Ca veut dire quoi "aller bien"?

[Nymphaea]

Bon, en fait j'espère surtout des réponses des neurotypiques... je sais qu'ils sont pas très nombreux par içi, mais sait-on jamais. Les aspies et non diag peuvent répondre aussi, de toutes manières presque tout le monde affiche son "statut" en signature, donc ça me permettra de voir les réponses en fonction du profil.

J'ai bien compris que quand on me demande "comment ça va", il faut répondre que ça va. Mais quand on me le demande, je ne peux pas m'empêcher de me poser réellement la question, en moi-même: "est-ce que je vais bien?"

Or très, souvent, en fait, je ne sais pas... je ne sais pas si je vais bien ou pas, car je ne sais pas à quoi ça correspond, "aller bien".

Alors voici ma question: pour vous, ça veut dire quoi "aller bien"?
Est-ce que ça veut juste dire "ne pas aller mal", ou alors ça veut dire quelque chose de plus, i.e. aller vraiment bien (être joyeux, plein d'entrain, etc.)?

[Skadi]

Hm, je peux me tromper, mais j'ai l'impression qu'aller bien pour les non-autistes, c'est ne pas aller mal. En fait, je pense que pour eux, aller bien, c'est l'état d'esprit dans lequel ils/elles sont en l'absence de stimulus externe négatif (de type mort d'un proche, séparation, voiture abîmée, ou même des trucs plus anodins comme la cafetière cassé, le médecin fermé, etc). En gros c'est pas la fête ni la grande joie mais c'est bien, juste bien.
Avoir un stimulus externe qui soit la cause de leur "ne va pas bien" semble fondamental, parce que souvent les non-autistes dépressifs ou anxieux raportent qu'ils ne peuvent pas répondre "je suis en dépression" à la question "ça va ?", cad que si la cause est interne ou si le stimulus absent alors ça n'est pas une réponse adéquate (et on va douter de leurs angoisses).
Voilà, je sais pas ce que ça vaut, mais en gros c'est comme ça que je détermine quoi répondre à la question "ça va ?".

[Nymphaea]

Merci pour ta réponse, je commençais à désespérer d'en voir une .

En fait, quand on lit sur l'Asperger, on voit souvent que l'aspie aurait du mal à décrire ses sentiments... or ça me paraissait flou, c'est un peu bête mais je sais décrire la colère, la joie, ou la peur, donc je me sentais pas concernée.

Mais plus ça va, plus j'y pense, et je me rend compte que ce n'est pas une question de décrire des sentiments (avec des mots...), mais déjà de les identifier.... en l'absence de stimulus, positif ou négatif, c'est simple, je m'ennuie. Et cet ennui, c'est déjà un mal être en soi, un peu... quand je suis chez moi, en général j'ai tendance à "combler" en enchaînant des épisodes de séries, ça me permet de déconnecter et de ne plus rien ressentir, donc de ne plus ressentir ce "mal être de fond".
Du coup, est ce que ça veut dire que je vais jamais bien? Que je ne vais bien que dans les conditions ponctuelles où je reçoit un stimulus positif?

Est-ce que c'est normal que cet ennui soit ressenti comme un mal être... peut être qu'en fait, ce que je crois être de l'ennui, c'est autre chose? Peut être que je suis déprimée, voir dépressive, et que j'en ai même pas conscience...

C'est un peu décousu... ce que je dis n'appelle pas forcément de réponse, je ne fais que penser à voix haute... mais si ça évoque des trucs chez vous, n'hésitez pas à partager, ça peut peut-être me permettre d'avancer dans mes réflexions.

[Mars]

Tout à fait sur la même définition que Skadi.

[Pupuce]

Tu peux aussi savoir tu allais bien que le jour où tu vas mal

[Liya]

Ah excellente question!

J'aurais tendance à dire pareil que Skadi, "aller bien" = pas de gros souci en vue

Mais je suis d'accord, c'est étrange, personnellement je ne me demande pas si ça va ou non, je me contente d'être. Des fois je sens que "ça ne va pas" mais je ne m'interroge pas tous les matins à ce sujet!

[Lilas]

Je ne sais pas ce que vaut mon interprétation mais je traduis "ça va ?" par "y a-t-il un changement notable et digne d'être rapporté dans ta situation du jour par rapport à d'habitude ?".

Si la réponse est "non", alors la réponse à donner au "ça va ?" est quelque chose du style "ça va, et toi ?" (en théorie, parce qu'en pratique j'ai du mal avec le "et toi ?" et répond souvent juste "oui", ou même simplement un hochement de tête affirmatif).

Si la réponse est "oui", alors selon les cas ça peut-être "oui ça va super, ..." ou "pfff, ben non, ...", les ... correspondant à une anecdote courte et légère, fraîche du jour.

Si ça ne va vraiment pas, je n'ai aucune envie d'en parler, donc je me contente de faire une grimace et de dire "bof".

[Saduoc35]

D'après mes observations, c'est avoir des déséquilibres, mais qu'ils soient localisés dans un équilibre qui les dépasse.
C'est le cycle de la nourriture : la règle, c'est d'être rassasié, l'exception d'avoir faim.
S'il n'y a plus d'exception, tu deviens obèse.
S'il n'y a qu'exception, tu deviens anorexique.

C'est ce qui permet de dire que des poulets en batterie ne vont pas bien, alors que des poulets en pleine air si.

Après, pour moi, cela m'est quasi impossible d'aller bien longtemps sans un environnement externe qui me structure.

[Ixy]

Merci pour ce sujet, je culpabilise toujours parce que quand on demande si ça va je n'ai pas une humeur de folie et je me demande si c'est normal et je cherche toujours quoi ne va pas, mais "tout va bien" alors ?

[Tugdual]

Alors voici ma question: pour vous, ça veut dire quoi "aller bien"?

Alors là ...



Je sèche ...

[Lupine]

L'origine de cette question "Comment ça va ?" servait autrefois à s'informer de l'état de nos selles et donc de notre santé globale.
J'peux pas mieux répondre.

[Jean]

Ce que tu en penses, Nymphea ?

[Gersende]

Hm, je peux me tromper, mais j'ai l'impression qu'aller bien pour les non-autistes, c'est ne pas aller mal. En fait, je pense que pour eux, aller bien, c'est l'état d'esprit dans lequel ils/elles sont en l'absence de stimulus externe négatif (de type mort d'un proche, séparation, voiture abîmée, ou même des trucs plus anodins comme la cafetière cassé, le médecin fermé, etc). En gros c'est pas la fête ni la grande joie mais c'est bien, juste bien.
Avoir un stimulus externe qui soit la cause de leur "ne va pas bien" semble fondamental, parce que souvent les non-autistes dépressifs ou anxieux raportent qu'ils ne peuvent pas répondre "je suis en dépression" à la question "ça va ?", cad que si la cause est interne ou si le stimulus absent alors ça n'est pas une réponse adéquate (et on va douter de leurs angoisses).
Voilà, je sais pas ce que ça vaut, mais en gros c'est comme ça que je détermine quoi répondre à la question "ça va ?".

Même ressenti ici. Ça m'arrive donc de répondre "ça va" même quand ça va mal, parce qu'en me plaçant dans le référentiel de mon interlocuteur, ce n'est pas mentir.
Je nuancerais toutefois : mon mari est THQI neurotypique et se retrouve dans cette définition, nous avons suffisamment râlé ensemble là-dessus

[Nymphaea]

D'après mes observations, c'est avoir des déséquilibres, mais qu'ils soient localisés dans un équilibre qui les dépasse.
C'est le cycle de la nourriture : la règle, c'est d'être rassasié, l'exception d'avoir faim.
S'il n'y a plus d'exception, tu deviens obèse.
S'il n'y a qu'exception, tu deviens anorexique.

J'aime bien cette vision. Car pour être rassasié, il faut manger de manière ponctuelle (ce qui suggère que des événements positifs ponctuels devraient suffire à rassasier= à se sentir bien).
Pour autant, le bien être qu'on ressent en dehors des moments où on mange est forcément moins "élevé" qu'au moment précis où on mange.
(en l’occurrence, le ressenti que l'on peut avoir entre les événements positif peut paraître un peu neutre et platonique comparé au bien être que procurent ces événements sur le moment où ils sont vécus... pour autant, ce n'est pas forcément un mal être).

@Ixy: effectivement, c'est exactement ce qui a motivé la création du sujet.
A cause de cette culpabilité, j'ai tendance à ne jamais parler de mes phases de blues à qui que ce soit quand j'en ai, j'ai plus tendance à les gérer seule... justement parce que je ne sais pas si c'est un état "normal que tout le monde a et gère tout seul", ou si c'est un état "pour lequel il est justifié de demander du soutient de la part de ses proches".

De toutes manières, vu que je n'identifie pas vraiment les raisons qui causent mes phases de blues, j'ai souvent l'impression que c'est purement hormonal et déconnecté d’événements extérieurs. Je me suis déjà demandé si j'étais condamné à les avoir toute ma vie pour cause de "physiologie défavorable"... si c'est vraiment le cas, je vois pas trop ce que mes proches pourraient bien y faire...

@Jean: c'est bien parce que je ne savais pas qu'en penser que j'ai posé la question .

[guillaume]

"Comment ça va ?" : Vaste question à laquelle je suis complètement incapable de répondre.
Pour moi, aller bien, ça voudrait dire être particulièrement heureux parce que je n'ai quasi pas de soucis et que je viens d'avoir une nouvelle particulièrement bonne me concernant directement. Du coup, quand on me demande si ça va, ben ça va, mais sans plus.
De la même manière, quand je dis que je vais mal, c'est que j'ai épuisé quasi toutes mes ressources. Sinon ben ça va quand même. Mais sans plus également.

Sinon, pour avoir plus de précision, plus de détails, il faudrait prendre en compte tout l'historique et le contexte dans lequel s'inscrit l'instant de la question :
- est-ce que je suis dans une bonne période de ma vie ?
- Dans cette période, comment se sont passés ces derniers mois ?
- ... (je passe les étapes intermédiaires).
- Est-ce que je suis dans une bonne semaine ? La journée est-elle bonne ? Comment suis-je par rapport au reste de la journée ?

Et tout ceci sur le plan : maladie ou pas, fatigue, qualité du sommeil, moral, anxiété moyenne, évènements marquants, rapports sociaux, ambiance générale ressentie...
Le temps que j'analyse la question et que je fasse un rendu phrasé de la situation, ça a le temps de changer...