes de malformations infantiles. En France, pour la période 2006-2014, les experts de l’Igas avancent un chiffre compris entre 425 et 450 cas de naissances d’enfants vivants ou mort-nés, exposés in utero au valproate et porteurs de malformations congénitales.
Ce chiffre est une extrapolation des données du registre des malformations en Rhône-Alpes (REMERA), qui a extrait tous les cas d’enfants nés vivants ou non entre 2006 et 2014, et exposés au valproate. Au total, 33 enfants exposés ont été identifiés. Pour 29 d’entre eux, la mère était traitée pour épilepsie, et pour les 4 autres, pour raisons psychiatriques. Enfin, on compte 22 naissances vivantes, et 11 interruptions médicales de grossesse.
Manque de réactivité des autorités de santé françaises
Dans son rapport, l’Igas distingue trois périodes.
De 1967 à 2000, année où les premiers résultats des enquêtes sont discutés dans un cadre européen. En France, les premiers RCP et notices datent de 1986, et ne subissent aucun changement jusqu’en 1995. En 1997, la notion de polymalformations et de dysmorphie faciale est ajoutée. Toutefois, si les risques tératogènes sont évoqués, les RCP soulignent par ailleurs que ni leur « réalité », ni leur « fréquence » ne sont établies. Ce doute explicite sur la réalité du risque ne sera retiré qu’en 2000.
La notice destinée aux patients, elle, dans sa version 1997, recommande simplement de « consulter rapidement votre médecin en cas de grossesses ou de désir de grossesse » - sans davantage d’information sur la nature du risque.
Entre contraception et conception, rien qu’un lapsus
En page 35, le rapport de l’Igas rapporte cette très belle histoire. Jusqu’en 1995, le RCP signalait que « en cas de grossesse, il n’est pas légitime de déconseiller une conception ». On peut s’interroger sur cette formulation, puisque si grossesse il y a, conception il y a eu. En 1995, la formule devient : « en cas de grossesse, il n’est pas légitime de déconseiller une contraception ». La formule ne se comprend guère mieux. Mais surtout, le rapport de l’Igas révèle que la formulation initiale a été rétablie en 1997, « révélant que l’inversion du message n’était pas intentionnelle ». Ce qu’au demeurant, l’ANSM a confirmé, évoquant pour sa part « une erreur rédactionnelle ».
Seconde période : 2001-2006, années durant lesquelles « le risque malformatif est avéré, et le retard neurodéveloppemental, débattu ». Un rapport britannique de 2002, puis un rapport suédois de 2003 sur le risque de tératogénicité, aboutissent en févier 2004 à la proposition d’une mention commune, européenne (qui n’évoque pas encore retard le retard de développement). En France, la modification des RCP ne sera effective qu’en 2006. Le valproate devient déconseillé aux femmes en âge de procréer, chez lesquelles il convient d’adopter des alternatives thérapeutiques, dans la mesure du possible.
Le rapport de l’Igas précise que les notices britannique, allemande, belge et irlandaise des années 2002, 2003, et 2004, ont pu être consultées. Elles précisaient les risques malformatifs et comportaient des informations détaillés, notamment sur le défaut de fermeture du tube neural. D’où cette litote : « Dans une approche comparative, la France n’est pas au nombre des pays les plus réactifs ».
Et aux Etats-Unis ?
En 2009, la FDA publie un communiqué alertant les professionnels de santé sur les effets tératogènes du valproate, la nécessité d’informer les patientes des risques potentiels, et la nécessité d’envisager des alternatives thérapeutiques. En 2011, l’agence américaine récidive en ces termes : « la FDA informe le public que les enfants nés de mère sous valproate de sodium ou produit apparenté durant la grossesse, présentent un risque accru de retards cognitifs comparés aux enfants exposés à d’autres antiépileptiques durant la grossesse ».
Enfin, la période 2006-2014, qui se conclut par une prise de position commune aux états européens sur les mesures de minimisation des risques.
La France rattrape alors son retard, puisque selon une enquête menée par l’EMA en 2012, elle fait dorénavant partie des quelques pays européens qui mentionne, outre les risques tératogènes, l’autisme et les retards de QI dans les RCP. Faut-il voir là l’effet Médiator ?
Et aujourd’hui ?
L’interdiction du valproate de sodium était et reste une décision quasi impossible à prendre. « Les maladies chroniques traitées par ce médicament présentent également des risques graves pour la mère et le fœtus » rappellent d’ailleurs les experts de l’Igas dès l’introduction du rapport.
C’est sans doute un peu moins vrai dans le cas des troubles bipolaires : « le caractère indispensable du valproate pour certaines patientes, qui ne fait pas débat en matière d’épilepsie, gagnerait à être réexaminé en psychiatrie ». Mais « dans le cas de l’épilepsie un arrêt ou un changement de traitement brutal peut avoir des conséquences graves, voire mortelles pour la mère et pour l’enfant ».
Et d’ajouter que « l’éviction systématique du valproate de sodium ne peut être envisagé que dans le cadre de stratégies thérapeutiques qui doivent s’appuyer sur l’existence de traitements alternatifs et sur une analyse des bénéfices et des risques ».
Néanmoins, a-t-on véritablement donné aux médecins – et aux patientes – les moyens de peser ce rapport bénéfice/risque ?
Les experts de l’Igas soulignent « des retards dans la prise en compte des données acquises de la science, notamment dans les années 90, ou l’intégralité des malformations n’est pas renseignée, et au début des années 2000, où les risques de retard de développement ne sont pas mentionnés. Dans plusieurs pays européens, ces risques sont évoqués dès 2003-2004, alors qu’il faut attendre 2006 en France ». Et de pointer « des divergences d’information entre différentes spécialités contenant du valproate de sodium, notamment entre les médicaments princeps et les génériques, ces derniers ne bénéficiant d’une information actualisée que depuis juin 2015 ».
Au total, « le constat de la mission est celui d’un manque de réactivité des autorités sanitaires et du principal titulaire de l’AMM. Les alertes ont été, au plan français et au plan européen, motivé davantage par des signaux exogènes, notamment médiatiques, que par une prise en compte des données de pharmacovigilance et des publications scientifiques ».
Brève histoire du valproate
La molécule commence sa carrière en 1967 (sous le nom d’Eurekene®). Initialement commercialisée par laboratoire J. Berthier, puis Berthier-Derol, cédée au laboratoire Labaz en 1981, elle sera reprise par Sanofi en 1994.
Les alertes ont été, au plan français et au plan européen, motivé davantage par des signaux exogènes, notamment médiatiques, que par une prise en compte des données de pharmacovigilance et des publications scientifiques.
Le valproate se montre rapidement précieux dans le traitement de l’épilepsie, et reste aujourd’hui un traitement de référence. Depuis 1977, il est également largement prescrit en psychiatrie, comme traitement des troubles bipolaires, comme alternative au lithium.
L’analyse de la littérature montre que les premiers signaux de sécurité remontent à plus de 30 ans. « Les premières alertes sur le caractère tératogène des traitements antiépileptiques en général apparaissent au début des années 80 », indique le rapport de l’Igas. Parallèlement, « le risque spécifique de malformations congénitales liées à l’exposition in utero au valproate de sodium se confirme progressivement à partir des années 80 ».
On relève en particulier une grande étude de cohorte rétrospective menée en 1999 (SAMREN), qui « apporte la preuve d’une relation dose-effet [tératogènes] significative pour le valproate ». Et l’année suivante, « l’étude MADRE permet d’identifier et de quantifier les risques spécifiques de malformations congénitales associées aux principaux antiépileptiques.
Il faudra cependant attendre la fin des années 2000 pour que « les résultats des études prospectives [permettent] d’attribuer avec certitude au valproate des effets délétères sur le développement cognitif et comportemental des enfants exposés in utero ».
En 2006, l’étude MEADOR permet ainsi de chiffrer la fréquence des effets indésirables graves sur le fœtus de chaque antiépileptique : 8,2% pour la carbamazépine, 1% pour la lamotrigine, 10,7% pour la phénytoïne, et … 20,3% pour le valproate.
Dernière observation en date : la relation, définitivement prouvée en 2013, entre l’exposition au valproate et une forme d’autisme.
Comme c’est souvent le cas en matière d’anomalie congénitale par exposition à un toxique, la compréhension de la physiopathologie de l’exposition in utero au valproate reste « incomplète ». Certaines observations suggérant un risque accru si un frère ou une sœur, non exposé, a développé un trouble neurodéveloppemental, la notion d’une susceptibilité génétique est évoquée. L’hypothèse d’un risque associé au traitement du père est également soulevée. L’Igas signale une synthèse des connaissances disponibles sur le site du Centre de référence sur les agents tératogènes.
REFERENCE : Chastel X, Essid A, Lesteven P. Enquête relative aux spécialités pharmaceutiques contenant du valproate de sodium. Rapport Igas n°2015-094R, publié le 23 février 2016.
Liens : Dépakine et Gé : l’EMA restreint l’utilisation chez la femme en âge de procréer
Effets de la prise d'antipsychotiques chez la mère et l'enfant, données de registres suédois
Psychotropes et grossesse : mode d'emploi
Citer cet article: Vincent Bargoin. 450 cas de malformations sous Dépakine: l’Igas dénonce l’inertie des autorités sanitaires. Medscape. 24 févr 2016.
Vincent Bargoin|24 février 2016 - Medscape
Paris, France – L’Inspection Générale des Affaires Sociales (Igas) vient de rendre un rapport commandé le 22 juin 2015 par le Ministère de la Santé, sur les conséquences de la prise de valproate de sodium (Dépakine®, Dépakote®, Dépamide®, Micropakine® et génériques) par des femmes enceintes. Même s’il souligne que l’antiépileptique est parfois sans alternative, le rapport est très sévère sur le manque de réactivité des autorités sanitaires face à des risques qui, au début des années 80, étaient déjà fortement suspectés, et qui au début des années 2000, étaient avérés.
« On peut considérer qu’en 2004, l’accumulation des signaux justifiait des mesures d’information à l’attention des prescripteurs et des patients » souligne le rapport, en ajoutant que dans la notice destinée aux patients, « l’explicitation des risques liés à une grossesse sous traitement au valproate de sodium n’intervient qu’en 2010 ». Auparavant, un simple renvoi du type « Consulter votre médecin en cas de grossesse, était notifié ».
450 enfants victimes de malformations
Le rapport de l’Igas est essentiellement consacré à l’avancée des connaissances scientifiques sur le valproate, et au retard dans la prise en compte de ces connaissances. Il comporte également une évaluation de l’impact de la prise de valproate par des femmes enceintes, en termes de malformations infantiles. En France, pour la période 2006-2014, les experts de l’Igas avancent un chiffre compris entre 425 et 450 cas de naissances d’enfants vivants ou mort-nés, exposés in utero au valproate et porteurs de malformations congénitales.
Ce chiffre est une extrapolation des données du registre des malformations en Rhône-Alpes (REMERA), qui a extrait tous les cas d’enfants nés vivants ou non entre 2006 et 2014, et exposés au valproate. Au total, 33 enfants exposés ont été identifiés. Pour 29 d’entre eux, la mère était traitée pour épilepsie, et pour les 4 autres, pour raisons psychiatriques. Enfin, on compte 22 naissances vivantes, et 11 interruptions médicales de grossesse.
Manque de réactivité des autorités de santé françaises
Dans son rapport, l’Igas distingue trois périodes.
De 1967 à 2000, année où les premiers résultats des enquêtes sont discutés dans un cadre européen. En France, les premiers RCP et notices datent de 1986, et ne subissent aucun changement jusqu’en 1995. En 1997, la notion de polymalformations et de dysmorphie faciale est ajoutée. Toutefois, si les risques tératogènes sont évoqués, les RCP soulignent par ailleurs que ni leur « réalité », ni leur « fréquence » ne sont établies. Ce doute explicite sur la réalité du risque ne sera retiré qu’en 2000.
La notice destinée aux patients, elle, dans sa version 1997, recommande simplement de « consulter rapidement votre médecin en cas de grossesses ou de désir de grossesse » - sans davantage d’information sur la nature du risque.
Entre contraception et conception, rien qu’un lapsus
En page 35, le rapport de l’Igas rapporte cette très belle histoire. Jusqu’en 1995, le RCP signalait que « en cas de grossesse, il n’est pas légitime de déconseiller une conception ». On peut s’interroger sur cette formulation, puisque si grossesse il y a, conception il y a eu. En 1995, la formule devient : « en cas de grossesse, il n’est pas légitime de déconseiller une contraception ». La formule ne se comprend guère mieux. Mais surtout, le rapport de l’Igas révèle que la formulation initiale a été rétablie en 1997, « révélant que l’inversion du message n’était pas intentionnelle ». Ce qu’au demeurant, l’ANSM a confirmé, évoquant pour sa part « une erreur rédactionnelle ».
Seconde période : 2001-2006, années durant lesquelles « le risque malformatif est avéré, et le retard neurodéveloppemental, débattu ». Un rapport britannique de 2002, puis un rapport suédois de 2003 sur le risque de tératogénicité, aboutissent en févier 2004 à la proposition d’une mention commune, européenne (qui n’évoque pas encore retard le retard de développement). En France, la modification des RCP ne sera effective qu’en 2006. Le valproate devient déconseillé aux femmes en âge de procréer, chez lesquelles il convient d’adopter des alternatives thérapeutiques, dans la mesure du possible.
Le rapport de l’Igas précise que les notices britannique, allemande, belge et irlandaise des années 2002, 2003, et 2004, ont pu être consultées. Elles précisaient les risques malformatifs et comportaient des informations détaillés, notamment sur le défaut de fermeture du tube neural. D’où cette litote : « Dans une approche comparative, la France n’est pas au nombre des pays les plus réactifs ».
Et aux Etats-Unis ?
En 2009, la FDA publie un communiqué alertant les professionnels de santé sur les effets tératogènes du valproate, la nécessité d’informer les patientes des risques potentiels, et la nécessité d’envisager des alternatives thérapeutiques. En 2011, l’agence américaine récidive en ces termes : « la FDA informe le public que les enfants nés de mère sous valproate de sodium ou produit apparenté durant la grossesse, présentent un risque accru de retards cognitifs comparés aux enfants exposés à d’autres antiépileptiques durant la grossesse ».
Enfin, la période 2006-2014, qui se conclut par une prise de position commune aux états européens sur les mesures de minimisation des risques.
La France rattrape alors son retard, puisque selon une enquête menée par l’EMA en 2012, elle fait dorénavant partie des quelques pays européens qui mentionne, outre les risques tératogènes, l’autisme et les retards de QI dans les RCP. Faut-il voir là l’effet Médiator ?
Et aujourd’hui ?
L’interdiction du valproate de sodium était et reste une décision quasi impossible à prendre. « Les maladies chroniques traitées par ce médicament présentent également des risques graves pour la mère et le fœtus » rappellent d’ailleurs les experts de l’Igas dès l’introduction du rapport.
C’est sans doute un peu moins vrai dans le cas des troubles bipolaires : « le caractère indispensable du valproate pour certaines patientes, qui ne fait pas débat en matière d’épilepsie, gagnerait à être réexaminé en psychiatrie ». Mais « dans le cas de l’épilepsie un arrêt ou un changement de traitement brutal peut avoir des conséquences graves, voire mortelles pour la mère et pour l’enfant ».
Et d’ajouter que « l’éviction systématique du valproate de sodium ne peut être envisagé que dans le cadre de stratégies thérapeutiques qui doivent s’appuyer sur l’existence de traitements alternatifs et sur une analyse des bénéfices et des risques ».
Néanmoins, a-t-on véritablement donné aux médecins – et aux patientes – les moyens de peser ce rapport bénéfice/risque ?
Les experts de l’Igas soulignent « des retards dans la prise en compte des données acquises de la science, notamment dans les années 90, ou l’intégralité des malformations n’est pas renseignée, et au début des années 2000, où les risques de retard de développement ne sont pas mentionnés. Dans plusieurs pays européens, ces risques sont évoqués dès 2003-2004, alors qu’il faut attendre 2006 en France ». Et de pointer « des divergences d’information entre différentes spécialités contenant du valproate de sodium, notamment entre les médicaments princeps et les génériques, ces derniers ne bénéficiant d’une information actualisée que depuis juin 2015 ».
Au total, « le constat de la mission est celui d’un manque de réactivité des autorités sanitaires et du principal titulaire de l’AMM. Les alertes ont été, au plan français et au plan européen, motivé davantage par des signaux exogènes, notamment médiatiques, que par une prise en compte des données de pharmacovigilance et des publications scientifiques ».
Brève histoire du valproate
La molécule commence sa carrière en 1967 (sous le nom d’Eurekene®). Initialement commercialisée par laboratoire J. Berthier, puis Berthier-Derol, cédée au laboratoire Labaz en 1981, elle sera reprise par Sanofi en 1994.
Les alertes ont été, au plan français et au plan européen, motivé davantage par des signaux exogènes, notamment médiatiques, que par une prise en compte des données de pharmacovigilance et des publications scientifiques.
Le valproate se montre rapidement précieux dans le traitement de l’épilepsie, et reste aujourd’hui un traitement de référence. Depuis 1977, il est également largement prescrit en psychiatrie, comme traitement des troubles bipolaires, comme alternative au lithium.
L’analyse de la littérature montre que les premiers signaux de sécurité remontent à plus de 30 ans. « Les premières alertes sur le caractère tératogène des traitements antiépileptiques en général apparaissent au début des années 80 », indique le rapport de l’Igas. Parallèlement, « le risque spécifique de malformations congénitales liées à l’exposition in utero au valproate de sodium se confirme progressivement à partir des années 80 ».
On relève en particulier une grande étude de cohorte rétrospective menée en 1999 (SAMREN), qui « apporte la preuve d’une relation dose-effet [tératogènes] significative pour le valproate ». Et l’année suivante, « l’étude MADRE permet d’identifier et de quantifier les risques spécifiques de malformations congénitales associées aux principaux antiépileptiques.
Il faudra cependant attendre la fin des années 2000 pour que « les résultats des études prospectives [permettent] d’attribuer avec certitude au valproate des effets délétères sur le développement cognitif et comportemental des enfants exposés in utero ».
En 2006, l’étude MEADOR permet ainsi de chiffrer la fréquence des effets indésirables graves sur le fœtus de chaque antiépileptique : 8,2% pour la carbamazépine, 1% pour la lamotrigine, 10,7% pour la phénytoïne, et … 20,3% pour le valproate.
Dernière observation en date : la relation, définitivement prouvée en 2013, entre l’exposition au valproate et une forme d’autisme.
Comme c’est souvent le cas en matière d’anomalie congénitale par exposition à un toxique, la compréhension de la physiopathologie de l’exposition in utero au valproate reste « incomplète ». Certaines observations suggérant un risque accru si un frère ou une sœur, non exposé, a développé un trouble neurodéveloppemental, la notion d’une susceptibilité génétique est évoquée. L’hypothèse d’un risque associé au traitement du père est également soulevée. L’Igas signale une synthèse des connaissances disponibles sur le site du Centre de référence sur les agents tératogènes.
REFERENCE : Chastel X, Essid A, Lesteven P. Enquête relative aux spécialités pharmaceutiques contenant du valproate de sodium. Rapport Igas n°2015-094R, publié le 23 février 2016.
Liens : Dépakine et Gé : l’EMA restreint l’utilisation chez la femme en âge de procréer
Effets de la prise d'antipsychotiques chez la mère et l'enfant, données de registres suédois
Psychotropes et grossesse : mode d'emploi
Citer cet article: Vincent Bargoin. 450 cas de malformations sous Dépakine: l’Igas dénonce l’inertie des autorités sanitaires. Medscape. 24 févr 2016.
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Re: Causes environnementales de l'autisme
Antidépresseurs in utero et autisme : attention aux effets d’annonce !
Aude Lecrubier|22 décembre 2015 - Medscape
Canada, France-- D’après une étude qui a fait beaucoup de bruit…l’exposition aux antidépresseurs pendant les deuxième et troisième trimestres de la grossesse serait associée à une augmentation de 87% du risque de développer des troubles du spectre autistique chez les enfants [1].
Un résultat qui semble, à première vue, très impressionnant mais qui demande à être relativiser en raison du risque absolu qui reste faible et des nombreux biais de cette étude de registres, selon le Dr Elisabeth Elefant (responsable du Centre de Référence sur les Agents Tératogènes (CRAT), hôpital Trousseau, Paris).
Interrogée par Medscape France, la pédiatre pharmacologue nous explique ce que l’on peut réellement tirer de cette étude.
Elisabeth Elefant : Depuis quelques années, nous avons constaté que l’autisme augmentait dans certains pays. Dans les pays scandinaves, par exemple, on estime que 5 enfants sur 1000 (5/1000) étaient autistes en 1980 versus un enfant sur 88 (1/88) en 2008. Cette progression importante est le résultat d’une augmentation réelle de l’incidence de la maladie et de l’élargissement de la définition de l’autisme au fil du temps. Nous ne parlons d’ailleurs plus d’autisme mais de troubles du spectre autistique. Les causes potentielles de cette croissance sont recherchées de façon très active. Toutes les pistes sont étudiées : génétiques, épigénétiques, environnementales, post-natales, prénatales... En toute logique, tout ce qui est relatif au prénatal et qui concerne la mise en place du cerveau des enfants est questionné.
Pourquoi s’intéresser aux antidépresseurs en particulier ?
E. E. : Parmi les médicaments qui sont prescrits de façon chronique chez les femmes enceintes, il y a les antidépresseurs. Or, leur prescription pendant la grossesse à augmenté en parallèle de l’incidence des troubles du spectre autistique. Aux Etats-Unis, entre 1 et 6 % des femmes étaient traitées par antidépresseurs dans les années 1990 et actuellement ce seuil se situe entre 7 et 13%. Chez les scandinaves le nombre de femmes enceintes traitées par antidépresseurs aurait quadruplé, voire quintuplé entre 1996 et 2005. En France, compte tenu de la prescription très importante de psychotropes, il semble évident que les femmes enceintes reçoivent aussi des antidépresseurs.
Face à ce double accroissement, le lien est vite fait. Pourtant, qui dit association statistique ne dit pas forcément qu’il y a une relation de cause à effet.
Cette étude constate une augmentation de 87% du risque d’autisme sur une cohorte impressionnante, faut-il revoir l’utilisation des antidépresseurs chez les femmes enceintes ?
Une augmentation de cette amplitude dans une étude de population ne justifie pas d’être aussi affirmatif sur le lien de causalité.
E. E. : Dans cette étude, l’incidence des troubles du spectre autistique est de 0,72 % dans la population contrôle et d’1,2 % pour les enfants exposés aux antidépresseurs pendant les deuxième et troisième trimestres de la grossesse. Cela constitue, en effet, un accroissement de 87%. Néanmoins, l’idée est qu’à titre individuel, on reste autour d’un pour cent (1%). Le risque est quasiment le même qu’une femme qui souffre de dépression prenne ou non un traitement antidépresseur.
Peut-on, néanmoins, avec ces résultats, affirmer qu’il existe un lien entre l’exposition in-utero aux antidépresseurs et les troubles du spectre autistique ?
E. E. : Je suis prudente sur toutes les prescriptions au long cours sur le cerveau des enfants mais une augmentation de cette amplitude dans une étude de population ne justifie pas d’être aussi affirmatif sur le lien de causalité entre l’exposition in utero aux antidépresseurs et le risque de développer un trouble du spectre autistique.
Il n’y a pas « la bonne méthode » pour détecter ou écarter un risque de cette nature. Il existe plusieurs approches méthodologiques et ce sont les résultats convergents de ces différentes approches qui donnent un niveau de preuves suffisant.
Les données d’Anick Bérard et coll. peuvent être qualifiées de solides mais le problème vient de leur analyse et de leur interprétation
Cette seule étude ne suffit pas pour affirmer un risque. Et, ce d’autant que cette étude a plusieurs biais méthodologiques. Les données d’Anick Bérard et coll. peuvent être qualifiées de solides mais le problème vient de leur analyse et de leur interprétation.
Quelles sont les principales limites de l’étude ?
E. E. : Il y en a plusieurs. L’une d’entre elle est que cette étude s’appuie sur les fichiers de remboursement des prescriptions d’antidépresseurs ce qui ne signifie pas que les femmes ont réellement pris ces médicaments.
Aussi, un certain nombre de facteurs que l’on connait pour être impliqués dans l’apparition de l’autisme n’ont pas été évalués : la césarienne (même si on ne sait pas pourquoi), l’augmentation de l’indice de masse corporel de la mère (IMC), les antécédents familiaux psychiatriques du père et de la fratrie, l’âge du père… Les auteurs d’ailleurs soulignent eux-mêmes que cet élément psychiatrique familial est réel dans leur effectif, mais qu’il n’a pas été mesuré car la puissance statistique n’est plus suffisante une fois la stratification faite sur ce critère…
En outre, nous n’avons pas d’indicateurs sur les prises concomitantes de substances de type alcool, tabac ou autres médicaments qui sont elles aussi des facteurs confondants.
Enfin, une autre limite majeure est mentionnée dans l’analyse de sensibilité de l’étude. Lorsque les enfants exposés aux antidépresseurs in-utero et déclarés autistes à un moment de leur vie ont été réévalués par un neuropsychiatre ou un pédopsychiatre, l’augmentation du risque n’était plus statistiquement significative car le nombre d’enfants considérés comme atteints de troubles du spectre autistique était trop faible.
Ce que l’on peut dire à partir de cette étude, c’est que l’on a une alerte sur les croisements de fichiers. C’est tout.
Lorsque l’on travaille sur des registres, comme c’est le cas dans cette étude, il y a des erreurs de codage. Il faut donc que des spécialistes authentifient la pathologie, en voyant les enfants et en utilisant des critères diagnostiques harmonisés.
Ce que l’on peut dire à partir de cette étude, c’est que l’on a une alerte sur les croisements de fichiers. C’est tout.
Par quel mécanisme physiopathologique pourrait-on expliquer le lien entre antidépresseurs et autisme ?
E. E. : Le primum movens est qu’une concentration anormale de sérotonine a été observée dans les plaquettes des enfants autistes. Est-ce la conséquence de perturbations génétiques, épigénétiques, biologiques, environnementales, de l’exposition in utero aux médicaments, C’est ce qui est recherché.
D’autres études ont tenté d’évaluer l’éventuelle association entre l’exposition aux antidépresseurs pendant la grossesse et le risque de développer un trouble du spectre autistique. Vont-elles dans le même sens que celle-ci ?
E. E. : Cette étude n’est, en effet pas la première sur le sujet. Certaines ont montré des résultats similaires mais d’autres ont montré des résultats qui vont dans le sens inverse. Il faut donc rester prudents dans l’interprétation des données et faire attention aux biais de publication.
Vous appelez donc à la prudence…
E. E. : Oui. Il faut être prudent lorsque l’on publie de tels résultats. La dépression est une maladie et certaines de ces femmes ont vraiment besoin de prendre des médicaments pour se soigner.
Aussi, l’absence de traitement d’une dépression caractérisée chez une femme enceinte peut, par elle-même, avoir un impact sur la grossesse (prématurité, petit poids de naissance, problèmes d’interaction mère-enfant, hypertension artérielle…).
En outre, on ne connait pas encore les effets à long terme de la dépression maternelle non-soignée chez les enfants mais cela ne veut pas dire qu’il n’y en a pas.
Enfin, il faut penser que, suite à cette étude, les femmes qui ont mis au monde des enfants alors qu’elles ont pris des antidépresseurs pendant leur grossesse vont être très angoissées par le suivi de leur enfant (les pères aussi d’ailleurs). Pourtant, ces données ne permettent pas de prouver qu’il existe un lien de causalité.
Le Dr Elisabeth Elefant n’a pas de liens d’intérêts en rapport avec le sujet.
REFERENCE : Bérard A et coll. Antidepressant Use During Pregnancy and the Risk of Autism Spectrum Disorder in Children, décembre 2015, JAMA Pediatrics. 10.1001/jamapediatrics.2015.3356
Citer cet article: Aude Lecrubier. Antidépresseurs in utero et autisme : attention aux effets d’annonce !. Medscape. 22 déc 2015.
Aude Lecrubier|22 décembre 2015 - Medscape
Canada, France-- D’après une étude qui a fait beaucoup de bruit…l’exposition aux antidépresseurs pendant les deuxième et troisième trimestres de la grossesse serait associée à une augmentation de 87% du risque de développer des troubles du spectre autistique chez les enfants [1].
Un résultat qui semble, à première vue, très impressionnant mais qui demande à être relativiser en raison du risque absolu qui reste faible et des nombreux biais de cette étude de registres, selon le Dr Elisabeth Elefant (responsable du Centre de Référence sur les Agents Tératogènes (CRAT), hôpital Trousseau, Paris).
Interrogée par Medscape France, la pédiatre pharmacologue nous explique ce que l’on peut réellement tirer de cette étude.
- Rappel de l’étude
A partir des grossesses répertoriées dans la Province de Québec entre janvier 1998 et décembre 2009, le Pr Anick Bérard et coll. (Université de Montréal, Canada) ont analysé les risques d’autisme chez les enfants nés vivants en fonction ou non d’une éventuelle exposition in-utero aux antidépresseurs (selon les données de remboursement de l’assurance maladie du Québec).
Parmi les 145 456 enfants issus de grossesses simples inclus dans l’étude, un diagnostic de trouble du spectre autistique a été posé pour 0,72 pourcent d’entre eux. Or, ce taux montait à 1,2% lorsque les femmes avaient reçu des prescriptions d’antidépresseurs pendant les trimestres 2 et 3 de leur grossesse, soit une augmentation du risque relatif de 87% (RR=2,17 avec les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine). En revanche, aucune association n’a été observée lorsque les prescriptions concernaient le premier trimestre de grossesse et l’année précédant la conception.
Les résultats sont publiés sur le site du JAMA Pediatrics.
Elisabeth Elefant : Depuis quelques années, nous avons constaté que l’autisme augmentait dans certains pays. Dans les pays scandinaves, par exemple, on estime que 5 enfants sur 1000 (5/1000) étaient autistes en 1980 versus un enfant sur 88 (1/88) en 2008. Cette progression importante est le résultat d’une augmentation réelle de l’incidence de la maladie et de l’élargissement de la définition de l’autisme au fil du temps. Nous ne parlons d’ailleurs plus d’autisme mais de troubles du spectre autistique. Les causes potentielles de cette croissance sont recherchées de façon très active. Toutes les pistes sont étudiées : génétiques, épigénétiques, environnementales, post-natales, prénatales... En toute logique, tout ce qui est relatif au prénatal et qui concerne la mise en place du cerveau des enfants est questionné.
Pourquoi s’intéresser aux antidépresseurs en particulier ?
E. E. : Parmi les médicaments qui sont prescrits de façon chronique chez les femmes enceintes, il y a les antidépresseurs. Or, leur prescription pendant la grossesse à augmenté en parallèle de l’incidence des troubles du spectre autistique. Aux Etats-Unis, entre 1 et 6 % des femmes étaient traitées par antidépresseurs dans les années 1990 et actuellement ce seuil se situe entre 7 et 13%. Chez les scandinaves le nombre de femmes enceintes traitées par antidépresseurs aurait quadruplé, voire quintuplé entre 1996 et 2005. En France, compte tenu de la prescription très importante de psychotropes, il semble évident que les femmes enceintes reçoivent aussi des antidépresseurs.
Face à ce double accroissement, le lien est vite fait. Pourtant, qui dit association statistique ne dit pas forcément qu’il y a une relation de cause à effet.
Cette étude constate une augmentation de 87% du risque d’autisme sur une cohorte impressionnante, faut-il revoir l’utilisation des antidépresseurs chez les femmes enceintes ?
Une augmentation de cette amplitude dans une étude de population ne justifie pas d’être aussi affirmatif sur le lien de causalité.
E. E. : Dans cette étude, l’incidence des troubles du spectre autistique est de 0,72 % dans la population contrôle et d’1,2 % pour les enfants exposés aux antidépresseurs pendant les deuxième et troisième trimestres de la grossesse. Cela constitue, en effet, un accroissement de 87%. Néanmoins, l’idée est qu’à titre individuel, on reste autour d’un pour cent (1%). Le risque est quasiment le même qu’une femme qui souffre de dépression prenne ou non un traitement antidépresseur.
Peut-on, néanmoins, avec ces résultats, affirmer qu’il existe un lien entre l’exposition in-utero aux antidépresseurs et les troubles du spectre autistique ?
E. E. : Je suis prudente sur toutes les prescriptions au long cours sur le cerveau des enfants mais une augmentation de cette amplitude dans une étude de population ne justifie pas d’être aussi affirmatif sur le lien de causalité entre l’exposition in utero aux antidépresseurs et le risque de développer un trouble du spectre autistique.
Il n’y a pas « la bonne méthode » pour détecter ou écarter un risque de cette nature. Il existe plusieurs approches méthodologiques et ce sont les résultats convergents de ces différentes approches qui donnent un niveau de preuves suffisant.
Les données d’Anick Bérard et coll. peuvent être qualifiées de solides mais le problème vient de leur analyse et de leur interprétation
Cette seule étude ne suffit pas pour affirmer un risque. Et, ce d’autant que cette étude a plusieurs biais méthodologiques. Les données d’Anick Bérard et coll. peuvent être qualifiées de solides mais le problème vient de leur analyse et de leur interprétation.
Quelles sont les principales limites de l’étude ?
E. E. : Il y en a plusieurs. L’une d’entre elle est que cette étude s’appuie sur les fichiers de remboursement des prescriptions d’antidépresseurs ce qui ne signifie pas que les femmes ont réellement pris ces médicaments.
Aussi, un certain nombre de facteurs que l’on connait pour être impliqués dans l’apparition de l’autisme n’ont pas été évalués : la césarienne (même si on ne sait pas pourquoi), l’augmentation de l’indice de masse corporel de la mère (IMC), les antécédents familiaux psychiatriques du père et de la fratrie, l’âge du père… Les auteurs d’ailleurs soulignent eux-mêmes que cet élément psychiatrique familial est réel dans leur effectif, mais qu’il n’a pas été mesuré car la puissance statistique n’est plus suffisante une fois la stratification faite sur ce critère…
En outre, nous n’avons pas d’indicateurs sur les prises concomitantes de substances de type alcool, tabac ou autres médicaments qui sont elles aussi des facteurs confondants.
Enfin, une autre limite majeure est mentionnée dans l’analyse de sensibilité de l’étude. Lorsque les enfants exposés aux antidépresseurs in-utero et déclarés autistes à un moment de leur vie ont été réévalués par un neuropsychiatre ou un pédopsychiatre, l’augmentation du risque n’était plus statistiquement significative car le nombre d’enfants considérés comme atteints de troubles du spectre autistique était trop faible.
Ce que l’on peut dire à partir de cette étude, c’est que l’on a une alerte sur les croisements de fichiers. C’est tout.
Lorsque l’on travaille sur des registres, comme c’est le cas dans cette étude, il y a des erreurs de codage. Il faut donc que des spécialistes authentifient la pathologie, en voyant les enfants et en utilisant des critères diagnostiques harmonisés.
Ce que l’on peut dire à partir de cette étude, c’est que l’on a une alerte sur les croisements de fichiers. C’est tout.
Par quel mécanisme physiopathologique pourrait-on expliquer le lien entre antidépresseurs et autisme ?
E. E. : Le primum movens est qu’une concentration anormale de sérotonine a été observée dans les plaquettes des enfants autistes. Est-ce la conséquence de perturbations génétiques, épigénétiques, biologiques, environnementales, de l’exposition in utero aux médicaments, C’est ce qui est recherché.
D’autres études ont tenté d’évaluer l’éventuelle association entre l’exposition aux antidépresseurs pendant la grossesse et le risque de développer un trouble du spectre autistique. Vont-elles dans le même sens que celle-ci ?
E. E. : Cette étude n’est, en effet pas la première sur le sujet. Certaines ont montré des résultats similaires mais d’autres ont montré des résultats qui vont dans le sens inverse. Il faut donc rester prudents dans l’interprétation des données et faire attention aux biais de publication.
Vous appelez donc à la prudence…
E. E. : Oui. Il faut être prudent lorsque l’on publie de tels résultats. La dépression est une maladie et certaines de ces femmes ont vraiment besoin de prendre des médicaments pour se soigner.
Aussi, l’absence de traitement d’une dépression caractérisée chez une femme enceinte peut, par elle-même, avoir un impact sur la grossesse (prématurité, petit poids de naissance, problèmes d’interaction mère-enfant, hypertension artérielle…).
En outre, on ne connait pas encore les effets à long terme de la dépression maternelle non-soignée chez les enfants mais cela ne veut pas dire qu’il n’y en a pas.
Enfin, il faut penser que, suite à cette étude, les femmes qui ont mis au monde des enfants alors qu’elles ont pris des antidépresseurs pendant leur grossesse vont être très angoissées par le suivi de leur enfant (les pères aussi d’ailleurs). Pourtant, ces données ne permettent pas de prouver qu’il existe un lien de causalité.
Le Dr Elisabeth Elefant n’a pas de liens d’intérêts en rapport avec le sujet.
REFERENCE : Bérard A et coll. Antidepressant Use During Pregnancy and the Risk of Autism Spectrum Disorder in Children, décembre 2015, JAMA Pediatrics. 10.1001/jamapediatrics.2015.3356
Citer cet article: Aude Lecrubier. Antidépresseurs in utero et autisme : attention aux effets d’annonce !. Medscape. 22 déc 2015.
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans