questions sur l' AAH

[meï]

bonjour
Je souhaiterais savoir si certains d'entre vous perçoivent l'AAH.
Je voudrais savoir comment vous le vivez, (si vous culpabilisez, vous vous sentez légitimes...etc) si vous travaillez en même temps, etc...je vous remercie.
Idem, si vous y réflechissez, si vous vous êtes déjà posé la question....vos réflexions m'intéressent.

Cette question me taraude car j'angoisse vraiment bcp à l'idée de retourner dans "l'arène"de la vie professionnelle, et à un point qui je le sais trop bien va me poursuivre longtemps.Et Je sais quelle galère va recommencer. Je ne m'en sens tout simplement pas capable.(bien que je veuille retourner travailler, mais dans des conditions adaptées., et mi temps....)
Lors de mon bilan le Dr m'avait fortement conseillé de la demander, je n'ai pas voulu car je souhaite (toujours bien sur) travailler mais, en même temps, je sais que je dois faire le "deuil" de ma normalité (ça je crois que c'est peu près fait) et aussi, de ma capacité à faire des "prouesses" sur le plan professionnel. (ça c'est en cours....mon orgueil est en train de réflechir... .)dans les domaines où j'ai déjà exercé.
je sais que je peux travailler, si j'ai une "reconnaissance" de mon handicap.et que je peux même être efficace, (dans un autre domaine, etc) mais je sais aussi que sans une vraie acceptation de celui çi, ça ne marchera encore pas.
Pire, ça sera la cata pour l'employeur comme pour moi....et ça, tout le temps qui me reste encore.....

J'ai perçu l'AAH pendant 5 ans, (de 20 à 25 ans.) à l'époque c'est l'hopital qui avait fait la demande.
puis un jour je n'ai pas renouvelé.Par défi, par envie de ne plus être assimilée à une personne "handicapée", par....déni total de mes difficultés. ...
aujourd'hui je réflechis ; je vieillis, je n'ai plus cette énergie. Mais je sais aussi que l'AAH, n'est plus aussi simple à obtenir, même avec un handicap reconnu, et je ne vivrai pas bien du tout un refus, d'où le besoin de réferences actuelles....(repasser devant le psychiatre réferent pour l'AAH me fait peur aussi, bien que je me sente légitime.)
bref, j'attends vos témoignages, si certains préfèrent le MP pas de souçis. C'est important pour moi.

[G.O.B.]

Un éducateur du CRA m'a également poussé à la demander suite au diag et mes difficultés à trouver un travail, je n'étais pas du tout partant mais je ne regrette pas.

Je ne culpabilise pas (trop) dans la mesure où la grande majorité de mes collègues de promo a actuellement un CDI alors que je suis probablement celui ayant passé le plus d'entretiens (et dans le 1er tiers de la promotion chaque année). C'est même tranquillisant pour passer des entretiens, car il y a moins le côté "urgent". Cela dit, je fais tout pour que cela reste une situation "transitoire", je vois surtout l'AAH comme un coup de pouce pour compenser la méconnaissance des employeurs envers le SA.

J'ai songé un instant à vivre complètement à l'écart de la société, c'est tout à fait faisable techniquement avec les différentes aides, mais cela ne me parait pas du tout sain à mon âge tant que je ne me suis pas suffisamment battu. Tu n'es pas dans ce cas il me semble

EDIT grammaire

[meï]

un grand merci GOB
vos témoignages sont précieux.

[Jean]

J'étais dans un service qui versait l'AAH. Et je sais que, dès que vous êtes dans une situation professionnelle ou familiale à la limite du seuil de pauvreté, vous ne percevez plus l'AAH.

Il ne faut pas hésiter à la demander. Cela ne veut pas dire qu'on remplira les conditions administratives (revenu).

Mais une personne TED remplit les conditions principales pour avoir l'AAH.

[meï]

J'étais dans un service qui versait l'AAH. Et je sais que, dès que vous êtes dans une situation professionnelle ou familiale à la limite du seuil de pauvreté, vous ne percevez plus l'AAH.
.

Jean je n'ai pas compris cette phrase.....?

Sinon oui je sais que pour les revenus de mon conjoint je ne sais pas si on entre dans les plafonds mais je pense que si car mon conjoint a des revenus pas du tout mirobolants (et nous sommes 6 à la maison...) car en bon aspi, il est ultra sous payé tout en étant extra efficace et en bossant 60 h semaine à la maison....chut, faut pas le dire... )
et même si l'AAH est a taux réduit., ça irait..on a a chance d'avoir 'habitude de vivre avec ce qu'on a, et on se débrouille....
Et je veux bien sur trouver un emploi à mi temps si possible.

[newvie492]

Je travail à temps partiel (20H/par semaine), car je suis vite fatigué entre autre, sinon "j'explose moralement".
Comme je travail depuis début juin, et comme le précise la loi, pour ceux qui travaillent à temps partiel, ils recoivent l'aah à taux plein pendant 6 mois. Après, ce sera un complément tout simplement.

Au début, j'avais honte de touché l'aah car cela voulait dire faignant. Maintenant, avec du recul, je me dis que ce n'est pas de ma faute si je ne peux pas travailler à temps plein. Et donc je ne culpabilise moins, sauf vis à vis de ma chef d'équipe qui gagne le minimum, alors que c'est une chef d'équipe et à temps plein...Mais elle a dis plein de fois à un collègue asperger lui aussi, et à moi, qu'on doit saisir cette chance de ne travailler qu'à mi-temps et d'avoir du temps pour soi, car si elle était dans notre situation, elle profiterai du temps.

Enfin, profiter est à mettre entre guillemet, bien sur.

Voilà ma vie d'en ce moment.

J'espère que mon témoignage va t'aider à te donner une opinion.

[Nova]

pour ma part la petite culpabilité que j'éprouve a touché l'aah vient de mon entourage familiale

"tu bosses toujours pas,
quand même depuis tous ce temps tu aurais pu trouver un boulot,
tu as déjà bossé dans ta vie alors pourquoi tu ne cherches pas maintenant,
c'est pas un peu de la féneantise
c'est pas normal à ton age de ne pas travailler"

etc

[Jean]

c'est pas normal à ton age de ne pas travailler"

Et à qui la responsabilité du fait que des emplois ne soient pas disponibles, avec les aménagements nécessaires ?

[Jean]

J'étais dans un service qui versait l'AAH. Et je sais que, dès que vous êtes dans une situation professionnelle ou familiale à la limite du seuil de pauvreté, vous ne percevez plus l'AAH.
.

Jean je n'ai pas compris cette phrase.....?

Je veux dire que l'AAH est d'un montant qui permet d'être à la limite du seuil de pauvreté. Dès que les ressources s'améliorent, l'AAH est supprimée.

Il est tenu compte des revenus du conjoint (ce qui est contestable) et de la situation de famille (nombre d'enfants).

[Jean]

Avec 4 enfants, le plafond AAH est de 37928.64 € (pour un couple).

Il faut le comparer avec le revenu net imposable (après abattements fiscaux) de l'année 2012 (année N-2).

Si ce revenu est inférieur à 28.446,48 €, il n'y a pas de réduction de l'AAH.

Pour une personne seule, le plafond est de 9.482,16 €. Par contre, il y a réduction dès le premier euro de revenu net imposable, et l'AAH est supprimée quand le revenu atteint ce plafond de 9.482.16 €.

[meï]

merci Jean en effet je comprends.
edit merci pour les infos .
(à prioris on est pile poil dans ces montants...et ça va baisser donc on devrait peut être rentrer dedans...on verra bien, et surtout, oi je veux aussi retrouver un emploi mi temps...alors on verra )

Merci Newvie et Nora, ça m'aide bcp. Tous les témoignages m'aident en ce moment.

Je chemine doucement.Je 'n ai pas d'urgence et en même temps je ne sais pas si je dois attendre pou faire la démarche, je suis un peu paumée.
je touche actuellement un congé parental (enfin une allocation équivalente grâce à mes trimestres validés en travailllant avant.) jusqu'aux 3 ans de ma poupette.
je pense faire les démarches avant ses 3 ans,(enfin bien avant pour le délai de traitement.) je ne sais pas si je peux faire les démarches avant de tout façon, ça ne servirait à rien sans doute.
et puis je pense demander la carte de priorité (pas d'invalidité mais sr le document les 2 sont visiblement ensemble?..)car je vis vraiment mal la foule et les files d'attente (de plus en plus avec l'âge.)

anecdote, hier on a eu une journée comme je n'en referai pas de sitot, le matin nous sommes allées au zoo pour ma puce (et j'avoue que je me sens comme une gamine aussi devant les animaux..on est 2 a faire les cris d'animaux!... ) heureusement hors saison il y avait moins de monde.et déjà j'étais fatiguée (route, etc)
mais ensuite un" imprevu", suite à un coup de tel, on est allés rencontré un cousin de mon homme sur la route du rhum à S Malo (il prend le départ sur son bateau. pour la dernière fois en solitaire.)
j'ai senti que c'était important pour lui, alors j'ai dis ok..sachant en même temps ce qui allait arriver (foule, etc).
et bien ...j'ai flippé et stressé "grave".... une foule hier!...on est allé à pied au lieur de prendre la navette prévue pour les visiteurs (25mn de marche rapide ), je n'étais pas capable d'attendre en même temps qu'une foule innombrable!!!(il fallait voir ça quand même....)je me suis sentie mal.mon homme a compris de suite et comme il est comme moi on est parti avec puce en poussette, a pied....suivant un ittineraire de googlemap (merci!...)
sur place je passe tant il y a a dire Bon,k .J'adore les bateaux donc j'ai pu m'éloigner un peu pour photographier 2 ou 3 gros voiliers magnifiques....mais le bruit!!les écrans géants partout! la foule...nerveusement j'étais en vrac le soir.

et même au leclerc je suis jamais capable de terminer mes courses comme il faut (et mon homme est à peine mieux que moi, on fait une équipe de "bras cassés"...on est toujours zen environ 1/4 d'heure mais si il ya du monde c'est fichu, on devient irritables,on sait plus rien, on oublie ce qu'on doit prendre, , on ne fait chaque fois qu'une partie de nos courses!! (vivi..car on s'en va très vite, dès qu'on sature...(cad très vite si il y a du monde... )ah lala.
pas facile d'être autiste et efficace des fois....
et encore je relativise car avant je prenais peur dès qu'il fallait que j'aille ds un magasin y'a du mieux.(pdt des années j'ai été handicapée par ma peur et mes angoisses sensorielles, (sans savoir à l'epoque pourquoi) ce qui 'empechait de vivre normallement).
aujourd'hui les années m'ont servi à faire avec et "gérer" en utilisant differentes méthodes mais, ça reste limité, je le sens bien.

c'est aussi pour tout ça que je pense à cette carte. la fatigue et le stress engendrés sont toujours là.Et ça s'intensifie avec l'âge.
je ne pense pas l'utiliser bcp (déjà faudra que j'ose la sortir!) mais en cas de grosse panique et d'imprevu peut être.

en fait je me rends compte que avec la démarche diag j'ai cru "gommer" en partie mes souçis, que puisque je "savais" ç'était en partie moindre ("je te connais je te maitrise"..).hors les mois passant me ramènent à la réalité, être autiste c'est tous les jours, c'est sans relâche et se croire "capable" juste avec une étiquette de plus c'est encore se mentir.
je crois que je commence juste à accepter de me lacher completement, d'être moi sans me forcer, et que c'est dur car je sais que je suis une "handicapée" qui sera perçue comme telle dès qu'on me questionnera sur ma situation...
c'est ce chemin là le plus long.une fois que ça me sera égal..j'aurai fais un grand pas...

[Rose]

Coucou Meï!
Tu sais que Jo perçoit l'AAH. Au début il ne voulait pas en entendre parler, mais maintenant qu'il a vu combien sa vie en est facilitée, c'est plus facile. Pour ma part je suis en invalidité depuis peu, et au contraire je ne sens aucune culpabilité, plutôt du soulagement, car des spécialistes ( médecin-conseil de la sécu) ont reconnu ma pathologie. Je n'ai plus le sentiment d'être paresseuse ou quelqu'un qui "s'écoute". Tu sais il faut au moins 6 mois pour que ton dossier passe en commission, et il faut qu'il soit bien complet, et si possible avec ton ancien
n° de dossier (Cotorep à l'époque).
Et ce n'est pas ta faute si notre monde n'est pas fait pour les gens différents. Donc ce n'est pas à toi de culpabiliser, mais à ceux qui ne nous permettent pas de montrer nos compétences et capacités.

[Loup]

Tant que ça t'est utile, Meï...

Tu n'as pas possibilité d'utiliser un "drive" pour tes courses?
Ça t'éviterait la foule.

[Pupuce]

On m'avait proposé l'AAH lors de mes différentes hospitalisations à la vingtaine, j'avais refusé en bloc, dans le déni total de mes difficultés.

A 28 ans, un psychiatre avait réussi à me convaincre de faire une demande. Voyant que toutes mes tentatives d'études à la fac échouaient, j'ai accepté et je l'ai très très mal vécu, donc sombrage dans une véritable grosse dépression. Je refusais l'AAH car elle était synonyme de "maladie mentale" ce que je refusais totalement. Cette acceptation m'a réellement rendue malade (dépression) . Mais bon, j'avais besoin d'argent pour vivre et même si je ne comprenais pas d'où venaient mes difficultés et même si je n'étais pas d'accord avec le fait d'être considérée comme "malade", le fait était que je n'arrivais pas à rester plus d'un mois dans une structure quelle qu'elle soit(fac, boulot...) donc j'ai accepté.

J'ai tenté encore et toujours de travailler mais le pb est toujours là donc au bout d'un moment, je n'en peux plus

Je n'ai toujours pas dit mon dernier mot. Je voudrais travailler car je sais que j'ai des qualités qui pourraient être exploitées mais dans des conditions qui me soient adaptées et depuis que j'ai compris mon fonctionnement, je me dis que c'est possible peut-être en ciblant bien .

Je suis en train aussi d'accepter que je suis "handicapée" (et encore, pas trop quand même, je me sens juste différente des autres, je suis capable de beaucoup de choses)depuis que je suis sur la piste du SA car même si je ne suis pas reconnue comme tel à part entière, moi je sais que j'en ai le fonctionnement. Je suis en train de faire le deuil de la normalité, plutôt, et ça me va pas mal

[meï]

merci Loup (non le drive c'est pire, et puis mon homme est totalement contre.et à vrai dire je suis très mal à l'aise avec cette notion, de ne pas choisir moi meme mes achats etc. )

et puison fait la majo de nos courses sur le marché (de chez nous et de la ville),fruits et légumes et galettes, fromages epices et autres.parfois poisson et viande. puis on complète au supermarché avec le trucs plus communs. Mais même pour ça on est tatillon...(on boycotte pas mal de choses.. )donc pas simple de faire faire nos courses!
merci Rose et Pupuce.
Pupuce je comprends très bien ton stade de reflexion.
je crois que ce deuil là je l'ai fais depuis longtemps (la "normalité"...depuis mon licenciement je pense...c'est très douloureux.puis on se sent mieux..)
(et je te souhaite d'y arriver le plus sereinement possible pupuce )
mais un autre est aussi en cours c'est celui de mon propre égo, (je suis capable de" je me rends compte que non.pas tant que ça.
je sais avoir des aptitudes, la musique, certaines choses, mais dans une société comme celle là c'est "a coté" .c'est "accessoire".
je pense aussi avoir bcp à donner si un poste adapté (je me sens capable de travailler bien ds un poste type archives, administratif simple, saisie, etc etc...)mais je dois abandonner l'idée de faire "la même chose que" la plupart des femmes de 42 ans qui sont "nt"...
c'est ça qui est "in progèss"...et vis à vis du regard exterieur aussi.(à 42 ans, pas d'emploi fixe, pas de super diplomes bac + 5, pas de grande vie sociale active...)et cette dégaine pas de mon âge, cette voix et cette attitude infantile ne joue pas en ma faveur.(et je ne parle même pas des bisarreries ...)

accepter et vivre avec tout ça pour de bon quoi...