Le syndrome d'asperger rend-il sourd ?

[Athéna]

Oui vous avez bien lu.

Voilà. J'ai eues de très mauvaises relations avec les membres de ma famille qui m'ont toujours rabaissée. Je n'ai actuellement plus de relations avec ma mère ni ma grand -mère et quasiment plus avec ma sœur.

Malgré cela, elles ont été au courant de mes démarches pour un diagnostic et ma sœur a eue l'annonce officielle de mon syndrome.

La réaction a été unanime: elles ont toutes fait comme si je n'avait rien dit.
Moi qui pensait (encore) que l'état de nos relations pouvait venir de moi et de ma difficulté à communiquer, je pensais que cela pourrait améliorer nos relations.

Finalement, j'en viens à me dire que le problème ne vient peut-être pas de moi et qu'à 31 ans, il faut que j'arrête de me soucier de ces personnes.

[Cathy]

Ca n'est pas le syndrome d'Asperger qui rend sourd Athéna, c'est les problèmes des autres qui font cet effet là.

On peut mettre ça sur le compte d'un tas de trucs, (liste non exhaustive) :

- L'égoïsme

- La lâcheté (c'est toujours plus facile de mettre la tête dans le sable)

- La sur-communication ( avant les gens parlaient bien moins de leurs problèmes, ils encaissaient sans oser se plaindre. Aujourd'hui ils communiquent grâce aux nombreux supports mis à leur disposition et plus facilement de façon négative que positive.)

- La notion de légitimité à se plaindre ( Qui n'a pas entendu la fameuse phrase " attends avant de te plaindre tu réalises qu'il y a des gens qui sont plus dans la mouise que toi " ?)

- Pour d'autres , ça devient un instinct de survie. Porter son propre sac de cailloux est déjà compliqué, se charger des cailloux des autres est un coup à ne pas pouvoir se relever.

Malgré les raisons que je viens de citer et sans vouloir porter un jugement sur ta famille, j'estime que c'est un devoir que d'aider ses enfants. Nous pouvons nous planter, ne pas connaitre les bonnes méthodes, avoir nos propres soucis mais ne pas essayer est inacceptable.

[Manichéenne]

J'ajouterai aussi le refus d'admettre ses torts ou de changer de point de vue. Si pendant des années une famille pense que telle personne est bizarre, que c'est elle qui est responsable des incompréhensions, ou au contraire qu'il n'y a rien du tout, ce n'est pas évident ensuite d'admettre la réalité.
Je suppose que si j'informais mes parents de mon diagnostic, ils le refuseraient parce qu'ils sont persuadés qu'ils l'auraient vu, et qu'ils ont toujours agit au mieux. Pour les points pour lesquels ils ne sont pas dans le déni, ils étaient persuadés que je devais changer et pas qu'eux devaient s'adapter. Là aussi, admettre qu'ils devraient se renseigner, faire des efforts, apprendre à me connaitre, ça ne me semble pas à leur portée actuellement.

Bon courage Athéna, pour trouver l'équilibre qui te convient le mieux avec ta famille.

[Athéna]

Je comprends que les membres de ma famille ont eus des moments difficiles dans leur vie, mais je me rends compte que je les ai toujours excusé pour ça.

Ma mère ne me voulait pas vraiment, c'est pour ça qu'elle était violente.
Quand on a perdu mon père, j'ai laissé ma soeur faire tout ce qu'elle voulait sans dire un mot, l'excuse: elle ne va pas bien, c'est dur pour elle. Après coup, quand je suis sortie de mon propre chagrin dont je n'avais pas conscience, je me suis rappelés les événements et me suis rendue compte qu'elle m'avait écarté pour pouvoir récupérer tous les biens de mon père et non pas parce que la tristesse ressortait sous forme de colère.

Je me sens profondément stupide et en même temps, quand je vois la famille de mon copain, je me dis que penser que les membres de sa propre famille ne doivent pas être malveillants est une chose normale au final.

La fille sourde, c'est peut-être moi, de ne pas avoir voulu entendre et comprendre les comportements de ma famille pour ce qu'ils étaient pendant tant d'années.

Quand j'ai découvert le SA, je me suis encore dit que c'était ma faute, que je ne savais pas communiquer correctement, que je ne savais pas interpréter les comportements... Heureusement, mon copain a un regard neutre sur les choses. Ma vraie question c'est comment trouver un équilibre sans ma famille et sans que tout repose sur mon copain ?

[Manichéenne]

Ma vraie question c'est comment trouver un équilibre sans ma famille et sans que tout repose sur mon copain ?

Sans que quoi repose sur ton copain ?
Que t'apporte ta famille ?
Un équilibre, on en retrouve toujours un. Si ta famille disparaissait pour n'importe quelle raison, tu finirais par t'adapter. A toi de voir ce que tu préfères faire sans eux, et de t'y astreindre petit à petit. Émotionnellement ça peut être difficile, mais pour ce qui est du concret c'est certainement plus faisable que tu ne le crois.
Bien sûr ce serait plus simple si tu étais bien entourée, avec plusieurs personnes de confiance pouvant être présentes en cas de besoin, mais bon tu ne vas pas te faire des tas d'amis et devenir ultra-sociable, faut être réaliste aussi.
Pour moi, avoir cessé tout contact avec mes parents n'est pas vraiment un problème, c'était même nécessaire (tu n'as pas forcément à en arriver là). Par contre augmenter mon isolement reste toujours compliqué, même pour fuir une personne malsaine.

[Athéna]

Je me suis mal exprimée: ma famille ne m'apporte aucun équilibre mais justement, j'ai du mal à trouver mon propre équilibre de ce fait. Je ne les vois plus depuis deux ans et je me sens beaucoup mieux mais en même temps, j'ai du mal à faire confiance aux gens et à me sentir bien dans ma peau.

Mon copain m'a beaucoup aidé pour cela mais ce n'est pas encore le top et surtout il est malade en ce moment et donc, je voudrais que ce soit plus lui qui se repose sur moi que l'inverse.

[misty]

Pour tout ce dont tu parles, Athéna, je pense que l'aide d'un psychologue est nécessaire. Ici, je pense qu'on peut t'écouter, essayer de t'aider, mais ça ne suffira pas. Ma psychologue tient à ce que je trouve du soutien plus régulier, parce qu'elle dit que pour les TSA un suivi psychologique est indispensable (et beaucoup plus important qu'un suivi psychiatrique).
D'après elle, l'hypersensibilité + les difficultés d'expression + l'incapacité à comprendre l'injustice, ça donne un cocktail vraiment explosif.

Je ne peux pas me mettre à ta place, mais je sais que j'en bave pas mal en famille et qu'il m'est nécessaire d'en parler à quelqu'un. En plus, j'ai fait un choix très difficile: celui de continuer à voir mon père (pour l'équilibre de ma fille) alors que nos relations sont très compliquées (pour situer, il m'a offert un petit taille-crayon à Noël dernier, alors que mon copain, mon frère et ma mère ont eu bouquins ou CD).
J'essaie d'assumer ce choix, mais psychologiquement, ça me bousille régulièrement.

j'ai du mal à faire confiance aux gens et à me sentir bien dans ma peau.

Là, je pense que c'est le point essentiel. Et c'est pour ça qu'un suivi est important.

Bien sûr ce serait plus simple si tu étais bien entourée, avec plusieurs personnes de confiance pouvant être présentes en cas de besoin, mais bon tu ne vas pas te faire des tas d'amis et devenir ultra-sociable, faut être réaliste aussi.

+1
Tu as peut-être à renoncer aussi, à certaines choses que tu croyais possibles mais qui ne le sont pas. Accepter ta différence, et la voir comme un avantage (les gens très sociables, ils ont aussi beaucoup moins de temps pour réfléchir, lire, créer=> perso je ne voudrais pas être à leur place.)

[freeshost]

Comme tu le sais, il n'y a pas plus sourd que qui ne veut pas entendre.

L'autisme, une vérité qui dérange ?