[Livre] La solitude des nombres premiers (Paolo Giordano)

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bernard
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Message par bernard »

J'ai acheté le livre.
Je vous en donnerai des nouvelles une fois lu.
Bernard (55 ans, aspie) papa de 3 enfants (dont 2 aspies)
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Jean
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1er extrait

Message par Jean »

Les rires de papa se transformèrent en un sourire crispé lorsqu'il constata que, à vingt-sept mois, Michela était incapable de prononcer le moindre mot. Pas même maman, caca, dodo ou ouah. Ses petits cris inarticulés montaient d'un coin si solitaire et si désert qu'il en fris- sonnait chaque fois.

Elle avait cinq ans et demi quand une orthophoniste aux lunettes à verres épais lui montra un parallélépipède en contreplaqué dans lequel quatre formes étaient creusées -une étoile, un cercle, un carré et un triangle -et les pièces de couleur correspondantes à y enfoncer.

Michela l'observait, l'air étonné. « Où va l'étoile, Michela? » interrogea l'orthophoniste. Michela posa les yeux sur le jeu sans rien toucher. La femme lui tendit l'étoile. « Où cela va-t-il, Michela? » Michela regardait partout et nulle part. Elle glissa l'une des cinq pointes jaunes dans sa bouche et la mordilla. L'orthophoniste lui ôta la main de la bouche et répéta la question. -

« Michela, obéis à la dame, bon sang ! » grogna son père, incapable de rester assis à la place qu'on lui avait assignée.

-Monsieur Balossino, s'il vous plaît, dit la femme d'un ton conciliant. Il faut laisser les enfants prendre leur temps.

Michela prit son temps. Une minute entière. Puis elle poussa un gémissement poignant, qui pouvait exprimer aussi bien de la joie que du désespoir, et enfonça avec assurance l'étoile dans le trou du carré.

Les camarades de Mattia se chargèrent de lui rappeler, pour le cas où il ne l'aurait pas compris, que sa soeur avait un problème : ainsi, Simona Volterra croisa les bras après que la maîtresse eut déclaré Simona, ce mois-ci tu auras Michela pour voisine, et objecta moi je ne veux pas m'asseoir à côté de cette fille-là.

Mattia attendit que Simona et la maîtresse se soient disputées un moment puis dit maîtresse, je peux rester à côté de Michela. Cela les soulagea tous : cette fille-là, Simona, la maîtresse. Tous, à l'exception de Mattia.

Les jumeaux étaient assis au premier rang, Michela faisait toute la journée des coloriages, débordant méticuleusement et attribuant les couleurs au hasard. La peau des enfants bleue, le ciel rouge, les arbres jaunes. Elle empoignait les crayons à l'instar d'un battoir à viande et appuyait si fort qu'elle déchirait la feuille une fois sur trois.

A côté d'elle, Mattia apprenait à lire et à écrire. Il apprenait les quatre opérations arithmétiques et il fut le premier de la classe à savoir faire les divisions avec la retenue. Si la tête de sa soeur était défectueuse, la sienne évoquait en vertu du même mystère un engrenage parfait.

Parfois Michela gesticulait sur sa chaise et tapait des bras furieusement, pareille à une phalène prise au piège. Ses yeux s'assombrissaient et la maîtresse, plus apeurée qu'elle, la contemplait avec le vague espoir que cette arriérée finirait un jour par s'envoler. Derrière, des élèves ricanaient et d'autres disaient chut.

Alors Mattia soulevait sa chaise pour éviter qu'elle ne grince sur le sol et se plaçait derrière Michela, qui roulait la tête des deux côtés et agitait les bras si fort qu'il craignait qu'ils ne se détachent. a lui saisissait les mains et lui refermait délicatement les bras sur la poitrine.

«Voilà, tu n'as plus d'ailes », lui murmurait-il à l'oreille.

Au bout de quelques secondes, Michela cessait de trembler. Elle fixait un moment un point inexistant et recommençait à torturer ses dessins comme si de rien n'était. Mattia se rasseyait, la tête basse, les oreilles rouges, et la maîtresse poursuivait son explication.

Les jumeaux étaient maintenant en dixième et ils n'avaient jamais été invités au moindre goûter. Pour pallier le problème, leur mère avait décidé d'en organiser un à l'occasion de leur anniversaire. A table, M. Balossino avait rejeté cette proposition en disant je t'en prie Adele, c'est déjà assez pénible comme ça. Mattia avait poussé un soupir de soulagement et Michela avait laissé tomber sa fourchette pour la dixième fois. On n'en avait plus entendu parler. (pp.28-30)
Modifié en dernier par Jean le mercredi 6 mai 2009 à 20:45, modifié 1 fois.
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maho
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Message par maho »

En te lisant Jean, je me suis sentie comme un enfant qui ecoute l'histoire de soir, j'ai envie de dire "Continue, et aprés?"
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Jean
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Message par Jean »

Un peu de patience, le temps de sucrer mes fraises.
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Jean
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dernier extrait

Message par Jean »

La lettre, adressée à Monsieur Mattia Balossino, était au toucher si légère et si inconsistante qu'il était impossible de croire qu'elle renfermait l'avenir de Mattia. Sa mère l'avait gardée jusqu'au dîner, sans doute gênée de l'avoir ouverte. Pas volontairement : elle n'avait même pas regardé le nom du destinataire car Mattia ne recevait jamais de courrier.

« Pour toi », dit-elle en tendant l'enveloppe au-dessus des assiettes.

Mattia lança un regard interrogateur à son père, qui acquiesça de manière vague. Avant de saisir l'enveloppe, il passa sa serviette en papier sur sa lèvre supérieure, qui était déjà propre. Il observa le logo rond et compliqué, imprimé en bleu à côté de l'adresse, sans que celui-ci l'éclaire sur le contenu de la missive. Il appuya sur les deux bords de l'enveloppe pour en tirer la feuille de papier à l'intérieur. Illa déplia et commença à lire, un peu intimidé par la pensée qu'elle était vraiment pour lui, pour Monsieur Mattia Balossino.

Ses parents faisaient plus de bruit que nécessaire avec leurs couverts, et son père se racla la gorge plusieurs fois. Quand il eut terminé, Mattia replia la feuille en effectuant à l'envers la même série de gestes de façon à en recomposer la forme initiale, et la glissa de nouveau dans l'enveloppe qu'il posa sur la chaise de Michela.
Il reprit sa fourchette, mais eut un instant d'égarement à la vue des courgettes coupées en rondelles à l'intérieur de son assiette, comme si quelqu'un les avait fait apparaître par surprise.

- C'est une belle opportunité, semble-t-il, dit Adele
-Oui.
-Tu veux y aller?

La mère de Mattia sentit son visage s'enflammer. Elle se rendit compte que cela n'avait rien à voir avec la crainte de le perdre. Au contraire, elle désirait de toutes ses forces qu'il accepte, qu'il quitte cet appartement, la place qu'il occupait chaque soir devant elle, sa tête noire penchée sur son assiette et toute sa personne enveloppée du halo contagieux de la tragédie.
« Je ne sais pas, répondit Mattia aux courgettes.
-C'est une belle opportunité, répéta sa mère.
-Oui. »
Le père de Mattia brisa le silence qui s'ensuivit en pro nonçant pêle-mêle des considérations sur l'efficacité des peuples de l'Europe du Nord, sur la propreté de leurs rues, dont il attribua tout le mérite au climat rigoureux et à l'absence de lumière une bonne partie de l'année, qui limitait certainement les distractions. Il n'était jamais allé dans aucun endroit de ce genre mais, d'après ce qu'on racontait, il en était ainsi.
Quand, à la fin du dîner, Mattia commença à empiler les assiettes. les ramassant dans le même ordre que tous les soirs, son père posa une main sur son épaule et lui dit tout bas laisse, je m'en occupe. Mattia ramassa l'enveloppe et se dirigea vers sa chambre..
Il s'assit sur le lit et se mit à tourner et à retourner la lettre entre ses doigts. Il la plia d'un côté et de l'autre, faisant claquer le papier épais de l'enveloppe. Puis il examina le logo placé à côté de l'adresse. Il représentait un rapace, probablement un aigle, les ailes ouvertes et la . tête de profil, avec son bec pointu. Le bout des ailes et les pattes apparaissaient dans un cercle qu'un défaut d'impression avait rendu légèrement ovale. Un autre cercle, plus grand et concentrique, abritait le nom de l'université qui offrait un poste à Mattia. Les caractères gothiques, les k et les h du nom, ainsi que les O coupés en diagonale qui indiquaient en mathématiques un ensemble vide, suscitèrent dans l'esprit de Mattia l'image d'un grand bâtiment sombre aux couloirs bourrés d'échos et aux très hauts plafonds, entouré de pelouses tondues à ras du sol, aussi silencieux et désert qu'une cathédrale au bout de la terre.

Dans ce lieu inconnu et lointain résidait son avenir de mathématicien, résidait une promesse de salut, un espace pur, où rien n'avait encore été compromis. Ici, en revanche, il y avait Alice, juste Alice, et un marais autour.
Le phénomène dont il avait été victime le jour de sa soutenance se reproduisit. De nouveau, son souffle se coinça dans sa gorge et y forma un bouchon. Il haletait, comme si l'air de la pièce s'était soudain liquéfié. Les journées s'étaient beaucoup allongées, et le crépuscule était bleu, exténuant. Il attendit que le dernier reste de lumière extérieure disparaisse en parcourant mentalement ces couloirs qu'il n'avait pas encore vus et en se heurtant de temps en temps à Alice, qui le regardait sans rien dire, sans sourire.

Il s'agit juste de décider, pensa-t-il. Y aller ou pas. 1 ou O, comme un code binaire.

Mais plus il essayait de simplifier, plus ses idées s'embrouillaient. Il était comme un insecte dans une toile d'araignée poisseuse, qui se prend davantage au piège à force de se démener.

On frappa à la porte de sa chambre. Il eut l'impression que ce bruit s'échappait du fond d'un puits.

« Oui? »

La porte s'ouvrit lentement, et son père passa la tête à l'intérieur.
"Je peux entrer?

-Hum-mm
-Pourquoi restes-tu dans le noir ? .n
Sans attendre de réponse, Pietro pressa l'interrupteur, et les cent watts de l'ampoule explosèrent dans les pupilles dilatées de Mattia, lui causant une douleur agréable.

Son père s'assit sur le lit, à côté de lui. Ils avaient la même façon de croiser les pieds, la cheville gauche en
équilibre sur le talon droit, mais ni l'un ni l'autre ne l'avait remarqué.

" Comment s'appelle ce truc que tu as étudié ? demanda Pietro au bout d'un moment.
-Quel truc ?
-Le truc de ta thèse. J’oublie toujours le nom.
-La fonction zêta de Riemann.
-Ah oui. La fonction zêta de Riemann. »
Mattia frotta l'ongle du pouce sous celui du petit doigt, mais la peau y était si dure et si calleuse qu'il ne sentit rien. Les ongles émirent un léger bruit.
- J'aurais aimé avoir une tête aussi bien faite que la tienne, poursuivit Pietro. Mais je ne comprenais rien aux maths. Ce n'était pas pour moi. Il faut avoir un esprit particulier pour certaines choses. »

Mattia pensa que sa tête n'avait rien d'enviable. Qu'il l'aurait volontiers dévissée et remplacée par une autre, ou par une boîte de biscuits pourvu qu'elle fût vide et légère. Il s'apprêtait à répondre qu'avoir un esprit particulier est la pire des cages qui soit, mais il se ravisa. Il pensa au jour où l'institutrice l'avait placé au centre de la classe, tandis que les autres élèves l'observaient comme un animal exotique, et il se dit qu'il était resté là tout au long de ces années. (pp.173-177)
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maho
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Message par maho »

Et alors???
:D
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Jean
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Message par Jean »

Moi, j'ai aimé et j'encourage à le lire. Ce n'est pas drôle, mais j'ai retrouvé beaucoup de choses.
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maho
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Message par maho »

Bon beh, je n'ai plus qu'a l'acheter!!!
:lol:
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Jean
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Message par Jean »

Critique de Libération : Livres 30/04/2009 à 06h51
Ensemble, c’est tout - NATALIE LEVISALLES


Paolo Giordano est physicien, le titre de son livre fait référence aux nombres premiers, qui sont une métaphore de la relation entre ses deux personnages principaux, Alice et Mattia. On imagine donc qu’il connaissait tout des propriétés de ces entités mathématiques et que c’est le point de départ son livre. En fait, pas du tout : il était déjà au milieu de son roman quand il est tombé sur la définition des nombres premiers dans Wikipédia. Tout ce qui concerne ce livre est un peu comme ça, à la limite du malentendu.

La Solitude des nombres premiers est arrivé en France avec l’aura ambiguë du best-seller. Un vrai best-seller : il s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires en Italie (25 000 en France pour le moment). Il a aussi eu le prix Strega, le Goncourt transalpin, et quelques autres prix. Devenu une star en Italie, reconnu partout où il passe, Giordano signe des autographes comme lui-même en faisait signer à des rock stars quand il avait 14 ans. Et quand il vient en France, invité par l’Institut culturel italien dont les soirées sont d’habitude assez confidentielles, il fait salle comble et rameute tout ce que la région parisienne compte d’Italiens de moins de 25 ans.

Les livres qui se vendent aussi bien sont rarement de bons livres, même s’il y a des exceptions. La Solitude des nombres premiers en est une : c’est un roman subtil qui réussit à raconter sans pathos une histoire d’adolescents malheureux. On ne dira pas que c’est un roman d’apprentissage, parce qu’on a le sentiment que les deux héros n’apprendront jamais. Cela n’empêche pas, au contraire, que tous les jeunes Italiens se soient identifiés à eux, de même qu’ils identifient sans doute Giordano à Mattia dont il a certains traits. Le fait que le jeune écrivain soit par ailleurs beau, sympathique et qu’il ait un air légèrement mélancolique ne gâte rien.

Paolo Giordano est né à Turin en 1982, son père est médecin, sa mère prof d’anglais, il a fréquenté le lycée Gino-Segrè, le «bon» lycée de Turin. Il est ensuite allé à l’université, où il prépare en ce moment une thèse en physique des particules. C’est au début de ses études de sciences qu’il s’est mis à écrire ; il s’est aussi inscrit dans un atelier d’écriture où il a rencontré une libraire de Turin, Raffaella Lops, qui l’a fait travailler, est devenue son agent, et l’a fait éditer chez Mondadori. De ses personnages, il a dit qu’ils étaient «très représentatifs de certains jeunes de la bourgeoisie, […] qui garantit une aisance à ses enfants en les laissant dans la plus absolue solitude».

Les nombres premiers, nous rappelle Wikipédia, ne sont divisibles que par eux-mêmes et par 1. Certains ont un jumeau dont ils ne sont séparés que par un nombre pair, comme 17 et 19 ou 41 et 43. Alice et Mattia sont comme ces nombres premiers jumeaux : solitaires et particuliers, proches et toujours séparés.

Giordano réussit à parler avec justesse de l’anorexie, de l’automutilation, du quasi-autisme de certains mathématiciens, des relations parents-enfants, et d’une histoire d’amour qui n’arrive ni à se faire ni à se défaire. Il décrit l’horreur des cours de ski quand on a 7 ans, les enfants engourdis par le froid qui attendent le moniteur appuyés sur des bâtons de ski coincés sous les aisselles, le père abusif qui crie : «Ecrase-les tous et n’oublie pas, le poids du corps en avant.» Il raconte Alice, qui fait pipi dans sa combinaison, se cache dans le brouillard, se casse une jambe et restera boiteuse toute sa vie. Il raconte les jumeaux Michela et Mattia. Michela est retardée, bizarre, Mattia est surdoué. Tous deux sont tenus à distance par les autres enfants, jusqu’au jour où Mattia n’en peut plus, il veut juste passer un après-midi sans elle. Il n’en retirera aucune joie, sa réputation de frère d’arriérée lui colle à la peau. Quand il retourne au parc où il a laissé sa sœur, elle a disparu, on ne la retrouvera jamais.

Quand Alice et Mattia se rencontrent quelques années plus tard au lycée, tous deux sont devenus des adolescents solitaires, lui parce qu’il refuse le monde, elle parce qu’elle se sent refusée par lui.

Elle a arrêté de manger, lui passe son temps à se taillader les bras. Alice désire «avidement la désinvolture des filles de son âge, leur vain sentiment d’immortalité». Mattia est surdoué en maths, mais bizarre et incapable de se lier, comme s’il avait endossé, en plus de sa personnalité, celle de sa jumelle disparue. Le lycée, les soirées, le suivisme et le sadisme ordinaire des groupes d’adolescents, le sentiment de distance astronomique avec les adultes… tout est raconté avec une grande précision, sans sentimentalité mais avec une grande attention pour la fragilité des personnages.

Etrangement, cette histoire triste n’est absolument pas sinistre. Elle a la pureté, le brillant et le tranchant du génie du jeune mathématicien et de l’esprit de l’anorexique.
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bernard
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Message par bernard »

J'ai terminé hier la lecture du livre de Paolo Giordano.

Mattia est aspie mais jamais le terme de Syndrome d'Asperger n'est utilisé. Une prouesse.

J'ai beaucoup apprécié la description de la vision et du ressenti qu'a Mattia. Certains passages me semblent tellement pertinents que je me pose des questions pour savoir comment l'auteur a pu les décrire avec une telle véracité s'il est NT.

J'ai bien une explication.
Et si Paolo s'était décrit lui-même en changeant "la Physique" par "les Mathématiques" pour garder un peu d'intimité.
Mattia s'attaque à une partie de la conjecture de la fonction zéta de Riemann ; Paolo s'attaque à la recherche du boson de Higgs dans la vraie vie.

Qui est Alice pour Paolo ? Une pure invention pour son roman ? Ou bien une personne qui existe réellement ?

Enfin pour terminer, une touche perso.
J'ai vécu il y a 25 ans la fin de son roman.
Mon Alice ne pesait que 39 kg. Anorexie mentale.
Troublante coïncidence.
J'ai ensuite connu celle qui est devenue depuis mon épouse.
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Message par bernard »

bernard a écrit :Certains passages me semblent tellement pertinents que je me pose des questions pour savoir comment l'auteur a pu les décrire avec une telle véracité s'il est NT.

J'ai bien une explication.
Et si Paolo s'était décrit lui-même en changeant "la Physique" par "les Mathématiques" pour garder un peu d'intimité.
Sur le site
http://www.lire.fr/portrait.asp/idC=53468/idR=201/idG=4
on trouve que ce livre est en partie autobiographique.
Pour moi, Paolo est aspie.
Mais le sait-il lui-même ?

Dans son prochain livre, son héros aura la quarantaine.
Ce qui ne me surprend pas.

Je vais essayer de rentrer en contact avec Paolo pour en savoir plus.
Pour l'anecdote, l'amie anorexique que j'avais quand j'étais à l'Université des Sciences de Grenoble était par son père d'origine italienne, plus précisément d'une ville près de Turin, où le reste de sa famille résidait encore. C'était en 1982 !
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Jean
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Message par Jean »

bernard a écrit :Pour moi, Paolo est aspie.
Mais le sait-il lui-même ?
Pour moi, il a une connaissance proche de ce qu'est le SA ou l'autisme. Et c'est comme pour l'anorexie : le terme est systématiquement évité.
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bernard
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Message par bernard »

Encore une coïncidence :
A midi, j'ai mangé avec un collègue de travail originaire de Turin.
Je lui ai parlé de Paolo et il avait lu le livre dans sa version italienne.
Ce collègue a suivi les cours de l'Université de Turin, en physique aussi, et son père connait le père de Paolo.
J'ai envoyé un mail à Paolo ce soir en lui expliquant un peu plus le contexte. Je vous dirai s'il me répond.
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Re:

Message par Jean »

bernard a écrit :J'ai envoyé un mail à Paolo ce soir en lui expliquant un peu plus le contexte. Je vous dirai s'il me répond.
Pas de réponse ?
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
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Re: "La solitude des nombres premiers"

Message par bernard »

non.
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