Plus sérieusement, Chris et moi avons cherché ce qu'on trouvait à "autisme" dans l'encyclopédie Universalis sur CD-ROM, version 10 (datant de 2004).
(Nous n'avons trouvé aucun résultat à Asperger ; sauf si on compte les deux articles qui parlaient à un moment d'"asperger d'eau". )
Voilà l'article "Autisme" :
Terme usité en psychiatrie, donné parfois comme synonyme d'introversion, et qui signifie qu'un sujet porte ses investissements sur son monde intérieur, en abandonnant tout contact avec ce qui l'entoure. Les seules réalités sont pour lui d'ordre interne : imagination, sensibilité, angoisses, désirs. Même s'il ne nie pas expressément l'existence du monde extérieur, tout au moins se comporte-t-il comme si aucun échange n'était possible avec lui. L'impénétrabilité et l'incompréhensibilité sont deux qualités caractéristiques d'un comportement autistique.
Bleuler, en 1911, approche ainsi la personnalité autistique : « L'évasion de la réalité, avec, en même temps, la prédominance relative ou absolue de la vie intérieure, nous l'appelons autisme » (Dementia praecox oder Gruppe der Schizophrenien, Leipzig-Vienne, 1911). Cet autisme, poursuit-il, « est la conséquence directe de la dislocation schizophrénique. [...]. Pour si extravagantes qu'elles soient, les fantasmagories des malades n'entrent pas, dans l'esprit des malades, en conflit avec la réalité. Ce mode de pensée s'apparente au rêve et à la pensée des primitifs et des enfants. »
Pour H. Ey, le sens à donner à l'autisme est nettement plus précis et fort : c'est le noyau essentiel et caractéristique de la psychose schizophrénique. « La schizophrénie ne se constitue qu'au fur et à mesure que se constitue un être schizophrène, à mesure que s'organise ce monde intérieur qu'est l'autisme, au fur et à mesure que la personne du schizophrène devient autistique. C'est l'autisme qui, comme noyau de la psychose, confère au syndrome schizophrénique sa portée clinique, sa valeur diagnostique et pronostique » (« Psychoses chroniques », in Encyclopédie médico-chirurgicale : Psychiatrie, no 37 282 A 20).
Pour décrire un peu plus profondément la personnalité autistique, on en rappellera certains traits essentiels. Dans l'autisme, la personnalité a perdu son unité, elle est divisée. C'est la Spaltung, au sens de Bleuler, la dislocation. Ici, le schéma corporel aussi bien que l'idéal de soi et d'unité, qui permet de construire chaque personne en un compromis de tendances et de fonctions plus ou moins équilibrées, sont rompus. La conséquence de cette schize, c'est que le monde des fantasmes devient le seul monde réel. « Tout est tellement « symbolique » dans la vie des schizophrènes, dans le sens d'une émanation constante de la sphère des images et des pulsions, que ce symbolisme, à force d'être direct et massif, n'a plus de signification. Il traverse de part en part le langage et les conduites du schizophrène et s'étale à claire-voie. Ce monde chimérique n'est pas là comme une immense fresque de merveilleux ; il est plutôt une architectonie idéique compliquée et baroque qui accumule ses labyrinthes et ses impasses et rétrécit progressivement l'horizon. »
Pierre-Paul LACAS
© Encyclopædia Universalis 2004, tous droits réservés
Au mot-clé universalis pour "autisme", nous trouvons 7 autres articles (dans lesquels le mot "autisme" est cité une ou deux fois) : Bettelheim B., Deligny F., Mahler M., Malades mentaux, psychose, schizophrénie, schizophrénie et société.
No comment (mais tels que je connais les parents de l'asso, ils en rajouteront volontiers plein, de commentaires.)
(Par contre nous n'avons pas examiné les sites Internet proposés)
(A noter aussi que en 2004, MM Leboyer et Bourgeron, peut-être connus de quelques-uns d'entre vous, ont publié un article sur les origines génétiques de l'autisme, dans La Science au présent, aux Editions... Encyclopaedia Universalis. Là encore, no comment.)
Universalis : vendus aux psychanalistes ?
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Re: Universalis : vendus aux psychanalistes ?
J'avais lu que dans les années 30, sous la description de schizophrène, on décrivait l'autiste. Mais je ne croyais pas que c'était encore le cas!
J'ai cru comprendre que la schizophrénie apparaissait vers 20 ans, après un développement "normal". Alors que l'autisme est un trouble du développement (quelque soit l'origine qu'on lui donne).
A part çà, Bourgeron est responsable des recherches génétiques sur l'autisme à l'institut Pasteur. Evidemment, il ne part pas du même point de vue. A ce propos, ouvrons-nous une discussion sur les tests génétiques d'autisme ?
J'ai cru comprendre que la schizophrénie apparaissait vers 20 ans, après un développement "normal". Alors que l'autisme est un trouble du développement (quelque soit l'origine qu'on lui donne).
A part çà, Bourgeron est responsable des recherches génétiques sur l'autisme à l'institut Pasteur. Evidemment, il ne part pas du même point de vue. A ce propos, ouvrons-nous une discussion sur les tests génétiques d'autisme ?
Lila a écrit :Plus sérieusement, Chris et moi avons cherché ce qu'on trouvait à "autisme" dans l'encyclopédie Universalis sur CD-ROM, version 10 (datant de 2004).
(Nous n'avons trouvé aucun résultat à Asperger ; sauf si on compte les deux articles qui parlaient à un moment d'"asperger d'eau". )
Voilà l'article "Autisme" :
Terme usité en psychiatrie, donné parfois comme synonyme d'introversion, et qui signifie qu'un sujet porte ses investissements sur son monde intérieur, en abandonnant tout contact avec ce qui l'entoure. Les seules réalités sont pour lui d'ordre interne : imagination, sensibilité, angoisses, désirs. Même s'il ne nie pas expressément l'existence du monde extérieur, tout au moins se comporte-t-il comme si aucun échange n'était possible avec lui. L'impénétrabilité et l'incompréhensibilité sont deux qualités caractéristiques d'un comportement autistique.
Bleuler, en 1911, approche ainsi la personnalité autistique : « L'évasion de la réalité, avec, en même temps, la prédominance relative ou absolue de la vie intérieure, nous l'appelons autisme » (Dementia praecox oder Gruppe der Schizophrenien, Leipzig-Vienne, 1911). Cet autisme, poursuit-il, « est la conséquence directe de la dislocation schizophrénique. [...]. Pour si extravagantes qu'elles soient, les fantasmagories des malades n'entrent pas, dans l'esprit des malades, en conflit avec la réalité. Ce mode de pensée s'apparente au rêve et à la pensée des primitifs et des enfants. »
Pour H. Ey, le sens à donner à l'autisme est nettement plus précis et fort : c'est le noyau essentiel et caractéristique de la psychose schizophrénique. « La schizophrénie ne se constitue qu'au fur et à mesure que se constitue un être schizophrène, à mesure que s'organise ce monde intérieur qu'est l'autisme, au fur et à mesure que la personne du schizophrène devient autistique. C'est l'autisme qui, comme noyau de la psychose, confère au syndrome schizophrénique sa portée clinique, sa valeur diagnostique et pronostique » (« Psychoses chroniques », in Encyclopédie médico-chirurgicale : Psychiatrie, no 37 282 A 20).
Pour décrire un peu plus profondément la personnalité autistique, on en rappellera certains traits essentiels. Dans l'autisme, la personnalité a perdu son unité, elle est divisée. C'est la Spaltung, au sens de Bleuler, la dislocation. Ici, le schéma corporel aussi bien que l'idéal de soi et d'unité, qui permet de construire chaque personne en un compromis de tendances et de fonctions plus ou moins équilibrées, sont rompus. La conséquence de cette schize, c'est que le monde des fantasmes devient le seul monde réel. « Tout est tellement « symbolique » dans la vie des schizophrènes, dans le sens d'une émanation constante de la sphère des images et des pulsions, que ce symbolisme, à force d'être direct et massif, n'a plus de signification. Il traverse de part en part le langage et les conduites du schizophrène et s'étale à claire-voie. Ce monde chimérique n'est pas là comme une immense fresque de merveilleux ; il est plutôt une architectonie idéique compliquée et baroque qui accumule ses labyrinthes et ses impasses et rétrécit progressivement l'horizon. »
Pierre-Paul LACAS
© Encyclopædia Universalis 2004, tous droits réservés
Au mot-clé universalis pour "autisme", nous trouvons 7 autres articles (dans lesquels le mot "autisme" est cité une ou deux fois) : Bettelheim B., Deligny F., Mahler M., Malades mentaux, psychose, schizophrénie, schizophrénie et société.
No comment (mais tels que je connais les parents de l'asso, ils en rajouteront volontiers plein, de commentaires.)
(Par contre nous n'avons pas examiné les sites Internet proposés)
(A noter aussi que en 2004, MM Leboyer et Bourgeron, peut-être connus de quelques-uns d'entre vous, ont publié un article sur les origines génétiques de l'autisme, dans La Science au présent, aux Editions... Encyclopaedia Universalis. Là encore, no comment.)
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Disons que je suis atterrée que l'Encyclopédie de référence (demandez à Chris, en tant que documentaliste elle en sait quelque chose) soit si peu mise à jour, ou du moins ne donne pas une plus grande place aux différentes théories sur le sujet.
"Autisme" est un mot connu de tous, mais son sens exact l'est beaucoup moins. Si quelqu'un veut s'informer un peu + en détail sur l'autisme, son premier réflexe pourra être d'ouvrir L'universalis (qui, je le redis, est excellente à part ça). Et voilà ce qu'il y trouvera... C'est un peu court quand même ; alors que sur d'autres sujets, cette encyclo n'a pas peur de donner plein d'infos scientifiques, sociologiques...
Et en plus on a l'impression qu'ils ne lisent pas les articles des scientifiques qui publient chez eux (cf Bourgeron) ; là à ce niveau ils ont encore moins d'excuses !
"Autisme" est un mot connu de tous, mais son sens exact l'est beaucoup moins. Si quelqu'un veut s'informer un peu + en détail sur l'autisme, son premier réflexe pourra être d'ouvrir L'universalis (qui, je le redis, est excellente à part ça). Et voilà ce qu'il y trouvera... C'est un peu court quand même ; alors que sur d'autres sujets, cette encyclo n'a pas peur de donner plein d'infos scientifiques, sociologiques...
Et en plus on a l'impression qu'ils ne lisent pas les articles des scientifiques qui publient chez eux (cf Bourgeron) ; là à ce niveau ils ont encore moins d'excuses !
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Une théorie qui court actuellement serait que tout comme l'autisme, la schizophrénie serait un trouble du développement, mais contrairement à l'autisme qui est précoce, il s'agirait d'un trouble "tardif", mais tout aussi génétique....
Bien évidemment, ce n'est pas à moi de porter un jugement là dessus...Mais j'ai encore entendu ça ce matin, alors que j'étais à une formation sur l'autisme , et une formation comportementaliste, en aucun cas psychanalytique.
Encore un sujet de polémique entre spécialistes
Emma.
Bien évidemment, ce n'est pas à moi de porter un jugement là dessus...Mais j'ai encore entendu ça ce matin, alors que j'étais à une formation sur l'autisme , et une formation comportementaliste, en aucun cas psychanalytique.
Encore un sujet de polémique entre spécialistes
Emma.