3enfants a écrit :Je vais donner un point de vue côté prof...
Certes, je suis convaincue que pour qu'une personne ave autisme puisse apprendre les codes sociaux, il est impératif qu'elle soit au milieu de ses pairs neurotypiques.
Mais... vient un âge où encore faut il choisir une orientation, un type de classe qui soit adapté.
Je ne sais pas comment est cet ado, ni s'il a une avs.
Une année, en 3eme, j'avais un élève qui n'aurait pas dû être là. Pas gênant, pas méchant, essayant de copier ses cours, heureusement pour lui dans une classe de gentils, mais n'y comprenant rien, son voisin lui rappelait d'enlever son manteau, lui disait quel cahier sortir, à quelle page ouvrir son livre etc, bref, un ado qui était en 3eme du fait de son âge et parce que ses parents se refusaient à voir qu'ils avaient un enfant différent...
Cette année au lycée il y a un autiste en 2de cap, qui y est parce que son handicap lui a donné les points pour être imposé dans une section où il n'a pas sa place, il n'a pas le niveau requis pour suivre l'enseignement général donc est dispensé donc n'aura pas de cap, et côté professionnel, il est dangereux pour lui même et pour les autres quand il a un outil coupant dans les mains, il panique quand on lui demande d'utiliser un outil, et ça n'a guère de lien avec ses centres d'intérêt... bref les profs ont l'impression que le lycée est juste une garderie pour lui, sauf que personne pour l'instant n'a trouvé de section mieux adaptée... et tant qu'à faire, il n'a quasiment pas d'heure d'avs, et l'avs recrutée a du mal avec lui...
... Après avoir visionné l'ensemble de la vidéo, je soutiens à fond Tim et sa maman, et apporte trois réflexions, ayant pris connaissance également de votre profil 3enfants :
1- C'est à l'offre de s'adapter à la demande (ou plutôt aux besoins) de l'enfant, autiste ou pas. Ce n'est pas à Tim de s'adapter à une "offre" (qui n'existe pas en tant que solution le tirant vers le haut), alors même que le collège était visiblement "la moins mauvaise des solutions" dans l'éventail (restreint) des possibles en France.
2- Une video dit tout : l'IE qui dit que l'intérêt de l'Etat est plus important que la vie de Tim (!).
3- Finalement, ce n'est plus un problème d'accueil des jeunes autistes, c'est un problème de "trouble à l'ordre public" ("l'ordre"= le moule bien huilé de l'Education Nationale, comme si ce n'était pas le collège lui-même qui était malade !). C'est ce que je retiens de l'incapacité à déboucher alors que le débouché était une évidence, eu égard au simple respect de la convention européenne des droits de l'homme ! En droit, et sur le fond, la maman et ses soutiens (dont je suis) ont mille fois raisons... Mais la raison d'Etat est supérieure, s'attaquer à ce "temple" de l'EN, c'est un sacrilège punissable d'exclusion à vie, qu'on soit mineur ou pas. C'est en tout cas le message qui est véhiculé... la solution : porter l'affaire à la Cour européenne des droits de l'homme, intenter une action contre l'Etat Français. Personnellement, je me doutais que cela finirait comme cela, j'eus également de bonnes raisons de porter plainte contre l'EN ou de médiatiser notre histoire ayant vécu avec mon fils une expérience assez proche (et il y en a plein d'autres) et j'ai beaucoup de raisons de croire que ce qu'il a (que nous avons) enduré est né au départ d'un simple signalement (très mesuré et pesé dans les termes) à l'IE. Depuis, on a courbé l'échine, et mis en avant uniquement le positif de l'EN, dans l'intérêt de notre fils en particulier, mais - je le reconnais - pas forcément des enfants "différents" (pas que les autistes) en général. La stratégie : c'est de plus rien dire, se contenter de faire ressortir les évidences, afin que le débat se déporte des parents (toujours fautifs) au milieu enseignant en interne (c'est ce qui se passe à présent, où l'EN ne se sentant pas "menacée" par nous, conduit désormais une action exemplaire, certificat médical (enfin) à l'appui). Mais pour ce faire, il faut changer de département (ce que nous avons fait), si ce n'est d'Académie. La vérité, c'est que nous sommes des fourmis, et s'il s'agit d'agir pour déboulonner la statue et dénoncer ce qui doit l'être, je recommande à tous et à chacun d'attendre que ses enfants (tous) soient définitivement sortis du système, certains n'ayant aucun scrupule à se venger de l'enfant ou pourquoi pas de ses frères et sœurs, en faisant courir partout les rumeurs les plus folles sur la mère, toujours mère crocodile finalement, comme si rien n'avait changé dans ce pays depuis Lacan.... Et dans le cabinet du juge, la raison de l'Etat compte mille fois plus que ce pauvre Tim, qui en plus n'est pas capable de se défendre seul. Enfin si, il y a des frémissements, et on n'a plus d'autre choix que de s'appuyer sur ces frémissements plutôt que sur ce qui va mal pour faire évoluer le système, comme l'histoire tragique de Tim nous le rappelle douloureusement.
Modération (Tugdual) : Fusion de sujet (fin).