Formation des psychiatres aux TSA: WTF?
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Re: Formation des psychiatres aux TSA: WTF?
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Re: Formation des psychiatres aux TSA: WTF?
Comme quoi, chaque trouble doit combattre son lot de préjugés.
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Re: Formation des psychiatres aux TSA: WTF?
C'était de l'humour
je sais bien que la schizophrénie est plus complexe que ça

Je n'ai pas de diagnostic /!\
Ce que tu as la force d'être, tu as aussi le droit de l'être - Max Stirner
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Re: Formation des psychiatres aux TSA: WTF?
Autre possibilité pour les personnes en formation de psychologue/psychiatre : les stages in situ. Passer un jour, voire une semaine avec et avec une personne Asperger. Ça peut être très instructif. On en apprend beaucoup aussi sur le terrain.Spoiler : Les zéros de la fonction sociale du second degré. :lol: :

Après tout, nous, personnes Asperger et en cours de diagnostic, nous devons bien baigner dans les "cultures" non autistes.

Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.
Diagnostiqué autiste en l'été 2014
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Re: Formation des psychiatres aux TSA: WTF?
En ce moment ce qui est très a la "mode" en matière de formation c'est tout ce qui est médecine non éprouvé scientifiquement , (acupuncture, bien être, massage, chi qong...) ou les médecines naturelles
Maman bizarroïde d'un grand ado de 16 ans (EIP TDA) et d'un ado de 14 ans Asperger TDAH.
Tous différents , tous humains!
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Re: Formation des psychiatres aux TSA: WTF?
@bidouille: L'efficacité de l'acupuncture dans le traitement de la douleur a été prouvée scientifiquement.
J'imagine que comme le sujet est peu abordé en formation initiale pour les psychiatres et que ça reste assez rare, la plupart n'ont aucune raison pour se former davantage à l'autisme - sauf à être confrontés directement au sujet d'une manière ou d'une autre (enfant autiste dans la famille p. ex.) et du coup vouloir se renseigner. Mais s'il y a une personne qui se présente parce qu'elle se soupçonne autiste, le psychiatre en face risque très souvent de trouver que l'effort (en temps voire financier) de se former à ce sujet est trop important par rapport à ce que cela lui apporte - au mieux un patient auquel il ne pourra de toute façon apporter que peu d'aide. Il faut soit être très curieux et ouvert par nature, soit avoir un intérêt fort par rapport à la personne en question (p. ex. si on a déjà suivi la personne avant cette découverte ou parce qu'il y a une sympathie spontanée) pour prendre cette peine.
J'imagine que comme le sujet est peu abordé en formation initiale pour les psychiatres et que ça reste assez rare, la plupart n'ont aucune raison pour se former davantage à l'autisme - sauf à être confrontés directement au sujet d'une manière ou d'une autre (enfant autiste dans la famille p. ex.) et du coup vouloir se renseigner. Mais s'il y a une personne qui se présente parce qu'elle se soupçonne autiste, le psychiatre en face risque très souvent de trouver que l'effort (en temps voire financier) de se former à ce sujet est trop important par rapport à ce que cela lui apporte - au mieux un patient auquel il ne pourra de toute façon apporter que peu d'aide. Il faut soit être très curieux et ouvert par nature, soit avoir un intérêt fort par rapport à la personne en question (p. ex. si on a déjà suivi la personne avant cette découverte ou parce qu'il y a une sympathie spontanée) pour prendre cette peine.
Détectée HQI dans l'enfance, diagnostiquée TSA de type syndrome d'Asperger en juillet 2015.
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Re: Formation des psychiatres aux TSA: WTF?
Spoiler : HS :
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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Re: Formation des psychiatres aux TSA: WTF?
Tout d'abord Ixy, moi j'avais compris ta blague et j'ai bien rigolé!
Sais-tu pourquoi ces psys dont tu parles ne diagnostiquent pas les adultes?
Mais c'était mon boulot, la question ne se posait pas.
Il était question de gros tubes pour regarder en l'air à la nuit tombée (importance assez relative), là il s'agit de gens qui souffrent, c'est inacceptable.
Il y a trop d'histoires à l'issue tragique, ces gens ont du sang sur les mains et c'est le bal des hypocrites...
Pour moi c'est comme laisser quelqu'un crever de faim alors qu'il y a un gros sac de riz derrière la porte

La sectorisation, c'est un sacré problème aussi (et c'est un peu LA grosse épine sous mon pied), mais en même temps je trouve ça normal qu'il y ait des limites géographiques, sinon ça devient la foire d'Empoigne...Jean a écrit :Je suis sûr qu'il y a au moins une quinzaine de psychiatres capables de faire correctement un diagnostic d'autisme en Bretagne. Mais très peu le font pour des adultes (je pense à ... un seul). Et comme presque tous sont dans le secteur public, ils sont contraints par la sectorisation du secteur.
Sais-tu pourquoi ces psys dont tu parles ne diagnostiquent pas les adultes?
C'est vraiment complètement ça, mais couplé à la facilité avec laquelle nous, citoyens lambda, trouvons des informations sur le sujet. Ca échappe complètement à ma logique...meï a écrit :de toute façon quand on lis un peu les forums, les groupes de discu et assos asperger ou tsa, on mesure rapidement la cata (de la rareté des noms, de l'heterogénéité des connaissances ou des réponses, des réponses données complètement improbables aux adultes qui souhaitent un diag, etc etc..moi perso tout ça me bouffe.mais j'y peux rien alors j'essaie de pas trop y penser...mauis chaque fois q'un nouvel arrivant se plaint de tel ou tel truc entendu avec un psychiatre ou chologue, ça m'énèrve...
Il y a au moins une raison qui me crève les yeux: les TSA sont dans le DSM. C'est leur boulot. Pour ce qui est de la rareté, si personne ne sait ce que c'est, ça risque de rester rare en effet...Flower a écrit :J'imagine que comme le sujet est peu abordé en formation initiale pour les psychiatres et que ça reste assez rare, la plupart n'ont aucune raison pour se former davantage à l'autisme
C'est une question de conscience professionnelle. Quand je vendais des télescopes ou autres produits "techniques" et qu'un client avait un souci avec, c'était rarement simple 1/de trouver et gérer le souci, 2/d'expliquer ensuite le truc au gars.Flower a écrit :Mais s'il y a une personne qui se présente parce qu'elle se soupçonne autiste, le psychiatre en face risque très souvent de trouver que l'effort (en temps voire financier) de se former à ce sujet est trop important par rapport à ce que cela lui apporte
Mais c'était mon boulot, la question ne se posait pas.
Il était question de gros tubes pour regarder en l'air à la nuit tombée (importance assez relative), là il s'agit de gens qui souffrent, c'est inacceptable.
Il y a trop d'histoires à l'issue tragique, ces gens ont du sang sur les mains et c'est le bal des hypocrites...
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Re: Formation des psychiatres aux TSA: WTF?
Misty: Pour toi oui, mais pour un psychiatre qui de toute façon n'a pas assez de temps pour s'occuper de tous les gens qui lui demandent un rendez-vous? Il risque de faire une analyse "coût-bénéfices" assez froide... Mais heureusement tous ne sont pas comme ça!
D'ailleurs j'imagine qu'il doit être à peu près aussi difficile de trouver un psychiatre expert sur la schizophrénie que sur l'autisme, parce que le quotidien d'un psychiatre, ce sont plutôt les dépressions et phobies, vu les prévalences. Mais je suis d'accord que c'est un souci et qu'il faudrait davantage et mieux former les psychiatres à ces troubles, au moins pour pouvoir en référer à un spécialiste si c'est trop compliqué!
Pour ce qui est du DSM, normalement en France on applique la CIM.
D'ailleurs j'imagine qu'il doit être à peu près aussi difficile de trouver un psychiatre expert sur la schizophrénie que sur l'autisme, parce que le quotidien d'un psychiatre, ce sont plutôt les dépressions et phobies, vu les prévalences. Mais je suis d'accord que c'est un souci et qu'il faudrait davantage et mieux former les psychiatres à ces troubles, au moins pour pouvoir en référer à un spécialiste si c'est trop compliqué!
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Re: Formation des psychiatres aux TSA: WTF?
Officiellement oui, dans les faits, je ne suis pas sûre (sur l'étagère de ma psychiatre c'est le DSM que je vois). En plus, les TED sont également dans la CIM...Flower a écrit :Pour ce qui est du DSM, normalement en France on applique la CIM.

Je ne dis pas qu'il faut que tous deviennent experts, mais qu'ils se forment un minimum (et pas en regardant Rain ManD'ailleurs j'imagine qu'il doit être à peu près aussi difficile de trouver un psychiatre expert sur la schizophrénie que sur l'autisme, parce que le quotidien d'un psychiatre, ce sont plutôt les dépressions et phobies, vu les prévalences

C'est scandaleux à cause aussi de ce que vivent les parents, parce que franchement je me dis que faire diagnostiquer son enfant aujourd'hui c'est plus que courageux. Je ne sais pas si je l'aurais fait (ma fille a présenté quelques symptômes petite, mais là ça roule donc pas de souci) et ma mère m'a dit que quelque part elle est contente que je n'ai pas été enfant en 2016 parce que d'après elle ç'aurait été un carnage.
A l'époque elle voyait bien les résultats (plus que moyens) quand un instit la poussait à me mettre dans un atelier "expression", ou autres manoeuvres visant à me sortir de mon "enfermement", du coup elle ne préfère pas imaginer ce qu'aurait donné une prise en charge plus "musclée".
Certes, mon parcours n'a pas été facile (sans parler de ma scolarité) mais on est d'accord toutes les 2 que ça aurait pu être bien pire si j'avais été "repérée".
Oui, ça aurait pu être mieux aussi, et oui, il y a de bons professionnels, mais vu leur rareté la qualité de suivi est plus qu'incertaine.
C'est quand même dingue à notre époque, avec les éléments existants, de se dire ça, non?
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Re: Formation des psychiatres aux TSA: WTF?
Je crois qu'espérer que tous soient capable de diagnostiquer l'autisme c'est utopique a l'heure actuelle, par contre, qu'il soient capable de repérer les signes et connaitre les coordonnées d'un confrère qui maitrise le diagnostic on dois pouvoir y arriver déjà dans un premier temps.
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Re: Formation des psychiatres aux TSA: WTF?
Je te rejoins sur la plupart des choses écrites sur ton post misty.
Je connaissais une psychologue en formation, qui, elle, n'avait pu aborder en large et en longueur l'autisme "typique" (et apparemment, ils rabâchaient quand même pas mal à ce sujet), et qui n'avait eu que vaguement l'idée de ce qu'était les aspies (qui sont, pour moi, quand même deux choses totalement distinct de visu).
Au delà des professionnels, il y a aussi effectivement les formations qui leur sont donnés. En tant que professionnel, on ne s'attend pas à découvrir que ce qu'on nous apprend est faux, on s'en remet aux "spécialistes" (tels qu'ils se présentent), au cours que l'on reçoit. Les pros ne sont pas intentionnellement "méchant", et ils sont juste surtout ignorant, conditionné, et formaté dans ce type de cas.
Un exemple, dans ma formation, on a donc accès à des cours (très minimes) de psychiatrie, de psychologie, dont l'autisme (parce qu'on en rencontre aussi pas mal dans notre métier). Personnellement, je ne savais rien de l'autisme avant d'avoir eu une conférence (par un spécialiste reconnu en Belgique). J'étais donc resté sur "manque d'empathie". Et tant qu'on n'a pas pu analyser sur le terrain ce que signifie dans la bouche des spécialistes "un manque d'empathie", on ne peut pas totalement avoir accès au concept, on en reste à ce qu'on a appris de façon brute. Et c'est en étant directement en contact avec des autistes (au quotidien) que j'ai poussé l'analyse plus loin. Si je n'y avais pas eu accès sur le terrain, certainement que je ne me serai pas posée de questions... Quand bien même il y avait deux autistes qui était dans l'établissement mais avec qui je n'avais aucun lien, donc, aucun besoin d'accompagnement par mes soins, donc, pas besoin de me renseigner plus que ça. Ce qui était surtout urgent, à l'instant T, c'était de m'intéresser à la problématique des adolescents en difficultés sociales, la recherche sur l'autisme est venu bien plus tard (quand j'ai pris les enfants en charge). Et une recherche, dans le cadre d'une prise en charge, va plus loin qu'une simple connaissance de la problématique, cela prend énormément de temps, que l'on essaye de rentabiliser au mieux par rapport à nos prises en charge directe (le plus urgent). A savoir que se former "un minimum" ce n'est pas suffisant pour une prise en charge complète.
En fait, ça part du haut (les connaissances de l'autisme en France), pour redescendre vers le bas, à savoir: les formations qui sont données -> la formation des professionnels -> les compétences des professionnels -> les professionnels que cela donne.
Et à côté des formations, ce qui construit aussi un professionnel c'est: son expérience, sa personnalité, sa posture professionnelle, ses valeurs...
Pour ce qui a été dit après, oui, il y a une différence entre une personne qui s'informe, et une personne compétente. Sauf qu'une personne compétente dans sa spécialité (la psychiatrie), n'est pas forcément compétente sur une des spécialités de la spécialité (le TSA), juste parce qu'on ne peut pas tout savoir aux millimètres près, ce sont des formations à long terme et tout au long de la vie professionnelle (sinon il n'existerait pas de formation externe), et, je trouve, qu'il serait faux de dire qu'un psy est forcément compétent dans l'autisme parce qu'il est psy (c'est ce que ça devrait être, dans l'idéal). Je suis compétente dans l'éducation spécialisée, mais je ne suis pas compétente pour accompagner un délinquant et sa famille à travers les instances de justice, même si j'ai accès à des cours, parce que je n'y ai pas été confrontée, et que je ne me suis pas encore formée entièrement et intégralement à ce niveau. Il y a aussi le fossé énorme entre la théorie et la pratique. Pourtant, ça devrait faire partie de mes fonctions. Tout ça pour dire:
Si un psychiatre n'est pas formé à ce sujet et qu'il n'a aucune rentabilité à s'informer, il faudrait, je trouve, au moins qu'il puisse nous diriger vers des collègues compétents. Je trouve que c'est le minimum, et que chaque professionnel devrait avoir son répertoire de pro sur les différentes problématiques dans lesquelles il ne serait pas (assez) compétent, ou bien alors il s'informe, parce que ça fait partie de son métier de s'informer et de continuer à se former (mais ce n'est qu'une posture professionnelle parmi d'autres...).
Je connaissais une psychologue en formation, qui, elle, n'avait pu aborder en large et en longueur l'autisme "typique" (et apparemment, ils rabâchaient quand même pas mal à ce sujet), et qui n'avait eu que vaguement l'idée de ce qu'était les aspies (qui sont, pour moi, quand même deux choses totalement distinct de visu).
Au delà des professionnels, il y a aussi effectivement les formations qui leur sont donnés. En tant que professionnel, on ne s'attend pas à découvrir que ce qu'on nous apprend est faux, on s'en remet aux "spécialistes" (tels qu'ils se présentent), au cours que l'on reçoit. Les pros ne sont pas intentionnellement "méchant", et ils sont juste surtout ignorant, conditionné, et formaté dans ce type de cas.
Un exemple, dans ma formation, on a donc accès à des cours (très minimes) de psychiatrie, de psychologie, dont l'autisme (parce qu'on en rencontre aussi pas mal dans notre métier). Personnellement, je ne savais rien de l'autisme avant d'avoir eu une conférence (par un spécialiste reconnu en Belgique). J'étais donc resté sur "manque d'empathie". Et tant qu'on n'a pas pu analyser sur le terrain ce que signifie dans la bouche des spécialistes "un manque d'empathie", on ne peut pas totalement avoir accès au concept, on en reste à ce qu'on a appris de façon brute. Et c'est en étant directement en contact avec des autistes (au quotidien) que j'ai poussé l'analyse plus loin. Si je n'y avais pas eu accès sur le terrain, certainement que je ne me serai pas posée de questions... Quand bien même il y avait deux autistes qui était dans l'établissement mais avec qui je n'avais aucun lien, donc, aucun besoin d'accompagnement par mes soins, donc, pas besoin de me renseigner plus que ça. Ce qui était surtout urgent, à l'instant T, c'était de m'intéresser à la problématique des adolescents en difficultés sociales, la recherche sur l'autisme est venu bien plus tard (quand j'ai pris les enfants en charge). Et une recherche, dans le cadre d'une prise en charge, va plus loin qu'une simple connaissance de la problématique, cela prend énormément de temps, que l'on essaye de rentabiliser au mieux par rapport à nos prises en charge directe (le plus urgent). A savoir que se former "un minimum" ce n'est pas suffisant pour une prise en charge complète.
En fait, ça part du haut (les connaissances de l'autisme en France), pour redescendre vers le bas, à savoir: les formations qui sont données -> la formation des professionnels -> les compétences des professionnels -> les professionnels que cela donne.
Et à côté des formations, ce qui construit aussi un professionnel c'est: son expérience, sa personnalité, sa posture professionnelle, ses valeurs...
Pour ce qui a été dit après, oui, il y a une différence entre une personne qui s'informe, et une personne compétente. Sauf qu'une personne compétente dans sa spécialité (la psychiatrie), n'est pas forcément compétente sur une des spécialités de la spécialité (le TSA), juste parce qu'on ne peut pas tout savoir aux millimètres près, ce sont des formations à long terme et tout au long de la vie professionnelle (sinon il n'existerait pas de formation externe), et, je trouve, qu'il serait faux de dire qu'un psy est forcément compétent dans l'autisme parce qu'il est psy (c'est ce que ça devrait être, dans l'idéal). Je suis compétente dans l'éducation spécialisée, mais je ne suis pas compétente pour accompagner un délinquant et sa famille à travers les instances de justice, même si j'ai accès à des cours, parce que je n'y ai pas été confrontée, et que je ne me suis pas encore formée entièrement et intégralement à ce niveau. Il y a aussi le fossé énorme entre la théorie et la pratique. Pourtant, ça devrait faire partie de mes fonctions. Tout ça pour dire:
Si un psychiatre n'est pas formé à ce sujet et qu'il n'a aucune rentabilité à s'informer, il faudrait, je trouve, au moins qu'il puisse nous diriger vers des collègues compétents. Je trouve que c'est le minimum, et que chaque professionnel devrait avoir son répertoire de pro sur les différentes problématiques dans lesquelles il ne serait pas (assez) compétent, ou bien alors il s'informe, parce que ça fait partie de son métier de s'informer et de continuer à se former (mais ce n'est qu'une posture professionnelle parmi d'autres...).
Diagnostiquée avec un TSA léger (anciennement Asperger) par un CRA.
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Re: Formation des psychiatres aux TSA: WTF?
Complètement d'accord avec bidouille et Rudy.
Misty, j'écris tout ça pour expliquer pourquoi c'est si difficile, mais je suis tout à fait d'accord avec toi que c'est scandaleux d'avoir des professionnels si mal formés sur ces sujets - le plus problématique là-dedans étant que souvent, les gens ne sont pas capables de reconnaître qu'ils ne connaissent pas et d'adresser la personne à un collègue plus compétent. D'ailleurs c'est souvent à cette capacité-là qu'on reconnaît les bons, à mon avis.
Misty, j'écris tout ça pour expliquer pourquoi c'est si difficile, mais je suis tout à fait d'accord avec toi que c'est scandaleux d'avoir des professionnels si mal formés sur ces sujets - le plus problématique là-dedans étant que souvent, les gens ne sont pas capables de reconnaître qu'ils ne connaissent pas et d'adresser la personne à un collègue plus compétent. D'ailleurs c'est souvent à cette capacité-là qu'on reconnaît les bons, à mon avis.
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Re: Formation des psychiatres aux TSA: WTF?
Bonjour à tous/toutes,
Ou plutôt bonsoir, vu l'heure tardive. Je suis tombée sur votre forum au cours de mes abondantes recherches autour des TSA, et je n'ai pu m'empêcher de m'inscrire pour réagir un coup!
Je ne suis pas tout à fait neutre dans le débat qui vous anime puisque je suis étudiante en M2 Psychologie du Développement. Dernière année donc, d'un cursus de 5 ans qui m'en a pris 7 puisque je réalise ces études à distance et que je travaille en même temps, dans un institut très sérieux dépendant d'une université classique.
Je réalise mon mémoire sur le thème de l'autisme (plus précisément sur la possible mise à jour d'une association entre certains profils sensoriels et les spécificités attentionnelles que peuvent présenter les personnes avec TSA). Nous avons 500h de stage à faire sur l'année (et d'autres stages les années précédentes bien sûr), et je le réalise dans un pôle petite enfance spécialisé dans l'autisme (SESSAD, IME, UEMA, Accueil Temporaire, Crèche spécialisée).
Toutes ces nuits blanches que je passe à me torturer le cerveau sur des articles en anglais, neuro ou cognitivo-développementaux, afin d'arriver à mieux cerner ce que sont les fonctionnements autistiques m'obligent à réagir à vos écrits.
Je ne parlerai bien sûr pas pour les psychiatres puisque ce n'est pas ma partie, mais en ce qui concerne la formation des psychologues, il faut savoir une chose c'est qu'elle n'est absolument pas équivalente dans toutes les universités françaises. Chacune a une orientation spécifique. J'ai eu la chance de réaliser ma formation dans une université qui privilégiait les approches intégratives, expérimentales, qui s'éloignent autant que possible des méfaits d'une idéologie.
Loin de moi l'idée que la science objectivable soit la seule porte à la connaissance, mais en revanche je pense qu'une université a le devoir de structurer les fonctionnements de pensées et les démarches professionnelles. Chacun après a la liberté (le devoir?) d'ajouter sa sensibilité et ses intuitions dans sa pratique.
Ainsi, il est possible qu'une partie des psychologues exerçant sur le sol français soit mal formé à l'approche autistique (il est délicat à un étudiant formé exclusivement à la psychanalyse d'accompagner une personne atteinte de TSA... je ne reviendrai pas sur ce débat binaire et stérile), mais néanmoins je peux vous assurer que je croise dans ma pratique de stagiaire des professionnels bien formés, qui se tiennent très au courant des dernières recherches, sensibles et attentifs à la remise en question de leurs pratiques et de leurs croyances avec/concernant les enfants avec TSA.
J'irais même jusqu'à dire que, connaissant également d'autres milieux, comme celui du poly-handicap, il est frappant de voir à quel point les personnes évoluant dans le milieu de l'autisme sont particulièrement dynamiques et novateurs dans leurs pratiques, par rapport à d'autres troubles psy moins médiatisés et surtout moins bien documenté !
Ceci étant dit, je ne remets pas en question la véracité de vos dires concernant vos expériences auprès de la gent 'psy-trucs', et certainement qu'il faut le temps qu'évoluent les personnes qui ont été formé à une époque où l'on présentait l'autisme comme une psychose infantile, et où le 'traitement' proposé était l'accompagnement à l'émergence du désir (!).
(Sur ce point, je trouve la réplique du psychiatre venant à réaliser ''qu'alors, il ne pourrait pas les guérir'' intéressante. Il y a nécessairement un petit complexe de sauveur d'autrui dans les vocations psy, dont je pense on doit obligatoirement faire son deuil avant d'exercer. Peut-être cette étape a t-elle été bâclée en son temps chez certains...?)
Et puis, mine de rien, ce n'est pas aussi évident que ça! Le fonctionnement humain est ultra complexe, et très difficile à investiguer, même avec les mesures neuro dont on dispose désormais. Les sciences humaines ne reposent que sur des concepts, des modèles que l'on extrait de comparaisons statistiques à partir de mesures comportementales, cognitives ou physiologiques mais qu'il faut bien mettre en lien. Et le fait est que, avec toutes les théories qui ont été proposées, le nombre presque écrasant (si,si..!) d'études sur le sujet, nous ne savons toujours pas comment fonctionne l'autisme, les autismes (ce serait trop facile si c'était un trouble homogène!).
Un peu d'indulgence donc...
Bref je résume l'objet de ce message : pour ce qui est de la formation actuelle, je pense qu'elle n'est pas complètement pourrie !
Sur ce, je retourne à mes études. Bonne soirée à tous/toutes!
Ou plutôt bonsoir, vu l'heure tardive. Je suis tombée sur votre forum au cours de mes abondantes recherches autour des TSA, et je n'ai pu m'empêcher de m'inscrire pour réagir un coup!
Je ne suis pas tout à fait neutre dans le débat qui vous anime puisque je suis étudiante en M2 Psychologie du Développement. Dernière année donc, d'un cursus de 5 ans qui m'en a pris 7 puisque je réalise ces études à distance et que je travaille en même temps, dans un institut très sérieux dépendant d'une université classique.
Je réalise mon mémoire sur le thème de l'autisme (plus précisément sur la possible mise à jour d'une association entre certains profils sensoriels et les spécificités attentionnelles que peuvent présenter les personnes avec TSA). Nous avons 500h de stage à faire sur l'année (et d'autres stages les années précédentes bien sûr), et je le réalise dans un pôle petite enfance spécialisé dans l'autisme (SESSAD, IME, UEMA, Accueil Temporaire, Crèche spécialisée).
Toutes ces nuits blanches que je passe à me torturer le cerveau sur des articles en anglais, neuro ou cognitivo-développementaux, afin d'arriver à mieux cerner ce que sont les fonctionnements autistiques m'obligent à réagir à vos écrits.
Je ne parlerai bien sûr pas pour les psychiatres puisque ce n'est pas ma partie, mais en ce qui concerne la formation des psychologues, il faut savoir une chose c'est qu'elle n'est absolument pas équivalente dans toutes les universités françaises. Chacune a une orientation spécifique. J'ai eu la chance de réaliser ma formation dans une université qui privilégiait les approches intégratives, expérimentales, qui s'éloignent autant que possible des méfaits d'une idéologie.
Loin de moi l'idée que la science objectivable soit la seule porte à la connaissance, mais en revanche je pense qu'une université a le devoir de structurer les fonctionnements de pensées et les démarches professionnelles. Chacun après a la liberté (le devoir?) d'ajouter sa sensibilité et ses intuitions dans sa pratique.
Ainsi, il est possible qu'une partie des psychologues exerçant sur le sol français soit mal formé à l'approche autistique (il est délicat à un étudiant formé exclusivement à la psychanalyse d'accompagner une personne atteinte de TSA... je ne reviendrai pas sur ce débat binaire et stérile), mais néanmoins je peux vous assurer que je croise dans ma pratique de stagiaire des professionnels bien formés, qui se tiennent très au courant des dernières recherches, sensibles et attentifs à la remise en question de leurs pratiques et de leurs croyances avec/concernant les enfants avec TSA.
J'irais même jusqu'à dire que, connaissant également d'autres milieux, comme celui du poly-handicap, il est frappant de voir à quel point les personnes évoluant dans le milieu de l'autisme sont particulièrement dynamiques et novateurs dans leurs pratiques, par rapport à d'autres troubles psy moins médiatisés et surtout moins bien documenté !
Ceci étant dit, je ne remets pas en question la véracité de vos dires concernant vos expériences auprès de la gent 'psy-trucs', et certainement qu'il faut le temps qu'évoluent les personnes qui ont été formé à une époque où l'on présentait l'autisme comme une psychose infantile, et où le 'traitement' proposé était l'accompagnement à l'émergence du désir (!).
(Sur ce point, je trouve la réplique du psychiatre venant à réaliser ''qu'alors, il ne pourrait pas les guérir'' intéressante. Il y a nécessairement un petit complexe de sauveur d'autrui dans les vocations psy, dont je pense on doit obligatoirement faire son deuil avant d'exercer. Peut-être cette étape a t-elle été bâclée en son temps chez certains...?)
Et puis, mine de rien, ce n'est pas aussi évident que ça! Le fonctionnement humain est ultra complexe, et très difficile à investiguer, même avec les mesures neuro dont on dispose désormais. Les sciences humaines ne reposent que sur des concepts, des modèles que l'on extrait de comparaisons statistiques à partir de mesures comportementales, cognitives ou physiologiques mais qu'il faut bien mettre en lien. Et le fait est que, avec toutes les théories qui ont été proposées, le nombre presque écrasant (si,si..!) d'études sur le sujet, nous ne savons toujours pas comment fonctionne l'autisme, les autismes (ce serait trop facile si c'était un trouble homogène!).
Un peu d'indulgence donc...
Bref je résume l'objet de ce message : pour ce qui est de la formation actuelle, je pense qu'elle n'est pas complètement pourrie !
Sur ce, je retourne à mes études. Bonne soirée à tous/toutes!
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Re: Formation des psychiatres aux TSA: WTF?
Je rajouterais, mais en effet c'est très rare d'après mon expérience dans le domaine médical (je ne parle pas forcément d'autisme puisque j'y ai été peu confrontée encore), avoir une conscience professionnelle et avoir choisi ce métier pour aider/soigner les gens et non pour se faire son fric en fin de mois.Flower a écrit :@bidouille: L'efficacité de l'acupuncture dans le traitement de la douleur a été prouvée scientifiquement.
J'imagine que comme le sujet est peu abordé en formation initiale pour les psychiatres et que ça reste assez rare, la plupart n'ont aucune raison pour se former davantage à l'autisme - sauf à être confrontés directement au sujet d'une manière ou d'une autre (enfant autiste dans la famille p. ex.) et du coup vouloir se renseigner. Mais s'il y a une personne qui se présente parce qu'elle se soupçonne autiste, le psychiatre en face risque très souvent de trouver que l'effort (en temps voire financier) de se former à ce sujet est trop important par rapport à ce que cela lui apporte - au mieux un patient auquel il ne pourra de toute façon apporter que peu d'aide. Il faut soit être très curieux et ouvert par nature, soit avoir un intérêt fort par rapport à la personne en question (p. ex. si on a déjà suivi la personne avant cette découverte ou parce qu'il y a une sympathie spontanée) pour prendre cette peine.
Je me suppose Asperger mais non diagnostiquée. En recherche d'informations qui m'aideraient à avancer.
Démarche au CRA commencée le 2/06/2016
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