Cette conférence m'ayant parue particulièrement
intéressante, pour son contenu, pour son auteur,
et pour les informations récentes exposées,
je vais proposer ci-dessous mon résumé.
Impression générale :
Cette conférence concerne avant tout l'autisme,
et peu le syndrome d'Asperger, mais néanmoins
ce qu'il en est dit est très intéressant.
Je la conseille tout particulièrement aux parents
de jeunes enfants autistes, c'est vraiment pour eux.
Note : Le plan ci-dessous est le mien propre, calqué
sur celui de l'auteur, pour ce que j'en ai perçu ...
Résumé :
À propos du DSM5
Le diagnostic porte désormais :
- un peu moins d'importance à l'aspect "social et communication" ;
- un peu plus d'importance à l'aspect "perception".
Le déficit des émotions
- c'est une erreur monumentale ;
- le traitement des visages en particulier n'est pas très déficitaire ;
- apparemment : importante diminution de l'expression émotionnelle et de la réactivité à l'émotion ;
- mais à l'intérieur : la compétence est probablement intacte ;
- il n'y a pas le "roc" d'un déficit (d'une déficience) ;
- les déclencheurs d'émotions sont particuliers.
Modification du rôle du social
- On ne considère plus que l'altération du social représente la cause de l'autisme ;
- les autistes ont un intérêt pour autrui, un véritable altruisme,
mais la façon dont ils vont l'exprimer est probablement très différente ;
- c'est ce qui différencie les autistes des psychopathes ;
- les autistes sont intéressés à leur prochain, souvent de façon très intellectuelle ;
- ils s'intéressent souvent à des grandes causes (écologie, politique, ce qui peut changer la planète) ;
- l'immense majorité des autistes ont des valeurs altruistes (quelques rares méchants) ;
- les autistes ont souvent un lien très fort avec leurs parents ;
- ils partent d'ailleurs souvent beaucoup plus tard de la maison familiale.
Modification du rôle de la perception
Aussi bien :
- hypersensibilité : sensations (bruit ...) ;
- intérêt perceptif particulier.
La perception doit être considérée au delà de la simple perception,
en intégrant le travail cognitif de reconnaissance des formes, des motifs,
de s'en faire des représentations mentales, des transformations mentales.
Et c'est cette perception-là qui est sur-fonctionnante dans l'autisme :
- ou bien du côté visuel (en particulier les caractères imprimés) ;
- ou bien du côté auditif (moins nombreux).
Ceci en fonction de ce que la personne autiste repère en premier ?
Au moins tous les autistes ont au moins une capacité très au dessus
de toutes les autres.
Les toutes premières années (2 à 5 ans)
- il faut se servir des intérêts particuliers d'un autiste
pour entrer dans son univers.
- les autistes (pas les aspergers) avec retard de langage oral (plateau
de 18 mois à 4 ans) ont pendant cette période où ils ne parlent pas
une reconnaissances des lettres bien supérieure à la moyenne ;
- intérêt de l'ipad pour eux : il propose une énorme quantité de motifs
visuels et d'interactions possibles, sans nécessité de personne pour aider
à s'en servir, et révèle des compétence de reconnaissance des caractères,
comme de manipulation ;
- pas de résistance à la nouveauté, au changement; si les autistes sont rigides
et s'intéressent à une seule chose, c'est parce qu'ils ont peur de ne pas retrouver
cette chose le lendemain, alors qu'ils n'ont que ça à leur disposition ;
- dès 2 ans ou 2.5 ans, l'enfant est capable de jongler avec les applications
qui se trouvent sur l'ipad, quel qu'en soit le nombre. Il va toutes les explorer,
il n'y a plus de rigidité ;
- les autistes durant cette période sont limités à ce que leur propose leur entourage,
et à ce qu'ils peuvent attraper. Ils doivent attendre que leurs parents identifient
leurs intérêts particuliers, puis ensuite se décident à le nourrir à volonté ;
- le canal par lequel les informations parviennent aux enfants autistes
à cette période est beaucoup plus étroit que la normale ;
- une intelligence qui tourne à vide, à la recherche d'informations à traiter,
de formes à identifier, à reconnaître, à apparier, à manipuler ...
- pendant cette période, le langage ne marche pas (pour les aspergers,
beaucoup moins nombreux, c'est le contraire, durant cette période le langage
marche mieux que la normale, mais ils n'ont pas de capacités spéciales visuelles) ;
- l'hyperlexie est générale chez les autistes de 2 à 5 ans, pendant laquelle ils sont
considérablement meilleurs en lecture et/ou reconnaissance des caractères imprimés
qu'en compréhension ;
- l'hyperlexie rejoint par la suite une voie productive de lecture (c'est nouveau).
Habilités
- prévalence des talents et forces des autistes : c'est la règle et non l'exception !
- chez les autistes, à la différence des NT, c'est plutôt soit un pic d'habilité visuelle,
soit un pic d'habilité auditive; on peut parler d'expertise naturelle (un expert est très
bon dans un domaine, mais cela ne se transfère pas dans un autre domaine) ;
- il s'agit donc de faire avec ce pic d'habilité ;
- ce qui est inné : c'est une perception plus intense ;
- ce qui est acquis : c'est le domaine de la réalité sur lequel tombe cette perception,
l'intérêt spécifique naît là dessus, puis l'expertise se construit, et l'écart se creuse
avec les autres domaines ;
- pour un adulte :
- travail sur les habilités sociales et autres : ok mais pas plus de 10%
- travail sur son domaine d'expertise : 90%
- Une personne autiste ne fait pas ce qui ne lui plait pas ou ce qui l'ennuie ...
Les sous-groupes
- avant = DSM4 : autiste d'un côté, asperger de l'autre ;
- maintenant = DSM5 : spectre autistique, on perd de l'info car l'expertise n'est pas la même.
Un asperger :
- tombe sur le langage très très tôt (16 mois) donc tout sons développement va être filtré par son langage ;
- hyper verbal, tous ses intérêts sont verbaux ;
Un autiste n'a pas le même rapport au langage (écholalie) entre 2 et 4 ans.
On peut distinguer :
- des autistes typiques : bons test visuel/audio spatial ;
- des aspergers typiques : bon tests vocabulaire et similitudes ;
- reste seulement 10% de gens entre les deux.
Ça a donc quand même un sens de séparer les deux.
- Les habilités visio-spatiales coïncident avec le retard de langage ;
- le retard de langage ne diot pas être compris comme retard de langage mais comme retard de parole.
L'intelligence
- pas plus 30% avec défitience intellectuelle ;
- des différences localisées, donc influence de la mesure ;
- un autiste adulte, même verbal, a toujours des compétences moindres
en verbal, il faut aller chercher son intelligence en logique non verbale ;
- il n'y a aucun rapport entre le phénotype à 4 ans et le niveau d'intelligence,
pas plus qu'avec le niveau à l'âge adulte (critique à ce niveau sur le DSM 5) ;
- il y a la même absence de rapport avec l'âge de début du langage ;
- entre 2 et 5 ans il faut accepter l'incertitude ;
- environ 10% sans langage oral, ce qui ne veut pas dire sans langage écrit ;
- ceux qui n'ont ni l'un ni l'autre : autisme secondaire ;
- autisme primaire : la construction cérébrale est différente, avec une capacité
d'apprendre des formes et des infos sur-fonctionnante dans le domaine perceptif ;
- autisme secondaire : déficience intellectuelle, cette capacité est absente ;
- Un autiste X-Fragile va avoir un plafond dans la complexité des choses qu'il va pouvoir faire.
Dans le cerveau
- sur-fonctionnements dans des zones d'analyse visuelles ;
- l'autisme se caractérise par une sur-utilisation des zones d'expertises,
qui seront particulières à chaque autiste et à chaque domaine ;
- les autistes vont utiliser leurs perceptions davantage dans l'intelligence.
- cognitivement :
- les NT passent très vite au raisonnement verbal ;
- les autistes restent plus longtemps dans le raisonnement non verbal.
- L'équivalent pour les aspergers : des surfonctionnements dans les aires langagières
quand ils entendent des sons. Ceci montre une différence entre autiste et asperger ;
- la spécialisation des zones du cerveau serait plus stricte chez les NTs ;
- chez les autistes, au niveau perceptif comme moteur, les zones du cerveau utilisées sont plus diverses ;
- la contrainte génétique à l'allocation d'une certaine fonction est moindre chez les autistes ;
- l'important pour les jeunes autistes est qu'ils aient accès à un matériel qu'ils puissent traiter ;
- l'individualisation : arrêter avec les méthodes ! Il n'y a que des principes généraux ;
- pour chaque autiste, il y a un cheminement à vue à faire en fonction de ses capacités ;
- tant pis s'il faut pour ça travailler des choses qui ne sont pas immédiatement utiles socialement.
Questions / réponses
- ce qu'on recommande, c'est de donner beaucoup de valeur à l'observation par les parents
et en situation semi-standardisée, des orientations spontanées de l'enfant vers du matériel complexe ;
l'ipad devrait faire partie des outils d'évaluation, un ipad avec le plus de choses possibles dedans ;
- il ne croit pas une miette aux applications pour autistes ; les autistes, ils se servent des ipads
comme ils sont ; l'important c'est qu'il y en ait le plus possible ; surtout pas d'applications spéciales,
mais toutes sortes d'applications, le plus possible ;
- il faut que l'enfant ait à disposition le plus possible de matériel ;
- pour apprendre à l'enfant comment utiliser une application, ne pas lui monter, mais faire à côté de lui ;
- on ne voit à peu près plus d'évitement du regard après 7/8 ans ;
- les autistes font généralement les choses plus longtemps ;
- si on prend au sérieux l'idée que les crises de colère quand on retire un objet sont, pour une bonne partie
liées au fait que l'enfant n'a aucune espèce d'idée de s'il va retrouver cet objet là, passer à l'emploi du temps,
avec un temps pour l'objet ; ça socialise l'enfant de savoir que l'activité a un début et une fin ;
- utiliser l'ipad à côté de l'enfant, car la socialisation, on la gagne latéralement ;
Remarques personnelles :
Même s'il en parle assez peu durant cette conférence,
ce qu'il dit du syndrome d'Asperger, en l'appuyant sur
des études qu'on peut espérer sérieuses, est précis.
Je trouve très clair de montrer ce qui est cognitivement
commun à la fois aux autistes et aux asperger (cette période
dans la jeune enfance pendant laquelle l'apprentissage est
très particulier), mais aussi leurs différences cognitives,
avec dans le cerveau un sur-fonctionnement :
- des aires visuelles ou auditives chez les autistes ;
- des aires langagières chez les autres.
On voit souvent passer des questionnements sur
la différence autisme/asperger, voilà une réponse ...
Modifications : - 05/06/2014 : Ajout des "Remarques personnelles".
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).