Fuir les rencontres

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
rapsody
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Fuir les rencontres

Message par rapsody »

Je suis en Allemagne.
Dans une chambre d'hôtel.
Car j'ai un RV Dimanche.
Je n'en bouge pas, ne vais pas au restaurant tant rencontrer des regards et des personnes m'est désagréable.
Donc je me fais livrer de la nourriture dans ma chambre.
Je fuis dans ma vie les rencontres.
Récemment, je ne vais plus à mon bureau, et compte prendre un arrêt.
Je décline les invitations des amis, tant je me sens étrangère à eux, et qu'être en compagnie m'est déplaisant.
Je ne supporte pas les regards des gens aussi.
Je n'aime pas leur observation de ma personne.
Est ce une caractéristique Asperger ou pas du tout, de fuir les rencontres, et de les vivre de façon si désagréable ?
Si la réponse est Non, désolée pour mon post ici.

Cordialement.
TSA pour la psychologue, TED Asperger pour le psychiatre.
Suriciole
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Re: Fuir les rencontres

Message par Suriciole »

Je dirais "non, pas directement". Mais il me semble que les aspis (mais ce ne sont pas les seuls), sont propices à développer une phobie sociale ou d'autres variantes d'inconfort social appuyé.

Une personne qui se heurte régulièrement à des difficultés sociales finit par avoir des réticences dans ce domaine, plus ou moins profondes. Étant donné que les autistes sont contraints de faire des efforts pour communiquer et qu'ils sont sujets aux jugements négatifs hâtifs et répétés, il me semble logique qu'une partie d'entre eux deviennent craintifs ou las du contact social.

Je pense que nombre de personnes ici répondront avoir un comportement similaire au tien quand cela est possible, mais à mon avis c'est plus une conséquence qu'une partie intégrante du socle autistique.

Donc, pour répondre clairement à la question : je pense que la fuite des rencontres en elle-même n'est pas un signe direct, mais qu'elle peut être une conséquence du syndrome.
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freeshost
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Re: Fuir les rencontres

Message par freeshost »

Bienvenue ! Willkommen ! :mrgreen:
rapsody a écrit :Je n'en bouge pas, ne vais pas au restaurant tant rencontrer des regards et des personnes m'est désagréable.
Donc je me fais livrer de la nourriture dans ma chambre.
Et arrives-tu à acheter - si tu as le temps - des denrées brutes dans un magasin que tu cuisines ensuite ? ou à acheter un plat à emporter ?

Quant à savoir si c'est l'Asperger ou non, difficile à dire. Ce n'est pas exclu, il me semble, comme ce n'est pas certain. Et on ne peut pas faire de diagnostic sur l'internet, encore moins si on n'est pas spécialiste du domaine.
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

Diagnostiqué autiste en l'été 2014 :)
Felixia
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Re: Fuir les rencontres

Message par Felixia »

... ...
Modifié en dernier par Felixia le mercredi 4 juin 2014 à 9:23, modifié 1 fois.
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chawacee
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Re: Fuir les rencontres

Message par chawacee »

J'ai une amie dans un village à côté, elle-même très entourée, néanmoins, on se voit seules. J'ai toujours refusé (sauf une fois pour son anniversaire) d'aller chez elle lorsqu'il y avait "d'autres copines à elle" que je ne connais pas. Elle n'en a pas même été surprise.


Quant à se forcer à sortir quand on en a pas envie, et à éviter restos et autres lieux sociaux pour la paix de l'esprit et bien oui... ça peut être un trait de phobie sociale liée au SA, mais qui peut aussi être lié à d'autres différences.. Ce seul trait n'y suffirait pas pour le déterminer. :kiss:
Maman d'un enfant TED diagnostiqué au CRA de Reims.
Je ne suis pas très typique, sans avoir pourtant creusé la question d'une façon ou d'une autre.
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Rose
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Re: Fuir les rencontres

Message par Rose »

Cela peut également provenir de ta schizophrénie. Ce sont des passages qui peuvent survenir quand tu es fatiguée. Prends un arrêt maladie. Mais tu peux aussi bénéficier d'une diminution ou d'aménagements de ton temps de travail dans le cadre de ta prise en charge à 100% par la CPAM, pour ta pathologie.
"Ne le secouez pas, cet homme est plein de larmes." Charles Dickens.
rapsody
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Re: Fuir les rencontres

Message par rapsody »

Merci tous.
Rose, ça peut venir d'aspects psychotiques en effet.
Mon psy thérapie dans la lettre adressée au CRA dit: syndrome paranoïde avec intelligence supérieure permettant de donner le change, n'aboutissant pas à une schizophrénie complète.
Je prefere donc dire psychose.
Il se peut que je combine psychose + Asperger.
Ou pas.
J'en saurais plus bientôt.

Quant au fond de mon questionnement, je crois que:
- je mélange sensation de différence, d'étrangeté, avec
- un isolement en moi même, du quel je suis incapable de sortir, comme une paroi que rien ni personne ne peut percer, avec
- un zest de parano combiné à une phobie sociale.

Je me suis inscrite à un tour en vélo en groupe: ainsi je visiterais la ville, sans besoin de relationnel.

Ma mère m'explique que je suis ainsi depuis mes 2,5 ans. La psychose seule elle n'apparait qu'à l'adolescence, d'ou mes doutes sur mon diagnostique.

C'est agréable de vous lire, merci à tous.

Cordialement.
TSA pour la psychologue, TED Asperger pour le psychiatre.
rapsody
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Re: Fuir les rencontres

Message par rapsody »

Rose a écrit :Cela peut également provenir de ta schizophrénie. Ce sont des passages qui peuvent survenir quand tu es fatiguée. Prends un arrêt maladie. Mais tu peux aussi bénéficier d'une diminution ou d'aménagements de ton temps de travail dans le cadre de ta prise en charge à 100% par la CPAM, pour ta pathologie.
Merci.
Je pourrais oui.
J'ai déjà l'ALD, et la RQTH.
Mais j'attends l'évaluation de diagnostic, afin de savoir pour quoi précisément.
J'ai toujours tout fait dans ma vie pour que personne ne soit au courant de mes différences, sur le plan professionnel également.
Je suis tres fière.
Trop.
J'ai toujours la sensation que je ne mérite pas d'aménagements.
J'ai honte rien qu'à l'idée d'y penser.
Honte, car j'ai de nombreuses ressources.
TSA pour la psychologue, TED Asperger pour le psychiatre.
rapsody
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Re: Fuir les rencontres

Message par rapsody »

Mon psy a aussi écrit:
"Laisse une sensation de totale indifférence sur le plan affectif et émotionnel."
Ce qui m'interpelle, c'est que en effet, je suis indifférente, mais alors pourquoi donner tant d'importance aux autres en ne supportant pas leur présence ?
D'un coté, je suis coupée d'eux, de l'autres, ils m'assaillent.
Quelqu'un vit il cela ?
TSA pour la psychologue, TED Asperger pour le psychiatre.
Suriciole
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Re: Fuir les rencontres

Message par Suriciole »

"Une sensation de" ne signifie pas que c'est ce qui se passe en profondeur.

Les aspis sont fréquemment jugés froids, distants, insensibles. Pourtant nombre d'entre eux s'insurgent contre leur soi-disant manque d'empathie ou d'émotions, qui n'est qu'apparent. Il y a un écart plus ou moins important entre les sentiments à l'intérieur et leur expression. Cela peut donner l'impression que les gens sont froids, qu'ils n'ont pas d'émotions. Les concernés eux-même doutent parfois de l'existence de certains ressentis chez eux. Mais le problème ne se situe a priori pas dans la présence des émotions mais dans leur communication. (Chroma a rédigé une excellente explication sur la différence entre empathie et congruence, ça peut t'intéresser.)

En général, une personne qui est contente sourit, si elle est triste elle pleure, etc. Ce n'est pas aussi automatique chez les aspis. Ils peuvent très bien être heureux ou tristes et présenter un visage neutre, d'expression réduite ou encore en contradiction avec la situation (rire quand on est triste par exemple).

Un autre problème qui se pose régulièrement, c'est sur la nuance. G.O.B. a partagé une image le mois dernier qui résume le principe. L'intérêt et l'expression du cerveau autiste semble manquer de gradations, être plus fréquemment coincé sur "complètement obsédé" ou "indifférent", mais peu entre les deux.
Je ne suis pas (encore) diagnostiquée mais personnellement, j'exprime la joie intense et le désespoir mais difficilement des émotions plus douces. La honte partielle, la fierté, la curiosité légère, ce sont des choses qui se voient à peine ou pas du tout sur mon visage et dans ma voix. Pourtant elles existent.
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evolution650HBn°2
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Re: Fuir les rencontres

Message par evolution650HBn°2 »

Pour ma part, j'ai tendance à les éviter car je sais comment je suis : au début tout se passe bien, j'arrive à faire bonne impression, puis plus le temps passe plus je me perds, je ne sais pas quoi dire, comment entretenir la relation.
Je dois donc passer pour quelqu'un de bizarre : très bien de prime abord, puis qui se renferme petit à petit et qui par la suite est totalement évitante.
Autant les éviter d'emblée, cela évite les mauvaises surprises.
Non-diag.
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Rose
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Re: Fuir les rencontres

Message par Rose »

rapsody a écrit : Je suis tres fière.
Trop.
J'ai toujours la sensation que je ne mérite pas d'aménagements.
J'ai honte rien qu'à l'idée d'y penser.
Honte, car j'ai de nombreuses ressources.
Dis toi que tu le fais pour les autres, ceux qui n'ont pas tes ressources, qui sont seuls dans leur coin sans savoir comment faire et qui souffrent dans leur profession, dans leur vie.
Donc aucune honte à avoir, nous avons de la chance par certains cotés, notre société (de par les charges patronales et salariales ) est basée sur la solidarité. Celui qui n'est jamais malade, qui n'a aucun handicap, va solidairement aider (bon gré, mal gré!!!) celui qui a eu moins de chance dans sa vie. C'est normal.
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freeshost
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Re: Fuir les rencontres

Message par freeshost »

rapsody a écrit :Je suis tres fière.
Trop.
J'ai toujours la sensation que je ne mérite pas d'aménagements.
J'ai honte rien qu'à l'idée d'y penser.
Honte, car j'ai de nombreuses ressources.
Sentiment étrange que la fierté, non ? Une personne fière ne devrait-elle pas se sentir mériter quelque chose ? (Pendant que les personnes se prétendant méritantes n'ont pas de quoi faire les fières. :lol: )

A la fois fière et honteuse ?
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

Diagnostiqué autiste en l'été 2014 :)
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Re: Fuir les rencontres

Message par rapsody »

evolution650HBn°2 a écrit :Pour ma part, j'ai tendance à les éviter car je sais comment je suis : au début tout se passe bien, j'arrive à faire bonne impression, puis plus le temps passe plus je me perds, je ne sais pas quoi dire, comment entretenir la relation.
Je dois donc passer pour quelqu'un de bizarre : très bien de prime abord, puis qui se renferme petit à petit et qui par la suite est totalement évitante.
Autant les éviter d'emblée, cela évite les mauvaises surprises.

Bonjour
Tout comme moi.
Au début, c'est plus facile, magie de l'alchimie relationnelle des premiers instants. Superficiels.
Apres c'est une autre paire de manches, la spontanéité.
Avoir des choses à dire qui soient en phase avec la situation, et la personne.
Et surtout, avoir envie de les dire, et d être en relation.
Enfin, j'ai envie d être en relation, comme vous tous, sinon nous n'écririons pas ici.
Mais lorsqu'elle se présente, je me demande pourquoi je suis arrivée jusque là, et ne pense qu'au repli.
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rapsody
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Re: Fuir les rencontres

Message par rapsody »

Rose a écrit :
rapsody a écrit : Je suis tres fière.
Trop.
J'ai toujours la sensation que je ne mérite pas d'aménagements.
J'ai honte rien qu'à l'idée d'y penser.
Honte, car j'ai de nombreuses ressources.
Dis toi que tu le fais pour les autres, ceux qui n'ont pas tes ressources, qui sont seuls dans leur coin sans savoir comment faire et qui souffrent dans leur profession, dans leur vie.
Donc aucune honte à avoir, nous avons de la chance par certains cotés, notre société (de par les charges patronales et salariales ) est basée sur la solidarité. Celui qui n'est jamais malade, qui n'a aucun handicap, va solidairement aider (bon gré, mal gré!!!) celui qui a eu moins de chance dans sa vie. C'est normal.
Oui Rose, car c'est un fait que si je ne le fais pas par fierté, c'est indirectement considérer que ...
Non je me perds là.
C'est juste que je considère que à la force du poignet, des poignets, des chevilles, de mon coeur, de mon corp, de mon esprit, de mon intelligence, de mon courage, je peux y arriver.
Mon problème est le suivant: je n'ai jamais été capable de mettre le curseur sur ma "souffrance".
Je souffre ? Je ne souffre pas ? Je souffre énormément ? Pas du tout ?
Je n'en sais rien, aussi étrange cela puisse paraitre.
Je peux écrire "j'aime ma vie", le penser, et m être suicidée 2 fois pour de bon, réchappée miraculeusement.
J'ai une froideur intérieure, une absence totale de sentiments, couplés à un désespoir de tous les sentiments que j'ai tout de meme, mais qui ne prennent pas vie.
Mes amours sont régressifs, infantile, de l'ordre de la projection massive, 2, 3 dans ma vie comme un bébé.
Sinon, je ne sens rien.
C'est cela je pense qui me donne cette sensation de force surhumaine, cette insensibilité qui me permet un courage énorme.
Et cette culpabilité, de ne pas savoir si je souffre, ou pas, vis à vis de ceux qui souffrent à pleine peau, sans toutes ces scissions.
Cette incapacité à sentir ma "souffrance", si elle en est, me donne cette sensation de ne pas avoir le droit à aucune aide.
Mes capacités me permettent de donner le change, tout le monde ne les a pas.
Alors si je les ai, je me dis: "utilise les, et bosse". Sans tenir compte de ce que je vis.
J'ai aussi un fils de 21 ans.
Je ne peux pas faillir à son égard.
Il a trop besoin de moi.
Je dois dire que souvent, j'aimerais pouvoir me reposer, cesser d'assurer, de gagner ma vie.
C'est pas facile, car je ne le peux pas.
Peut être devrais je apprendre un peu la douceur à mon égard.
J'ai jamais appris cela.
Je ne sais pas comment m'y prendre.
J'ai des capacités au delà de la normale qui me font me dire, que je dois assurer, jusqu'au bout.
CA me fait culpabiliser beaucoup, alors pour alléger ce poids, je trace, je fonctionne, je travaille, j'assure avec mon fils.

Mais tout ceci, est une construction incroyablement efficace que j'ai réussi à mettre sur pieds, du fait de mes capacités, de mon observation des autres et de la vie: j'ai appris ce qu'ils attendaient de moi, et je ne vis que par cela.
Si je m'écoute, moi, je suis comme ce WE, au fond d'un lit, à regarder le plafond, dans mon noyau inactif neutralisé vis à vis des autres.
Demain un RV pour récupérer une chatte, je serais cordiale.
Ca m'angoisse à l'avance, et personne ne se doutera de qui je suis et de ce que j'endure.
Personne ne se doute dans ma vie, mise à part les soignants qui me connaissent depuis mon adolescence, et ma mère, qui me dit ainsi depuis mes 2,5 ans.

JE parle beaucoup de moi, je suis désolée.
C'est que ça me fait du bien, j'ai fait le tour des murs de ma chambres ces 2 jours :D
TSA pour la psychologue, TED Asperger pour le psychiatre.