Un aspie doit-il se comporter comme un neurotypique ?!
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Un aspie doit-il se comporter comme un neurotypique ?!
Je m'explique !
Mon fils diagnostiqué SA commence son suivi chez la psychologue.
Psychologue qui dès la première séance de suivi (on l'a rencontré 3 fois avant courant juillet, mais elle accouchait en Août, du coup il a fallu attendre qu'elle rentre de congé mater, et cette séance était celle de " reprise " de contact, avec échanges sur ce qu'il s'était passé ces dernières semaines), lui demande assez clairement et sans échappatoire de la regarder dans les yeux.
Ma réflexion commence là. Mon fils doit donc être un autre lui dans ce monde de neurotypiques, pour être accepté ?
Trouve-t-on réellement en France, des gens compétents face à l'autisme, ou seulement des personnes qui veulent façonner les aspies comme des neurotypiques ?
La solution est où ?
Je suis un peu paumée.
Je veux aider mon fils, mais je ne veux pas nier ce qu'il est.
Je veux qu'il s'adapte dans ce monde, mais je ne veux pas qu'il souffre de ne pas être neurotypique.
Je veux qu'il se sente épanoui, et pas qu'on nie son être profond.
Mon fils diagnostiqué SA commence son suivi chez la psychologue.
Psychologue qui dès la première séance de suivi (on l'a rencontré 3 fois avant courant juillet, mais elle accouchait en Août, du coup il a fallu attendre qu'elle rentre de congé mater, et cette séance était celle de " reprise " de contact, avec échanges sur ce qu'il s'était passé ces dernières semaines), lui demande assez clairement et sans échappatoire de la regarder dans les yeux.
Ma réflexion commence là. Mon fils doit donc être un autre lui dans ce monde de neurotypiques, pour être accepté ?
Trouve-t-on réellement en France, des gens compétents face à l'autisme, ou seulement des personnes qui veulent façonner les aspies comme des neurotypiques ?
La solution est où ?
Je suis un peu paumée.
Je veux aider mon fils, mais je ne veux pas nier ce qu'il est.
Je veux qu'il s'adapte dans ce monde, mais je ne veux pas qu'il souffre de ne pas être neurotypique.
Je veux qu'il se sente épanoui, et pas qu'on nie son être profond.
Maman de 3 enfants : 2 garçons de 9 ans & 6 ans, une petite fille de 3 ans.
Diag obtenu pour mon fils aîné le 21 juillet 2015 : Autiste Asperger.
Notre vie de famille et l'autisme, je le raconte sur mon blog :
Une maman dans la Lune
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Re: Un aspie doit-il se comporter comme un neurotypique ?!
C'est une vaste question, et c'est bien que tu te la poses. On est dans le thème de la conférence de Genève de samdi dernier, t'aurais du venir
Façonner un autiste pour qu'il devienne un petit bonhomme comme les autres, ça me semble cruel et voué à l'échec. Mais nier qu'il aura besoin de faire partie de cette société qui majoritairement ne fonctionne pas comme lui, c'est naïf. Tout ça pour dire qu'il faut, et tu l'as bien compris, trouver la voie idéale entre l'apprentissage de compétences sociales (qui lui simplifieront grandement la vie, et lui ouvriront des portes) et le respect de son être et de son fonctionnement.
À mon avis, le mieux serait de lui apprendre ces compétences comme un rôle, qu'il comprenne que les autres ne fonctionnent pas comme lui et qu'il a les armes pour s'insérer. Mais aussi que ce n'est qu'un rôle, et encourager son développement spécifique. À quel âge peut-on avoir conscience de ça, et comment initier ce travail avec un jeune enfant, je n'en sais rien.
Pourrais-tu demander à ta psychologue d'expliciter ses plans, sa stratégie ? Pour le coup du regard, s'il s'agit d'apprendre à ton petit qu'on se simplifie beaucoup la vie avec les non-autistes en leur jetant un coup d'oeil de temps en temps, ça ne me semble pas rédhibitoire. S'il s'agit de le reprogrammer, de le "réparer", alors découpe cette psychologue en morceaux, tu feras du bien aux autistes. C'est une image, hein...
Façonner un autiste pour qu'il devienne un petit bonhomme comme les autres, ça me semble cruel et voué à l'échec. Mais nier qu'il aura besoin de faire partie de cette société qui majoritairement ne fonctionne pas comme lui, c'est naïf. Tout ça pour dire qu'il faut, et tu l'as bien compris, trouver la voie idéale entre l'apprentissage de compétences sociales (qui lui simplifieront grandement la vie, et lui ouvriront des portes) et le respect de son être et de son fonctionnement.
À mon avis, le mieux serait de lui apprendre ces compétences comme un rôle, qu'il comprenne que les autres ne fonctionnent pas comme lui et qu'il a les armes pour s'insérer. Mais aussi que ce n'est qu'un rôle, et encourager son développement spécifique. À quel âge peut-on avoir conscience de ça, et comment initier ce travail avec un jeune enfant, je n'en sais rien.
Pourrais-tu demander à ta psychologue d'expliciter ses plans, sa stratégie ? Pour le coup du regard, s'il s'agit d'apprendre à ton petit qu'on se simplifie beaucoup la vie avec les non-autistes en leur jetant un coup d'oeil de temps en temps, ça ne me semble pas rédhibitoire. S'il s'agit de le reprogrammer, de le "réparer", alors découpe cette psychologue en morceaux, tu feras du bien aux autistes. C'est une image, hein...
(Diagnostiqué autiste en 2013, à 40 ans)
Papa d'un petit garçon autiste né en 2018
Je sème des cailloux, ils m'échappent des doigts,
Mais je prends bien garde qu'ils ne mènent à moi.
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Re: Un aspie doit-il se comporter comme un neurotypique ?!
Je pense que cela dépend de la vision de l'autisme que la personne a.
Si elle voit l'autisme comme quelque chose à soigner ou corriger, elle cherchera à faire rentrer l'autiste dans le moule prédéfini de la normalité.
Si elle accepte la différence et la neurodiversité, elle cherchera plutôt à aider la personne a se comprendre, se connaître et vivre sereinement au milieu de NT.
Je ne suis pas de ceux qui pensent que certains comportements sont à corriger. Parce que les comportements ne sont pas la base du problème.
Ce n'est pas le comportement qu'il faut chercher à éliminer, mais la cause de celui-ci.
C'est comme donner des neuroleptiques pour éviter les crises alors que le plus efficace est quand même simplement d'éviter au max les facteurs de crise.
En quoi ça dérange qu'il ne regarde pas dans les yeux ?
Il est encore jeune en plus.
Apprenons-lui d'abord à avoir confidence en lui, en l'autre et à reconnaître les mimiques.
Créons une relation de confiance.
Faisons en sorte que le contact se créer naturellement.
Et le jour où il aura besoin de faire fit, à ce moment-là, apprenons lui le mensonge et les faux semblants.
J'ai bientôt 23 ans, je ne regarde toujours pas dans les yeux et les réflexions que j'ai reçu à cause de ça sont absolument anecdotiques.
Sans parler du fait que si quelqu'un se comporte sèchement avec moi et en m'imposant directement des choses, c'est le meilleur moyen de me braquer complètement et d'annuler toute éventuelle coopération ultérieure. Sans parler du stress que cela m'occasionne.
Le meilleur moyen aussi c'est d'en parler avec ton fils, lui demander son ressenti.
Sinon pour répondre à tes questions, en France les pros compétents face à l'autisme et qui ne cherchent pas à façonner sont rares, mais il y en a.
La solution est en chacun de nous =P (sérieusement, je n'ai pas la réponse)
Et non, il ne doit pas être un autre lui pour être accepté.
Si c'est le cas, c'est qu'il sera mal entouré.
C'est long et très compliqué mais pour ma part, après des années de souffrance, j'ai enfin trouvé des gens qui m'acceptent tel que je suis.
Du coup c'est seulement maintenant que je me rend compte à quel point toutes ces années j'étais vraiment entourée par des cons.
Si elle voit l'autisme comme quelque chose à soigner ou corriger, elle cherchera à faire rentrer l'autiste dans le moule prédéfini de la normalité.
Si elle accepte la différence et la neurodiversité, elle cherchera plutôt à aider la personne a se comprendre, se connaître et vivre sereinement au milieu de NT.
Je ne suis pas de ceux qui pensent que certains comportements sont à corriger. Parce que les comportements ne sont pas la base du problème.
Ce n'est pas le comportement qu'il faut chercher à éliminer, mais la cause de celui-ci.
C'est comme donner des neuroleptiques pour éviter les crises alors que le plus efficace est quand même simplement d'éviter au max les facteurs de crise.
En quoi ça dérange qu'il ne regarde pas dans les yeux ?
Il est encore jeune en plus.
Apprenons-lui d'abord à avoir confidence en lui, en l'autre et à reconnaître les mimiques.
Créons une relation de confiance.
Faisons en sorte que le contact se créer naturellement.
Et le jour où il aura besoin de faire fit, à ce moment-là, apprenons lui le mensonge et les faux semblants.
J'ai bientôt 23 ans, je ne regarde toujours pas dans les yeux et les réflexions que j'ai reçu à cause de ça sont absolument anecdotiques.
Sans parler du fait que si quelqu'un se comporte sèchement avec moi et en m'imposant directement des choses, c'est le meilleur moyen de me braquer complètement et d'annuler toute éventuelle coopération ultérieure. Sans parler du stress que cela m'occasionne.
Le meilleur moyen aussi c'est d'en parler avec ton fils, lui demander son ressenti.
Sinon pour répondre à tes questions, en France les pros compétents face à l'autisme et qui ne cherchent pas à façonner sont rares, mais il y en a.
La solution est en chacun de nous =P (sérieusement, je n'ai pas la réponse)
Et non, il ne doit pas être un autre lui pour être accepté.
Si c'est le cas, c'est qu'il sera mal entouré.
C'est long et très compliqué mais pour ma part, après des années de souffrance, j'ai enfin trouvé des gens qui m'acceptent tel que je suis.
Du coup c'est seulement maintenant que je me rend compte à quel point toutes ces années j'étais vraiment entourée par des cons.
- 05/09/2014: demande de diag au Centre Expert Albert Chenevier.
- 20/11/2014: rendez-vous préliminaire avec le Dr L.
- 27-28/05/2015: journées d'examens
- 10/07/2015: TSA, TAG, phobie sociale
http://whatamadgirl.over-blog.com/
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Re: Un aspie doit-il se comporter comme un neurotypique ?!
Une personne Asperger peut-elle se comporter comme une personne "normale" ?
Il me semble que non.
Elle peut bien s'adapter en partie.
Entre le conformisme et l'anticonformisme, il y a tout un continuum. À chaque personne de décider dans quel segment de ce continuum elle veut se positionner.
La réponse pourra varier d'un groupe à l'autre, puisque les normes varient d'un groupe à l'autre. Tiens, par exemple, il paraît que, au Japon, les règles de bienséance sont différentes de celles en France, qui sont différentes de celles au Pérou, qui sont différentes de celles... on ne se comporte pas de la même manière au bistrot qu'à la bibliothèque, qu'à un mariage, qu'à un enterrement, que durant une inondation, etc.
Pour ma part, sus à la dictature de l'homogénéité. Vive la neurodiversité ! Nous n'avons pas besoin d'être toutes et tous moulés dans le même moule pour cohabiter. D'un bord comme de l'autre, il s'agit de développer des vies qui ne nuisent pas aux autres vies, des vies et des représentations qui ne sont point gênées par la différence de l'autre vie, de la sérénité ici et là-bas, de la curiosité à n'en plus finir.
Pas à pas, comme on dit. Il y aura des lieux communs qu'il voudra fréquenter à nouveau, d'autres qu'il ne voudra pas revivre tout de suite. Et il se situera alors quelque part sur le continuum, entre l'isolation totale et le moulage industriel complet, et il aura tout le loisirs de s'y déplacer quand il veut.
On peut aussi se référer au concept d'aliénation.
Il me semble que non.
Elle peut bien s'adapter en partie.
Entre le conformisme et l'anticonformisme, il y a tout un continuum. À chaque personne de décider dans quel segment de ce continuum elle veut se positionner.
La réponse pourra varier d'un groupe à l'autre, puisque les normes varient d'un groupe à l'autre. Tiens, par exemple, il paraît que, au Japon, les règles de bienséance sont différentes de celles en France, qui sont différentes de celles au Pérou, qui sont différentes de celles... on ne se comporte pas de la même manière au bistrot qu'à la bibliothèque, qu'à un mariage, qu'à un enterrement, que durant une inondation, etc.
Pour ma part, sus à la dictature de l'homogénéité. Vive la neurodiversité ! Nous n'avons pas besoin d'être toutes et tous moulés dans le même moule pour cohabiter. D'un bord comme de l'autre, il s'agit de développer des vies qui ne nuisent pas aux autres vies, des vies et des représentations qui ne sont point gênées par la différence de l'autre vie, de la sérénité ici et là-bas, de la curiosité à n'en plus finir.
Pas à pas, comme on dit. Il y aura des lieux communs qu'il voudra fréquenter à nouveau, d'autres qu'il ne voudra pas revivre tout de suite. Et il se situera alors quelque part sur le continuum, entre l'isolation totale et le moulage industriel complet, et il aura tout le loisirs de s'y déplacer quand il veut.
On peut aussi se référer au concept d'aliénation.
Spoiler : Nous n'osons même plus nous nommer nous-mêmes. Nous nous nions. :
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.
Diagnostiqué autiste en l'été 2014
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Re: Un aspie doit-il se comporter comme un neurotypique ?!
Je suis d'accord - mais il faut bien admettre - qu'il y a une sorte de pression désormais pour dire qu'un enfant aspie se doit d'être dressé dès le plus jeune âge pour être rendu à la conformité ambiante. Donc, voilà ça sera du :freeshost a écrit :Une personne Asperger peut-elle se comporter comme une personne "normale" ?
Il me semble que non.
Elle peut bien s'adapter en partie.
Entre le conformisme et l'anticonformisme, il y a tout un continuum. À chaque personne de décider dans quel segment de ce continuum elle veut se positionner.
- regarde moi dans les yeux quand je te parle ou quand tu me parles (si encore on accepte qu'un enfant ait droit à la parole)
- tien toi droit quand tu es assis
- bouge pas tes jambes
- ne tient pas tes mains
- arrête de faire cette tête
- souri
- articule
- bouge pas
-
Bon, à part ça, la maman et l'enfant peuvent aussi dire à la psy : écoutez, il y a peut-être d'autres priorités actuellement que de devoir vous regarder dans les yeux.
Après il faut peut-être lui proposer une explication et lui demander d'arrêter de stresser... aussi.
Modifié en dernier par Nouvelle le mardi 10 novembre 2015 à 8:43, modifié 1 fois.
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Re: Un aspie doit-il se comporter comme un neurotypique ?!
Le dressage me fait dresser les cheveux, aussi courts soient-ils.Nouvelle a écrit :Je suis d'accord - mais il faut bien admettre - qu'il y a une sorte de pression désormais pour dire qu'un enfant aspie se doit d'être dressé dès le plus jeune âge pour être rendu à la conformité ambiante.
Ça, c'est pour le dos.Nouvelle a écrit :- tient droit quand tu es assis
Pour ma part, je contribue au "dressage mathématique" (apprendre ses livrets jusqu'à 12*12 par cœur, savoir faire une addition, une soustraction, une multiplication par écrit et de tête, savoir tracer la médiatrice, la bissectrice, ..., avec la règle, le compas et le crayon seulement, etc.).
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.
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Re: Un aspie doit-il se comporter comme un neurotypique ?!
Si tu me permets, il ne faut pas se poser la question comme ça.Galadrielle a écrit : Ma réflexion commence là. Mon fils doit donc être un autre lui dans ce monde de neurotypiques, pour être accepté ?
Trouve-t-on réellement en France, des gens compétents face à l'autisme, ou seulement des personnes qui veulent façonner les aspies comme des neurotypiques ?
La solution est où ?
En France, la majorité des gens n'en ont rien à battre de la différence, y compris celle des autistes.
Il n'est pas possible de changer ces gens, raison pour laquelle la seule chose que pourront te proposer des professionnels, c'est un apprentissage de la culture neurotypique. Il faut le voir comme un apprentissage culturel, pas comme du dressage.
Suivant ces modalités là, oui il y a des personnes compétentes.
Par contre, pour la partie "changer la société", le programme est bien plus vaste et hors de leur champ d'action.
Identifié Aspie (広島, 08/10/31) Diagnostiqué (CRA MP 2009/12/18)
話したい誰かがいるってしあわせだ
Être Aspie, c'est soit une mauvaise herbe à éradiquer, soit une plante médicinale à qui il faut permettre de fleurir et essaimer.
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Re: Un aspie doit-il se comporter comme un neurotypique ?!
Je suis tout à fait de l'avis de Winston.
Dans un monde idéal, chacun serait libre d'être lui-même.
On n'y est pas.
Donc il faut trouver un compromis, donner les moyens de s'insérer. L'inclusion dans la société est importante. Pas totalement, il ne s'agit pas de se nier. Mais au moins pouvoir avoir le choix, savoir s'en sortir seul, ne pas être systématiquement exclu.
A la conférence de samedi, un intervenant expliquait que s'il regarde dans les yeux alors il y perd la capacité d'écouter, pour lui c'est un seul sens à la fois. Il faut le prendre en compte quand on essaie de modifier des comportements : quelles sont vraiment les conséquences pour la personne autiste, et pas pour son entourage. Il expliquait également qu'il y a parfois des solutions de contournement. Ici : regarder le front ou entre les deux yeux.
C'est un sujet compliqué. Si on avait placé mes sensibilités et ma nature comme premier critère de décision pour mon enfance/adolescence, j'aurai été déscolarisée sans diplôme et marginalisée. J'ai beaucoup souffert de faire tant d'effort pour continuer dans le système normal mais ma situation maintenant est beaucoup plus favorable.
Pour mes enfants, la question se pose aussi. Le mieux pour eux à court terme serait de les retirer du système scolaire. Le mieux du point de vue de la société, c'est de les laisser en milieu ordinaire pour qu'ils essaient de devenir comme tout le monde. Bien sûr ce n'est pas possible de gommer leurs différences. Le compromis envisageable, c'est une petite école privée sensibilisée au handicap. Ce n'est pas encore fait, mais je pense qu'on va devoir envisager des solutions intermédiaires, se débrouiller pour trouver des options non évidentes pour beaucoup de choses dans les années à venir.
Il faut faire attention aussi aux priorités. Regarder dans les yeux, ce n'est peut-être pas le plus urgent. Il est possible d'expliquer pourquoi il faudrait le faire, ou ce que ça fait aux autres (impression de ne pas être écouté, que l'enfant n'est pas intéressé, qu'il est mal à l'aise ou ment...) et y revenir plus tard.
Par exemple, mon cadet n'ose pas parler à sa maitresse. Il ne dit pas bonjour quand il rentre en classe, il regarde le sol. Et il n'ose pas demander à aller aux toilettes (au début, c'est parce qu'elle lui avait demandé de faire un travail et rien d'autre, ce qu'il a appliqué à la lettre donc il ne pouvait pas non plus demander à sortir). On pourrait travailler à le forcer à parler et demander les choses. Pour un résultat incertain et surtout sans savoir combien de temps il faudrait. En attendant sa situation ne s'arrangerait pas. On verra ça plus tard : on lui a dit qu'il devait sortir s'il a besoin, même sans demander. On contourne les règles, il ne fait pas comme tout le monde, mais c'est tellement mieux pour lui ! Il a eu un grand sourire quand on lui a proposé ça. On pourra toujours travailler sa capacité à demander après, ce n'était pas ça qui était urgent.
Pour le suivi psy de mes enfants, j'ai peur aussi de tomber sur des gens dont les méthodes ne me conviendraient pas. Je verrai ça bientôt.
Dans un monde idéal, chacun serait libre d'être lui-même.
On n'y est pas.
Donc il faut trouver un compromis, donner les moyens de s'insérer. L'inclusion dans la société est importante. Pas totalement, il ne s'agit pas de se nier. Mais au moins pouvoir avoir le choix, savoir s'en sortir seul, ne pas être systématiquement exclu.
A la conférence de samedi, un intervenant expliquait que s'il regarde dans les yeux alors il y perd la capacité d'écouter, pour lui c'est un seul sens à la fois. Il faut le prendre en compte quand on essaie de modifier des comportements : quelles sont vraiment les conséquences pour la personne autiste, et pas pour son entourage. Il expliquait également qu'il y a parfois des solutions de contournement. Ici : regarder le front ou entre les deux yeux.
C'est un sujet compliqué. Si on avait placé mes sensibilités et ma nature comme premier critère de décision pour mon enfance/adolescence, j'aurai été déscolarisée sans diplôme et marginalisée. J'ai beaucoup souffert de faire tant d'effort pour continuer dans le système normal mais ma situation maintenant est beaucoup plus favorable.
Pour mes enfants, la question se pose aussi. Le mieux pour eux à court terme serait de les retirer du système scolaire. Le mieux du point de vue de la société, c'est de les laisser en milieu ordinaire pour qu'ils essaient de devenir comme tout le monde. Bien sûr ce n'est pas possible de gommer leurs différences. Le compromis envisageable, c'est une petite école privée sensibilisée au handicap. Ce n'est pas encore fait, mais je pense qu'on va devoir envisager des solutions intermédiaires, se débrouiller pour trouver des options non évidentes pour beaucoup de choses dans les années à venir.
Il faut faire attention aussi aux priorités. Regarder dans les yeux, ce n'est peut-être pas le plus urgent. Il est possible d'expliquer pourquoi il faudrait le faire, ou ce que ça fait aux autres (impression de ne pas être écouté, que l'enfant n'est pas intéressé, qu'il est mal à l'aise ou ment...) et y revenir plus tard.
Par exemple, mon cadet n'ose pas parler à sa maitresse. Il ne dit pas bonjour quand il rentre en classe, il regarde le sol. Et il n'ose pas demander à aller aux toilettes (au début, c'est parce qu'elle lui avait demandé de faire un travail et rien d'autre, ce qu'il a appliqué à la lettre donc il ne pouvait pas non plus demander à sortir). On pourrait travailler à le forcer à parler et demander les choses. Pour un résultat incertain et surtout sans savoir combien de temps il faudrait. En attendant sa situation ne s'arrangerait pas. On verra ça plus tard : on lui a dit qu'il devait sortir s'il a besoin, même sans demander. On contourne les règles, il ne fait pas comme tout le monde, mais c'est tellement mieux pour lui ! Il a eu un grand sourire quand on lui a proposé ça. On pourra toujours travailler sa capacité à demander après, ce n'était pas ça qui était urgent.
Pour le suivi psy de mes enfants, j'ai peur aussi de tomber sur des gens dont les méthodes ne me conviendraient pas. Je verrai ça bientôt.
Diagnostiquée Autiste Asperger et TDA.
Mère de 3 enfants : fils Aîné TDAH et TSA atypique, cadet TSA de type Asperger, benjamin en cours d'évaluation neuropsy.
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Re: Un aspie doit-il se comporter comme un neurotypique ?!
A mon avis, la question elle est là. Et je suis d'accord avec ta réponse.freeshost a écrit :Une personne Asperger peut-elle se comporter comme une personne "normale" ?
Je suis d'accord que c'est pas le plus urgent. Mais je m'interroge sur un point quand-même.Il faut faire attention aussi aux priorités. Regarder dans les yeux, ce n'est peut-être pas le plus urgent. Il est possible d'expliquer pourquoi il faudrait le faire, ou ce que ça fait aux autres (impression de ne pas être écouté, que l'enfant n'est pas intéressé, qu'il est mal à l'aise ou ment...) et y revenir plus tard.
Si on regarde pas dans les yeux, on nous croit distrait, pas à l'écoute, mal à l'aise ou même menteur? Au risque de paraître un peu naïve, pourquoi on croit autant de choses farfelues? En gros on doit regarder les gens dans les yeux pour ne ne pas qu'ils s'imaginent n'importe quoi sur nous?
J'ai envie de faire un parallèle. Prenons quelqu'un qui ne voit pas. Souvent les personnes qui ne voient pas, ont une manière particulière de bouger. Excusez-moi, je ne sais pas comment le dire, je ne voudrais vraiment pas paraître insultante, offensante ou quoi que ce se soit, parce que c'est vraiment pas le cas.
Bon, "on" pourrait se faire des idées très fausses si on ne sait pas.
Ben...est-ce que c'est à la personne aveugle de ne pas bouger de cette façon pour ne pas qu'on se fasse des idées toutes fausses sur lui, ou bien est-ce que c'est à nous de dépasser ces préjugés et d'apprendre à ne pas se faire des idées à la con sur les gens sans les connaître?
Et surtout, est-ce qu'il peut ne pas bouger de cette façon? Parce que dans le cas contraire, c'est vite vu, je pense.
Ben, je me dis la même chose. Est-ce qu'on doit, et surtout est-ce qu'on peut ne pas se comporter en autiste? Et surtout pourquoi est-ce que ça ne dérange tant les gens? Et si les gens se font des idées farfelues et des préjugés à la con à cause de notre comportement, est-ce que c'est à nous de le changer où à eux d'apprendre à ne pas s'imaginer n'importe quoi et d'aller outre les préjugés?
Après, ça ne veut pas dire qu'il faut tout rejeter et ne pas essayer du tout de s'adapter. A vrai dire, j'essaye tant bien que mal de m'adapter, au prix de beaucoup d'efforts.
En fait, pour le truc de regarder dans les yeux, je me dis que si on explique que pour comprendre les gens, pour comprendre les situations sociales, pour comprendre les mimiques faciales (je sais plus qui à abordé la question?), ben il faut regarder la figure et les yeux, sinon tu loupes toutes ces infos, ça peut peut-être marcher, on va regarder l'autre? je ne sais pas.
"L'autisme n'est pas contagieux et je trouve que c'est bien dommage d'ailleurs!" J. Schovanec
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Re: Un aspie doit-il se comporter comme un neurotypique ?!
Ouaip ! Les représentations sont faites pour évoluer, pas pour rester fixes, et ne pas correspondre à la réalité, par la même occasion.
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.
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Re: Un aspie doit-il se comporter comme un neurotypique ?!
Je voudrais souligner la grande différence entre le cas d'un adulte et d'un enfant.
Nous pouvons décider des efforts à faire en fonction de notre environnement et de nos capacités. Je peux choisir de faire l'effort ou non d'apprendre des habiletés sociales, de regarder dans les yeux, etc.
Mais pour des enfants, on ne peut pas les laisser seuls juges. Bien sûr qu'il faut s'adapter et tenir compte de leur avis, leurs besoins et leurs sensibilités. Mais décider de respecter à 100% ses particularités au prétexte que c'est la société qui devrait être plus tolérante, ce n'est pas être un bon parent ni leur donner la possibilité de s'en sortir au mieux dans la vie.
J'ai été éduquée dans l'idée que j'étais originale mais que c'était bien et que c'est la société qui était intolérante. Ca a l'air bien dit comme ça, mais croyez-moi c'est extrêmement destructeur. J'ai passé mon enfance sans apprendre ce qu'il faut faire pour s'adapter tout en entendant que les gens qui ne me comprennent pas sont mauvais, détestables...
Nous pouvons décider des efforts à faire en fonction de notre environnement et de nos capacités. Je peux choisir de faire l'effort ou non d'apprendre des habiletés sociales, de regarder dans les yeux, etc.
Mais pour des enfants, on ne peut pas les laisser seuls juges. Bien sûr qu'il faut s'adapter et tenir compte de leur avis, leurs besoins et leurs sensibilités. Mais décider de respecter à 100% ses particularités au prétexte que c'est la société qui devrait être plus tolérante, ce n'est pas être un bon parent ni leur donner la possibilité de s'en sortir au mieux dans la vie.
J'ai été éduquée dans l'idée que j'étais originale mais que c'était bien et que c'est la société qui était intolérante. Ca a l'air bien dit comme ça, mais croyez-moi c'est extrêmement destructeur. J'ai passé mon enfance sans apprendre ce qu'il faut faire pour s'adapter tout en entendant que les gens qui ne me comprennent pas sont mauvais, détestables...
Diagnostiquée Autiste Asperger et TDA.
Mère de 3 enfants : fils Aîné TDAH et TSA atypique, cadet TSA de type Asperger, benjamin en cours d'évaluation neuropsy.
Mère de 3 enfants : fils Aîné TDAH et TSA atypique, cadet TSA de type Asperger, benjamin en cours d'évaluation neuropsy.
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Re: Un aspie doit-il se comporter comme un neurotypique ?!
Enseigner que la société est intolérante n'est pas incompatible avec le fait de donner les clés pour lui survivre.
Identifié Aspie (広島, 08/10/31) Diagnostiqué (CRA MP 2009/12/18)
話したい誰かがいるってしあわせだ
Être Aspie, c'est soit une mauvaise herbe à éradiquer, soit une plante médicinale à qui il faut permettre de fleurir et essaimer.
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Re: Un aspie doit-il se comporter comme un neurotypique ?!
HélasBenoit a écrit :Enseigner que la société est intolérante n'est pas incompatible avec le fait de donner les clés pour lui survivre.
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Re: Un aspie doit-il se comporter comme un neurotypique ?!
Pourquoi hélas ?
Identifié Aspie (広島, 08/10/31) Diagnostiqué (CRA MP 2009/12/18)
話したい誰かがいるってしあわせだ
Être Aspie, c'est soit une mauvaise herbe à éradiquer, soit une plante médicinale à qui il faut permettre de fleurir et essaimer.
話したい誰かがいるってしあわせだ
Être Aspie, c'est soit une mauvaise herbe à éradiquer, soit une plante médicinale à qui il faut permettre de fleurir et essaimer.