Question naïve : "précoce et/ou Asperger" ?

[jakesbian]

c'est ce que j'aimerais aussi savoir...
... surdoué simple...surdoué autiste... autiste simple

- l'impression que j'aurais, en premier lieu, serait que l'autiste aurait une plus grande capacité à se protéger par système de blocage ou d'isolement dans sa bulle... voire, comme bernard à trouver un scénario de rechange, pour s'échapper du problème.

- maintenant, c'est une simple impression .

[Jonquille57]

J S-F expliquait dans un autre exemple que l'enfant surdoué avait tendance à se faire des scénarios découlant de ce qu'il ressentait des gens autour de lui...
damien voit ses parents se disputer... et imagine déjà la séparation qui pourrait en découler... alors qu'il s'agissait d'une simple mise au point des parents, il en souffre.

C'était le cas de Flo et pourtant, il n'est pas surdoué : lorsque son père et moi avions une simple discussion, il intervenait toujours en disant " Ne vous disputez pas, car après, vous allez vous séparer ! "

Je pense que c'est plutôt dû à ce que tous les évènements qu'il ne maîtrise pas l'angoisse. Florent ne cesse de vivre avec des " si ... ".

[Luna]

Ah oui, j'avais ça en tête :

ce matin est arrivée com' d'hab' une stagiare que j'apprécie, elle est efficace, elle a un excellent feeling avec les petits. Donc la voilà qui débarque avec un méga oeil rouge qui coulait : conjonctivite. Elle avait l'air de ne pas être dans son assiette, elle avait de vives douleurs.

Qu'ai-je ressenti ? Rien, du vide. Mais ce n'est pas parce que je ne ressentai pas d'empathie ni d'émotion particulière que je suis restée dans mon coin. Je savais qu'elle avait besoin de réconfort, je lui ai parlé, lui ai touché le bras, lui ai filé 2 advils pour faire taire la douleur en attendant qu'elle puisse se faire examiner par la pédiatre de la crèche 2h plus tard. Et j'ai redemandé de ses nouvelles un peu plus tard.

Voilà, je veux dire, que ce n'est pas parce qu'il me manque de l'empathie ou que mes sentiments semblent aussi inexistants que de l'eau en plein Sahara, que je ne vais rien faire, j'ai aussi appris avec les années à agir, pour que la personne se sente mieux. Bon, Ok, quelque part, c'est peut-être un peu faussé mais ce petit peu que j'apporte, c'est aussi beaucoup pour moi.
Vous arrivez à saisir ?

[maho]

Je saisis tout a fait Luna.
Avant d'entendre parler d'empathie (un mot que j'ai beaucoup de mal a comprendre le sens) quand je voyais quelqu'un qui a mal, je me mettais a leur place..est ce que je me plains, est ce que j'aurais mal, est ce que j'aimerais qu'on s'occupe de moi?
Vu qu'il en faut beaucoup pour que j'ai mal, et que je n'aime pas qu'on s'occupe de moi, je n'ai pas tendance a me plaindre, donc si quelqu'un se plaint, c'est qu'il faut s'occuper d'eux car ils ont mal.

Je ne suis pas sur que moi meme j'arrive a saisir ce que je viens d'ecrire

[Clovis]

(je trouve que tu as vraiment assuré à tous points de vue Luna ! Tu l'as aidé... Pour le reste j'ai peine à imaginer qu'on puisse vraiment ressentir quelque chose parce que autrui à une maladie bénigne... !?!)

Je me suis souvent posé la question de savoir si ça pouvait vraiment être naturel pour une personne de se soucier* de quelqu'un d'autre. Je crois que je ne voyais pas trop d'intérêt à la chose, que je ne la croyais même pas vraiment possible...

Paradoxalement, alors que j'éprouvais une certaine impuissance et incompréhension face à mon incapacité à dire mes difficultés et celle des autres à les deviner, je ne supportais pas que l'on montre de l'inquiétude pour moi... Je détestais même ça sans doute parce que je voyais ça comme une hypocrisie, une convention sociale de pure forme n'ayant rien de concret...

Qu'on m'apporte un sparadrap oui, qu'on s'apitoie sur mes douleurs non... Quel intérêt ?!? Les mots de réconforts ne m'ont jamais réconforté...

* je vais être honnête... A part quand j'étais amoureux je crois que absolument personne ne m'a jamais manqué...

[Luna]

* je vais être honnête... A part quand j'étais amoureux je crois que absolument personne ne m'a jamais manqué...

Pareil..personne ne m'a jamais vraiment manqué : ils ne sont pas là OK, ils sont là même après 10 ans, ça fait plaisir mais entre temps, j'aurai étouffé leurs souvenirs dans de la ouate. Exemple, mon seul neveu de 5 ans, il ne me manque pas. Je vais être heureuse de le revoir après 6 mois de séparation, c'est un enfant d'une sensibilité, d'une imagination, épris de dinosaures et d'Histoire, je vais l'amener au musée, au ciné en août mais une fois qu'il sera reparti tout au bout de la France, j'aurai refermé le livre et les personnages seront restés dedans, c'est à dire qu'il n'existera jusqu'à ce que je rouvre l'ouvrage d'ici 6 ou 7 mois. Par contre, il manque terriblement à ma mère. J'en suis désolée pour elle.

En y réfléchissant plus profondément : mon ex m'a manqué parfois quand j'étais amoureuse (ah, c'est dur ces sentiments de montagnes russes !!) , ma soeur de coeur qui sait si bien m'accepter comme je suis. En fait, pas ma mère, car elle est toujours là, dans la même ville, qu'on se téléphone tous les jours, mais je l'aime, ma mère, même si je suis maladroite à lui montrer. Et mes chats décédés, si eux, ils me manquent...

C'est bizarre et paradoxal....

[Clovis]

J'ai renoncé à compter mes paradoxes...

mais je l'aime, ma mère, même si je suis maladroite à lui montrer.

Oui...

Être amoureux a été une expérience particulièrement difficile à ce point de vue. Que ce soit trop ou trop peu je me suis toujours exprimé très maladroitement... Pour caricaturer la seule chose que j'ai réussi à dire c'est je t'aime. Au point que ces deux mots deviennent un simple ersatz de toutes les choses que je ne savais pas dire. Exprimer des choses plus nuancées, plus compliquées... Exprimer des manques, des envies, des reproches ou le contraire ; tout ça est très loin d'être naturel pour moi...

... Et je ne parle pas de réagir à ces choses.

Je dois être un mur pour l'autre, un mur apparemment sans prises, un mur gentil mais un mur tout de même... !

[Jean]

Pour caricaturer la seule chose que j'ai réussi à dire c'est je t'aime. Au point que ces deux mots deviennent un simple ersatz de toutes les choses que je ne savais pas dire.

Ces deux mots (en fait trois ), c'est bien compliqué à dire : ce n'est pas un ersatz... et le reste est un habillage.

[Murielle]

"Qu'on m'apporte un sparadrap oui, qu'on s'apitoie sur mes douleurs non... Quel intérêt ?!? Les mots de réconforts ne m'ont jamais réconforté.... "


Alors là....c'est EXACTEMENT Léo.!!!!
Et ce depuis longtemps.!!!!Sauf que lui ne peut pas encore expliquer ce que tu dis Clovis, mais dans son attitude, c'est absolument ça.!

Lorsqu'il était plus jeune, il ne demandait pas un "pansement", il disait: "je veux un "ça fait du bien"..." :lol

Lorsqu'on a le malheur de lui demander "où" il s'est fait mal, il hurle, il dit "j'ai rien.!!!", même si pourtant on peut apercevoir ses genoux écorchés par exemple....La seule chose qu'il accepte: c'est un pansement....
Idem, si on le voit se "cogner"....même devant l'évidence, il refuse , il dit "non, je ne me suis pas cogné".... Je ne sais pas pour un Aspie, mais pour une NT comme moi...dur de comprendre parfois.!!!!

[Murielle]

En fait je réalise avec ta question "où en est l'intérêt" , un début d'explication....
Que répondre à ça en effet.....

[Murielle]

Une autre question pour Clovis...enfin si tu veux bien y répondre.!!

Tu dis que les "mots de réconfort" ne t'ont jamais réconfortés...

Qu'aurait-il fallu faire pour te réconforter?
Qu'aurais-tu aimé que quelqu'un fasse pour t'aider?

Merci.!!!

[Clovis]

Jean : Mes mots traduisent mal ma pensée. C'est compliqué... J'évoquais ma difficulté à mener une relation avec ce que ça implique de discussions, d'évolution... Bref, pour moi une matière à d'infinies réflexions !

Murielle : Je me suis relu, ce que j'ai écrit me semble dur... J'ai l'impression d'être un sans coeur mais en étant honnête je ne vois pas trop ce que je pourrais nuancer...

Qu'aurait-il fallu faire pour te réconforter?
Qu'aurais-tu aimé que quelqu'un fasse pour t'aider?

Ce sont deux questions que je me suis beaucoup posé... Et à vrai dire je ne sais pas trop, aujourd'hui encore je suis presque totalement incapable de demander de l'aide et presque autant de répondre favorablement quand on m'en propose (même si j'en aurais besoin !). Mais c'est sans doute assez propre à moi...

On m'a souvent dit "je suis toujours là si tu as besoin d'aide", "tu peux tout me dire", "si quelque chose ne va pas...". J'ai souvent promis par obligation : "la prochaine fois tu nous le diras ?". Sans effet sur moi... (mais il faut dire que d'abord j'attendais que les autres devinent et ensuite j'ai tout fait, dès que j'ai senti que quelque chose clochait avec moi, pour ne pas laisser voir de failles, j'avais très peur que si je montre une faiblesse on ne découvre les autres...)

Ah tout de même... Je ne supporte pas l'inquiétude disproportionnée (très subjectif... !). Je sais par exemple que le changement dans la voix de ma mère lorsque quelque chose n'allait pas, que ce soit énervement ou inquiétude, m'a toujours énormément perturbé (j'avais toujours l'impression qu'elle criait je crois...). Etant stressé "en permanence" j'avais une faible tolérance pour celui exprimé par les autres : la goutte d'eau qui peut faire déborder le vase...

Je ne crois pas avoir été d'une grande aide. En tous cas, n'ayant le plus souvent même pas d'idée claire sur ce qui aurait été "bien" ou "le mieux" je n'aurais jamais de reproches envers ceux qui ont fait de leur mieux avec moi !

[Mars]

Je te comprends tout à fait Clovis quand tu parles d'inquiétude disproportionnée et je suis d'accord avec toi. J'ai longtemps été dans l'exagération, Jean et Lila ont su me faire comprendre que, non seulement ce n'est pas efficace mais en plus ça donne une idée trompeuse de la situation. Enfin, ils ne m'ont rien dit mais j'ai déduit tout ceci à leur contact. Du coup je ne supporte plus la commisération et les réactions excessives.
Je suis même persuadée que ça n'aide pas vraiment de gémir avec quelqu'un, ça aurait plutôt tendance à la faire se "complaire" dans une situation. L'action de Luna me semble très constructive et elle témoigne d'autant d'attention. Bref, amis aspies ou apparentés, je pense que vous avez raison.

[Murielle]

Je crois comprendre Mars et Clovis , mais je pense aussi que c'est une notion très subjective "inquiétude disproportionnée" et par là même....on en revient à "un subtile dosage".!!!
N'est-ce pas Mars????
C'est là que ça se complique.!

[Luna]

A propos de l'empathie ou des trucs dans ce genre, petite histoire qui est en train de se dérouler à l'heure actuelle.

Mon neveu (5 ans) habite à Niort. Le petit voulait passer une semaine de vacances chez ma mère. Ma soeur, sa maman, tenait à ce que ma mère paye une partie du voyage de Twann, pace que d'après elle, rien que pour le train et l'accompagnement, ça leur coûtait 300 e, ce qui leur faisait une semaine de course par semaine (pour la petite histoire, dans les meilleurs moments où j'ai gagné du flouze en travaillant, ça m'aurait fait 3 mois de courses, no comment). Or, ma soeur, et son conjoint vivent "très très bien", ils reviennent d'ailleurs d'un séjour en République Dominicaine. Histoire de famille, ma soeur garde toujours rancoeur pour des histoires du passé envers notre mère et lui fait des remarques sur des choses datant de 30 ans en arrière dès qu'elle en a l'occasion. Bref, ma mère ne voyait pas pourquoi elle aurait du payer pour avoir son petit-fils une semaine à la maison, donc elle a renoncé . Elle en a pleuré et déprimé.
Moi, en toute honnêteté, mon neveu ne me manque pas du tout (même si je trouve que c'est intéressant lorsqu'il est là, car c'est un passionné d'histoire et de dinausores et qu'il sort des phrases drôles et intelligentes), ni le reste de la famille (côté affect, ça pêche parfois sacrément, il n'y a RIEN..parfois, hein, pas tout le temps...je m'attache très peu même si j'aime bien les gens).

Ca m'embêtait de voir ma mum (ptite retraite) en train de se morfondre même si je n'arrivais pas à comprendre pourquoi et comment il pouvait tellement lui manquer, je sais je capte mal. Donc vu que le dialogue entre ma soeur et ma mum était rompu, j'ai pris le téléphone (et dieu sait combien j'ai horreur de cela) pour appeler la mère du petit, et le résultat est que mon neveu viendra effectivement passer une semaine à Dijon. J'ai décidé de lui offrir cela en cadeau.

D'un côté, je sais que ce n'est pas juste car j'ai "payé" une famille, ma propre soeur, qui a sacrément les moyens pour avoir mon neveu, qu'avec ces 150 e (Je suis en fin de droits, toujours à la recherche d'un emploi) (c'est à dire une partie du voyage du gamin et le prix de mes billets pour aller le chercher sur Paris, hé oui !) j'aurai pu me faire un aller-retour Dijon-Londres + 1/2 nuit d'hôtel, que je vais être claquée parce que j'ai 6 catsittings matin et soir durant cette période et que je devrai aussi prendre du temps pour passer les aprèm' avec Mum et petit-Fils. Mais d'un côté, je sais que j'ai fait très plaisir à ma mère qui n'est plus en très bonne santé et que c'est très important pour elle. Twan l'adore, je souhaite que tous les deux aient des moments privilégiés tant que c'est possible.