rainbow a écrit :Jean a écrit:
L'empathie exprimée
L'empathie exprimée a trait à la réponse aux sentiments et aux pensées d'une autre personne. Manifestement, il ne suffit pas d'éprouver de l'empathie. Elle doit être exprimée de telle sorte que l'autre personne sait que vous comprenez et que vous ressentez de la compassion.
A suivre
Mince alors !
Je n'ai pas trouvé la suite de la traduction (qui semblait très intéressante vu qu'elle concerne une spécificité des autistes), et le lien vers l'article original semble ne plus fonctionner..
La notion d'empathie me passionne.
Une thèse entière pourrait lui être consacrée, tant elle est évolutive et subjectivement polysémique.
Le mot est aujourd'hui "à la mode", utilisé comme congratulation ("je suis (tu es) très empathique") ou dénigrement ( "je n'ai (tu n'as) aucune empathie").
Il est surtout utilisé à toutes les sauces, pour désigner des notions totalement différentes: sympathie, compassion, altruisme, contagion émotionnelle...
La plupart du temps, les interlocuteurs omettent de s'assurer du sens donné au mot par celui qui l'emploie, ce qui restreint fortement la clarté des propos.
Le mot « empathie » a été créé en allemand (Einfühlung = sentiment éprouvé en se mettant à l’intérieur de l’oeuvre) en 1873 par Robert Vischer pour désigner le mode de relation d'une personne avec une oeuvre d'art (donc un objet inanimé) qui permet d'accéder à son sens.
Une œuvre d’art n’est pas a priori un objet d’usage, qu’un être humain peut utiliser comme moyen en vue d’une fin.
C’est un objet en soi, une fin en soi. Il a une existence, il se manifeste devant nous, présent à nos perceptions, et donc à nos émotions.
Contrairement aux objets de la nature, il a un auteur. Un être humain l’a créé.
Et un être humain exposé à quelque chose présenté par un autre être humain se pose toujours la question du sens.
Pouvoir donner un sens rassure, diminue le chaos, l’incertitude, l’inconnu, la menace de l’incertitude, la menace de l’inconnu ?
Et accéder au sens d’une œuvre d’art n’est-ce pas une démarche « indirecte » pour accéder à ce qui justement n’est JAMAIS directement perceptible, ce que ressent et pense l’artiste auteur de l’œuvre ?
Le mot « empathie » a ensuite été étendu aux êtres animés (repris en français d’abord par le mot « intro-pathie », puis « empathie »).
C’est Theodor Lipps, au début du XXe siècle, qui a transféré le mot «Einfühlung», vers la philosophie de l’esprit pour désigner le processus par lequel « un observateur se projette dans les objets qu'il perçoit. »
Du coup, on peut se demander s’il n’y a pas une ambivalence de l’empathie : peut-on être sûr de ce qu’elle soit toujours bienveillante ? Cette intropathie ne peut-elle être une intrusion malveillante ?
Au sujet de l’animal comme de l’homme, F. de Waa,l dans son ouvrage "l'âge de l'empathie", affirme qu’« il n’existe aucun lien obligatoire entre l’empathie et la bonté,... » L’âge de l’empathie, p. 72
Adam Smith pose dans sa Théorie des sentiments moraux le problème de la connaissance d’autrui. Car d’une part, « ...nous n’avons pas une expérience immédiate de ce que les autres hommes sentent... », mais, d’autre part, l’imagination permet d’avoir quelque idée de ce que sent un autre homme : « Par l’imagination nous nous plaçons dans sa situation, nous nous concevons comme endurant les mêmes tourments, nous entrons pour ainsi dire à l’intérieur de son corps et devenons, dans une certaine mesure, la même personne. » On pourrait voir une première version de l’Einfühlung dans cette « entrée dans le corps de l’autre » . En tout cas, de nombreux auteurs contemporains s’emploient à bien distinguer sympathie et empathie, comme le fait F. de Waal : « L’empathie nous permet de recueillir une information sur autrui. La sympathie traduit, quant à elle, le souci de l’autre et le désir d’améliorer sa situation."
(source:
http://temporel.fr/De-l-Einfuhlung-a-l-empathie-par)
Ainsi les Aspies sont réputés manquer d'empathie sans que personne ne se préoccupe d'ailleurs de préciser en quoi ni surtout selon quelle définition du mot.
Si tu dis que tu es très empathique, cela te disqualifie quasiment d'emblée comme Aspie potentiel.
Au lieu d'interroger la notion et l'éventuelle compatibilité entre une personnalité Asperger et une extrême empathie, on te répond que c'est incompatible.
Or c'est totalement faux, les Asperger peuvent atteindre des sommets d'empathie.
J'ai lu récemment l'article fondateur de Asperger qui date de 1944 (66 pages). Je l'ai lu en allemand, pour ne rien perdre de la précision du texte original.
Il parle de ce paradoxe si commun chez l'Asperger qu'il nomme "lucidité psychopatique" (oublions le "psychopatique " !): la distance à l'autre et en même temps la conscience extra-lucide de l'autre.
Pour moi, c'est la définition même de l'empathie.