Consulter un psychiatre : quand, comment, pour quoi ?

[Lilas]

Derrière ce titre se cache une question que je me pose, mais peut-être ne suis-je pas la seule (ou peut-être que si, et dans ce cas j’aurais la chance que d’autres aient la réponse).

A ma demande d’évaluation du SA, il m’a été répondu qu’il me fallait une lettre de recommandation du psychiatre qui me suis.
Cela m’a bien embêtée, car aucun psychiatre ne me suit.
Je n’ai même jamais vu aucun psychiatre de ma vie (même s’il m’est sûrement arrivé d’en croiser, dans la rue ou ailleurs, sans le savoir).
Je ne sais même pas dans quelles circonstances on consulte un psychiatre.

Pour un médecin généraliste, je sais :
- On va le voir parce que l’on est malade (mal au ventre, mal à la gorge, mal à la tête, fièvre, nausées, toux qui ne passe pas) et que l’on a besoin de médicaments et/ou d’un justificatif pour ne pas être allé en cours ou ne pas être allé travailler
- On va le voir de manière préventive pour obtenir une ordonnance pour un vaccin ou un traitement particulier (par exemple un traitement contre le paludisme avant de voyager dans une zone à risque)
- On va le voir avant de commencer une activité sportive pour demander un certificat de non contre-indication à la pratique du sport en question

Il y a peut-être d’autres situation pour lesquelles il est indiqué de consulter un médecin, mais voici celles auxquelles j’ai déjà été confrontées et que je maîtrise à peu près.

Par contre, qu’en est-il en ce qui concerne les psychiatres ?
Quels éléments devraient amener à en consulter un ?
Que doit-on lui dire ? Comment lui dire ?
Un mal de ventre par exemple est assez facile à identifier et à décrire, mais un mal-être ?
Quelle réponse donne-t-il ?

Si vous aviez des exemples très concrets du type de phrases qui peuvent être échangées, ce serait top.

[crilo]

Je ne sais si ça t'aidera, mais mon fils a consulté un psychiatre pour des problème de socialisation (précisément des difficultés d'insertion avec ses pairs).
Ce psychiatre se serait fait lyncher sur ce forum

[Manichéenne]

On consulte un psychiatre sur recommandation d'un généraliste, ou pour : angoisses, burn out, dépression, hallucinations, dissociations, idéations suicidaires ou passages à l'acte, ...
En fait, à peu près n'importe quel vécu qui amène à penser que ce serait bien de prendre un traitement et/ou d'avoir un diagnostic psy, je crois. Si le psychiatre est aussi thérapeute, on peut ajouter toutes les raisons d'en voir un.

[Tugdual]

Je comprends tes questionnements, Lilas, je n'avais jamais vu
non plus de psychiatre avant de rencontrer celui du CRA.

Ne peux-tu t'appuyer sur ton pré-diag' et dire les choses
telles qu'elles sont ? Genre, tu as un pré-diag' SA, tu veux
le faire confirmer par un CRA, et celui-ci veut d'abord que
tu vois un psychiatre, et qu'il te donne une recommandation ?

Simple et sans détours ...

[Lilas]

Merci pour vos réponses.

@Tugdual, oui, effectivement, je pourrais juste demander une recommandation, mais je pense que le centre expert n'a pas tort : le diag seul ne sert pas à grand chose, sans suivi ni soutien derrière.
Dans l'idée, pouvoir parler à quelqu'un qui connait bien, qui comprenne même ce que je ne parviens pas à exprimer, qui me donne des réponses concrètes sur la façon d'agir et de réagir dans certaines situations, ça me tenterait bien.

Mais du coup, sans dépression, burn-out, hallucinations, etc. est-ce légitime de requérir une telle aide ?
Peut-être qu'un/une psychologue serait plus approprié que psychiatre (mais dans ce cas, je n'avance pas niveau diagnostic).

@crilo, je veux bien en savoir plus : une "difficulté de socialisation" peut être un motif de consultation ?

[PhilB]

Bonjour Lilas,

Par contre, qu’en est-il en ce qui concerne les psychiatres ?
Quels éléments devraient amener à en consulter un ?

Simplement avoir besoin/envie de parler de ses problèmes est un motif suffisant.

Que doit-on lui dire ? Comment lui dire ?
Un mal de ventre par exemple est assez facile à identifier et à décrire, mais un mal-être ?

Quand tu évoques ton mal-être, tu commences déjà à identifier ton problème.
Le psy te posera des questions tout naturellement, pour cerner le problème. C'est son boulot de te faire verbaliser ton mal-être.

Quelle réponse donne-t-il ?

Les réponses, c'est probablement toi qui les trouvera par toi-même, à travers les questions qu'il te posera. S'il identifie une angoisse ou une dépression, en plus d'un soutien psychologique, il peut te prescrire des anxyolitiques ou des anti-dépresseurs (traitement que tu es libre d'accepter ou non).

Le motif de la consultation n'a absolument aucune importance. Tu n'as pas à être capable de nommer exactement le problème. Identifier les problèmes d'ordre psy, c'est une partie du boulot du psy (l'autre partie étant d'apporter de l'aide). Tu prends rendez-vous, et le jour de la consultation tu parles de choses qui te font souffrir, et de fil en aiguille tu en viendras à parler des choses qui te font penser que tu es peut-être Aspie, ou directement tu lui dis que tu as besoin d'une recommandation pour le CRA.

Si vous aviez des exemples très concrets du type de phrases qui peuvent être échangées, ce serait top.

Le psy: 'Bonjour, qu'est-ce que je peux faire pour vous / qu'est-ce qui ne va pas ?'
Toi: 'Bonjour, je me sens mal dans ma peau / je me sens différente des autres / je n'ai pas d'amis / je me sens seule / j'ai peur de ... et ça me fait beaucoup souffrir. '
ou alors, la méthode directe:
Toi: 'Bonjour, je pense que j'ai le SA, j'ai besoin d'être recommandée par un psy auprès du CRA pour le diagnostic, pouvez-vous m'aider ?'
A partir de là, c'est lui qui va mener l'entretien pour cerner le problème, voir si ça relève de son domaine, et proposer son aide (en général au cours de nouveaux entretiens).

Si tu veux aller voir un psy, quelle qu'en soit la raison, vas-y.

est-ce légitime de requérir une telle aide ?

Ne t'inquiète pas de cela. Requérir de l'aide contre un mal être n'est-il pas toujours légitime ?

[crilo]

Mais du coup, sans dépression, burn-out, hallucinations, etc. est-ce légitime de requérir une telle aide ?

Oui. Quand tu consultes un médecin généraliste, tu n'attends pas d'être à l'article de la mort. Pour le psychiatre, tu n'as pas non plus besoin d'attendre le point de rupture. Un mal-être et/ou des difficultés (handicapantes pour toi, pas forcément "graves") qui ne peuvent pas juste se soigner par des médicaments peuvent t'amener à consulter.
Je n'ai eu aucun problème pour avoir un rdv pour les difficultés de socialisation de mon fils (qui était à l'époque le seul motif de consultation, et qui ne me paraissait pas si grave d'ailleurs : il préférait la compagnie des adultes à celle des enfants (il était verbal)).

[Lilas]

Merci beaucoup pour ces réponses très complètes qui répondent à mes inquiétudes et interrogations.