Les aspies sont-elles vues comme les victimes idéales ?

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FloretteRanou
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Les aspies sont-elles vues comme les victimes idéales ?

Message par FloretteRanou »

Je me demande si les aspies ne sont pas vus par certains NT comme le profil de la "victime parfaite" sur lesquels ils peuvent déverser leurs pulsions sadiques.

Certaines caractéristiques pourraient amener à ce que les aspies soient généralement traités comme des "bonnes poires" ou des "punching ball" :
- une grande honnêté
- une forme de naïveté causée par la tendance à croire les autres aussi honnêtes que soi
- une forte adhésion à des valeurs
- des angoisses plus fortes et plus nombreuses
- un sentiment de culpabilité qui a pu se développer suite à toutes les critiques reçues depuis l'enfance
- parfois certains aspies peuvent être bourreaux de travail quand le sujet les intéresse et donc c'est une aubaine pour ceux qui veulent leur faire faire le travail à leur place

Que pensez-vous de cette théorie ?
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isra
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Re: Les aspies sont-elles vues comme les victimes idéales ?

Message par isra »

Oui, il y a ces aspects que tu décris qui entrent en jeu et pour ma part il y a aussi et surtout le fait d'une forme de passivité.
Au fait je n'ai pas le "feed-back" non verbal "universel" qui permet à l'autre de comprendre le "STOP",
ni parfois le réflexe de me positionner pour trouver le moyen de faire passer ma désapprobation.
Si on laisse faire, les autres considèrent qu'ils peuvent continuer.
La personne pense alors que je cautionne et continue donc en allant toujours plus loin,
cela laisse donc la porte ouverte et le terrain libre à de nombreux abus...
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WinstonWolfe
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Re: Les aspies sont-elles vues comme les victimes idéales ?

Message par WinstonWolfe »

Au contraire, je pense que mon caractère Aspie fait de moi un excellent répulsif à manipulateurs. Et que la plupart des techniques de manipulation n'ont pas de prise sur les Aspies.

Maintenant, peut-être que dans la vie quotidienne il y a des situations comme celles que tu évoques.
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isra
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Re: Les aspies sont-elles vues comme les victimes idéales ?

Message par isra »

WinstonWolfe a écrit :Au contraire, je pense que mon caractère Aspie fait de moi un excellent répulsif à manipulateurs. Et que la plupart des techniques de manipulation n'ont pas de prise sur les Aspies.
Pour certaines formes de manipulation, par exemple dans le contexte professionnel de la part de supérieurs hiérarchiques,
effectivement cela n'a aucune prise sur moi, ou les chantages affectifs me font fuir, par-contre pour d'autres formes de manipulations, je suis manipulable par ma naïveté...

Mais là, en parlant du phénomène de la passivité je pensais juste aux abus, je ne pensais pas particulièrement à la manipulation,
on peut facilement abuser de moi, profiter de ma bonne volonté et d'une certaine tolérance, ou des aspects cités par FloretteRanou sans nécessairement passer par la manipulation, juste parce que je ne me positionne pas contre l'attitude en question.
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FloretteRanou
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Re: Les aspies sont-elles vues comme les victimes idéales ?

Message par FloretteRanou »

La passivité n'est peut-être pas la plus mauvaise solution.
Quand j'étais petite j'ai essayé le "Rendez-moi ma trousse, méchants !" :lol:
Crois-moi le résultat a été pire !

Je n'ai jamais su comment me défendre alors je me dis que ne pas réagir ce n'est peut-être pas si mal.
Et puis me venger ne m'intéresse pas et est à mon avis totalement contre-productif.

J'ajouterais un point important à la liste, peut-être même le plus important :
- l'isolement
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Re: Les aspies sont-elles vues comme les victimes idéales ?

Message par isra »

Je n'ai jamais su comment me défendre alors je me dis que ne pas réagir ce n'est peut-être pas si mal.Et puis me venger ne m'intéresse pas et est à mon avis totalement contre-productif.
Oui, au fait c'est bien ça le problème, parfois on ne sait pas comment réagir,
d'autres fois je n'avais simplement pas conscience que je pouvais me positionner (mais maintenant j'ai compris et je réagis),
j'attendais que la personne cesse par elle-même.
Donc la passivité dans ce cas n'est pas une stratégie mais bien une déficience j'ai l'impression...
Ou peut-être que cela vient simplement de notre fonctionnement relationnel pas du tout sur le même mode que celui des NT...

Le problème lorsque l'on reste passif c'est que cela prend des proportions qui n'auraient pas eu lieu si on avait manifesté un "Stop".
Et ça se termine en abus alors que cela aurait pu être évité si on réagissait comme les gens "normaux".
Lorsque ça prend des proportions trop abusives et qu'enfin on réagit,
j'ai l'impression que la personne n'accepte pas, elle ne comprends pas pourquoi on se permet de se fâcher ou de dire stop alors jusqu'ici on acceptait ...
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FloretteRanou
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Re: Les aspies sont-elles vues comme les victimes idéales ?

Message par FloretteRanou »

isra a écrit : Le problème lorsque l'on reste passif c'est que cela prend des proportions qui n'auraient pas eu lieu si on avait manifesté un "Stop".
Et ça se termine en abus alors que cela aurait pu être évité si on réagissait comme les gens "normaux".
Lorsque ça prend des proportions trop abusives et qu'enfin on réagit,
j'ai l'impression que la personne n'accepte pas, elle ne comprends pas pourquoi on se permet de se fâcher ou de dire stop alors jusqu'ici on acceptait ...
Maintenant que tu en parles, je me rend compte que j'ai vécu ça aussi de nombreuses fois. J'ai dit "non" seulement quand l'abus prenait de trop grandes proportions et la personne a très mal réagit et s'est complètement fâchée.
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Re: Les aspies sont-elles vues comme les victimes idéales ?

Message par Pupuce »

Ce que vous évoquez Florette et isra me parle beaucoup. En fait, ce n'est pas à proprement parler de la manipulation, car je ne suis que très peu manipulable, mais plus le fait de ne pas mettre de limites de façon très explicite.

En ce qui me concerne, ça vient du fait que je croyais que les gens fonctionnaient comme moi et moi je m'arrête toujours quand j'estime que c'est nécessaire, alors que pour la plupart, tant qu'il n'y a pas le signal : STOP exprimé de façon clair, ben ils continuent(je ne sais pas pourquoi je ressens comme de la colère, là :mrgreen: ) ce qui équivaut pour moi à du profit.
Modifié en dernier par Pupuce le dimanche 6 juillet 2014 à 22:29, modifié 1 fois.
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isra
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Re: Les aspies sont-elles vues comme les victimes idéales ?

Message par isra »

FloretteRanou a écrit :Maintenant que tu en parles, je me rend compte que j'ai vécu ça aussi de nombreuses fois. J'ai dit "non" seulement quand l'abus prenait de trop grandes proportions et la personne a très mal réagit et s'est complètement fâchée.
Oui, et de notre point de vue c'est carrément hallucinant :shock:

Et on se dit: mais enfin! Pourquoi lorsque les autres manifestent leur refus, ça passe avec l'approbation générale
et lorsque moi je refuse alors que l'autre depasse carrément les bornes, les gens s'offusquent?

A force que le phénomène se répète avec des personnes différentes il faut bien se demander qu'est ce qu'on a à voir avec cette tournure des choses...

Moi je considère qu il y a des attitudes à ne pas avoir avec les gens et je m'auto-discipline c'est a dire que meme si la personne laissait faire, je ne ferais pas car je considere que c'est irrespectueux.

Mais certaines personnes non, elles attendent qu'on manifeste nos limites et si on ne le fait pas, je crois qu'elles considèrent qu'elles sont en droit d'abuser (un peu comme des enfants...).
Enfin, c'est l'analyse que je me suis faite du phénomène...
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Re: Les aspies sont-elles vues comme les victimes idéales ?

Message par isra »

Pupuce a écrit :En ce qui me concerne, ça vient du fait que je croyais que les gens fonctionnaient comme moi et moi je m'arrête toujours quand j'estime que c'est nécessaire, alors que pour la plupart, tant qu'il n'y a pas le signal : STOP exprimé de façon clair, ben ils continuent(je ne sais pas pourquoi je ressens comme de la colère, là :mrgreen: ) ce qui équivaut pour moi à du profit.
Oui, voilà, c'est tout à fait ça, on considère que les autres sont en mesure de se cadrer, mais apparemment pas tout le monde ne le peut...
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Re: Les aspies sont-elles vues comme les victimes idéales ?

Message par FloretteRanou »

J'ai comme l'expression, peut-être que je me trompe, que ce n'est pas qu'elles ne peuvent pas se contrôler mais qu'elles n'essaient même pas.

J'essaye de voir le bien chez les gens mais des fois j'ai l'impression que certaines personnes ont un sens moral très étriqué (règle du "pas vu pas pris") et qu'elles sont uniquement guidées par des bas instincts égoïstes voire sadiques.

Tout le monde n'est pas comme ça heureusement.

Des fois je me demande si ce n'est pas moi aussi par l'image que je renvoie qui suscite un comportement sadique envers moi.
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Re: Les aspies sont-elles vues comme les victimes idéales ?

Message par isra »

FloretteRanou a écrit :J'ai comme l'expression, peut-être que je me trompe, que ce n'est pas qu'elles ne peuvent pas se contrôler mais qu'elles n'essaient même pas.J'essaye de voir le bien chez les gens mais des fois j'ai l'impression que certaines personnes ont un sens moral très étriqué (règle du "pas vu pas pris") et qu'elles sont uniquement guidées par des bas instincts égoïstes voire sadiques.Tout le monde n'est pas comme ça heureusement.
Je le perçois ainsi aussi...C'est plutôt vil...
Des fois je me demande si ce n'est pas moi aussi par l'image que je renvoie qui suscite un comportement sadique envers moi.
Oui, ca peut donner cette impression parce qu'on est souvent confrontés à ce genre de phénomène, et que ca ne semble pas se produire chez les autres personnes que l'on côtoie...

Mais je pense pas que ce serait l'image que l'on renvoie qui suscite ça mais plutôt parce qu'on leur laisse la possibilité.

Depuis que j'ai réalisé ça, je surveille les premiers stades ou la personne essaie de se permettre certains comportements
et juste le fait de lui faire ressentir que ça me deplait (je me force car c'est pas naturel), c'est suffisant pour imposer le respect, mais il faut réagir assez tôt, de pas trop attendre...
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Tugdual
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Re: Les aspies sont-elles vues comme les victimes idéales ?

Message par Tugdual »

Le monde est peut-être en train de devenir plus
"Aspie compliant", avec la révolution "twee" :
-> Etats-Unis : la douceur et la gentillesse, nouvelles valeurs branchées
Le Monde a écrit :Il paraît qu’une révolution culturelle est en marche. Elle s’appelle
« twee ». Si vous êtes gentil ou que vous aimez la bière artisanale,
vous êtes peut-être un twee qui s’ignore. Pas un hipster, c’est fini,
ça. Les Etats-Unis sont en train de virer twee.

J’avais noté le phénomène sans l’avoir identifié. Facile, en effet,
de se perdre dans les modes, tendances, cultures et sous-cultures
d’une génération qui n’est plus vraiment la mienne. Sauf que là,
il paraît qu’on est dans le changement sociétal.

En gros, on rencontre de plus en plus de gens – notamment de jeunes,
c’est vrai – chouettes, sympas, collectifs, coopératifs, pas cyniques,
compatissants. C’est ainsi qu’ils s’aiment entre eux, et ils modèlent
l’environnement selon ces critères. L’idée étant d’éviter au maximum
de faire du mal aux autres. Ils cherchent aussi à être visuellement
un peu moches (à mon avis).

« Esthétique terrifiante »

Le livre « Twee : la révolution tranquille dans la musique, les livres,
la télévision, la mode et le cinéma » (It Books, 2014) nous explique
enfin ce qui se passe. Son auteur est Marc Spitz – à ne pas confondre
avec Mark Spitz, le nageur viril des années 70.

Ce Marc-ci est new-yorkais, journaliste musical, écrivain et
dramaturge. Il ressemble vaguement à feu Pacadis, le nightclubber
déjanté et cultivé du Libé des débuts, en plus sérieux.

Spitz écrit sur la culture et les modes de vie dans des journaux
branchés, et parfois haut-de-gamme, comme le New York Times,
Vanity Fair et Spin. Aucun de ses ouvrages n’est traduit en français,
mais celui-ci a peut-être une chance. Car, d’après ce que je vois
quand je retourne au pays, le mouvement twee essaime en France.
Avec des variantes propres à la culture locale.

Le mensuel The Atlantic consacre au livre un article sous cette manchette :
  • « De Wes Anderson à Zoeey Deschanel, en passant par les cyclistes
    de Brooklyn, une esthétique terrifiante est en train d’emporter l’Amérique. »
Terrifiante, ah bon ? J’aime beaucoup les films de Wes Anderson
( « Moonrise Kingdom », « The Grand Budapest Hotel »). Zoeey
Deschanel est ravissante dans l’excellent « (500) jours ensemble ».

Plus c’est nul, plus on est sympa

Je n’aurais sans doute pas poursuivi la lecture plus avant si
le premier paragraphe de l’article n’avait trouvé écho dans
mon expérience personnelle. Le journaliste de The Atlantic qui,
comme moi, ignorait alors qu’il participait à un phénomène twee,
décrit un concert auquel il avait assisté il y a quelques années.
  • « Le groupe était nul. Mais c’était le public qui m’avait interloqué. Au lieu
    de huer les musiciens, les jeunes gens – tous coiffés d’un chapeau, tous barbus,
    tous souriants – ont fait preuve de courtoisie et ont applaudi. […]

    Le message semblait être : “Soyez aussi mauvais que vous voulez, on est là
    pour vous.” En fait, je m’en rends compte aujourd’hui, une vague de twee
    venait de parcourir la salle. »
Des concerts décevants, mais aussi n’importe quel événement
vaguement culturel, acclamés, complimentés, pas seulement
poliment mais avec enthousiasme, j’en vois désormais partout et
tout le temps. Des nouveaux restaurants, cafés, et food trucks,
bien mignons mais pas transcendants, couverts de louanges, idem.

Le mouvement le plus puissant depuis le punk et le hip-hop

En fait, c’est la démarche qui est applaudie, la bonne volonté
derrière, l’effort, la volonté d’améliorer les relations humaines,
la santé, l’environnement, bref, la vie.

Assez de mièvrerie et de dégoulinades sirupeuses déconnectées
de toute réalité sociale et économique, pensez-vous ? Vous ne
comprenez rien, vous n’êtes pas twee. Pourtant, sachez que Spitz
décrit la twee révolution comme le mouvement de jeunesse le plus
puissant depuis le punk et le hip-hop.

Le mot, qui vient de la façon dont les bébés s’essaient à prononcer
« sweet » (doux), n’est pas nouveau, même en français si on peut dire.
Les Inrocks l’employaient il y a quelques années pour qualifier la musique
du groupe Belle and Sebastian, étendard absolu de la twee pop :
  • « Les dogmes du genre ? Des mélodies aériennes composées du bout des
    doigts, un chant féminin tout droit sorti d’un rêve vaporeux, une mélancolie
    noyée dans des orchestrations éclatantes. Une pop en dentelle. »
Disney et Kurt Cobain, précurseurs du twee

Selon The Atlantic, Kurt Cobain, de Nirvana, était « le Elvis
du twee », le premier idéologue du mouvement qui allait emporter
la génération suivante :
  • « Il pourfendait le sexisme et l’homophobie ; il détestait les gros bras ;
    il chantait “Grandma take me home” ; il vernissait ses orteils ; il profitait
    de sa célébrité pour promouvoir des groupes indéfendables. »
Marc Spitz fait remonter l’origine du twee à Walt Disney,
carrément. Dans l’interview accordée à l’écrivain Rob Sheffield,
qu’Amazon utilise en promo, Spitz explique :
  • « L’esthétique twee est née pendant et juste après la seconde guerre
    mondiale. Ses personnages-clés avaient vu les combats, la cruauté,
    la destruction. Ça les avait effrayés, mais pas cassés. Ils ont riposté
    par la créativité et la fantaisie.

    Walt Disney, par exemple, qui a fait des films pour souder les troupes.
    Et Theodore Geisel, alias Dr Seuss. Et Salinger, sans doute la figure twee
    la plus influente, qui avait été soldat, vu les horreurs des camps, et souffert
    plus tard de dépression. Ce sont les ancêtres du mouvement. »
Godard entre au panthéon du twee

Ajoutez à ce panthéon spitzien James Dean, Truman Capote, Jean
Seberg, le Velvet Underground, ainsi que notre Godard national et
le cinéaste très vivant Noah Baumbach, et prenez enfin le (ou la ?)
twee au sérieux.

En 2014, qu’est-ce qui nous fait twee ? Sans doute d’avoir aimé
la série « Portlandia », d’écouter Arcade Fire, être accro
à hellogiggles.com, le site web qui cartonne auprès des jeunes
femmes modernes américaines. Puisant dans le livre de Spitz et
ses observations propres, le journaliste de The Atlantic cite
encore les attributs suivants :
  • « On est tous un peu twee si on aime les sauces piquantes artisanales
    [en version française, les confitures maison et le vin biodynamique, ndlr],
    si on déteste les harceleurs et racketeurs.

    Il est également sain de se méfier de l’âge adulte, de rechercher le bien-être,
    de développer un projet passionnant (comme créer une société de T-shirt,
    ou un food truck bio). Plus généralement, on aime le cool, on fétichise le nerd,
    le geek, l’abruti, la virginité. »
L’arrogance hipster n’a pas sa place dans le twee

Important : l’ironie, la confiance en soi et le sentiment de
supériorité intellectuelle sont incompatibles avec l’esprit twee.
D’où la ringardise absolue de la hipster attitude, totalement
« dégradée culturellement », selon The Atlantic.

Alors, la « révolution twee », telle qu’identifiée par Spitz,
va-t-elle pénétrer la France ?

Considérant le fameux « esprit français », qui manie à la louche
l’ironie, le cynisme et abhorre la notion de gentillesse (voir les lazzis
dont a fait l’objet le pauvre Kouchner la semaine dernière), rien
n’est certain. Mais le bio, le participatif, le coopératif, l’artisanat
et l’aspiration à une bonne qualité de vie ne sont pas l’apanage
des Etats-Unis, non ?

Inutile de me tomber dessus – ou sur Marc Spitz – en grognant
que cette insignifiante histoire de twee est un truc de bobos
blancs et friqués (ou rêvant d’être friqués).

Aux antipodes des dures réalités du monde

Evidemment que cet esprit gentillet, humaniste, tout sauf
révolutionnaire au sens politique, est à mille lieux de la réalité
américaine des ghettos, des minorités ethniques opprimées,
des ouvriers déclassés, des inégalités croissantes, et de
l’urgence écologique mondiale !

N’empêche qu’une bonne partie de la jeunesse états-unienne –
certes, il s’agit surtout de la partie blanche, ce qui ne la rend
pas méprisable pour autant –, étudiante ou pas, plutôt pas
la plus riche, a bel et bien embrassé ces codes.

Sans trop d’illusion sur sa capacité à changer le monde,
apparemment, ce qui la distingue de la génération hippy.
Mais avec l’espoir de vivre quand même plus heureux au milieu
des autres, ce qui la distingue franchement des punks.
De quoi entrevoir un peu d'espoir ...
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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Laura Ingalls
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Re: Les aspies sont-elles vues comme les victimes idéales ?

Message par Laura Ingalls »

isra a écrit :Et on se dit: mais enfin! Pourquoi lorsque les autres manifestent leur refus, ça passe avec l'approbation générale
et lorsque moi je refuse alors que l'autre depasse carrément les bornes, les gens s'offusquent?
mais tellement...je me pose la même question!
"L'autisme n'est pas contagieux et je trouve que c'est bien dommage d'ailleurs!" J. Schovanec

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normal
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Re: Les aspies sont-elles vues comme les victimes idéales ?

Message par normal »

isra a écrit :Oui, il y a ces aspects que tu décris qui entrent en jeu et pour ma part il y a aussi et surtout le fait d'une forme de passivité.
Au fait je n'ai pas le "feed-back" non verbal "universel" qui permet à l'autre de comprendre le "STOP",
ni parfois le réflexe de me positionner pour trouver le moyen de faire passer ma désapprobation.
Si on laisse faire, les autres considèrent qu'ils peuvent continuer.
La personne pense alors que je cautionne et continue donc en allant toujours plus loin,
cela laisse donc la porte ouverte et le terrain libre à de nombreux abus...
ce que tu decris n'est ce pas simplement une faiblesse de caractere , un manque de personnalité , toute chose qui n'est pas propre aux aspergers ?
le monde regorge de souffre douleur mais peut etre pas d'aspergers
mieux vaut un qui sait que dix qui cherchent, et je suis celui là