Le dévoiement de l’économie du partage ...

[Tugdual]

Pour ceux que ça intéresse, trois articles
fort pertinents sur Internet-Actu ...

Qu’est-ce que l’économie du partage partage ?

1. la professionnalisation de nos rapports sociaux ;
2. la régulation en question ;
3. un capitalisme de catastrophe.

Ces articles illustrent bien le malaise que
je ressens face à ces pseudo-partages ...

[freeshost]

Pour ma part, dans les contextes où les notions de partage et de propriété entrent en conflit, je me range presque toujours du côté du partage :

- le savoir n'appartient à personne ;
- je regrette le "tous droits réservés" (jusqu'à 70 ans après la mort du dernier auteur) ; par défaut les œuvres devraient être dans le domaine public ("aucun droit réservé"),
- pour le moment, mettons nos œuvres sous une licence Creative Commons ou GPL,
- encourageons le partage décentralisé de nos œuvres, mettons nos fichiers non privés en libre téléchargement sans DRM,
- pratiquons aussi le libre partage dans la rue,
- cessons cette obsession du "tout est sous-cons-trolls",
- "Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l' une ni l'autre, et finit par perdre les deux.", Benjamin Franklin.

[budakesi]

Selon moi les problématiques soulevées dans les articles cités par Tugdual relèvent davantage de la marchandisation des rapports sociaux (voire de la vie privée) que du droit d'accès (libre ou moyennant finances) à l'information.
Le vocable "partage" est souvent mal employé. On peut partager par:
- division (partager un gâteau)
- différenciation dans l'utilisation (donner accès à d'autres)
- adhésion à des valeurs
- prendre part, participer à une situation, à une expérience.

La marchandisation des rapports sociaux, sous couvert de "solidarité", "générosité", "altruisme" et j'en passe n'est rien d'autre qu'une façon de se faire de l'argent, là où avant c'était gratuit (covoiturage vs auto-stop, pour ne citer qu'un exemple). Ce n'est qu'une nième déclinaison de la société de consommation, dégager toujours plus d'argent pour consommer toujours plus. On partage, certes, au sens où on donne accès à son bien quand on est propriétaire, mais ce n'est pas gratuit. C'est une communauté d'intérêts, donc fortement susceptible de conflictualisation, et surtout pas une communauté de valeurs.

Quant à la problématique des droits de propriété intellectuelle, c'est aussi un vaste débat.
Simplement je trouve étrange qu'on refuse de payer des droits de propriété intellectuelle au motif qu'un bien immatériel (une invention, une marque de fabrique, une oeuvre littéraire ou artistique) devrait par nature (?) être libre d'accès et qu'on accepte sans broncher de payer pour avoir accès à une voiture par le covoiturage, à un lit par le couchsurfing, ou à de la nourriture que les gens ont cuisinée en trop.

[freeshost]

Tu comprends, "faut qu'ça paie !", pour certaines personnes, il faut une récompense monétaire pour booster la dopamine. Le résultat de l'action ne leur suffit pas comme récompense. L'acte désintéressé, c'est très peu connu en ces temps capitalistes. Le don, le pardon, le partage, l'absence de contre-partie monétaire ou sociale, ça leur fait peur, ou ils croient ça trop important. "Ya pas d'petits profits !", qu'y disent. "Tout occasion de se faire du blé est bonne à prendre.", "La fin justifie les moyens." Money as a drug.

[G.O.B.]

2 autres articles intéressants :
Economie du partage : les limites d’une utopie
«Une économie du partage entre utopie et big business»

[G.O.B.]

Concernant l'économie de partage, c'est simplement une autre façon de faire du business, tout aussi capitaliste et libéral.

A noter qu'en France, environ 10% des emplois sont issus de l'ESS avec notamment les mutuelles et coopératives, c'est peut être plutôt là qu'il faut creuser.

L'acte désintéressé, c'est très peu connu en ces temps capitalistes. Le don, le pardon, le partage, l'absence de contre-partie monétaire ou sociale, ça leur fait peur, ou ils croient ça trop important.

Ton raisonnement n'est pas applicable dans tous les domaines. Dans l'industrie pharmaceutique par exemple, pourquoi une entreprise mettrait des milliards en R&D si au final tout le monde pouvait produire la molécule finale dès qu'elle est homologuée ?

D'autre part, un milliardaire qui a fait fortune en partant de rien et fait le don de 99% de sa fortune à divers associations/organismes d'intérêt général au moment de son décès contribue-t-il moins à la communauté que toi ?

[freeshost]

Plusieurs questions peuvent alors se poser :

- Est-ce que la rémunération est une motivation nécessaire à l'action ? N'est-il pas possible une société où tout se partagerait, du matériel comme de l'immatériel ? des pommes comme des fichiers comme des savoirs comme des savoir-faire ?

- Si l'économie des fichiers, des logiciels (notamment les logiciels libres), des savoirs et des savoir-faire ne fonctionne pas comme celle des pommes, des maisons et des assurances, pourquoi cette dernière devrait primer au moment où toutes deux se confrontent (interagissent) ?

[G.O.B.]

N'est-il pas possible une société où tout se partagerait, du matériel comme de l'immatériel ? des pommes comme des fichiers comme des savoirs comme des savoir-faire ?

Non, ce n'est pas possible, pas dans ce monde. Personne ne se lèverait le matin pour aller gratuitement arroser le pommier, tailler le pommier, ramasser la pomme, transporter la pomme jusqu'au magasin, tenir le magasin où tu achètes la pomme, etc. Après, il est toujours possible de voler une pomme, comme on pirate un film.

Cependant, rien n’empêche en parallèle de ce travail de faire des actions sans rémunération, voire en y consacrant une partie de son salaire, comme tu le fais probablement aujourd'hui.

[freeshost]

Heureusement que nous sommes là pour effectuer des activités de manière bénévole : partager nos connaissances, discuter et s'entraider sur des forums de discussion, aider à ramasser les fruits, etc.

Il n'empêche que, si le budget nécessaire pour vivre continue de grossir, les personnes sans revenus suffisants, qui sont de plus en plus nombreuses, ressentiront toujours plus les effets de la pauvreté.

Dommage que pas mal d'États ferment les yeux face aux prix exorbitants des primes d'assurances et des loyers, sans parler des impôts en eux-mêmes. En plus d'éviter la concentration de pouvoirs, il serait bien d'éviter la folie des grandeurs pour éviter le "too big to fail", surtout si le "too big" a des mauvaises répercussions sur la nature et sur la situation sociale de nombreuses personnes, et sur leur liberté.