Tu n’aurais pas dû me lancer sur le sujet, Loup. C’est mon intérêt restreint principal.
Tu devrais y jouer. Mais je dirais même plus, au-delà du devoir, se cache un impératif tant ce jeu, constitué à l’origine pour des enfants, est en fait un récit morbide qui prend le nom de série « Zelda » et qui fait intervenir la tétanie, sinon la mort dans un jeu vidéo anxiogène et qui ne présente pourtant aucun élément cru comme les jeux des années 2010. Il correspond parfaitement à ce genre de jeux vidéos, créé à l’époque où on n’était pas très regardant sur les contenus, pour en faire un contenu à la fois basique et mature dans les sujets qu’il évoque de manière sous-jacente.
C’est suite à beaucoup de recherches que j’ai découvert, qu’en effet, il y avait plus derrière l’histoire en apparence normale du jeu, et que tout ce qui est dedans évoque de près ou de loin la mort. C’est comme la métaphore des étapes du deuil chez un individu, avec une volonté à peine masquée tant j’ai du mal à croire que cela ne soit dû qu’au hasard.
Chaque région du jeu, chaque endroit que tu explores renvoie à la réalité à laquelle nous sommes confrontés un jour ou l’autre, ne serait-ce que par les éléments principaux du jeu : Les Masques, qui sont, pour les plus importants, des réceptacles récupérés sur des cadavres. Je ne pense pas spoiler, parce que ce sont des éléments, qui, pris à part, ne sont pas constitufs de l’intrigue à mes yeux. Le pire c’est qu’ils sont là, tu vois, sans aucune raison. Ils sont là, ils existent. Ils te foutent les pétoches, mais il n’y a aucune raison à leur existence. Le fait que tout le monde souffre, que tout le monde à Termina (le nom de la région) soit confronté au malheur, et que tu ne puisses rien faire pour cela, c’est aussi… Même pas un élément scénaristique. C’est juste là. C’est comme ça, et tu ne peux rien y faire.
La boucle temporelle qui s’installe te forçant à retourner dans le temps, les gens que tu aides redeviennent désespérément au point de départ, même quand tu as remué des pieds et des mains pour les aider. Zelda Majora’s Mask dégage en effet cette aura dépressive qui anime le sentiment d’impuissance.
En fait jouer à ce jeu c’est très frustrant, parce que tu as l’impression de courir partout pour sauver le monde, alors que tu ne sauves rien du tout. Tu es juste là, le témoin de la fin du monde, et tu sais que tes efforts seront vains. Cela crée, pour ma part en tous cas, une oppression au cœur. Je ne suis jamais satisfait, parce que je n’ai jamais l’impression d’avoir fini, parce qu’il est impossible de finir toutes les quêtes en trois jours, tu dois obligatoirement revenir dans le temps et en faire certaines et pas d’autres. Or, moi, j’aurais aimé réussir un jour à toutes les faire dans le même cycle pour rendre le village de Bourg-Clôcher totalement apaisé de ses craintes.
Je ne désespère pas d’y arriver un jour pour trouver la bonne combinaison, mais c’est là, c’est comme ça, je ne peux rien y faire. Et c’est ça qui rend le jeu génial. À tous les points de vue.
Zelda Majora’s Mask, c‘est cette immersion dans le malsain, où Link est peut-être mort, où nous sommes peut-être au purgatoire. En fait, on ne sait pas. Le jeu se fait dans un grand « ? » ce qui ouvre à pas mal d’interprétations. Mais tu es au milieu du malheur, tu vis dans le malheur, dans la mort, parce que tu es peut-être toi-même mort. Surtout que moi, pour ma part, je conçois mes jeux Zelda dans la continuité, et j’appelle le héros AKise (à cause d’une faute d’orthographe pour le K que j’ai conservée), du coup dans ma tête ça fait « mon » histoire plus que « l’histoire », mais c’est anecdotique.
Je dirai d’ailleurs, pour terminer, que les OST du jeu sont absolument magnifiques. J’écoute en ce moment Zelda Majora’s Mask Intro, mais j’adore aussi le Chant de l’Apaisement, le Clock Town 2nd day, ou le Majora’s Incarnation Battle. Le Deku Palace aussi, et tant d’OST qui renforcent le malaise ambiant du jeu, et qui ne font que nous faire trembler un peu plus quand on y joue dans le noir, malgré la force lumineuse qu’on représente.
Oui parce que, à mes yeux, il n’y a pas de héros dans Majora’s Mask. Il n’y a que des victimes. Et nous sommes tous victimes d’un sadique, qui n’a d’autres ambitions que la destruction, que le plaisir de voir souffrir et d’anéantir, alors même que tout est censé s’arrêter trois jours plus tard.
Ainsi le boss final est par essence, tout ce qu’est censé représenter l’idée du « mal » même si elle est très abstraite. Ce sont pour moi ces monstres qui me faisaient peur la nuit. Ils ne parlent pas, ne sont pas capables d’humour ou d’ironie. Ce sont juste des monstres, des esprits malveillants et
malsains j’insiste sur le mot, dont le sadisme est sans limites.
Je dirai qu’à titre d’exemple, dans la phase du combat final, si tu y joues, le boss final préférera danser que t’attaquer. Et ça me semble se suffire à soi-même pour l’explication.
Pour rester dans le sujet, qui est quand même les Creepypastas, je te dirai ainsi que le récit horrifique qui m’a poussé à jouer à ce jeu c’est Ben Drowned :
http://creepypastafromthecrypt.blogspot ... -mask.html, agrémenté de vidéos et d’un réalisme bluffant qui donne vraiment envie de voir ce que ça donne par soi-même, et qui a été à l’origine du déclic sur ce jeu vidéo me concernant.
Voilà. Je suis vraiment désolé pour la longueur de ce message, j’ai essayé de faire au plus court. Je ne t’oblige pas à y répondre, mais je m’emporte vite sur ce jeu ! héhé.
).
.