FloretteRanou a écrit :Tugdual a écrit :[...]
Je pense que ces professionnels pourtant aguerris
seraient tombés sur le cul en observant les personnes
officiellement diagnostiquées Asperger à Luzec ...
Pourrais-tu développer Tugdual ?
Ça m'intéresse

.
Astragale a écrit :Oui, moi aussi ça m'intéresse Tugdual !!
Cette réflexion qui m'est venue s'appuie sur trois points :
- les interviews et articles de ces professionnels reconnus ;
- les biais auxquels ces professionnels se laissent prendre ;
- les témoignages de personnes en quête de diagnostics et
ce qu'elles vivent lorsqu'elles se confrontent à ces pros ...
Les interviews et articles de ces professionnels reconnus :
Dans pas mal d'articles et de vidéos (y compris l'interview
du Dr Lemonnier dans le tout récent webdoc), je suis souvent
frappé par certaines affirmations qui me semblent proférées
sur une tonalité péremptoire, alors qu'elles ne sont pourtant
pas étayées par quelques travaux scientifiques que ce soit.
L'autisme est un domaine peu connu, les recherches sont
nombreuses, les nouveautés aussi ainsi que les changements,
pour preuve l'évolution de la classification (le fameux DSM 5).
Actuellement, il est donc question d'un spectre de l'autisme,
ce qui est cohérent avec les différences cérébrales mises en
évidence (connexions neuronales en surnombre ici ou là, dues
aux dernières nouvelles à un piètre élagage de ces connexions
lors du développement du cerveau).
D'après Laurent Motron (voir sa conférence de début 2014),
ces connexions en trop peuvent se trouver dans les aires
perceptives, verbales, visio-spatiales, et tout ça est cohérent
avec ce que vivent les autistes. Mais nulle part des recherches
n'ont formellement identifié des comportements/caractéristiques
qui seraient soit spécifiques, soit exclusifs de l'autisme, et ceci est
très clair dans les classifications (le DSM 4 comme le DSM 5), où
l'on étudie certes différents comportements/caractéristiques,
mais où on joue ensuite avec des seuils pour passer au diagnostic.
Donc même lorsqu'elles viennent d'un professionnel reconnu,
les affirmations du genre "
vous faites ceci ou cela, alors vous ne
pouvez pas être autiste" me laissent franchement dubitatif ...
Les biais auxquels ces professionnels se laissent prendre :
J'ai passé un bon moment ce matin à rechercher sans succès un
article que j'ai lu il y a quelques semaines à propos des médecins.
Il est pourtant forcément dans mes quelques (!) marque-pages ...
En gros, cet article s'inquiétait de ce que les médecins, pourtant
formés à l'université et sensés être pourvu d'un solide bagage
scientifique, se laissaient aller, dans leur pratique quotidienne,
à faire plus confiance à leur expérience personnelle qu'aux études
scientifiques, même lorsque celles-ci sont sans équivoque aucune.
C'est un biais cognitif parfaitement connu, et on aurait imaginé
que des toubibs, le connaissant, sauraient le prendre en compte
et s'en défaire. Mais en pratique ce n'est pas le cas, et ceci
m'avait marqué, venant d'une profession aussi importante.
Le monde de la psychiatrie étant (en France) encore moins
imprégné de méthode scientifique que la médecine, j'imagine
que nombre de psychiatres manquent quelque peu de rigueur
et se laissent embarquer bien plus souvent dans de tels biais ...
De plus, l'échantillon des autistes que reçoit tel ou tel pro
ne doit pas être si important que cela, ce qui peut biaiser
encore plus la représentation qu'il se font de l'autisme ...
Les témoignages de personnes en quête de diagnostics :
Ces témoignages qu'on trouve sur le net, dans les blogs et forums
(ici même ils ne manquent pas) vont tout à fait dans le sens de
ce que j'ai développé ci-dessus. Les exemples de psychologues et
de psychiatres qui profèrent des énoncés péremptoires pullulent
littéralement. Ce qui est inquiétant à mon avis, c'est à la fois
le nombre de ces témoignages, mais aussi d'où ils viennent.
On en trouve bien sûr venant des CMP, mais aussi en libéral,
et, plus problématique, même de structures telles que les CRA
(ou leur équivalent dans d'autres pays). Étonnant, également,
la façon dont ces pros (normalement au fait des difficultés des
autistes) interagissent avec les personnes qui viennent les voir,
semblant parfois ne pas prendre en compte ces difficultés ...
Conclusion :
Conséquence de tout ça, je pense que bien des psys seraient
bigrement étonnés en voyant des Aspies (un bon nombre
tout à fait officiellement diagnostiqués) ou assimilés :
- avoir déjà envie de se rencontrer réellement sans cadre ;
- être capables de s'organiser, pour venir parfois de très loin ;
- surmonter leurs inquiétudes, angoisses, hésitations
(et pour certain(e)s, ça n'a pas été sans mal) ;
- se démerder pour trouver un gîte et le réserver ;
- gèrer à peu près bien le quotidien, les courses, les repas ;
- communiquer plutôt facilement entre elles (hein Winston ?) ;
- arriver à se supporter pendant plusieurs jours à suivre ...
Modifications : - 16/04/2015 : Orthographe et formulation (cohérence).
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).