Peur des regards

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
bidouille
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Re: Peur des regards

Message par bidouille »

Personnellement je ne les remarques pas du tout, on m'a déjà demander si ca me dérangeait que tout le monde me dévisage ainsi dans la rue (a l'époque ou j'etais très maigre) j'avais pas remarqué en fait. Pourtant je me suis déjà faite insultée, cracher dessus et même un fois poussée dans les escalier pour ma maigreur.

Pour le vis a vis, ma maison donne sur une rue passante, quant je veux pas qu'on vois je ferme les voilages. Ma maison est suffisamment loin pour qu'on ne vois pas a travers. Sinon j'ai jamais eu de véritable vis a vis, mes parents étaient dans une maison caché derrière un immeuble. Mon premier appart était au 4eme, en face des bureau donc jamais personne quant j'étais chez moi. et ensuite j'ai habité au onzième étage. Par contre je n'aimerai pas avoir un appart avec la fenêtre qui donne directement sur la rue ou tout le monde vois chez toi, mais je crois que c'est tout le monde comme ca.

Par contre j'ai tendance a fixer les gens dans les transport ou dans la rue, car je focalise souvent sur un détail, ca peux être un pli du vêtement, ou encore la coiffure ou je vais me demander "comment a t'elle réussi a faire ce chignon?", résultat je regarde et essaye de comprendre et je fixe la personne. Ca me vaut souvent des "qu'est ce que t'as a me regarder?"
Le truc c'est que je suis constamment en train de me poser ce genre de question, et j'arrive pas a m'en empêcher. c'est grave docteur???
Maman bizarroïde d'un grand ado de 16 ans (EIP TDA) et d'un ado de 14 ans Asperger TDAH.

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Liesl
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Re: Peur des regards

Message par Liesl »

Quand j'étais petite j'avais du mal à regarder certaines personnes dans les yeux, je pense à ma prof d'espagnol au collège notamment. Elle avait des yeux très étranges, d'un bleu dérangeant... Je détestais qu'elle me fixe et quand elle le faisait j'étais obligée de détourner les yeux, ou bien de les plisser parce que j'avais l'impression qu'ils allaient se mettre à pleurer (mes yeux), je ne me suis jamais expliqué ça :lol:

Sinon en général c'est l'inverse total. Je ne peux pas ne pas regarder quelqu'un dans les yeux. Au collège également je me rappelle d'une camarade de classe (on ne se connaissait pas plus que ça, elle était très populaire et extravertie et parlait avec tout le monde, j'étais son opposée) qui se plantait souvent devant moi avec un sourire espiègle pour me fixer dans les yeux. Naturellement, je répondais à son regard.
J'aimais ses yeux, ils avaient toutes les couleurs différentes et c'était très beau. Alors je la fixais. Et elle avait l'air de trouver ça incroyable :lol: encore aujour'hui je ne me l'explique pas vraiment ! Une fois même, à la cantine, lorsque je devais me lever pour aller remplir le pichet d'eau (ça par contre c'était une épreuve) et que cette jeune fille était assise près du point d'eau avec ses amis, elle m'a interpellée et a dit à ses amies "regardez ça" et m'a fixée, et je l'ai fixée en retour. Je ne sais pas vraiment combien de temps ça durait, mais c'était long. Ce n'était pas seulement un croisement de regard, ou une observation intensive de mon visage : c'étaient bien mes yeux qu'elle fixait. Et elle a ri, mais ce n'était pas un rire méchant ou moqueur, c'était le rire de quelqu'un qui venait de voir quelque chose de bluffant. Moi, tant qu'on ne me voulait pas de mal, ça ne me dérangeait pas :mryellow:

Mais maintenant que j'y repense j'ai peut-être une explication. J'ai détecté chez moi un mouvement anormal des pupilles. Celles-ci se dilatent et rétrécissent par à coups et aléatoirement, sans que l'éclairage ne change, et ça arrive lorsque je fixe une personne justement. C'est au lycée qu'on m'a fait remarquer ça, et souvent on me disait "arrête !" ou "oh mais c'est très étrange ce que tu fais là" en pensant que je le faisais exprès, mais je ne le contrôle pas du tout. Cette fille au collège avec moi à sans doute pensé que je faisais ça volontairement pour l'impressionner ou je ne sais pas trop... En tout cas même si ce n'était pas le cas on dirait que ça a fonctionné :mryellow:

Anecdotes à part, je ne crains absolument pas les regards (au contraire) quand ils sont voulus ou acceptables. Les "batailles de regard" (je faisais beaucoup ça au lycée, ça me fascinait !) c'est mon domaine ! Deux personnes face à face se fixant dans les yeux sans parler, juste pour s'observer (je conçois que ça peut être un véritable enfer pour certaines personnes :lol:). Ça me donnait une excuse pour dévisager une personne en particulier, ce que j'adorais faire. Mais l'embarras qui survenait lorsque je me faisais surprendre lorsque je n'étais pas censée dévisager quelqu'un était difficilement surmontable, surtout dans les milieux scolaires où il est courant d'entendre quelqu'un dire "Elle arrête pas de me fixer, je ne sais pas pourquoi" ou "Y'a "machin" qui te fixe depuis tout à l'heure".
Du coup, dès que quelqu'un m'adresse la parole, je vais automatiquement l'assaillir avec mon regard (et il parait que parfois ça fait peur), juste parce que je peux. Personne n'aura l'idée de me sortir "regarde moi quand je te parle" parce que ce sera fait sans faute ! Par contre quand je parle à quelqu'un il m'est difficile de le fixer, au contraire, il faut que je regarde ailleurs tout autour de moi pour arriver à formuler mes idées. Alors que lorsque j'écoute : je fixe. En plus il parait que c'est poli. Ça m'arrange ! D'ailleurs je ne considère pas avoir vu une personne si je n'ai pas clairement vu ses yeux, et je ne saurais pas à quoi elle ressemble réellement si je n'ai pas croisé son regard. C'est comme deux petites lampes qui mettent en lumière la forme et les détails d'un visage. Si on les enlève, le visage devient commun et indifférencié, inidentiflable.

J'aime tellement fixer et observer que je me suis crée une sorte de paranoïa, c'est moins bien tout de suite :mrgreen:. Je vais penser qu'instinctivement les gens autour de moi fonctionnent de la même manière, et je vais agir en conséquence (je vis dans un immeuble - 3e étage - et j'adore observer mes voisins de l'immeuble d'en face :wink: pas pour faire des commérages ni pour savoir ce qu'ils font de leur vie, juste pour les voir se déplacer, vivre de leur côté. Par conséquent, quand je n'ai pas envie qu'on me "voie vivre" j'évite les fenêtres héhé, par conséquent il m'arrive aussi souvent de laisser le volet de ma pièce - ma chambre - fermé en permanence).
Je ne sortirais pas de chez moi sans être psychologiquement capable de soutenir de ma personne ce regard invisible. Il est difficile pour moi de passer devant une terrasse de restaurant ou un lieu comme ça où les gens n'ont pas d'endroit spécifique où regarder et où les passants représentent comme une cible de choix. Je n'aime pas les foules non plus. Pas parce que les gens me regardent spécifiquement, mais parce que la probabilité pour qu'une personne vienne me parler pour n'importe quelle raison existante sans que je n'y sois préparée est plutôt élevée, j'en ai fait les frais parfois.

Dans les endroits clos ou à l'abri des regards, je vais non seulement être plus à l'aise mais aussi désireuse d'expérimenter cette absence de regard, généralement en faisant des choses qui n'ont pas vraiment de sens, juste parce que je peux. Tourner sur moi même sans raison, s'il n'y a personne je peux me mettre à réciter des passages de films, dialoguer toute seule, chanter... tout ce que je fais habituellement dans ma tête. Par contre dans le noir total, démunie de ma capacité d'observation et de réaction, je panique très très vite.
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Niejcas
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Re: Peur des regards

Message par Niejcas »

Le regard a toujours été un problème, oui.
Le fait de ne pas regarder les gens qui me parlaient, on m'a reproché de n'en avoir rien à foutre.

Mais on s'est aussi toujours amusé de mon "regard de chien battu".

Pendant très longtemps, quand je marchais dans la rue et croisais des gens, si ils se mettaient à rire, j'avais le réflexe de penser qu'on se riait de moi.
« How small a thought it takes to fill a whole life »

Entretien pré-diagnostic le 15 Mai 2014.
Diagnostic les 8 et 9 Octobre 2014.
Bilan le 4 décembre 2014.
TSA / HQI confirmé.