Ceci est très judicieux Budakesi. Cela va à l'encontre des affirmations sans ambages de notre oncle Meunier mais cela explique mon cas. En tous cas c'est très bien dit comme toujours !!budakesi a écrit :C'est drôle Astragale, quand je lis tes interrogations actuelles sur ton diagnostic, j'ai l'impression que toi et moi sommes séparées par ce fil invisible diag+/diag-, qui a été posé entre nous et qui nous pose problème d'une façon parfaitement symétrique:
Tu n'as jamais rencontré d'Asperger ayant le même profil que toi, et je n'ai jamais rencontré de non-Asperger ayant le même profil que moi.
D'après tout ce que j'ai pu lire sur le sujet, le fait que tu ne sois ni lente ni malhabile, mais maladroite, que tu aies su très tôt faire tes lacets, que tu n'aies aucun problème avec les créneaux, que tu sois parfaitement organisée ne me paraît en rien incompatible avec le SA. Je possède aussi ces caractéristiques et je pense que tu ne vas pas en déduire sur cette seule base que tu n'es pas non plus Asperger puisque j'ai reçu un diagnostic négatif avec ces caractéristiques .
Une différence neuro(bio)logique ne peut jamais être réduite à la présence ou l'absence de comportements, qui ne sont jamais que des modes d'expression visible de cette différence. Les conditions propices à l'expression de telle ou telle manifestation de cette différence peuvent varier énormément d'un individu à l'autre, d'une part du fait de l'environnement (changeant, plus ou moins favorable) dans lequel il évolue, et d'autre part du fait de la présence d'autres différences neuro(bio)logiques qui le caractérisent en positif (HPI)ou en négatif (troubles dys divers).
Et depuis que j'ai lancé l'enquête j'ai trouvé plusieurs personnes qui pourrait avoir un profil similaire. Peut-être qu'il fallait effectivement le prendre dans l'autre sens : il existe des chefs d'entreprises qui sont aspis mais il ne viennent pas sur les forums et ne savent pas tous que leurs soucis viennent de là.
Je pense que si j'avais été un homme (élément qui compte encore beaucoup) et que j'avais été élevée par des parents relativement normaux j'aurais été comme ça. Je viens d'une famille d'entrepreneurs à bonne réussite sociale (uniquement les hommes, je suis la seule femme à réussir).budakesi a écrit :Si je pars de l'hypothèse que ton diagnostic est correct, et si je m'en tiens aux éléments que tu as fournis concernant tes réussites professionnelles, je peux t'affirmer que je connais deux hommes qui ont un profil très proche du tien, l'un chef d'entreprise, l'autre haut responsable dans une entreprise du CAC 40, dont je suis quasi certaine qu'ils sont à la fois HQI et Asperger. Mais ces deux hommes ne sont pas et ne seront jamais diagnostiqués, parce que ils ont passé toute leur vie (ils ont plus de 60 ans) à se suradapter en refusant de se poser la moindre question sur qui ils sont. Ils ont très tôt intégré la notion d'apprentissage par imitation, en utilisant leurs formidables ressources cognitives et leur mémoire phénoménale. Ils fonctionnent dans une négation terrifiante de leur intériorité et ont décidé que c'était pour eux la seule façon de survivre. Et je suis prête à parier que même si ils envisageaient un diagnostic (ce qui est inenvisageable car ils ont tellement occulté leur souffrance depuis toutes ces années que soulever ce voile pourrait s'avérer profondément destructeur) ils sont tellement puissants que leur puissance tromperait la médecine.
Et je soupçonne une de mes cousins très haut placé mais caché dans un bureau d'être SA aussi. Il est HPI, c'est certain. Il n'a juste pas la même mère que moi et a trouvé très tôt sa matière préférée.
Oui tout à à fait. J'ai un besoin de justice et de vérité "légèrement sur développé" pensait mon ex-mari. Comme si c'était possible !!budakesi a écrit :Donc je pense que si tu ne rencontres pas de personne "officiellement" Asperger avec ton profil, ce n'est pas qu'il n'y en a pas, c'est que ces personnes se cachent, et se cachent surtout à elles-mêmes. Le courage que tu manifestes dans ta quête n'est pas la chose la plus répandue. Et d'ailleurs les deux hommes dont je parle ici sont parmi les moins courageux que je connaisse.
Toi et moi avons en commun à la fois de graves traumatismes d'enfance et un diagnostic HPI, le sentiment que ceci et cela n'expliquent pas tout, une volonté farouche de comprendre et de mettre des mots clairs sur nos différences telles que nous les percevons, ET le besoin profond que ce que nous percevons de nous soit en accord avec la représentation qu'en ont ceux à qui on demande de nous évaluer.
Certes mais il est vrai (et c'est un symptômes autistique) que j'ai du la à me rappeler qu'effectivement, les autres ne voient pas tout.budakesi a écrit :La difficulté vient de ce que ces autres ne disposent que de l'observation de nos comportements, dans un contexte et sur une période déterminée, mettent en doute nos récits, et n'ont aucunement accès à notre intériorité (ce que nous pensons, ressentons).
C'est cette connaissance que tu as de toi, et que eux n'ont pas, qui te fait douter, un peu comme si tout élément de connaissance de toi qui n'a pas été inclus dans l'évaluation t'amène à remettre en cause le diagnostic que tu as reçu. Ta finesse d'analyse est ici ton ennemie, elle te conduit à considérer la richesse et la diversité de ta personnalité comme un obstacle t'empêchant d'entrer dans la case Asperger. Mais ce n'est pas incompatible, tu peux tout à fait être Asperger et TOI dans ta singularité profonde. Plus tu ajoutes de paramètres, plus tu singularises.
Si je ne rentre pas dans la case Asperger je ne sait pas dans laquelle je rentre (comme toi visiblement). Je dirais plutôt que je rentre parfaitement dans la case Asperger pour tout ce qui est du social et du sensoriel et pas du tout pour ce qui est de l’organisation et de la gestion des priorités (ce qui n'est pas un critère-diagnostic).
Maintenant, je pense que nous sommes loin de tout savoir et que de nouvelles cases vont s'ouvrir pour des profils HQI particuliers ou bien SA féminins...